Fais chier ! grognai-je furieuse, en claquant la porte de mon bureau et envoyant valser ma tasse de café qui se brise par terre en mille morceaux. Un geste que je regrette aussitôt. Je lorgne sur les débris qui gisent sur le sol puis grimace : Et merde…génial ! soupirai-je ennuyée.

Je me mords l’intérieur de la joue pour essayer de me contenir et ne pas dire ou faire quelque chose que je regretterais ensuite. Je n’y crois pas ! Comment peut-elle me demander une chose pareille ! J’ai horreur de m’immiscer dans la vie des gens surtout si c’est pour faire resurgir de telles  souffrance. La première chose que j'ai apprise, c’est que le métier de journaliste est l’un des plus méprisés. Au début, je ne voyais pas pourquoi. Maintenant, tout est clair. Je n’ai aucune envie de mener cette interview ! Je dois à tout prix trouver un moyen d’y échapper et me débrouiller pour qu’aucun des collègues ne récupère cette mission. Peut-être qu’au commissariat justement, ils pourront m’aider. Je prends mon sac à main et sors hâtivement du journal sans prêter attention à Sally et sa troupe. Je me dépêche d’atteindre ma destination.

Arrivée devant le bâtiment de Police, je prends une profonde inspiration avant de m’engouffrer à l’intérieur. Je me dirige à la réception où une charmante jeune femme m’offre un accueil très chaleureux. Bien entendu, elle me questionne sur la raison de ma venue.

Bonjour, je me présente. Alycia Johnson, je suis journaliste au Newswriter. Le journal voudrait un article sur l’affaire Di Morales et pour cela j’aurais besoin de m’entretenir avec un des inspecteurs qui est sur l’affaire, expliquai-je sans me départir de mon plus beau sourire. Espérons qu’il ne s’agisse pas de l’Agent Jones…Elle s’éclipse un instant puis revient au bout de quelques minutes: Mme Johnson, l’inspecteur Hunter va vous recevoir.

Un vent de soulagement me traverse : Merci.

En attendant, je m’assois sur un des sièges de la salle d’attente. Je passe une main dans ma chevelure que je rabats d’un geste vif en arrière puis croise les jambes.

Une voix masculine s’adresse à moi, m’extirpant ainsi de mes songes…Oh…my…GOD ! Quel homme ! Ce corps…Si un jour on m’avait dit que je rencontrerais une telle créature…un parfait apollon dont la beauté douce et suave m’hypnotise telle une douce mélodie sur un piano et qui suscite en moi un ardent désir charnel, des frissons qui me parcourent et cette chaleur qui me transcende…je le veux ! Je ne peux m’empêcher de l’analyser de la tête au pied, de le dévorer du regard comme prise d’une faim insatiable. Mes yeux s’attardent sur son torse dont le tee-shirt épouse parfaitement la silhouette. Je me lève et lui offre mon plus beau sourire :

Oui. C’est bien moi, bonjour Inspecteur euh…Hunter. Je lui tends la main en guise de salutation. Il me tient la porte et m’invite à le suivre dans son bureau.
Biensûr

Hum…Oh mais avec toi chaton, j’irais jusqu’au bout de la nuit, pensai-je rêveuse, me mordillant la lèvre inférieure et imaginant toutes les vilaines choses que nous pourrions faire sur son bureau. Je le laisse me guider et le suis de près. Je profite qu’il soit dos tourné pour me focaliser sur son jean moulant à la perfection son joli petit cul. Quoi ? Il n’y a pas que les mecs qui ont le droit de fantasmer ! Je me pince discrètement les lèvres, envieuse, coquine, puis prends une profonde inspiration et souffle doucement pour calmer mes ardeurs sexuelles. Reste concentrée Aly ! Nous entrons dans son bureau. Je ferme la porte derrière moi et lui fais face. La vache…il est encore plus sexy de près que ça en devient intimidant.

Inspecteur, je dois être totalement honnête avec vous. Je ne suis pas venue ici pour discuter de l’affaire Di Morales. J’ai menti tout à l’heure à votre collègue à la réception. Désolée… dis-je en prenant une mine désolée. Je rabats une mèche de cheveux derrière l’oreille puis souris avec malice.

Oups…je suis coupable. S’il vous plait, ne me mettez pas en prison ! dis-je en mettant ma main devant la bouche, comme choquée. Puis j’affiche un sourire en coin faisant mine de réfléchir :

Quoique…doit-on me passer les menottes ? demandai-je toute innocente. Innocence mon cul oui ! Vous avez compris mon petit jeu hein ? Je me mets soudain à rire.

Désolée ! J’ai toujours rêvé de dire ça ! Je me racle la gorge, puis redevient sérieuse.

Comme je le vous disais, je ne suis pas ici pour discuter de l’affaire Di Morales. En réalité, je viens de m’engueuler avec ma patronne parce qu’elle me force à rédiger un article qui pourrait compromettre la vie et la carrière d’un de vos collègues. Je marque une pause, passe une main dans mes cheveux et soupire en croisant les bras.

Il s’agit de l’Agent Jones. Je suis sensée l’interviewer au sujet l’accident de voiture qui a causé la mort de sa femme et de son fils. Pour être honnête, je n’ai aucune envie de m’immiscer dans la vie de ce pauvre homme pour ressasser de telles souffrances. Si vous voulez mon avis, je trouve ça vraiment dégueulasse, inapproprié et déplacé. Je suis peut-être journaliste, mais j’ai encore un peu de compassion.

Je m’arrête un instant. Il me fixe sans un mot. Je m’avance doucement et pose ma main sur son bras.

En fait, j’espérais que vous puissiez m’aider. N’existerait-il pas une loi, un mandat, n’importe quoi qui puisse interdire ce genre d’initiative ? Vous devez savoir que si ce n’est pas moi, ce sera un de mes collègues qui s’en chargera. Je n’ose même pas imaginer les conséquences qu’un tel article pourrait engendrer… je soupire désespérément et le fixe droit dans les yeux.

Je remarque que je viens d’établir un peu trop de proximité entre nous. J’ôte rapidement ma main de son bras, puis me racle la gorge faisant quelques pas en arrière.

Moi qui pensais que ma petite plaisanterie lui extirperait un sourire, mais non monsieur me rembarre aussi sec comme si je n'étais qu'une pauvre gamine écervelée. Mon sourire s'efface aussitôt. Je vois rouge ! Pour qui se prend-t-il au juste ? Je vais vite le faire descendre de son piédestal ce sale arrogant. Moi qui le trouvais irrésistible, il vient de perdre tout son charme rien qu'en ouvrant la bouche. S'il pense qu'être le flic lui laisse le droit de me prendre de haut avec son air condescendant, il se fourre le doigt dans l'oeil.

Okayyyyyyyyyyyyyyyyyyyyyyyy. Il est temps de lui rabattre le caquet !
Pour votre information inspecteur, Coca Cola n’est juste que l’enseigne qui a médiatisé le Père-Noël . Son histoire remonte a bien plus longtemps. Plus précisément en 270 après Jésus-Chris.

Je me rapproche de lui avec assurance, puis lève mon index et poursuis mes explications.

C’est l’histoire d’un homme Nicolas de Myre, alias Saint-Nicolas, jeune homme qui se convertit au christianisme, devient évêque et meurt en martyr, décapité. Il aurait d’ailleurs jailli une fontaine d'huile du cou de la victime, huile qui selon des légendes aurait eu les pouvoirs de guérir les malades. Le culte de Saint-Nicolas fut ensuite exporté en Europe. On disait que Saint Nicolas se rendait dans les chaumières afin de demander aux enfants s'ils ont été obéissants. Ces derniers laissent alors leurs souliers devant la cheminée ou devant la porte, ainsi que sucre, du lait et une carotte pour la mule qui porte Saint Nicolas. Les enfants qui ont été sages au cours de l'année reçoivent donc des cadeaux, mais pas les enfants qui furent méchants qui se voient administrer des coups de fouet.

Je décide de m’arrêter là. Je me suis davantage rapprochée pendant mon monologue, ma poitrine effleurant presque son torse. Il est plus grand que moi, alors je relève légèrement mon visage et le fixe droit dans les yeux. J’esquisse un sourire en coin et arque un sourcil : Vous devriez revoir vos leçons d’histoire Inspecteur.

Il ne se déleste pas pour autant de son sarcasme, ce qui d’ailleurs commence à me taper sur le système. Toujours dans la provocation, il s’assoit à son bureau, les pieds sur son pupitre, les bras derrière sa nuque. Je l’observe agacée, mais je garde mon sang-froid.
Je décide de revenir à nos moutons et lui explique la réelle raison de ma venue, ce qui le fait tomber dénue. Ah ! Enfin ! Monsieur daigne me prendre au sérieux ! Mais le ton méprisant et condescendant qu’il prend finit par me faire sortir de mes gonds et je m’emporte.

Hey ! Du calme le pittbul ! Sur la défensive, je pose vigoureusement mon index sur son torse.

Je n’y suis pour rien ! Je suis là justement pour éviter ça ! Je vous signale que je me suis mise à dos ma chef, je risque ma place en venant ici ! Alors cessez de prendre ce ton condescendant de flic et de me prendre pour une vulgaire débutante !

Je marque une pause pour reprendre mon souffle. Je croise les bras et lève le menton.
Par je ne sais quel miracle, le grand méchant loups range les crocs et daigne se calmer, me faisant clairement comprendre qu’on ne peut rien contre la liberté d’expression. Je fronce les sourcils et réagis aussi sec :

Liberté d’expression mon cul ! Article 1, de la Constitution, Elle ne doit pas porter atteinte à la vie privée et au droit à l’image d’autrui. Article 6, Certaines personnes, en raison de la fonction qu’elles occupent, sont tenues à un « devoir de réserve ». C’est le cas des fonctionnaires, donc les flics.

Je jette un œil à l’extérieur à travers la vitre, puis l’observe à nouveau. Je m’avance près de lui, rapproche mon visage du sien et parle tout bas :

Il faut juste arriver à prouver que cette initiative viole les principes de la Constitution. Puis-je espérer compter sur votre aide ?

Je relève la tête, nos visage sont désormais très proches, s’effleurant presque. Mes yeux viennent directement s’ancrer dans les siens. Malgré son caractère de merde, il a tout de même de très jolis yeux, dont l’exquise couleur bleue azur vous donnent envie de voyager.

Le premier contact fut tellement différent de ce que j’imaginais. Il me prend de haut, usant d’un ton affreusement condescendant et me parle comme si j’étais une demeurée. Non mais pour se prend-il celui-là. Etre sexy ne lui octroie pas le droit d’agir comme un connard !Je tente de le remettre gentiment à sa place, lui montrant pas la même occasion que je ne suis pas une petite fille écervelée comme il a l’air de penser. C’est à peine s’il m’écoute. Mais au lieu de laisser couler, il en rajoute une couche, me prenant à nouveau de haut, ce qui commence doucement à me courir sur le système. Si tu penses que je vais fermer ma petite gueule bien sagement tu te fourres royalement le doigt de l’œil mon chaton. Tu as peut-être l’habitude d’avoir le dernier mot avec certaines, mais avec moi, tu es très mal tombée Casanova ! Crois-moi, tu n’es pas au bout de tes peines ! Je te le garantis. Ouvre bien grand les yeux et observe ! J’arque un sourcil, rentre délibérément dans son jeu et le provoque ouvertement. Je lève mon index : En fait, c’est Mention « perfection »

Je sais pertinemment que ça va l’agacer et qu’il va encore monter sur ses grands chevaux. Parfait ! Je suis en forme !

Et donc, ça vous rend supérieur Inspecteur ? dis-je d’une voix à la fois douce et provocante.

Je m’adosse contre le mur et l’examine de la tête au pied. Il a quelque chose en lui de bestial, sauvage ! L’insolence, l’impudence, l’impertinence à l’état pur. Hum…han….Il faut avouer que c’est tout particulièrement séduisant…carrément sexy même ! Fort heureusement, je ne laisse absolument rien transparaître.

Et moi j’obtenais à peine le bac pendant que vous commenciez déjà à vous renfrogner avec l’âge. C’est triste…Non mais, qu’est-ce que vous croyez ? Qu’avoir quelques années de plus fait de vous un homme plus érudit ? Qui sait tout, a tout vu et a tout fait ? Détrompez-vous Inspecteur, vous auriez beaucoup de choses à apprendre de moi. Les apparences sont trompeuses.

J’ai un passé houleux. Personne ne pourrait croire que j’étais cette jeune serveuse fragile, harcelée par son patron et ses clients, et qui devait subir des attouchements permanents pour espérer pouvoir toucher son salaire pour et survivre avec sa mère. Cette même jeune femme qui s’est faite prendre dans la cuisine, frappée, arrachée ses vêtements pour servir d’esclave sexuel, mais qui finalement est sauvé de justesse par son meilleur ami. Je ne me suis jamais laissée submerger par ces traumatismes, je me suis simplement relevée et j’ai continué à me battre. A quoi bon se morfondre ? Ce qui ne m’a pas tuée, m’a rendu plus forte. Personne ne se doutait que j'étais la jeune femme qui entretenait une relation secrète avec son professeur de Littérature de 15 ans son aîné. Vivre ce genre d’expérience, vous fait acquérir une certaine maturité, un certain savoir-faire que ce soit sur le plan psychologique que sexuel. J’ai fait des choses Inspecteur qui pourrait te donner des cheveux blancs. Je pourrais te montrer mais je ne voudrais choquer ce joli petit minois !

Prise de colère, je me lâche un peu, pointant mon index accusateur sur son torse et espérant lui faire rentrer dans le crâne une bonne fois pour toute que je suis bien loin d’être une débutante dans ce métier. Je connais les lois et je saurais comment les faire appliquer. J’ai juste besoin d’un petit coup de pouce pour les procédures. Je pensais trouver facilement en m’adressant à un agent de Police, mais ça me parait bien plus compliqué que je ne l’imaginais. Putain mais, je veux juste éviter à son collègue plus de souffrance qu’il ne doit déjà ressentir. Est-ce que c’est si compliqué à comprendre ?

Visiblement c’est comme pisser dans un violon. L’agacement me gagne peu à peu. Si je veux du score ? Faire l’aguicheuse ? Me prendre au sérieux ? Non mais sérieusement, sur quelle planète il vit ? Bon…même si l’idée de lui sauter sur ce bureau et de lui arracher ses vêtements pour me délecter de chaque centimètre carré son corps de rêve m’a déjà traversé l’esprit, je ne suis pas venue ici pour le séduire. Il pose ses mains sur mes épaules et me repousse et se recule par la même occasion.

Hum, pourquoi je trouve ça…excitant ? Cette manière qu’il a de me repousser. Personne ne l’avait jamais fait jusque maintenant. Je dois avouer qu’au fond ça me plait. Mais là encore, je ne lui montre pas. Je reste de marbre. Ce qui me surprend, c’est qu’il croit que j’essaie de le séduire alors que pas du tout. Je ris intérieurement. Mon coco, attends de voir ce dont je suis capable si je veux te séduire !

Mes jeux de séduction ? Mes agissements de chatte incapable de se contrôler ? Me porter du respect ? Là, sérieux j’hallucine ! Plus je l’entends déblatérer ses salades, plus je sens la colère mais aussi sans comprendre pourquoi l’excitation grimper en flèche. Il me saoule, cela va sans dire. Mais il m’excite aussi, et ça, ça m’énerve encore plus ! Je boue à l’intérieur. Je m’avance à nouveau vers lui. On ne me repousse pas comme ça moi ! Et, je me mets à mon tour à l’enchaîner.

Premièrement inspecteur, vous n'êtes absolument pas mon genre d"homme ! , Ce n'est absolument pas vrai mais je ne pas lui laisser le plaisir de se l'imaginer. »

Deuxièmement, je ne suis pas venue ici pour me faire prendre sur un bureau, ce serait vous faire trop d’honneur ! menteuse Aly, juste un petit peu…beaucoup…mais chut ! Il est pas sensé le savoir.

Troisièmement, mon comportement de chatte aguicheuse ? Je me mets à rire.

Si vous trouvez que je vous aguiche simplement en vous remettant à votre place, votre vie sexuelle doit vraiment être ennuyeuse à mourir. Je m’empresse ensuite d’ajouter. Sachez Inspecteur que, si je voulais vous aguichez, je m’y prendrai certainement autrement.

Heu ? Je rêve où il vient de me dire que je suis très belle ? Intelligente et qu’il trouve ça sexy. Je m’arrête aussitôt, un peu prise au dépourvue et ne peux cacher ce sourire qui se dessine sur mon visage. Il va surement croire que c’est parce que je viens de l’atomiser, alors qu’en réalité, il me trouve désirable. Vu qu’il semble s’être radouci, j’en fais de même. Je prends une profonde inspiration sans jamais le quitter du regard. Je pince les lèvres puis lui dit d’un ton beaucoup plus doux :

Je ne cherche pas à vous séduire Inspecteur Hunter.

Je me mors la lèvre inférieure, brusquement transcendée d’une étrange chaleur qui ne cesse croître. Mon cœur s’accélère ensuite, mon sang bouillonnent. Je connais cette sensation…le désir, l’envie. Je le désire fortement. Mais, je ne peux pas. Je ne veux pas. Enfin si…mais non ! En plein conflit intérieur, je détourne les yeux et fuis son regard tout en me raclant la gorge : Bon…

Je lui tourne le dos, ferme les yeux, et tente de me calmer en contrôlant ma respiration. Lente inspiration, lente expiration. Je pose mon sac sur son bureau, l’ouvre et sors un dossier.

Bon alors, voilà les informations que ma responsable veut approfondir par une interview. Bien entendu, il est hors de question de la faire. Si vous jetez un œil sur la liste, ce sont toutes les sources qui ont fourni ces fameuses infos.

J’essaie tant bien que mal de me calmer, pour faire redescendre cette brusque envie. J’évite le plus possible le regard du policier. Je me concentre donc sur le document.