Retrouvailles [Anastasia]

Plus Ana en disait, plus j'étais convaincu que j'avais bel et bien affaire à ma cousine. Déjà la ressemblance physique et le fait qu'elle parlait français avait de quoi attirer mon attention, son nom complet et celui de ma tante m'avaient convaincu. Que dire de plus quand Anastasia me parla de sa situation particulière. Visiblement, elle ne me croyait être son cousin; d'un autre côté, c'était compréhensible, j'arrivais en faisant mon coming out, après dix ans. Je n'avais qu'une seule chose à faire : l'appeler Nyx, ce surnom que je lui avais donné. L'étonnement sur son visage me fit élargir mon sourire.

« Non, je suis un ornithorynque qui a avalé du polynectar. »

Une belle référence à une œuvre britannique, avec la potion qui permettait de changer d'apparence. En plus, Ana avait eu la chance de connaître cette partie de moi, le sarcasme, avant que ma mère n'annonce à sa sœur mon identité sexuelle. Je n'avais pas été là, quand ma mère avait appelé, mais j'en avais eu quelques détails et, selon mon père, Hiroshima en 1945 aurait été préférable à cette scène à laquelle je n'avais pas assistée.

Je regardais ma cousine, encore un peu confuse d'apprendre que j'étais - aussi - à Los Angeles. Que le monde était si petit, au final. Les choses semblaient défiler dans sa tête à une vitesse folle, j'étais même incertain qu'elle avait compris mon sarcasme, ou seulement entendu. Et puis, elle me dit qu'elle ne savait simplement pas par où commencer...

« Le début serait une bonne idée. »

Voilà le sourire que j'attendais. La suite de la conversation était loin de m'étonner : excuses, mention du départ de Montréal, demande de nouvelles. Je pris mon verre, qu'elle avait si gentiment rempli, un peu plus tôt, et avalai un peu de cette bière. Il était rare que je me servais de ma main gauche, mais cette fois, j'en avais fait l'effort, il devait bien y avoir quelque chose qui pourrait attirer l'attention de cette chère cousine.

« Mieux vaut Los Angeles à la prison domiciliaire que tes parents t'ont fait. De mon côté, je crois en avoir beaucoup à raconter... J'ai fait mon coming out, quelques mois après être retourné à Nottingham. Avec les problèmes que j'ai eus, maman a décidé de déménager et on s'est installé à Londres. Mon père m'a parlé de l'appel téléphonique. Après, j'ai tout commencé le processus, le hormones avant de faire mes études, et les opérations pendant que je faisais mes études par correspondance. Finalement, j'ai rencontré une femme. Quand son frère a eu des jumeaux, je lui ai dit qu'on s'installerait ici, ça fait un an de ça.

Et toi, que deviens-tu ? »

L’entendre prononcer Nyx me confirma que ce qu’il me disait était vrai. Surprise n’était même pas le mot pour exprimer mon étonnement. Si j’avais eux encore le moindre doute sur la véracité de ses dire, sa réponse sarcastique ne pouvait que les faire s’envoler. Un millions de choses me passa par la tête et je ne savais même pas par ou commencer. Dire qu’il avait changé énormément aurait été complètement stupide. Histoire de me donner un peu le temps de revenir de ma surprise, je pris le temps de nous verser de la bière avant de parler. Riant doucement avant de simplement lui sourire. J’étais loin d’être comme mes parents, sa transition ne me dérangeait pas le moins du monde. Je n’étais pas porter à juger les gens, chacun était libre de ses choix car après tout l’important était d’être heureux non? Je me mis finalement à parler, rapidement, comme je le faisais toujours lorsque l’excitation était présente. J’étais heureuse de pouvoir lui parler, de pouvoir lui démontrer que contrairement à mes parents ses choix ne me dérangeaient pas. Prenant son verre de la main gauche, il but une gorgée avant de parler. Et voilà que j’en voulais un peu plus à mes parents. Il c’était marié et je n’avais même pas été mise au courant, je n’avais même pas pus tenter d’être présente à cause de leur stupide réaction et de leur stupide idée que les apparences étaient tellement importantes.

- Et tu t’es marié quand dans cette histoire?

Je lui fis un sourire désolé.

- J’aurais aimé être présente… Mes parents ne m’ont même pas expliqué ce qui c’était passé. Comme à leurs habitudes ils en ont fait un secret bien gardé. Je suis heureuse si tu as réussi à trouver le bonheur.

Un sourire plus franc aux lèvres, je bue une gorgée avant de reprendre la parole.

- Je suis ici depuis deux ans maintenant. Lorsque mon oncle Nik, le frère de mon père est décédé, j’ai réalisé que j’avais une sortie de secoure ici. Mes parents ne lui parlaient plus depuis longtemps disant qu’il avait une mauvaise influence sur moi. Il tentait de me démontré que je pouvais avoir une vie presque normal malgré tout. La dernière fois que je lui avais parlée, il m’avait dit m’avoir nommé copropriétaire de ce bar, que si jamais j’en avais assez je pouvais à tout moment venir m’y installer. Son décès et le peu de réaction des mes parents à fini par me décidé et je suis venue ici.

Je lui fis à nouveau un sourire.

- Il avait pensé à tout. Les fenêtres autant dans le bar que dans l’appartement en haut son fait spécialement pour me protéger. Je peux donc me balader ici autant de jour que de nuit. Je m’occupe donc de ce bar depuis deux ans et je dois dire que je me débrouille pas trop mal. Je visite la ville de nuit et j’ai désormais un ami qui ce démène à m’aider à vivre ce que je n’ai pus vivre à cause de mes parents.

Je sentis mes joues rougir lorsque j’évoquai Ezekiel et baissai une seconde le regard avant de boire une nouvelle gorgée.

- Donc tu es marié, des enfants?

J'avais résumé, à ma chère cousine, ce qui c'était passé dans ma vie durant les douze dernières années. Ma transition était certainement l'événement qui avait enclenché les autres. Sans ça, je n'aurais possiblement jamais fait mes études, ce qui m'avait permis de rencontrer Wendy, l'épouser et m'installer, l'année précédente, à Los Angeles. Dans tout mon résumé, j'avais volontairement gardé pour moi que je m'étais marié. Son commentaire sur le sujet m'étira un sourire.

« Entre le moment où j'ai rencontré Wendy et aujourd'hui. »

Merci, capitaine Évident... J'en riais un peu, avant de poursuivre :

« J'ai eu Wendy dans ma salle de kiné, un an plus tard, même si je n'aurais jamais dû, j'avais commencé à la fréquenté. Six mois plus tard, même si j'avais dit à ma mère que ça n'arriverait jamais, Wendy et moi étions fiancé. On s'est rapidement marié, dans les semaines suivantes, peu le savait. On avait surtout choisi de faire la cérémonie pour faciliter mes démarches d'immigration, sinon on aurait invité toute sa famille. »

Et une bonne partie de la mienne aussi. J'aurais aimé ne pas avoir coupé les ponts avec Ana, surtout que je savais que c'était pour satisfaire l'orgueil de ma tante. Du plus loin de ma mémoire, j'avais toujours eu de la difficulté avec cette femme, mais j'avais toujours fait l'effort de la respecter, pour ma mère et ma cousine.

« Tu sais bien que je t'aurais invitée, si on avait pas eu ce conflit. Tu était la seule que j'avais hâte de voir, quand ma mère décidait de retourner quelques semaines à Montréal.»

Ensuite fut le tour de ma cousine de résumé ce qui lui était arrivé. Une part de tout ça me rendait triste. Même si je ne considérait pas ça étonnant, j'étais désolé pour Ana qu'elle ait dû quitter le Canada pour avoir un minimum de liberté. Au moins, Nik avait toujours été là pour elle, jusqu'à la fin. Cet homme était une bénédiction, à mon avis, pour ma cousine; non seulement, il lui avait donné un avenir, mais il lui empêchait d'être malade par manque de vigilance.

Et, à mon grand étonnement, un petit morceau croustillant avec lequel il valait la peine de taquiner Anastasia.

« Un ami... Rien de plus avec lui ? »

Et bien, cette chère Ana voyait les choses un peu plus loin que je ne les avais vues, où avait-elle pêché l'idée que je puisse avoir des enfants ?

« Wendy avait Tim, avant qu'on se rencontre. Sinon, j'ai subi l'hystérectomie à vingt ans, je ne peux pas avoir d'enfant. Enfin, pas d'enfants selon la définition de ta mère. J'attends que Wendy n'ait plus besoin de sa canne avant de parler d'enfants avec elle. »

Remarquant son alliance lorsqu'il bue une gorgée de sa bière, j'en voulue encore plus à mes parents. Curieuse je lui demandai quand il c'était marié. Ça première réponse me fit légèrement rire avant qu'il ne poursuivre et me raconte. J'étais sincèrement heureuse pour lui s'il avait trouvé le bonheur avec sa femme et j'espérais vraiment avoir la chance de la rencontrer un jour. Je lui fis part que j'aurais aimé être présente pour lui, nous nous étions toujours bien entendue et j'attendais toujours ses visites avec impatience lorsque nos mère ce parlaient encore. Je lui fis un sourire lorsqu'il me dit qu'il m'aurait invité s'il n'y avait pas eux ce conflit.

- Et j'avais toujours très hâte de te voir. Ta femme aurait accepté de ce marier de nuit ou tard en soirée pour une simple invitée?

J'avais souvent due refuser des invitations à des événements du au fait qu'il ce passait dans la journée. Peut être un jour je pourrais assister à un mariage ou un autre événement du genre qui ce déroulerait au clair de lune plutôt que sous les rayons du soleil.

Je lui résumai ensuite ce qui m'était arrivé depuis que nos chemins avaient été séparé, lui expliquant comment et pourquoi j'avais atterri ici. Je fini en lui parlant du docteur qui ce faisait un devoir de m'aider dans la découverte de ce qui m'avait été privé jusqu'à maintenant. Chris sauta immédiatement sur l'occasion pour me taquiner sur le sujet. Je haussai une épaule à sa question en buvant une gorgée.

- J'en sais trop rien. Il me plaît bien et ça semble réciproque... Il me fait vivre des choses vraiment incroyable avec les sorties qu'ils nous organise, mais je ne sais pas ou ça va nous mener n'y si je lui plaît assez pour que ça mène plus loin.

Mes parents ne m'avaient jamais laissé avoir d'amis donc des petits amis ce n'était même pas en rêve. Ezekiel était le premier à attirer mon attention à ce niveau et vraiment avec lui, j'étais en terrain inconnu.

Je fini par changer de sujet, lui demandant s'il avait des enfants. J'écoutai sa réponse, fronçant légèrement les sourcils lorsqu'il parla de ma mère, mais le laissant terminer, une rafale de questions me venant en tête.

- Je vous souhaite le meilleur, peut importe la façon dont vous procéderez pour en avoir. Est ce qu'il lui en reste pour longtemps à ce rétablir? que lui est-il arrivé, enfin si ce n'est pas trop indiscret? Et Tim? Raconte, il a quel âge et comment ça va entre toi et lui?

Finissant par me taire, je rigolai doucement en le regardant. Je n'avais pas changer sur ce point, lorsque j'étais curieuse et lorsque j'avais des questions elles sortaient toute en même temps.