Tout l’aprèm, j’ai passé toute l’aprèm cloîtré dans mon studio, à nettoyer, classer, ranger tout ce qui pouvait traîner, et ce qui ne traînait pas d’ailleurs. Je n’ai pas cessé de me repasser la scène en tête, et je n’arrive pas à m’ôter la façon dont Kristian me regardait. Tant de colère, de mépris…et la présentation à l’équipe n’en parlons pas. Je ne pensais pas qu’il accepterait de la faire. Quand il est remonté comme ça, impossible d’obtenir quoique ce soit de sa part. Au moins, il a su rester professionnel ! Du moins, jusqu’à ce qu’il fasse sa petite remarque de merde. Il ne peut pas s’en empêcher, c’est plus fort que lui : Faite attention à cette petite gueule d’ange , il pourrait très vite séduire n’importe qui d’entre vous ou même votre petite sœur , Pff, L’enfoiré !

Je me demande comment ça s’est passé avec Barbara. J’espère qu’il n’a pas été trop dur avec elle. Je sais que des fois, quand il est en colère, il peut se comporter comme un gros connard. D’ailleurs, ça me penser que je l’ai complètement ignorée…tout ça pour sa gueule à lui…putain ! Elle doit probablement m’en vouloir…je passerai chez elle en sortant de la station, en espérant qu’elle ne décide pas de faire comme son frère…Mais d’abord ! Je vais passer le voir, en espérant qu’il soit un peu redescendu. Je souffle, saoulé par cette journée de merde. Pourvue qu’elle se termine vite. Je sors de mon studio en soupirant et prends machinalement la direction du sien. Je marche doucement, comme si je voulais repousser l’inévitable. Si on doit être ensemble avec Barbara, il va bien falloir qu’il finisse par l’accepter. Arrivée devant sa porte, mon cœur s’emballe, mais pas pour les mêmes raisons que d’habitude. En vrai, je suis terrifié de ce que je vais trouver derrière.

Je toque à la porte, sans m’annoncer, car je sais pertinemment que si je lui dis que c’est moi, il va royalement m’envoyer péter. J’attends qu’il me dise d’entrer et je m’exécute. J’ouvre doucement la porte et la referme derrière moi. Son regard se pose sur moi, toujours aussi violent que tout à l’heure. Je reste planté là, en silence, et le dévisage ne sachant pas vraiment par où commencer. Je ne lui souris pas, je pense que lui comme moi n’en avons absolument pas envie. Je finis par briser la glace.

Salut…je fais quelques pas vers lui.

J’me doute que t’as pas envie de voir ma gueule, mais…je tenais à te remercier pour tout à l’heure.

Je marque une pause, prends une inspiration et frotte ma nuque, réticent et redoutant le sujet que je m’apprête à aborder:

Ecoute…je sais que je t’avais promis, mais…j’y peux rien. Ca m’est tombé dessus comme ça…je ne l’ai pas cherché. On voulait t’en parler, mais on savait pas comment te le dire. Je sais aussi que ça ne plait pas….mais…je veux être avec elle. Tu dois sûrement t’en foutre, mais je voulais que tu le saches.

Je lui laisse le temps d’encaisser tout ça. Tout ça est très nouveau pour moi. Puis, aux yeux de Kristian, j’ai toujours été ce mec qui baisent les meufs sans jamais les rappeler. Je doute qu’il me prenne au sérieux. Je décide donc de jouer carte sur table.

Je suis probablement mort à tes yeux. Et, comme désormais on va probablement bosser tous les jours ensemble, je voudrais que t’évite les allusions devant les collègues comme tout à l’heure. J’aimerais me faire discret, et pas être stéréotypé simplement parce que tu m’en veux. Et, puis, ma vie privé ne regarde que moi.

C’est peut être un peu tôt, mais je préfère battre le fer tant qu’il est chaud. De toute manière, je n’ai plus rien à perdre maintenant.