Je glisse le rapport sur le jeune clepto de l’épicerie Venice, dans le dossier prévu à cet effet et le dépose sur le coin de mon bureau. Je le filerai au capitaine quand je prendrai ma pause déjeuner. Il me reste quelques petits détails à vérifier sur l’affaire Di Morales pour obtenir enfin ce putain de mandat qui nous fait tellement chier. Je comprends pourquoi Eliott se faisait des nœuds au cerveau !

Je cherche donc sur mon ordinateur le fichier contenant toutes les infos que nous avons récoltées avec mon équipier. J’essaie de relire les notes mais impossible de me concentrer à cause du vacarme dans le hall principal. Je fronce les sourcils essayant d’oublier la personne qui est en train de s’égosiller. Impossible… je souffle agacé et décide de tendre l’oreille. Tiens ! cette voix, elle ne m'est pas inconnue. Je l'entends s’exciter comme une hystérique sur les collègues. J’affiche un sourire en coin. Je pourrais la reconnaître à des kilomètres avec son caractère de cochon : Alessia. Je me lève aussitôt et sors de mon bureau. Anderson vient de poser la main sur elle pour la forcer à s’assoir et lui demande de la fermer. Mais quel gros abrutis ! Je m’aventure dans le hall :

Dis donc Anderson, ta mère ne t’as jamais appris à comment traiter une lady ? Il me jette un regard condescendant. Je le fixe d'un air moqueur. Il est pathétique !

Cette espèce de folle est accusée d’outrage à agent.
Je relève un sourcil, faisant une mine étonnée. Mon regard se pose sur Alessia qui semble tomber dénue de me voir.

C’est bon, barre-toi je m’en occupe, répondis-je en lui prenant le dossier des mains. Il me dévisage, visiblement irrité par mon intervention. Je le toise avec ironie.

T’es sourd ou quoi ? je t’ai dit que j’men chargeais. Anderson grommelle quelques mots dans sa barbe mais n’insiste pas davantage. J’ouvre le dossier et lis la plainte posée contre la jeune femme. Je ne peux retenir un sourire en coin. Je le referme aussi sec et m’assoie sur le bureau face à elle. Je me pince les lèvres sans me départir de mon sourire.

Alors ma lady, à qui tu as fait des misères aujourd’hui ?

Elle me regarde aussitôt dès qu'elle entend ma voix. Un sourire illumine brusquement son visage lorsqu'elle me voit. Agacé par le comportement puéril d'Anderson à l'égard de la jeune femme, je l'envoie bouler aussi sec, à la grande joie de la jolie blonde qui se permet même un commentaire comme elle sait si bien faire. Mon abrutis de collègue qui voulait m'envoyer une réplique bien cinglante finit par se raviser et me laisse en compagnie d'Alessia. Une fois seuls, je pose mon cul sur le bureau face à elle, croisant les bras, puis l'interroge sur les raisons qui l'ont amenée à faire un petit séjour parmi nous. Elle commence alors son récit qui, pour être tout à faire honnête, est plus qu'hilarant ! Quand elle a fini, elle s'enfonce contre le dossier de sa chaise. Je continue de la dévisager en silence. Et puis, je finis par éclater de rire.

Donc tu es ici parce que tu t'es crêpée le chignon avec une bonne femme pour un bout de tissu ? C'est vrai j'oubliais que tu n'aimes pas partager. Ah... soupirai-je sourire en coin, les femmes. je lève les yeux au ciel, affichant un air taquin, histoire de l'emmerder un peu.

Elle se redresse et me pose la question fatidique. Comme si la première chose que j'allais dire aux gens c'est que je suis flic.
Et rater ce spectacle ? Tu plaisantes ! Je glisse ma main dans ma poche puis sors mon téléphone puis prends une photo d'Alessia avec les menottes et ricane.

Pourquoi ? Je croyais que tu aimais bien quand c'était un peu violent. C'est pas ce que tu m'avais dit la dernière fois ? plaisantai-je. Je clique sur la photo pour l'observe de plus près et fais mine de réfléchir. Je la lui montre:

ça te va bien ! Je souris, Je la garde ! Un dossier comme ça, ça se range bien au chaud, je lui lance un petit clin d'oeil.

Je fouille dans le tiroir du bureau puis prends le trousseau de clefs. Je lui enlève les menottes et les dépose dans la poche de ma veste.

Tu es libre. Ne t'inquiète pas, je m'occupe de faire abandonner les charges contre toi, à une seule condition ! Que tu m'invites pour le déjeuner. Ça tombe bien en plus , parce que j'ai faim !

Je ne suis pas surpris de sa réaction, après tout Alessia est une femme qui sait ce qu'elle veut et qui l'assume pleinement. Elle est imposante, dominatrice et aime garder le contrôle. Tout à fait ce qu'il faut pour remettre du plomb dans la cervelle d'Anderson. C'est d'ailleurs pour ça qu'il l'a qualifiée de folle.

Mais voilà une réplique digne d'une princesse...pleine de prétention. Je m'arrête et la regarde taquin. Mais une ravissante princesse cela va de soit !

Je m'amuse à la charrier un peu, surtout lorsqu'elle commence à râler à cause des menottes. Qu'est-ce que je disais ? Avoir le contrôle ! Et menottée ainsi, elle le perd à plate couture. Je sors mon portable et prends un cliché mémorable de la jolie blonde.

Moi je trouve que ça te va plutôt bien. Je dirais même que c'est carrément sexy. lançai-je en riant.

Bon... je ne suis pas pro sado maso, mais j'ai déjà fait mumuse avec mes menottes de service en attachant Lexie à notre pieu. Je m'amuse encore un peu à la faire chier. Vu son tempérament, je mettrais ma main à couper qu'elle fait parti de ces femmes qui aiment qu'on les fasse vibrer. Et se réponse ne me surprends guère, bien au contraire. Je souris.

J'aime les choses violentes, mais dans d'autres circonstances monsieur l'agent !"

Malicieux, je décide de rentrer dans son jeu. Je me rapproche doucement d'elle puis l'emprisonne en posant mes deux mains sur l'accoudoir de la chaise sur laquelle elle est assise. Je plonge volontairement mon regard dans le sien et rapproche davantage mon visage. Je prends un air dominateur et sexy, esquissant un sourire en coin, plein de satisfaction.

Oh mais Mademoiselle Hazinger, je pourrais vous montrer mille et une manières excitantes d'user de ces menottes, murmurai-je bien distinctement d'une voix érotique. Je hausse doucement les sourcils, faisant perdurer ce jeu de séduction, qui n'est pas pour me déplaire.

Je finis par me redresser et lui montrer le chef d'oeuvre sur mon téléphone.
Garde là tu as raison, tu n'auras plus une aussi jolie femme menotter à ton bureau. Mais biensûr Alessia ! Un dossier comme ça, ça se conserve.

Evidemment que je garde, ça me fera un moyen de pression quand tu joueras les vilaines filles. Je lui fais un clin d'oeil puis me mets à rire. Qu'est-ce que je disais, pleine de prétention. Je lui souris et m'empresse d'ajouter:

Détrompe-toi, des jolies femmes, j'en vois tous les jours ma belle ! Je pose ma main sur mon visage et caresse mon menton de mon pouce et mon index, faisant mine de réfléchir. Et je décide de la défier à nouveau.

Qu'est-ce que tu aurais de plus selon toi ?

Je lui enlève enfin les menottes, lui assurant que tout rentrerait dans l'ordre et que je m'occuperais moi-même de classer l'affaire. Je m'amuse à lui faire un peu de chantage affectif, en lui suggérant l'idée de m'inviter à déjeuner. Je dois avouer que je commence à avoir la dalle !

Je ne pourrais jamais dire non à un homme en uniforme. Aller on bouge, j'ai faim aussi. Dit-elle en me faisant du charme, affichant son plus beau sourire.

Hum, il faut dire qu'elle sait très bien y faire. Je pourrais facilement me prêter au jeu et presque me laisser séduire. Il faut être honnête, Alessia est très séduisante, mais son tempérament peut faire fuir certains mecs. C'est bien dommage, car ce genre de femmes sont celles qui rendent la vie est bien plus palpitante. Je passe mon bras sur sa taille:

Hoo voyons, Hazinger, vous allez finir par me faire rougir. répondis-je en souriant. Nous traversons le hall, je lui tiens la porte pour la laisser passer. Une fois dehors, je passe mon bras autour de son épaule, observant droit devant moi.

Alors, où Mademoiselle compte-t-elle m'emmener ? Je marque une pause et la regarde.

Surprends-moi.

Alessia a vraiment tout de la princesse prétentieuse qui a le don d’agacer la gente féminine, ce qui me fait bien marrer. Elle a son caractère, c’est vrai, et pour être tout à fait honnête, je n’aimerais pas un jour être dans sa ligne de mire. Je suis sûre que derrière ce genre de femme fatale qu’elle se donne, se cache une femme au grand cœur. Je me demande ce qui l’a poussé à forger une telle carapace. Non pas que cela me déplaise, j’aime bien la faire chier. Mais je suis juste, curieux.

Cela va sans dire !

Avant de lui ôter les menottes, je décide d’immortaliser ce moment. Ce n’est pas tous les jours que la jeune femme se retrouve menottée dans une circonstance comme celle-là. Je sors mon téléphone et prends une photo, la flattant même d’un compliment. Elle réagit immédiatement. Elle, sans tenue ? Je fais mine de réfléchir en posant mon index sur mes lèvres et observe le plafond.

Hum…laisse-moi réfléchir…Non. Il va falloir m’éclairer

A vrai dire, ce n’est pas si difficile, je ne vais pas vous mentir c’est une très belle femme. Mais, j’adore tout particulièrement la titiller sur l’emprise qu’elle pense avoir sur moi. Je joue les indifférents. Je sais pertinemment qu’elle déteste ça.

A mon tour d’entrer dans un jeu de séduction. Depuis tout à l 'heure, elle ne cesse de jouer la maligne. Si un jour je décide de me laisser aller avec elle, elle risque fort de ne pas assumer. Je ris intérieurement. Ce n’est pas vraiment mon genre de penser ainsi, c’est bien pour ça, que j’ai rajouté un « si ». Je me souviens les délires qu’on se tapait avec Lexie quand on utilisait mes menottes de service pour nos petits plaisirs.

Sa réponse ne fait pas attendre. Elle prend un air séducteur et une voix sensuelle : Alors montrez-moi monsieur l'agent !"

Je ne bouge pas et soutiens son regard en arquant un sourcil. J’aime bien son franc parler. Je prends ensuite un air désolé : Je doute que vous ayez été assez sage pour ça Mademoiselle.

Je lui montre la photo, puis lui ôte les menottes. Elle se frotte les poignets, probablement qu’Anderson y est allé un peu trop fort. Quel con celui-là tout de même ! Je décide de la défier à nouveau. C’est vrai, qu’a-t-elle de plus que les autres femmes dont elle se croit plus « sexy »?

"Qu'es que j'ai de plus ? Ça se voit ! Je hausse les sourcils puis souris.

Puis.. J'ai l'assurance, la liberté.. Beaucoup de femmes ne sont pas comme moi, beaucoup n'aiment pas sauter sur les occasions, moi.. Je m'en contre fiche, je suis canon, je le sais et je sais que je plais, autant en profiter !"

Je passe ma langue sur mes lèvres pour les humidifier puis croise les bras, fasciné par l’assurance dont elle fait preuve. On entre presque dans le narcissisme. Elle est marrante. Je plains quand même son futur mec. Elle va le rendre complètement chèvre.

Tu sais qu’elle être belle ne te permets pas toujours d’obtenir tout ce que tu veux.

Je lui fais un petit clin d’œil révélateur. Je suis sûr qu’elle aura de quoi méditer là-dessus. Je lui promets ensuite de faire abandonner les charges contre elle en échange d’un invitation à déjeuner :
Je ne pourrais jamais dire non à un homme en uniforme. J’esquisse un sourire en coin.

Attention jeune fille, je pourrais y prendre goût.

Nous rions tous les deux. Je dois avouer que ça me fait du bien. J’ai grandement besoin de sortir un peu. Les trois quarts du boulot sont faits. Je peux enfin prendre mon après-midi. Nous sortons du commissariat, affamés. Comme je me fais gentiment inviter par la jeune femme, je lui demande alors de me surprendre.

Sérieusement ? Si tu veux être surprise je t'emmène à l'hôtel et crois-moi que je trouverais comment s'occuper avec la nourriture !"

Elle me prend au dépourvue et m’embrasse la joue. Je ne rechigne pas. A vrai dire, ça fait un moment que je ne me suis pas laissé approcher de si prêt pas une femme. Ça me fait bizarre. D’un côté, je me dis que ce n’est pas bien, car mon cœur appartient à Lexie. Mais de l’autre, je me dis que parfois, il serait bien pour moi d’avancer. L'ennuie, c'est que j’ai beaucoup de mal. Je ne suis absolument pas dans l’optique de vivre une histoire d’amour, ça il faut oublier illico presto. En revanche, je dois avouer que le contact, l’affection par moment me manque. Mais est-ce vraiment raisonnable ? N’est-ce pas de l’infidélité ? Vous me direz que non, et d’avancer, car la vie continue, mais pourtant, la mienne stagne au même endroit depuis un moment. Je n’arrive pas à aller de l'avant. Je fronce les sourcils puis ris. Je réalise tout juste ce qu’elle vient de dire.

On t’as déjà dit que c’était mal de jouer avec la nourriture ? Dis-je en tapotant le bout de son nez avec mon index.

Surtout quand j’ai une dalle comme maintenant ! Elle reprend son sérieux.

"Non sinon je connais un restaurant plutôt sympa, par contre il faut que tu m'emmène ma voiture est au centre commercial ! Je souris et acquiesce, satisfait.

Parfait ma lady, avec joie.

Nous marchons jusqu’à ma voiture. Je lui ouvre la portière passager pour la laisser entrer. J’entre à mon tour dans le véhicule, mets ma ceinture, attends qu’elle en fasse de même, puis démarre. Sur la route, je décide de faire un peu la causette.

Alors dis-moi, t’as toujours joué les femme fatales, ou c’est une facette pour te préserver de la gente masculine ?