Pour une fois, le déjeuner se déroule sans encombres, nous parlons et nous rions de bon cœur. Nos conneries de ce matin sont au cœur des conversations, au plus grand bonheur de James. Nat ne cache pas la satisfaction que notre spectacle lui a procurée et nous lance même une charmante petite remarque. Je prends un air charmeur : Hum, tu sais que pour toi je recommencerai quand tu veux mon lapin. Le reste du groupe se met à rire aux éclats.

Je profite de cette plaisanterie pour glisser quelques compliments à ma plus belle voisine.  Elle était si irrésistible dans cet ensemble en cuir et les cheveux ainsi lâchés au vent. Comme dans un film. A cet instant, j’aurais tout donné pour qu’elle soit mienne. Sam nous interrompt pour me parler d’un projet sur lequel nous devrons bosser. J’accepte, néanmoins je demeure réticent à l’idée de travailler avec elle, vu les précédentes histoires. D’un autre côté, c'est de l'histoire ancienne, tout le monde est passé à autre chose. Sam est une chouette fille, jolie et sympathique. Pourquoi pas après tout, qui vivra verra ! Barbara et moi devons avancer. Elle se saisit de ma canette et en boit une bonne gorgée. Gênée de se permettre cette familiarité, elle s’excuse. T’inquiète, tu peux la finir si tu veux, lui dis-je doucement et lui souris.

Hanna débarque et nous salue. Elle me propose une sortie que je parviens à transformer en collectif. Tout le monde accepte avec joie. Barbara nous annonce qu’elle doit encore aider une amie pour des révisions.
Décidément, tu ne t’arrêtes jamais hein. Je me rapproche de son visage et lui murmure au creux de l’oreille : Pense un peu à toi aussi princesse. Je lui dépose un baiser sur sa petite joue toute chaude. A ce soir.

Elle s’en va. Il est l’heure pour moi de retourner à ADR pour l’après-midi.
Profitons-en pour rendre une petite visite à Lux, ça fait bien longtemps!  Je salue la troupe et quitte le campus.

Fin de journée

Je gare ma moto devant le Délice et place l’anti-vol. Je pose le casque dans le petit coffre et pénètre à l’intérieur. Barbara est déjà là en compagnie de Nat et d’Hanna. Elle ne semble pas très bavarde, plutôt en retrait, absorbée par la chantilly de son milkshake qu’elle s’amuse à déguster du bout des doigts. De simples petits gestes certes, mais une simplicité si attendrissante. J’esquisse un sourire. Je les rejoins aussitôt puis m’assois près de la belle blonde.
Tu semblais si passionnée par la crème chantilly que je n’ai pas osé de perturber, lui avouai-je tout sourire. Elle me dévisage silencieuse. Son regard vient brusquement s’ancrer dans le mien. Enivré par ses jolis yeux verts, je sens comme une agréable chaleur me transcender et faire battre mon cœur bien plus vite. Mon sourire s’efface doucement. Normalement, ce serait le moment idéal pour l’embrasser mais je reste figé, prisonnier de cette émotion qui me submerge et m’effraie, devant cette fille à la beauté dévorante. Je baisse les yeux et me pince doucement les lèvres.
Tiens Salut Dimitri. Je tourne la tête vers Hanna qui se semblait ravie de me voir. On dirait qu’elle n’a rien remarqué, ce qui n’est pas le cas de Nat qui nous dévisage à tour de rôle. Je me racle la gorge et me passe les mains dans les cheveux.
Je vais me commander un granité. Je me hâte vers le comptoir et m’accoude. Respire…respire….me dis-je à moi-même. Ma respiration est si forte que j’ai l’impression que mon cœur va sortir de ma cage thoracique. Je souffle tout doucement afin de retrouver un pouls normal. Le serveur me sert un granité au coca. Je jette un coup d'oeil à la table de mes amis. James et Sam sont arrivés aussi. Allez Dimitri, ça va aller…tout va bien se passer. Je retourne m’assoir près de Barbara. J’aspire un peu de granité à travers la paille de ma boisson glacée et en savoure le goût. Je me tourne vers elle, lui souris et lui en propose.Tu veux essayer ? ça déchire !

J’espère que vous n’avez pas oublié que demain c’est le grand bal du printemps du campus, nous annonce Sam tout sourire en me fixant avec envie. Merde, je la vois arriver à des kilomètres celle-là..

Oh oui c’est vrai ! J’avais presque oublié, répondit James en dévisageant Barbara. On devine aussi clairement ses intentions…

   

Gourmande, elle reprend une gorgée de mon coca. Je n’ai pas envie d’être la cause de ta déshydratation. Et pourtant Barbara, si tu savais à quel point j’ai soif de toi,  de tes lèvres, de ton odeur, de ton corps pressé contre le mien…J’ai beau mettre ces distances entre nous pour demeurer de simples amis, mon coeur saigne aujourd’hui et me rappelle chaque jour que tu n’es pas mienne. Tu es si parfaite,  un rêve…un idéal… une utopie impossible… inaccessible… Je souris doucement mais demeure silencieux face à cet être si exceptionnel, qui visiblement aime aider son prochain sans jamais rien attendre en retour. Je la regarde partir.

Le soir au Délice

Je tente de retrouver mes esprits après ce long moment de silence entre nous. Cette façon qu’elle a de me regarder me fait complètement perdre pied. Je lui propose un peu de mon granité histoire de passer à autre chose. Elle accepte avec joie et me suggère de tester son nouveau milkshake. Je saisis la paille du bout des doigts puis rapproche mon visage pour tester sa boisson.
C’est pas mauvais mais ça ne vaut pas celui au chocolat. Nous n’avons pas le temps de poursuivre notre débat que Sam nous interrompt pour nous parler du bal.
Vu son discours, on dirait qu’elle a tout préparé. Je lève les yeux au ciel, exaspéré. Sans grande surprise, elle m’impose de l’accompagner et pousse Barbara dans les bras de James à ma grande déception. Personne n’exprime d’objection, personne sauf…Barbara.
Peut-être que Nathanael voulait inviter son prétendant. Je souris. Nat avoue alors avec regret que l’homme qui lui plait est encore au placard. J’avoue c’est moche. Visiblement, dans notre groupe, personne ne parvient à être avec la personne qu’il désire. Quelle ironie ! Je pose ma main sur son épaule et lui souris : Relax mon lapin, je suis là moi.

Et voilà Sam qui repart dans tous ces trucs de nanas. Je préfère laisser Barbara gérer ça. On vous laisse discuter de ça entre vous. Nous, on bouge on passe la soirée entre couilles. Mes deux amis me toisent l’air interrogateur. Nat comprend très vite et joue le jeu tout comme James. Finalement, ce gros mensonge s’est avéré la pure vérité. Nous saluons les filles. Barbara s’approche doucement de moi et murmure au creux de mon oreille : Tu m’accorderas une danse à moi ? Je me laisse enivrer par son délicieux parfum. Son souffle me fait brusquement frissonner. Comment la lui refuser ? Je passe ma main sur sa hanche, colle mon visage contre le sien et lui chuchote doucement : Biensûr princesse, tout ce que tu veux…. Punaise, si seulement je pouvais…si seulement…
Je fais glisser mes lèvres sur sa joue toute chaude, l’effleure d’un baiser. Je me recule, salue Hanna et Sam et quitte le Délice en compagnie de mes deux couilles.

Le lendemain

La journée s’est déroulée à une extrême vitesse, je n’ai pas vu le temps passer. Les filles nous ont prévenu être surchargées de boulot, nous ne les avons donc pas croisées. Beaucoup d’entre nous n’ont pas eu de cours cet aprèm à cause des préparatifs pour le bal de ce soir. Nat et James sont venus me chercher pour déjeuner à la pizzéria et passer l’aprèm ensemble. Nous avons pris la voiture de James et nous avons flâné en ville : billard, bowling, fléchettes.  Sur la route, dans la voiture pour aller chez James, les filles nous envoient une charmante photos d’elles, vêtues comme des bonhommes. Nat se met à rire. Euh, j’espère qu’elles ne s’attendent pas à ce qu’on s’habille comme des gonzesses hein ? s’inquiète James. Envoyons-leur une photo nous aussi. James sort son téléphone et prends une photo de nous accompagné d’un petit texte. Puis, il leur envoie: Magnifique! Mais pas plus que nous !

Quelques heures plus tard…

Je mets la veste de mon costard et réajuste ma cravate. Je n’ai pas l’habitude de me mettre ainsi que mon trente-et-un. J’ai quand même envie d’y rajouter une petite touche personnelle et je fais glisser mon bonnet sur la tête puis le réajuste. J’observe mon reflet dans le miroir. Et bah ! Je ne me reconnais pas. J’ai l’impression d’en avoir trop fait. Je me demande ce qu’en pensera Barbara…James entre brusquement dans la chambre.
Tu sais que tu es bandant comme ça . J’arque un sourcil, puis nous rions.T’es con. T’es pas mal non plus.
Nat pénètre dans la chambre à son tour et nous fait remarquer que nous sommes en retard. J’en connais une qui va râler…lançai-je en allusion à Sam. Les potes se mettent à rire et nous partons à la voiture. Le chemin vers le campus est court. Nous trouvons une place assez rapidement. Je regarde au dehors, par la fenêtre, absorbé par les gouttes de pluies qui ruissellent doucement sur la vitre, quand soudain mes yeux se posent sur elle…mon dieu, mon cœur meurtri fait un bon dans ma poitrine. Elle est d’une extrême beauté, si pure, si innocente, on dirait…un ange. Pourquoi…pourquoi ne peut-elle pas être mienne…c’est un supplice. Je suis incapable de détacher mon regard de Barbara, prisonnier…



Tu viens ? Les filles nous attendent. James pose sa main sur mon épaule et me sors de ma rêverie. Je me racle la gorge puis sors de la voiture. Mon cœur bat la chamade, mon estomac se noue. Pourquoi j’ai soudain si peur de me retrouver près d’elle ? Je sors de la voiture, tremblant comme une feuille. Je jette un œil à l’entrée, Barbara a disparu. Je me détends un peu. Après quelques minutes de parlotte, nous entrons et rejoignons les filles. Sam vient directement me coller et commence à me complimenter. James en fait de même avec Barbara Je souris à ses mots, la remercie et la complimente à mon tour par simple politesse. Enfin, elle est jolie, mais ce n’est pas…Barbara. Je profite d’un instant où James et Sam discutent pour me rapprocher de Barbara.
Salut Princesse. Elle me souris, se rapproche et me dépose un baiser sur la joue. J’ai brusquement très chaud. J’ôte mon bonnet, le glisse dans la veste de mon costume et arrange mes cheveux.



On se fait soudain alpaguer par des étudiants photographes.Vous formez vraiment un joli couple, ça vous dérange si on vous prend en photo. Nous nous regardons pris au dépourvu. L’idée d’entendre le mot couple m’est très étrange mais pas désagréable, bien au contraire. Je lui souris avec tendresse, me rapproche d’elle, passe ma main sur sa taille et l’étreins. Biensur répondis-je tout simplement. Nous prenons une pose et sourions à l’objectif. Je me sens bien plus léger quand elle est près de moi. Je rapproche mon visage et lui murmure à l’oreille.Tu es magnifique.C’est dans la boîte. Vous serez sur le blog du campus.Ils s’éloignent.  Je me tourne face à elle, posant ainsi mon autre main sur sa taille. La chanson « A whole New World » commence à jouer sa première mélodie. Nous sommes désormais très proches. Mon regard vient se noyer dans l’océan bleu de ses yeux.  Veux-tu bien m’accorder cette danse ? Ce soir, je me fou des jaloux et des interdits, je veux juste…être près d’elle.

Sa main vient doucement se fondre dans la mienne. Je la guide avec assurance jusqu’à la piste de dance. Et, comme attirés, nous nous sommes rapprochés, mes mains sur sa taille et ses bras entourant ma nuque. Nous commençons ainsi à danser au rythme de la musique, oubliant le décor et ses acteurs. Mes yeux s’égarent, au loin, dans cette Outre-Mer profonde et romantique que sont ses jolis yeux bleus. Son visage désormais si proche, son front scellé au mien et son souffle chaud sur ma peau. Les yeux alors clos, je savoure ce merveilleux moment de tendresse. Puis, elle éloigne légèrement son visage, glisse délicatement sa main dans mes cheveux qu’elle caresse amoureusement du bout des doigts. Éperdu, je frissonne, je tremble, je me meurs. Elle rapproche davantage son visage. Seigneur…que fait-elle ? Mon cœur lutte en vain, s’affole et sombre dans la démence. Une agréable chaleur submerge chaque centimètre carré de mes veines lorsque sa bouche effleure le coin de mes lèvres. Subtile flamme, puis feu ardent, mon corps tout entier brûle désespérément de désir pour cette femme.

Barbara… soupirai-je me languissant de ses lèvres. Pourquoi…?. J’ouvre les yeux et nous partageons ce regard que nous avons tant cherché à éviter et qui en dit long. Prisonniers d’un désir inavouable, l’un comme l’autre, nous cédons à cette dangereuse tentation. Sans plus attendre, tous deux, attirés l’un l’autre par cette force désormais incontrôlable, nos lèvres se rejoignent et fusionnent. Papillons dans le ventre, explosion de bonheur, transcendé par tout un tas de sensations, je suis incapable de briser cette parfaite osmose. Je lui rends simplement ses baisers avec douceur, tendresse et sensualité. Je la laisse faire. Je n’avais jamais ressenti ça. Pour la toute première fois de mon existence, je vis. Maintenant, je le sais. Il n’y a plus de doute possible. Je l’aime. Je suis amoureux de Barbara.

Au même moment

Comme le dit la citation : «Le bonheur est un voyage, pas une destination. Il n’y a pas de meilleur temps pour être heureux que maintenant. Vivez et appréciez le moment présent."Aujourd’hui, j’ai voyagé. Je n’aurais jamais cru pouvoir un jour ressentir une telle béatitude. Et, c’est auprès d’elle que tout prend son sens. Ses lèvres se délient des miennes m’extirpant de ma rêverie.
Non…pourquoi…je pourrais rester des heures à l'embrasser ainsi. Elle presse son front contre le mien, puis redresse son visage et me fixe droit dans les yeux.

Dimitri…je…je t’… Je ? Seigneur ne serait-ce pas ce dont à quoi je pense ? Mon cœur tambourine de plus bel. Malheureusement, elle n’a guère le temps de finir sa phrase que Nathanaël nous interrompt. Il nous fait remarquer que Sam se serait volatilisée et suggère à Barbara de partir à sa recherche. Je reprends peu à peu mes esprits. Toi Dimitri, tu ferais mieux d’aller voir James…
Mon regard se pose à nouveau sur Barbara qui prend ses distances tout en faisant glisser sa main sur mon torse.Elle s’en va. Je la regarde s’éloigner et me tourne ensuite vers Nat qui me dévisage d’un air grave.
Il est ou ? Il me montre du doigt mon ami rouquin isolé au fond de la salle, accoudé sur une rempart. Je soupire et le rejoins.

Je m’avance doucement près de James. Hey…je peux  me joindre à toi ? Il ne prend pas la peine de me regarder.
Tu n’as pas mieux à faire ? Ma gorge se noue. Il se tourne vers moi et me toise tristement.
Tu dis que t’es pas un mec pour elle, que je dois prendre soin d’elle. Et quand je me décide d’agir toi tu…tu…tu l’embrasses ?
Un silence pesant s’installe entre nous.
Tu sais ce que tu veux au moins ? Putain, tu ne te rends même pas compte de la chance que tu as ! Je donnerais n’importe quoi pour qu’elle me regarde comme elle te regarde. Il marque une pause.
Je l’aime Dimitri ! Je sais que toi aussi, je ne suis pas con tu sais…J’ai besoin de prendre l’air. Il se hâte alors vers la porte battante et sort, je me précipite pour le rattraper. Je lui chope le bras. James attends…
Il refuse de me regarder et me tourne le dos. Je soupire.
Je suis désolé okay ! C’est vrai, je suis un con, mais putain…je ne contrôle pas !  J’aimerais te dire le contraire, j’ai tout fait pour l’éviter, mais ce que je ressens là, c’est bien réel, et je n’arrive pas à l’ignorer   Je marque une pause, espérant que mon ami daigne me jeter un regard mais en vain.

Alors quoi, tu va m’ignorer maintenant ? Il demeure silencieux. Mon cœur se serre. Comme si je n’avais pas assez d’emmerdes comme ça…C’est bon j’ai compris. Je prends mon bonnet dans la poche de ma veste et l’enfile. Je l’observe me tournant le dos sans un mot. Je souffle.

Je ferai mieux d’y aller… Je fais volte face et me dirige vers la sortie du bâtiment quand soudain il brise le silence.
Je ne peux pas... Je m’arrête et me retourne. Il se tient enfin en face de moi, mais je n’aime pas trop l’air qu’il affiche. Je fronce les sourcils.
Te voir l’embrasser ce soir m’a fait prendre conscience d’une chose : je l’aime et je ne pourrais jamais accepter que tu sois avec elle. Donc si tu sors avec elle, je quitte le groupe. Mon cœur est sur le point d’imploser. En revanche si elle est avec moi, c’est toi qui pars. Je refuse que tu la côtoies en sachant que tu l’aimes.
Comment peut-il me faire une chose pareille ? Je le dévisage choqué par l’ultimatum qu’il vient de me poser. Je sens la colère monter brusquement.
Si je comprends bien, dans tout les cas, on n’est plus ami ?



Il tourne la tête honteux. Je prends ça pour un « oui ». Je n’en reviens pas, quel Connard ! Ma gorge se noue affreusement. Je me sens vraiment mal, je suis en colère.
Je ne vois pas comment être amis quand on aime la même femme. L’enfoiré ! J’affiche un air mauvais. Au même moment, Barbara Sam et Nat arrivent.
Va te faire foutre ! lançai-je haussant brusquement le ton. Je me précipite dehors et cours dans la rue. Je dois absolument me tirer de cet endroit.




Après un long moment à courir pour échapper à cet enfer, je m’arrête pour reprendre mon souffle et jette un œil aux alentours. Il y a une rivière. Je dois probablement être à Canal Historic District. Je m’avance jusqu’au petit pont de la berge puis m’assois au bord de la rivière. Je prends mon téléphone et appelle la seule personne à qui je veux me confier ce soir.
Allo ?
C’est moi…j’ai besoin de toi…dis-je la voix tremblante. Ce soir j’ai goûté au bonheur absolu mais j’en ai aussi pris plein la gueule. C’est comme se faire poignarder par la seule personne qu’on en croit incapable. Tu es où ? Je lui signale ma position. Ok, ne bouge pas, j’arrive d’ici 30 minutes…
Je raccroche. Je me sens tellement mal putain. Il sait que je l’aime…comment peut-il me faire ça, à moi son meilleur pote… Je laisse tomber ma tête dans mes mains et m'effondre en pleurant comme un gamin...

Désarmé par mes sentiments, blessé par l’amitié, je me sens trahis, triste, en colère et animé par tout un tas d’émotions que je ne parviens pas à contenir davantage.
Ce soir, mon cœur saigne. Seul, assis recroquevillé au bord de cette rivière, je sombre dans le chagrin, pleurant comme un enfant. Comment James peut-il m’infliger une telle torture…Au bout d’un moment, je me redresse et observe le reflet de la lune à la surface de l’eau. Je n’avais jamais remarqué à quel point cet endroit peut être magnifique la nuit. Je renifle laissant échapper quelques petits sanglots. Fuir, n’est pas toujours une solution Hallinger…

Cette voix ? Mon cœur fait un bond. Comment a-t-elle ?! Non, non, non !! Elle ne doit pas me voir dans un état aussi pitoyable. Ressaisis-toi Dimi…Je passe mes mains sur mon visage et renifle légèrement. Je n’ose pas la regarder. J’ai honte d’être aussi faible…J’avale ma salive avec difficulté. Je l’entends se rapprocher, mon cœur s’accélère davantage. Barbara…mais qu’est-ce que tu fais ici… ? Je sens sa main se poser doucement sur mon épaule. Je frissonne.
Dimitri… Je suis désolée.. Désolée de te faire du mal.. Désolée que tu perde un ami par ma faute.. Je ne voulais vraiment pas.. Ma gorge se noue affreusement. Comment peut-elle penser une telle chose ? Je me redresse et me retourne pour lui faire face. Elle semble si triste…Mon cœur se serre. Mon dieu, que je déteste la voir ainsi. Je me rapproche tout près et pose mes mains sur son visage. Hey…regarde-moi.murmurai-je doucement. Elle relève la tête, ses yeux essayant de fuir mon regard.

Regarde-moi…insistai-je.  Elle me dévisage. Une petite larme jaillit doucement et ruisselle vivement sur sa joue. Je la chasse délicatement avec mon pouce. Mes yeux viennent s’ancrer dans les siens. Tu n’y es pour rien. Ce n’est pas de ta faute si James décide d’agir comme un con. Je marque une pause puis poursuis : S’il est capable d’imposer un tel ultimatum, c’est qu’au fond ce n’est pas un… mon cœur se serre davantage, me faisant un mal de chien, un ami,finis-je la voix tremblante.
Si je suis parti, c’est…, j’hésite un instant mais continue, c’est que je voulais éviter de faire quelque chose que je serai susceptible de regretter, comme…, je prends une profonde inspiration, comme lui en foutre une…je ne veux pas que tu aies une telle image de moi … je rapproche mon visage et colle mon front contre le sien. Mon cœur bat la chamade. Je ferme les yeux.Je tiens tellement à toi…Non en fait…je  t’aime…mais je suis incapable de te le dire…Un silence s’installe.

Que sommes-nous sensés faire ? Elle est venue jusqu’à moi quand j’ai fuis comme un lâche. Jusqu’où irons nous ainsi à jouer au chat et à la souris. Elle se tient là, juste devant moi. Les mots qu’elle a voulu me dire lorsque nous dansions ne cessent de me hanter. Comment ignorer que la femme que j’aime partage mes sentiments…dois-je à nouveau la repousser ? A quoi  bon…je ne veux pas la perdre…Mon cœur est sur le point d’imploser. Mon corps tout entier tremble…
Je ne peux pas…je n’y arrive pas…J’ouvre les yeux. Elle me fixe, craignant la fin de ma phrase, rester loin de toi, être juste…amis…Ma gorge se noue, je suis terrorisé par ce que je m’apprête à lui dire. J’ai besoin de toi Barbara…besoin de t’avoir à mes côtés…que tu sois mienne…Sans plus attendre, je rapproche davantage mon visage et l’embrasse avec tendresse.