Un léger vent faisait danser les longs cheveux en bataille et légèrement bouclés du sombre personnage se tenant là, seul, sur le trottoir. Une cigarette à la main, il fumait silencieusement en regardant les êtres humains se pressés à ses côtés. Ils l'évitait. Il comprenait. Oryon était, après tout, un jeune homme qu'on ose souvent à ne pas aborder tout de suite. Toutefois, une fois qu'on commence à le connaître, c'est souvent le sentiment de s'être trompé à son sujet. Il soupira, longuement alors que ses yeux verts s'étaient arrêtés à contempler un couple non loin de lui. La jeune femme à la longue chevelure de feu, à la silhouette fine de guêpe, tenait à son bras un homme semblant avoir un haut statut dans une compagnie. Il avait un costard impeccable, le menton haut, mais il lui souriait. Ils se volaient quelques petits baisers, comme s'ils avaient peur de s'éprendre devant tous ces gens qu'ils ne connaissaient pas. Oryon haussa doucement les épaules alors qu'il tirait à nouveau sur le bâton de poison qu'il tenait entre son index ainsi que son majeur.

Le prince norvégien n'avait jamais imposé à qui que ce soit sa mauvaise habitude. Il fumait depuis quelques années maintenant, mais il avait toujours une petite bouteille de parfum ainsi que de la gomme dans ses poches. En grande majorité les gens ne savent pas qu'il fume, sauf s'ils le voyaient faire. Les gens lui demandaient pourquoi il se faisait du mal inutilement. Il levait alors la main, intimant le silence en tout respect. Il n'appréciait guère les gens qui avançaient des choses qu'il savait déjà. Bon sang ! Tous les fumeurs savent que cela est nocif pour eux. Qu'on les laisse en paix avec leur poison ! Pour d'autres, il s'agit de l'alcool, de la drogue, du chocolat même ! Les friandises. Le sucre était autant dangereux, si ce n'est plus dangereux sur une courte période ! Il soupira à nouveau, finissant sa cigarette qu'il jeta du coup des doigts dans la bouche d'égoût de la ville.

Il plongea la main dans sa poche et sorti un petit flacon. Il aspergea légèrement sa main qu'il frotta ensemble et légèrement à la base de son cou, pour enlever l'odeur de nicotine. Il déballa une gomme qu'il se mit à mâcher. Alors qu'il reprenait la direction de son salon funéraire, le grand et curieux personnage s'arrêta net en voyant une jeune femme à la chevelure pâle s'avancer vers lui, les bras trop plein. Il ne pouvait pas la laisser comme ça. Tel un vaillant chevalier servant, Oryon s'approcha d'elle et tendit une main en douceur afin d'attraper l'un des sacs. Aucun de ses gestes n'avaient été brusques afin de ne pas l'effrayer. "- Excusez-moi mademoiselle... Est-ce que je peux vous aider ?" Il s'en serait voulu de la laisser ainsi marcher au risque de se blesser ou pire encore.