« Et merde ! » Ce juron résonne dans cette chambre d'hôtel, un e-mail vient de lui parvenir. Grace ne pensait pas avoir autant de choses à écrire pendant son voyage, elle qui pensait simplement terminer son article et passer le plus de temps possible avec sa meilleure amie. « Tu parles d'une affaire ! » Généralement, la blonde aime recevoir ce genre de travail, du moins elle aime ça quand les pistes ne manquent pas. Aujourd'hui, elle va devoir se rendre dans un chenil pour rendre visite à un chien un peu spécial pour la rédaction. D'après les informations transmises dans les documents, il s'agit d'un grand berger allemand abandonné par son propriétaire. Maître qui s'avère être celui qu'un collègue de la journaliste pourchasse depuis des mois. La grimace au visage, Grace se dit qu'elle n'a pas joué de chance sur ce coup, c'est à elle que revient le sale boulot d'interviewer les employés du chenil. La grimace au visage, Grace se dit qu'elle n'a pas joué de chance sur ce coup, c'est à elle que revient le sale boulot d'interviewer les employés du chenil. Pense à ta publicité, pense à un avenir en Californie ! Cette phrase figure à la fin du courriel reçu un peu plus tôt, pourquoi un avenir ici ? La jeune femme se rend alors compte qu'elle peut y réfléchir, mais ça voudrait dire abandonner tout ceux qui sont à Austin. Renoncer à sa mère et sa petite sœur, sa carrière déjà bien bâtie et s'écarter des gens en qui elle a mis tant de temps à faire confiance. Repartir de zéro, Grace Hunter peut le faire !

L'heure de son rendez-vous approche, la demoiselle n'aime pas être en retard et file donc sous la douche. Une simple serviette sur le corps pour se rendre à sa valise, elle en sort un petit chemisier de couleur claire ainsi qu'un jean qui fera l'affaire. De retour à la salle de bain, la belle passe près d'une heure à se maquiller et se coiffer, son apparence doit être au top même pour aller acheter un pain. Fin prête, elle constate à son portable qu'il est largement temps de prendre la route. Pour y arriver plus rapidement, c'est en voiture que se fera son trajet et c'est surtout pour l'aide du GPS. Quelques minutes plus tard, la voilà devant le bâtiment où trône une enseigne, SPRA, elle qui pensait à un simple chenil. Sans trop de difficulté, Grace trouve l'accueil qui lui demande de patienter un instant le temps de trouver celui qui répondra à ses questions.

Il faut savoir que Grace et les animaux n'ont jamais fait bon ménage, non qu'elle a été traumatisée étant enfant. Il y avait bien cette bête à la maison, quelque chose qui devait ressembler à un chien, du moins c'est le souvenir qu'elle présente. Un truc tellement vieux qu'il était à peine poilu, presque sans dents et aussi sourd qu'un pot ! Stikels qu'il s'appelait, bon, peut-être pas tout à fait, mais ça ressemblait à ça. La demoiselle n'est jamais montée à cheval, pas faute d'avoir essayé, mais l'idée d'avoir des poils partout, elle en frissonne. Et voilà qu'on l'envoie dans un établissement rempli de ces bêtes qui en perdent tellement qu'il y aurait de quoi se faire une moumoute !

À son arrivée, Grace est directement accueillie comme il se doit, sans doute que le personnel veut une bonne publicité. Pendant qu'elle attend patiemment sur sa chaise, la blonde consulte une dernière fois ses e-mails, mais surtout celui de ce matin. Se confirmer qu'elle doit passer par cette épreuve et éviter de suivre son envie de faire demi-tour. « Mademoiselle ? Si vous voulez bien me suivre, je vais vous emmener à Quinlan. Il répondra à tous vos besoins, il est dans l'enclos en compagnie du chien. » Super pense la journaliste, elle va devoir approcher cette bête de près, et s'il était agressif ? Après tout, son précédent maître l'est ! La blonde se lève et suit la jeune femme jusqu'au dit enclos pour découvrir une grande parcelle d'herbe, mais surtout de terre. Elle qui ne porte que des talons hauts, ça va être le fun ! « C'est peut-être beaucoup vous demander, mais puis-je obtenir une paire de bottes ? » Faire sa princesse ? Absolum... Bon, peut-être, mais juste un peu ! Quand la dame lui affirme les apporter tout de suite, Grace la remercie et commence à s'avancer vers le jeune homme qui doit être Quinlan. Confirmé, en un instant, la blonde se sent bête. Chose nouvelle, elle qui est toujours sûre d'elle à tous les niveaux. La journaliste se surprend même à sourire bêtement quand il se présente à elle. « Enchantée Quinlan, je me nomme Grace et je suis ici pour rencontrer le chien, celui-ci visiblement. » Prénom peu commun, il faut l'avouer et cet accent, quand la dame de l'accueil lui a annoncé, Grace pensait rencontrer un homme aux cheveux poivre et sel et non un si beau jeune homme. Elle finit par lui tendre la main en se présentant pour l'ôter aussi rapidement. Une décharge lui parcourt le bras, drôle de sensation, telle qu'elle en oublie l'instant présent. Ce n'est que lorsqu'on lui apporte ces fameuses bottes qu'elle quitte son regard, chassant d'un coup de main les sensations qui l'emporte. Grace les enfile avant de pénétrer enfin dans le jardin aux côtés de Quinlan. « Savez-vous d'où vient ce chien exactement ? » Ce n'est pas vraiment la question qu'elle veut lui poser, la journaliste veut surtout savoir s'il serait prêt à la retrouver ce soir pour un verre, mais ne vendons pas la peau de l'ours avant de l'avoir tué !  

Faire tourner des têtes, la jeune journaliste en a l'habitude bien qu'il soit plutôt rare qu'un homme parvienne à lui envoyer cet effet. Ils ne sont pas nombreux dans sa liste de succès, se sentir fragile, avoir l'envie de lâcher son article pour passer à la partie amusante. Ca ne ressemble pas à Grace qui d'ordinaire sépare plutôt bien le travail et sa vie. Oh, il y a déjà eu des fois où elle sortait avec des personnes interviewer, mais ça restait toujours après la journée. Ici, la blonde se demande depuis son arrivée à la prairie si le jeune homme à ses côtés ne voudrait pas terminer tout de suite et aller boire un verre. Elle ne peut pas, cet article semble important pour le journal et si elle le laisse tomber, personne ne donnera cher de sa carrière.

Aller droit au but, peut-être que de cette façon, elle pourra le chasser plus vite de son esprit. Seul bémol, elle ne peut le quitter du regard tendis qu'il prend la peine de lui répondre. Grace reste fixée sur le dresseur pendant que celui-ci rappel le chien, d'un geste, la journaliste recule. Sans quitter la scène des yeux, la jeune femme garde tout de même une certaine distance entre elle et la bête. « Merci, mais je suis bien à cet endroit...» La peur n'est pas responsable, la demoiselle remarque de loin que les pattes du chien sont boueuses. Il est hors de question qu'il puisse lui sauté dessus et ainsi lui donner l'occasion de la salir. « D'après ce que je sais, son maître est un vrai connard. Il serait à l'origine de plusieurs chefs d'inculpations, on pense qu'il a dû abandonner son animal... "Body"... Pour s'enfuir sans l'avoir dans les pattes. Je comprends maintenant que mes informations sont fausses, il ne devait pas tenir à lui pour agir de cette façon. » C'est vrai quoi, ce n'est pas parce qu'il a quatre pattes qu'il faut lui faire vivre un enfer. Comme je vous l'ai dit, la blonde n'approche généralement pas les animaux, mais il n'est pas pour autant évident qu'elle aime les voir maltraités. « D'après vous, cela fait longtemps qu'il est dans cet état ? A-t-il eu la chance d'être aimé ? »

Il y a comme un sentiment d'impuissance qui trône dans l'air, la belle blonde ne comprendra jamais que quelqu'un décide de faire autant de mal à un être vivant. Elle-même n'a jamais voulu adopter un animal, elle est tellement certaine de ne pas supporter les inconvénients qui suivent. A quoi bon vouloir un être à quatre pattes si c'est pour lui en vouloir constamment parce qu'il perd ses poils ou fait des bêtises ? Bref, avoir un animal de compagnie, ce n'est pas fait pour cette journaliste qui aime rester au propre. La jeune femme n'a pas encore sorti son petit calepin de sa poche, elle qui pense ne pas en avoir besoin vu qu'il s'agit d'un article sur un chien. Une grimace s'installe sur son visage quant aux propos du jeune homme, la façon dont il a été traité répugne la blonde. « Il devrait y avoir un test psychologique à l'adoption d'un animal, ça reste un être avec un coeur qui bat ! » Ces derniers mots sont donnés sur un ton un peu grave, sans se rendre compte qu'elle vient d'élever la voix. « Je suis désolée, je m'emporte assez facilement... » Voilà qu'elle s'excuse de son comportement, chose qu'elle fait que très rarement. La dame se fou assez bien de ce que les gens peuvent penser d'elle, mais cela semble différent avec lui.

Grace acquiesce d'un signe de tête en regardant le ciel, elle qui a oublié sa veste ! « Je ne doute pas qu'il soit bon, mais n'y a t'il pas de risque qu'il soit méfiant à vie ? Après ce qu'il a vécu, n'importe qui le serait. » Elle retire la paire de bottes confiées plus tôt et enfile avec plaisir ses chaussures en remerciant encore une fois la demoiselle. « Je vous suis. » Avec le sourire, Grace en boite le pas de Quinlan en direction de son bureau où ils seront plus à l'aise pour discuter. Voilà un autre chien, au moins, celui-ci n'a pas dans l'idée de venir lui sauter dessus. La bête file directement vers son panier, la blonde sourit et entre à son tour se dirigeant vers le bureau. Un signe de main envers le canin aux présentations avant de prendre place sur l'une des chaises. « Avec plaisir ! » Lui demander si elle désire un café revient à demander à un enfant s'il veut une sucrerie. « Noir et sucré, je vous remercie. » Grace attend d'être à nouveau face au dresseur qu'elle accueil avec un large sourire. « Donc Body, je suppose qu'il faudra du temps avant qu'il puisse être mis à l'adoption. Autant de dégâts ne peuvent être effacés aussi rapidement. Est-ce qu'il sera suivi par un professionnel ? Je veux dire un genre de psy pour chien. » Bah oui, un psy pour chien ! Elle n'y connaît rien après tout, et puis, ça doit exister vu l'évolution sur le comportement canin.

Tout en suivant Quinlan vers son bureau, Grace se pose tellement de question sur ce chien. Chose étonnante, elle qui fuit généralement tout ce qui est poilu. Pas de méprise, les hommes sont toujours les bienvenues, mais on s'égare, revenons. La journaliste sourit à son interlocuteur le remerciant d'un signe de tête pour le café. « Je suis certaine que vous avez un taux de réussite impressionnant, ça peut sembler bizarre venant de ma part, mais, serait-il possible que ce suivi me soit transmit régulièrement ? » En effet, cela est plutôt impressionnant que la blondinette veuille obtenir des nouvelles du chien par la suite. La vraie question est le fait-elle pour le chien ou pour rester en contact avec ce bel homme ? La journaliste change de position sur sa chaise buvant son café tout en souriant au dresseur. « Ce café est très bon, peut-être pas autant que le Starbucks du coin, mais très buvable. » Quelle plaie cette aptitude à ne pas mentir ! « Je ne veux pas dire qu'il est imbuvable... Juste le fait d'être habituée à un autre goût... » La belle pense s'enfoncer un peu plus, elle commence à perdre ses mots et cela l'inquiète. D'ordinaire, la parole ne la fuie jamais ! Se raclant la gorge, la journaliste se concentre sur l'écran d'ordinateur que Quinlan lui montre. En effet, elle constate que les informations sont moindres ce qui va compliquer son article. « Est-ce qu'il a déjà été vu par un vétérinaire ? Avoir un dossier médical pourrait peut-être en indiquer un peu plus sur ses blessures et ainsi, accuser son maître devant la justice. » De toute façon, il sera déjà jugé pour ses crimes, mais la belle serait satisfaite si ce blaireau obtenait une peine pour avoir traité son animal d'une façon aussi barbare. Prenant une nouvelle gorgée de son café, une idée vient à l'esprit de Grace. « Continuer cette conversation devant un déjeuner ça vous tente ? Impossible de garder mon estomac au calme quand son horloge sonne l'heure du repas. » Et bien voilà qui est fait, l'inviter à sortir, depuis le début la journaliste veut le faire.