Journée bien remplie et enfin achevée ! Je ferme vivement mon casier, enfile ma veste et m’empresse de sortir du bâtiment. Depuis l’annonce du départ de Lux, le boulot chez ADR s’est intensifié. Les responsables en attendent plus de moi. D’ici quelques mois, mon stage sera validé et j’aurais enfin le statut d’animateur radio. Fini les séjours dans la réserve !

Je me dirige vers le parking, monte sur ma moto puis file au Délice pour rejoindre Robin. C’est ma petite cousine du côté de mon père. Je n’ai pas eu la chance de grandir avec elle car mon oncle a longtemps habité en Ecosse avec sa famille. Ca fait seulement deux ans qu’elle est venue habiter à Los Angeles, alors vous imaginez bien que c’est la première personne que je suis venu voir quand je suis arrivé ici.  Mes parents ont été ravis d’apprendre qu’elle emménageait en ville. Selon eux, ça me ferait du bien d’avoir un visage familier. J’aime beaucoup Robin, nous sommes très proches c’est vrai, mais je ne lui ai strictement rien dit au sujet de mon cancer. Je ne pourrais supporter qu’elle me regarde comme le font aujourd’hui mes parents. Ils sont tristes en permanence… Je ne peux pas leur en vouloir, après tout, on ne fait pas d’enfants pour les voir partir avant. Mais, je suis un grand garçon, je peux supporter la maladie, mais pas qu’on me regarde comme un impotent, ni qu’on se retienne de m’envoyer sur les roses sous prétexte que je suis malade. C’est beaucoup mieux ainsi. Cette maladie est déjà un fléau, un lourd fardeau à porter, pas besoin de la pitié d’autrui.  

Arrivé devant le Délice, je gare ma moto, place l’anti-vol puis m’engouffre dans le café. Elle est là, assise sur une banquette au fond de la salle. Elle me voit et me fait un signe. Je lui souris, heureux de la retrouver, et me dirige vers elle. Je la prends dans mes bras, l’enlace et lui dépose un tendre baiser sur la joue. C’est bon de te voir.

Je brise notre étreinte puis m’assois en face d’elle.
Comment tu vas ma petite terreur ? demandai-je taquin.

Je suis content de la voir, ces dernières semaines n'ont pas été un long fleuve tranquille, notamment avec Barbara et le groupe. Toutes ces tensions et ces prises de tête m'ont fatigué. Bien que les choses soient rentrées dans l'ordre, je n'oublie pas que James en pince pour Barbara, et que Sam fait tout pour les mettre ensemble.

Alors oui, j'ai besoin de décompresser un peu, d'oublier et de de rire sans devoir faire attention à ce que je peux dire ou faire. J'ai envie de passer du temps avec Robin, ça fait un moment qu'on en s'est pas retrouvé tous les deux. Elle semble ravie de me voir et me demande comment je vais.

Oh bah écoute, ça va, le boulot est assez rude en ce moment sans compter que j'ai réussi à me faire coller pour deux semaines au bahut. Et toi ?

Evidemment ma jolie brune aimerait en savoir davantage sur les conneries que nous avons faites avec James. Un grand sourire s'illumine sur mon visage puis je me mets à rire. Elle qui est si réservée, ça va lui faire tout drôle.

Oh tu sais James et moi on s'est lancés tout un tas de défis débiles. D'abord on a interrompu le cours de théâtre des premières années et on a dansé sur la scènes comme des guignols. Après, on a piqué des frites en mousse à la piscine et on a remixé le combat entre Anakin Skywalker et Obiwan Kenobi pendant le cours de sport des premières année. Et pour finir on a traversé le couloirs du bahut à poil. Elle m'observe les yeux écarquillés ce qui me fait partir dans un gros fou rire. J’adore ma cousine.

Après avoir fait le détail du menu de nos conneries avec James, nous parlons un peu d’elle. Elle m’avoue être encore dans ses révisions. Décidément, c’est une fille bien trop sérieuse. Je suis fier fier du chemin qu’elle a parcourut. Elle en a tellement chié avec son père. Je grimace.
Naze ! Parlons un peu de toi ! Toujours amoureuse de ton Ecossais ?

Nous rions de bon cœur. Il faut dire qu’on y est allé très fort avec James sur ce coup là !
Ouai je sais. Au moins on peut en rire maintenant. Je marque une pause, passe ma main dans mes cheveux puis poursuis mon récit. Du coup deux semaines de travaux d’intérêt général. Je dois nettoyer le terrain de foot. Un truc bien relou ! Mais bon, un autre gars a été puni et m’accompagne, un joueur de foot, Gregory je crois. Elle blêmit. Je la dévisage compatissant.

Ouai je sais les joueur de foot, je ne les aime pas non plus. Prétentieux à se croire supérieure aux autres. Mais lui ça va, même si la modestie ne fait pas vraiment parti de lui. Je ris.

Elle me parle alors de son petit copain écossais avec qui elle sortait quand elle a débarqué à Los Angeles. Visiblement leur histoire est terminée, du moins pour elle d’après ce que je comprends. Je me pince les lèvres. En même temps, être en couple ce n’est pas simple mais en plus à distance… Je ne voulais pas la blesser en lui disant que rester avec lui était ridicule, mais elle a finalement compris toute seule qu’entretenir une relation avec une personne d’un autre pays ne menait à rien. Visiblement cet Axel ne semble pas être passé à autre chose.

ça c’est parce que c’est difficile d’oublier une femme aussi exceptionnelle que toi, lui dis-je esquissant un sourire. Je sens qu’elle veut me dire quelque chose mais se retient :
Il y a quoi ? Tu voulais dire quelque chose.

Elle change alors de sujet en me questionnant sur ma vie amoureuse. La boule au ventre revient et mon cœur brusquement palpite. Repenser à Barbara me perturbe. Je n’ai encore raconté à personne tout ce qui a pu se passer entre nous. J’aime beaucoup ma cousine mais je ne suis pas prêt à parler de tout ça. Pour lui dire quoi ? Qu’elle me plait, que..que je l’aime ? Et puis ça veut dire quoi aimer ? Quoiqu’il en soit je préfère ne rien lui dire. Je ne veux pas me faire bombarder par mille et une questions. De toute manière le couple ce n’est pas pour moi, et avec Barbara c’est tout bonnement impossible. C’est la sœur de mon meilleur ami, et il a été très clair là-dessus. Et puis, quel avenir a-t-elle avec un mec aux portes de la mort ? Mon sourire s’efface.

Mes amours ? quels amours ? tu sais très bien que je ne me mets pas en couple Robinette. Elle déteste ce surnom. J’adore la faire chier.

Elle me fait les gros yeux. J'explose de rire en voyant l'air qu'elle affiche. Elle déteste ce surnom comme je déteste aussi bien son Dim-Dim. Je trouve au contraire qu'il te va comme un gant répondis-je en tapotant son nez de mon index. Boudeuse, elle me tire la langue.

Mon sourire s'efface. Je n'aime pas trop en venir à ce sujet là, mais je sais que la situation avec son père a été très délicate ces derniers mois. Je ne compte plus les fois où j'ai dû me rendre chez elle car son père se mettait dans un état misérable.Je m'inquiète, elle garde trop de choses en elles. Je fais signe au serveur afin qu'il vienne prendre notre commande.
Un granité coca s'il vous plait. Non, en fait ce sera deux.
Il tourne les talons et va préparer nos boissons. Je dévisage ma cousine, sérieux.

Comment ça se passe chez toi ?