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 Hey brother...a second round ? Damian & Devon 

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MessageHey brother...a second round ? Damian & Devon écrit Mar 19 Nov - 1:14


We're all broken...


Œil plongé dans le viseur, focalisé au centre de la spirale, sur ce point bien précis, point de non-retour. Crosse épousant parfaitement la paume de ma main dominante. Pouce sur le côté, majeur, annulaire et auriculaire serrés de l'autre côté juste en dessous de la détente. Le cliquetis de mon 9mm qui se charge. Je presse une dernière fois la détente. Une puissante détonation, propulsant la balle à toute vitesse, qui s’écrase dans un fracas en plein milieu du crâne. T’es mort sale fils de pute ! Du moins, tu le seras bientôt.

Le mécanisme s’enclenche et ramène la cible. Pas mal !  Je dépose mon arme sur le comptoir et enlève mes boules quies. Je retourne au poste accompagné d’Eliott et quelques collègues. Pas de boulot pour ce soir, nous avons décidé de nous octroyer une petite soirée entre couilles. Exactement ce qu’il me fallait pour mettre de côté les récents événements. Ça n’a pas été simple : déjà le viol et la grossesse d’Evelyne m’ont foutu une grosse claque dans la gueule. De toute manière, je vais tout faire pour retrouver cet enculé, lui couper les burnes et lui faire bouffer jusqu’à ce qu’il s’étouffe avec et que les poils lui ressortent par le pif. Et puis, il y a Damian…putain…quand je repense à mon embrouille avec lui, c’est comme si je revivais mon accident de voiture une deuxième fois…je ne le reconnais plus, mon petit frère…mon bien aimé petit frère…mon Dami…Douleur fulgurante se ravive brusquement. Non ! Tais-toi ! Je te somme de te taire !


Avant de partir, je dois repasser par le bureau pour récupérer ma veste en cuir. Nelson m’accompagne et me laisse en cours de route pour aller chercher ses clefs de bagnole. Comme d’habitude, on se charrie tel un vieux couple.

J’te parie 10 dollars que tu feras d’la merde !riais-en entrant l’air guilleret dans mon bureau, quand soudain tout mon corps se raidit avant de se figer instantanément lorsque mes yeux se posent sur ce petit bout d’homme qui a partagé ma tendre enfance. Mon sourire se crispe, s’efface, trépasse. Notre dernière conversation me reste vraiment en travers de la gorge, sans compter qu’il a saccagé toute la baraque. Et mes photos…putain…la prochaine fois, je le fous dehors un coup de pied au cul ! Je suis sacrément remonté contre lui, ouai, mais je n’en demeure pas moins courtois, glacial, presque indifférent mais courtois. J’inspire : Salut.

Hey le voilà mon champion ! Anderson déboule dans le bureau comme un hystérique et pose sa main sur mon épaule, me félicitant.

La vache ! En plein dans le mille mon cochon ! T’as pas mal gagné en précision ! T’as même pas idée mon p’tit Anderson !

Bon sinon, Eliott m’envoie, tu t’amènes, on va être en retard ! Je mords ma lèvre inférieure. Je regarde mon frère. Je sors les mains de mes poches et pointes mes deux index comme des flingues sur mon collègues puis esquisse un sourire du coin des lèvres.

Tu sais quoi, partez sans moi, je vous rejoindrai plus tard. Anderson qui ne cache pas son agacement, commence à geindre comme une gonzesse, comme il sait si bien faire.

Merde Dev’, tu fais chier ! ça fait longtemps qu’on avait prévu ça.

Je sais. Mais là tout de suite, désolé je ne peux pas. répondis-je en scrutant Damian. Je me retourne face à mon collègue et lui lâche une de mes répliques fétiches.

Arrête de chialer Anderson. Je sais que tu ne peux pas vivre sans moi, mais j’t’assure tu survivras ! je lui tapote à deux reprises la joue en me pavanant avec mon air fier et satisfait.

Il finit par acquiescer et se barre assez rapidement du bureau en râlant. Je le regarde se débiner en me marrant. Nous revoilà à nouveau tout les deux. Et l’atmosphère devient subitement plus pesante. Pourquoi est-il ici ? Vu la tournure de notre dernière conversation…T’es venu saccager aussi mon bureau ? ça me brûle les lèvres, mais je ravale mon sarcasme.  Je me racle la gorge et m’avance pour fermer la porte quand le capitaine m’alpague. Décidément…

Jones !

Capitaine ?

Je voulais vous voir car il faudrait revoir le dossier Di Morales.

Quoi ? Encore ? Mais pourquoi, on a tout ce qu’il faut pour le coffrer ?

Rectification, vous aviez. Le témoin a décidé de retirer sa plainte. Autrement dit, toutes les preuves ne sont plus recevables. Quoi ? Mais c’est une blague ! C’est Eliott qui va être content ! On s’est tellement fait chier pour arrêter cet enfoiré. On va devoir encore trimer ! Je souffle exaspéré par cette affaire. Je fais glisser ma main sur ma nuque, ne masquant pas déception.

Vous pouvez vous en occuper avec Eliott ?

Biensur. Sans problème. Elle s’apprête à partir mais d’immobilise un instant.

Oh hey, Jones ! Vous faites de l’excellent travail. Je suis fière de vous compter parmi mes meilleurs agents.

Euh..Comment vous décrire la joie qui m’anime là tout de suite  ? Vous savez quoi ? Je me sens brusquement pousser des ailes ! Ce n’est pas tous les jours que l’Iceberg comme l’appelle Eliott vous fait un compliment pareil. Je m’empourpre, grattant l’arrière de la tête, flatté par autant de reconnaissance.

Merci Capitaine.

Elle s’en va et je ferme machinalement la porte derrière elle. En me retournant, je me retrouve nez à nez avec Damian dans un silence de mort.  Je soutiens son regard lui offrant un léger sourire en coin. Je plisse les yeux à travers mes lunettes, mords ma lèvre inférieure et m’avance vers mon bureau parfaitement rangé, sur lequel je prends appuie avec mes mains. Le corps légèrement incliné en avant, j’observe mon petit frère avec une certaine désinvolture.

Je te sers quelque chose à boire ? Eau ? Thé ? Café

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MessageRe: Hey brother...a second round ? Damian & Devon écrit Mer 20 Nov - 0:05

    Veille au soir...
    Longue inspiration. Fermer les yeux.

    Je n'arrive pas à réfléchir, n'arrive pas à trouver la solution. Je suis sorti et traîne dans le parc, me sens profondément ridicule de nouveau habillé en tenue de sport, comme je l'étais souvent avant. Il m'a dit qu'il ne me reconnaît plus, que je ne suis plus le même, que j'ai trop changé... « J’avais besoin de toi » Je commence à courir doucement, laissant le froid mordre mes bras dénudés. Échappées blanches depuis mes lèvres, privées de nicotine. Simplement le chaud contre le froid, j'ai simplement besoin d'aller le plus loin possible.

    Longue inspiration.

    Le silence alterne avec les bruits de moteurs, quelques sirènes qui chantent ici et là anonciatrices des problèmes dans le quartier, les bouches d'égouts qui crachent un peu de flotte, les mioches qui traînent pour ne pas rentrer tout de suite, les toxicos qui se laissent porter par le vent bien froid qui leur glace les os et l'âme. Et moi qui veux simplement m'éloigner de l'écho de sa voix qui me prend les tripes. La colère s'est calmée même si les poings restent serrés et je ne parviens pas à diriger toute sa rage sur lui seul, suis éclaboussé par l'amertume. Laisse un goût dégueulasse, laisse un poids sur la cage thoracique, laisse des bourdonnements dans les oreilles. Amertume court à côté de moi, plus vite que moi, toujours plus vite que moi et machinalement, je me prends à vouloir la rattraper. J'ai laissé le téléphone à l'appartement, juste envie d'aller loin, plus loin, de courir plus vite que les larmes pour qu'elles ne me rattrapent pas. Elles ne le font pas, laissées sur le bord du trottoir. Quelques cartons sur le côté et je jette une oeillade, toujours peur de cette image du toxico abandonné à la ville qui le mâche et le crache avant de l'écraser d'un geste du poing. Toujours cette appréhension de rejoindre les rangs des citoyens fantômes.

    Longue inspiration. Fermer les yeux.

    Respirer par le nez. Les jambes portent, le corps bat mais le souffle est court. Trop longtemps à ne plus pousser. C'est devenir instinctif de lever le poing, plus dur de se retenir, d'aller courir, plus dur de se retenir, d'aller marcher, plus dur de se retenir, d'aller respirer. « C’est d’être sans cesse hanté par l’image de ton gosse le cou brisé devant toi avec du sang lui sortant des narines » Quand tu es blessé, je saigne aussi. Comme l'écho à ses cauchemars, le sang dégouline doucement de mon nez pour venir embrasser mes lèvres, goutte par goutte. Respirer par le nez. Les jambes portent, le corps bat mais le souffle est court. Je porte la main à ma cage thoracique, décide de ne pas m'arrêter. Le pas est lourd. Les immeubles qui défilent sur les côtés, le jour consumé, la lune irisée. Inspirations, inspirations, inspirations ! « Je me dis que si j’en crevais ça serait un soulagement pour tout le monde ». Embrasser la mort. Refouler les images des cercueils qui descendent, fouler le sol sous mes pieds. C'est le monde qui descend, finalement.

    Longue inspiration.

    S'extraire de son corps, laisser derrière les gouttes de sang, laisser derrière les jambes lourdes, laisser derrière les expirations. Et s'extraire, s'envoler. J'étends doucement les bras, en apesanteur. C'est ainsi que je pourrai supporter. Le monde ralentit et s'arrête. Prendre de la hauteur, laisser les événements faire une pause. La grossesse d'Evelyne, les traces de son viol, la stèle de Lexie et d'Andy sur laquelle il a plu tant de fois, la main de Devon qui serre je ne sais quel verre plein jusqu'à la gueule. Tout arrêter. Mes mouvements ralentissent. Le bruit pose l'index sur ses lèvres, shhht. Les immeubles se sont finalement arrêtés. Les sirènes ne chantent plus, les catastrophes se sont arrêtées. Les toxicos ne vagabondent plus pour effrayer les frères cadets imprudents. Je me plonge dans la contemplation de ma propre main. Le froid ne me lèche plus les bras. Plus le goût du sang dans ma bouche. Pas la sensation désagréable du bitume contre ma joue.


    * * *


    Je suis assis sur la chaise face à son bureau, je me suis annoncé comme son frère, je ne sais pas encore si j'ai bien fait de le dire. Il aurait voulu être tranquille. Je cale mon dos contre celui de la chaise, m'enfonce dans l'assise pas particulièrement confortable. Le téléphone ici n'arrête pas de sonner, de l'autre côté de la porte, comme un fil conducteur qui annonce que la journée n'est pas finie. Jamais finie, à vrai dire. Il ne se tait jamais.

    ▬ J’te parie 10 dollars que tu feras d’la merde !

    Le sourire montre le bout de son nez et s'efface. Je frotte mes yeux et je ne sais même pas si c'est la lassitude ou l'indifférence qui semble transparaître sur mes traits. C'est aucune des deux, je penche la tête sur le côté. Je suis appuyé contre le bureau. Coude posé sur le bois, pommette droite calée contre mon poing, la patience usée dans chaque centimère de ma posture. Depuis quand suis-je là. On m'a dit qu'il serait bientôt là, je dois être là depuis « bientôt » alors. C'est une unité de mesure fiable ça....

    Longue inspiration.

    ▬ Salut. La sienne, son manque de patience, sa surprise, sa colère, son amertume à lui que j'essaie d'aspirer pour l'en soulager. Sur mon genou, ma main gauche dessine dans le vide, mes doigts grattent les cordes d'une guitare qui n'existe plus depuis des mois. Tu es les mots, je n'arrive plus à être la musique. Les notes s'éteignent quand tes espoirs s'éteignent.
    ▬ Salut Devon.

    ▬ Hey le voilà mon champion ! La vache ! En plein dans le mille mon cochon ! T’as pas mal gagné en précision ! Bon sinon, Eliott m’envoie, tu t’amènes, on va être en retard !

    J'assiste à l'échange comme de loin, j'ai l'impression que le collègue intrusif ne s'est même pas rendu compte de ma présence. En temps normal, je lui aurais dit de dégager mais j'attends, vissé à ce fauteuil pas particulièrement confortable. Refus, ma faute. Insistance, la sienne.

    ▬ Je sais. Mais là tout de suite, désolé je ne peux pas. Arrête de chialer Anderson. Je sais que tu ne peux pas vivre sans moi, mais j’t’assure tu survivras !

    Il sort, enfin. Je lève la main gauche et me saisis de la cigarette qui se trouvait au-dessus de mon oreille, pour jouer avec sur le bord du bureau.

    ▬ Jones !

    J'ai moi-même un mouvement de surprise et me tourne vers la femme, sans quitter ma position cependant. J'assiste à leur échange, et imagine que l'alcoolisme de Devon n'empiète pas sur son boulot, pour l'instant. Est-ce qu'ils sont au moins au courant ? Cette femme, elle a peut-être le pouvoir de le contraindre à une cure...

    ▬ Je te sers quelque chose à boire ? Eau ? Thé ? Café
    ▬ Je t'ai ramené quelque chose.

    Je remets la clope au-dessus de mon oreille et retire mon visage de mon poing, quittant ma position avachie sur le bord du bureau pour me redresser et ouvrir un sac à dos se trouvant entre mes pieds. Ma nouvelle position laisse apparaître l’ecchymose sur ma pommette, ce n'est même pas douloureux. Muni de gestes assez lents pour sembler délicats, je sors plusieurs cadres photos que je pose sur le bureau, à l'emplacement du sous-main, près de son clavier. Longue inspiration. Je ne compte pas m'excuser pour ça. C'était normal, c'est sa faute.

    ▬ Pas envie de rester à nouveau deux ans sans avoir de tes nouvelles. Je veux bien un café. Avec deux sucres, s'il te plaît.

    Pas vraiment une accusation de sa part, pas vraiment un aveu de la mienne. Juste la sincérité de lui avouer à demi-mot qu'il m'a manqué, que je ne supporterais pas qu'il disparaisse, encore, encore, encore. Je les repousse doucement puis me penche sensiblement en arrière pour l'observer dans son contexte. Chez lui. Il va falloir parler d'Evelyne, je repousse le moment, encore un peu. Je referme mon sac entre mes jambes puis jette un œil au bureau. Chose que j'ai déjà faite en son absence, mais je veux découvrir, en sa présence...

    ▬ Client difficile, ton Di Morales ? ...
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MessageRe: Hey brother...a second round ? Damian & Devon écrit Mer 20 Nov - 23:29


We're all broken...


Salut Devon m’a-t-il dit, peut être sur le même ton que moi. Quelle ironie ! A nous voir, on aurait du mal à croire que nous étions jadis comme les deux doigts de la main. On s’écoutait, on se conseillait, on riait, on s’aidait, on se consolait et aujourd’hui tout ça n’est plus que fumée et cendres, et je m’étouffe dans cette spirale.
Depuis combien de temps est-il là, assis sur ce fauteuil triste et vide à m’attendre ? Pas le temps de réfléchir davantage, il se lance:

Je t’ai ramené quelque chose ?

Ah ? Et quoi donc ? ta colère ? ta rancœur ? Ta haine ? Pas la peine de revenir à la charge petit frère, j’ai bien compris… Mais, il fait machinalement glisser sa clope sur son oreille puis se redresse, soulevant un sac qui jonchait à ses pieds. Il en sort quelques cadres photos et les dépose délicatement sur le bureau près de mon ordinateur. J’en tombe dénue, ne pouvant masquer mon expression émue. Je fourre les mains dans les poches de mon pantalon et me pince les lèvres, ému. Oh Damian…je cligne doucement les paupières, sous l’émotion. Je prends une profonde inspiration, fermant les yeux quelques secondes…

Toutes ces photos que tu as brisés avec mon amour propre étaient un avertissement que tu as gravé dans ma tête. J'ai fait de mon mieux pour survivre tu sais, prenant des chemins que tu désapprouves, je le sais. Mais au lieu de remonter la pente, j’ai glissé, je me suis effondré, et enfoncé, toujours plus profondément, toujours plus loin de toi. Pourtant quand je regarde dans le miroir, je vois toujours ton reflet dans mes yeux Ils recherchent un espoir, un but, une raison de m’accrocher…m’accrocher à toi. Je suis là devant toi, un pied entre les deux mondes, respirant à peine, avec un cœur qui peine à battre. On dit que la guérison se trouve cachée quelque part dans la douleur. Et toi, tu es réapparu du passé. Désormais, tu es mon présent. Dans ton nom, j’ai trouvé un sens. Alors je m’y accroche…je m’y accroche…je m’accroche à toi. Tu es tout ce qu’il me reste. J’erre, je demeure, je persiste, juste pour empêcher que tu suives mon chemin et subisses ces embûches. Je ne suis pas un exemple, mais une cause perdue. Tu es ma fierté et l’avenir de cette famille. Alors, je m'accroche…pour toi, je m’accroche à tes mots. Tu dis que j'irai bien. Alors, j’essaye, car malgré tout ça petite frère, malgré toute cette putain de rancœur…je t’aime.

J’expire doucement et le dévisage avec une certaine tendresse. Soutenant son regard, je laisse échapper un petit sourire en coin. Reconnaissant, je lui dit alors Merci, d’une voix sincère mais fébrile.

Je lui propose à boire. Il me répond directement :
Pas envie de rester à nouveau deux ans sans avoir de tes nouvelles. Je veux bien un café. Avec deux sucres, s'il te plaît.

A nouveau ce poignard qui saisit ma poitrine, : il tourne, me déchire, m’assassine. Non…moi non plus petit frère. Pas question de fuir à nouveau. Pas question de te mettre à l’écart. Plus jamais. J’ai trop besoin de toi dans ma vie, bien que tu en doutes et que tout porte à croire le contraire. Cette douleur incommensurable prend possession de moi, me tire vers le bas, dévore mon âme et la consume. Je respire un coup, prends sur moi et encaisse. Même si tes mots sont une lame aiguisée qui ne cessent de trancher, de me blesser et de me tuer, qu’importe, tant que tu respires.  La gorge nouée, oppressée, je déglutis avec peine, fuyant son regard.

Je vais te faire ça tout de suite…

Je tourne les talons faisant glisser une main sur l’arrière de ma tête. J’ouvre la porte de mon bureau, puis me fige instantanément. La main accrochée à la poignée, Les yeux égarés dans le vide devant moi soudain se closent. Je prends une profonde inspiration. Mon cœur lourd et douloureux tambourine si fort que j’ai l’impression d’étouffer.
Ca n’arrivera pas…

Je tourne la tête et croise le regard de Damian.
Ce n’est pas ce que je veux... avouai-je avec tristesse.

Je demeure un instant immobile puis le fixe en silence et avec regret. Car oui…je regrette la tournure qu’on prise les choses. Regarde ce que nous sommes devenus…On se déchire au lieu de se chérir. On se blesse au lieu de s’aimer. Je laisse échapper un profond soupire, puis quitte un instant mon bureau pour lui préparer son café. Je déambule tel un zombie dans le hall jusqu’à la machine jouant avec les anneaux de mon trousseau de clefs. Je le soulève machinalement et colle le badge sous le capteur qui identifie mon compte. Je presse machinalement le bouton, un gobelet se libère et se heurte sur la petite plate-forme dans un claquement. Je penche la tête sur le côté, observant avec minutie le liquide noir remplir récipient. Intéressant pas vrai ? Sur le côté, une petite boîte noire remplie de petits morceaux de sucres en cubes. J’en prends deux et les laisse vivement glisser dans le verre prévu pour Damian. Je rebrousse mon chemin jusqu’à mon bureau, refermant la porte derrière moi, et m’avance jusqu’à lui, tout près de lui.

Tiens

Je lui tends le récipient qu’il prend aussitôt. Je pose mon café sur mon bureau.
Mon regard reste accroché à ce bleu qui colore sa pommette. Dans un réflexe fraternel, du bout des doigts, je viens doucement déposer ma main sur son visage angélique : mon pouce glisse sur son menton et mon index effleure son ecchymose d’un geste tendre. Je soupire tristement et examine sa blessure avec mélancolie. Oh Damian…qu’est-ce que t’as foutu ? Puis, nos yeux, fenêtres de l’âme se croisent et se découvrent à nouveau. Je soutiens son regard, aussi longtemps qu’il le faudra, juste pour lire en lui. « C’est dans un regard, que sont cachés les mots qu’on n’a jamais su dire. » Je veux trouver la clef qui me mènera à toi, réparer mes erreurs,, rebâtir ce lien que j’ai brisé. Je veux retrouver mon petit frère que je chérissais tant.

Qu’est-ce qui s’est passé ?

Un léger rictus naît du coin de mes lèvres. J’espère qu’il ne s’est pas mis dans le pétrin. Je décide de lui laisser son espace et me recule. D’un geste décidé, je prends le gobelet et m’abreuve de mon café. Quant à lui, il referme son sac. Je retourne derrière mon bureau et m’assois sur ma chaise, lui faisant face.

Client difficile, ton Di Morales.

Je fais glisser mes mains sur l’arrière de ma tête et y entrecroise mes doigts.
T’as pas idée ! soupirai-je. Il nous donne du fil à retorde. Il est à la tête d’un gros trafic de drogue qui a fait de nombreuses victimes, dont des gosses de 14 ans. , dépité, je secoue la tête machinalement de droite à gauche.
On avait tout ce qu’il faut pour le coffrer…enfin…

Je me redresse sur ma chaise et le dévisage interrogateur. Je me mords la lèvre inférieure.

T’es là depuis longtemps ?

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Dernière édition par Devon Jones le Jeu 21 Nov - 3:55, édité 3 fois
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MessageRe: Hey brother...a second round ? Damian & Devon écrit Jeu 21 Nov - 1:28
    J'ai cru... j'ai eu peur qu'il me jette les cadres à la gueule en me disant que j'avais eu tort, que j'aurais pas dû toucher à ses précieux souvenirs, plus importants que ceux qui sont encore là... Quand je me suis retrouvé dans le rayon, à me demander si je devais prendre un noir mat ou brillant, je me suis dit « à quoi bon chipoter, vu qu'il va me les envoyer à la tronche en pestant que je suis égoïste, irresponsable, violent » … Même Evelyne a eu l'air de penser que je ne savais plus du tout me maitriser comme si...

    Il enfonce les mains dans ses poches, silencieux. Je ne parviens pas à deviner si quelque chose close. Je passe la main contre ma cuisse avant de marmonner, comme un peu confus :
    ▬ J'espère que la couleur te va... Je savais pas, enfin, j'ai fait simple, tu vois...

    Finalement, il semble touché. Un sourire se dessine sur le coin de mes lèvres. Je suis content, mission réussie. Je ferme les yeux une seconde, profite du silence à peine installé, moins lourd sur nos frêles épaules. Je sens que je commence enfin à me détendre en sa présence, j'en avais besoin. Inspiration, la sienne. Inspiration, la mienne.

    Soudain, nos expressions se copient mutuellement. Parfois, je le reconnais furtivement. J'aperçois le jeune flic qui profitait de ses soirées de repos pour faire une partie de jeux vidéos avec moi, une sortie baby foot ou alors nous marchions simplement, parfois trop longtemps, pour pouvoir vider nos sacs. Ces sorties, je les attendais avec impatience. Mon sourire s'agrandit quand j'y repense, on était bien, pas vrai Devon ?

    ▬ Merci, qu'il laisse échapper.
    ▬ J'aurais pas dû... que je réponds, avant de hausser des épaules. Surtout après tout ce qu'il m'a dit, j'imagine que ça n'a pas été facile. Et mon imagination se substitue à ses souvenirs, et m'envoient des images effroyables qui changent d'un jour à l'autre... Andy ne méritait pas ça.

    Brisant la glace, Devon me propose un café. Je parviens à lui glisser que cette absence a été trop longue, que je refuse qu'elle se produise à nouveau. Il s'apprête à disparaître, ne répondant rien à ce sujet. Je ne peux pas faire plus, s'il n'est pas prêt à me répondre, à simplement me parler... Je passe la main sur mon visage, geste endolori. La porte s'ouvre et pourtant je n'entends pas ses pas le porter vers l'extérieur. J'attends quelques instants et pivote pour jeter une oeillade dans sa direction.

    Inspiration, la sienne. Inspiration, la mienne. Son regard rencontre le mien, suppliant. Ce n'est pas ce que je veux. Mais c'est ce qu'il voulait, n'est-ce pas ? Alors en quoi est-ce différent pour lui maintenant ? Il boit toujours les mêmes verres, s'accrochent aux mêmes bars, se noie au fond des mêmes bouteilles et il n'a pas besoin de son public pour y assister. Qu'est-ce qui va l'empêcher de s'en aller encore une fois, et de nous rayer une fois encore des nouvelles pages à écrire de sa vie ? J'ai envie d'y croire... ce n'est pas ce que je veux, qu'il a dit. J'ai envie d'y croire.

    Ça y est, il part chercher les cafés. En son absence, je pivote de nouveau sur ma chaise. Je plonge le visage entre mes mains. Putain, j'ai fait une connerie. Une énorme connerie. Le café va me faire du bien. J'avais tellement peur de péter à nouveau un câble face à lui et finalement... comment savoir par avance ?

    Je prends le café et le pose sur le bureau, l'entourant de mes deux mains. J'y pose une seconde le regard, observant la surface du breuvage de la vie. J'y glisse mes lèvres une seconde, c'est cool, il n'a pas oublié les sucres... Devon s'approche de moi et je lève les yeux sur lui. Il me semble soudain si grand. Il approche sa main, j'ai d'abord un bref mouvement de recul, comme si j'avais encore la moindre chance de me soustraire à son regard.

    Finalement, sa main rencontre mon visage. Je ne sais pas quelle appréhension me fait presque fermer l'oeil et finalement, ma main se pose brièvement sur la sienne, pour le rassurer. Une façon silencieuse de dire que tout va bien. Et c'est le cas. Tout va bien.
    ▬ Qu’est-ce qui s’est passé ?

    Je hausse des épaules puis réponds simplement, le regard posé sur un point invisible sur le bureau, que je suis bêtement tombé dans la rue. Je volais, je crois vraiment qu'à un moment je volais et qu'est-ce que j'étais bien. Les yeux dans le vide, je me prends à balader mes doigts au-dessus de ma tasse de café, profitant de la chaleur qui s'en dégage, de l'odeur agréable qui suffit à elle seule à m'aider à me concentrer sur le moment présent.

    Je passe l'index contre l'arrête de mon nez puis joins finalement les mains entre mes genoux. Je me sens détendu, davantage détendu que l'autre fois. Notre rencontre était préparée, c'est plus facile. Je fronce les sourcils sans parvenir à relever les yeux sur lui. Ça me fait mal, ça me fait trop mal. Chacun sa perdition, frangin. C'est ça que tu disais ? Je regarde soudain vers la porte, comme m'attendant à ce que quelqu'un rentre de nouveau. J'ai des fourmis partout, j'étends mes jambes à défaut de me mettre debout pour me balader d'un côté à l'autre de son bureau.

    Il prend place au bureau, ça me fait bizarre de le voir comme ça en face de moi. Ça fait très officiel. Je prends finalement une gorgée de mon café et papillonne des yeux une seconde. Je frotte ma joue, comme l'avertissement de mes limites.
    ▬ T'es con... que je réalise soudain, à voix haute, comme un sourire triste sur le visage. J'étais pas déçu par ce que tu faisais, j'étais inquiet de ce que tu devenais. Tu le sais que tu peux pas continuer comme ça, pas vrai ?

    Parce qu'après tout... il ne le sait peut-être même pas ! À l'occasion, il se dit que ça peut tenir sans craquer. Qu'un beau jour, il crèvera quand il crèvera, sans manquer à personne. Je ne sais pas, il se dit peut-être que c'est sa vie, maintenant. Le pire, c'est que son job semble encore tenir, ou le porter. Lequel porte l'autre, j'en sais foutrement rien.

    Tu étais mon héros, mon filet de sécurité. Et désormais, je marche en funambule avec la peur au ventre. Ouais, j'ai peur de tomber et que personne soit là pour me retenir. Et les poids s'accumulent sur mes épaules, c'est pour ça que j'ai pris les mauvaises décisions. Mais finalement ces mauvaises décisions m'ont permis de trouver l'équilibre sur mon fil. Je pourrais te porter aussi, si tu le voulais. Changeant volontairement de sujet, je lance un :

    ▬ Client difficile, ton Di Morales.
    ▬ T’as pas idée ! Il nous donne du fil à retorde. Il est à la tête d’un gros trafic de drogue qui a fait de nombreuses victimes, dont des gosses de 14 ans. On avait tout ce qu’il faut pour le coffrer…enfin…

    J'aurais dû choisir un autre sujet de diversion finalement...
    ▬ T’es là depuis longtemps ?

    Je passe les mains contre mon visage. Longue inspiration. Yeux fermés. Je les rouvre sur Devon et secoue la tête, pour signifier que j'en sais trop rien en fait, dix minutes, peut-être un peu plus, sans doute pas moins. Je suis prêt. Je me suis préparé. Physiquement. Je reste vissé sur ma chaise, le corps léger. Je me penche sensiblement en avant :
    ▬ Quand tu venais devant ma porte... qu'est-ce qui t'empêchait de venir m'en parler ? J'aurais été là tu sais... on l'aurait traversé à deux. Tout aurait été plus facile à deux.
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MessageRe: Hey brother...a second round ? Damian & Devon écrit Sam 23 Nov - 20:18


We're all broken...


Je ne m’attendais pas vraiment à ce qu’il débarque ici, surtout après la manière dont notre dernier échange s’est terminé, et encore moins pour m’apporter d’autres…cadres photos. Ce soir-là, après notre embrouille, je suis monté dans ma chambre, le cœur lourd, brisé, vidé et lui…que voulez-vous que je vous dise ? Il a fait son Damian voilà tout, comme il y a deux ans. Il a pété son câble lui aussi. Sauf qu’au lieu de m’en foutre une, il s’est défoulé sur nos photos de famille, réduisant en miette tous les cadres qu’Andy et Lexie avaient pris le temps de décorer.

J'espère que la couleur te va... Je ne savais pas, enfin, j'ai fait simple, tu vois...

dit-il très embarrassé. Je vois. En tant normal, je lui en aurais foutu plein la gueule, mais je suis fatigué, je n’ai plus la force de me battre contre lui. Notre relation aujourd’hui est digne de l’Antartique, glaciale…A quoi bon le punir ? Sa culpabilité s’en charge déjà. Et son attention, malgré tout, me touche. Il fait un pas vers moi, et pour une fois, je ne recule pas, juste…je lui souris et le remercie simplement.

J'aurais pas dû... Il hausse les épaules, comme baigné de regrets. Je reste stoïque, impassible.

Non, effectivement, tu n’aurais pas dû… sur un ton dénué de toute émotion.

Un moment de silence. Je le dévisage, main dans les poches et finis par lui proposer un café. En sortant, j’ai même le droit à un nouveau reproche bien cinglant. Appelez-moi Casper, car c’est tout bonnement ce que j’ai été pour lui durant ces deux dernières années, un fantôme, qui l’a abandonné dans ce désert aride. A ses yeux, je ne suis qu’un lâche. Ça me fait mal de l’admettre mais il a raison. Je me mords la langue, écrasant ainsi toute la peine que sa réflexion suscite en moi. Encaisse Devon…Encaisse et tais-toi. Tu connais le prix à payer de sa rancœur envers toi. Moi, qui d’habitude ai toujours quelque chose à répliquer, je ferme ma gueule, prends sur moi et quitte la pièce en lui glissant que fuir à nouveau n’étais pas du tout mon intention.

Cinq minutes plus tard, je reviens au bureau pour lui offrir son café, avec deux sucres comme il le voulait. Et puis, il y a cet énorme bleu colorant sa pommette. Mille et une questions me traversent l'esprit. Gagné par l’inquiétude du grand frère et cet amour fraternel qui nous fait tant défaut, je me rapproche de lui puis pose ma main sur son visage pour examiner la blessure d’un peu plus près, effleurant doucement mes doigts sur sa peau meurtrie. Il a d’abord un léger mouvement de recul, comme une sorte de réflexe…comme s’il s’attendait à ce que je lui en mette une, puis finalement, il se laisse faire. Oh Damian…comment peux-tu imaginer que je sois un jour capable de lever la main sur toi ? Mon cœur se serre douloureusement. Je lui demande ce qui s’est passé...j'espère qu'il ne s'est pas foutu dans le pétrin..
Avant, il se serait enfoui dans mes bras et m’aurait simplement tout raconté dans les moindres détails. Au lieu de ça, il se contente d’ôter brièvement ma main en l’emprisonnant dans la sienne, et me jette un regard à la fois rassurant et autoritaire, celui qui vous dit : T’inquiète, je vais bien, mais garde tes distances.. Je déglutis avec peine, ravalant ma fierté. Je détourne le regard et comprends qu’il n’est pas encore prêt. En y réfléchissant bien, le suis-je aussi ?

Je décide de lui laisser son espace et pars m’assoir derrière mon bureau, face à lui, pensif. Je m’enfonce contre le dossier de mon fauteuil, amenant mes mains sur mon abdomen et entrelace mes doigts. Il s’assoit à son tour. On se dévisage, on s’interroge en silence puis on se fuit du regard. Je prends une profonde inspiration mordillant doucement ma joue. Il porte le gobelet à ses lèvres puis se délecte de son breuvage et se frotte la joue avant de lâcher un T’es con…

Euh ok…là, je n’étais pas prêt. Surpris par sa soudaine, j’arque un sourcil. Je me redresse aussitôt sur ma chaise puis me penche en avant et m’appuie sur le bureau en croisant les bras. Je pince les lèvres et laisse échapper un soupire nasal :
Ça je sais. Tu me l’as bien fait comprendre la dernière fois. Quand t’as mal, je saigne aussi gros con ! m’as-tu dis. Dois-je te rafraichir la mémoire petit frère ?

Je n’étais pas déçu par ce que tu faisais, j'étais inquiet de ce que tu devenais. Tu le sais que tu ne peux pas continuer comme ça, pas vrai ?
Ce que je devenais ? rien de plus qu’une âme en peine, l’ombre de lui-même, un alcoolique notoire…Continuer comme ça. Comment ? Je le dévisage sans un mot. Dame Mélancolie a pris possession de moi et se lit sur mon visage comme un vers de poésie. Mais Damian…qu’est-ce qu’il me reste pour tenir ? Comment trouver le courage d’avancer quand toutes mes forces m’ont abandonné ?

Je détourne les yeux, résigné, pour voir autre chose que son regard accusateur. Et finalement, c’est sur la plante verte qui orne l’étagère que je m’attarde. Je ferme brièvement les yeux et soupire désespérément. Je me laisse tomber en arrière contre le dossier de ma chaise, posant les mains sur les bras du siège. Je pensais que si je lui expliquais ce qui me poussent vers cette perdition, il…il comprendrait…il verrai les choses autrement, à travers mes yeux. Mais il ne veut rien savoir. Pour lui, boire n’est pas une solution. Je ne cherche pas à obtenir sa bénédiction. Je voulais juste…qu’il comprenne, qu’il voit…l’enfer que je vis au quotidien.

Dami…Je me surprends à l’appeler par son surnom comme si ces deux dernières années n’avaient jamais existé. Je soupire, encore. Je veux juste…j’en sais rien…oublier un peu…arrêter de penser…m’évader de ce cauchemar. Silence palpable, je penche légèrement la tête en arrière et observe un point invisible au plafond.

Des fois, je me réveille encore le matin, pensant que tout ça n’est qu’un putain de cauchemar…que Lexie va se retourner pour m’enlacer et qu’Andy va alors débouler en trombe dans notre chambre pour se faufiler dans le lit entre nous deux… et nous formons à nouveau une famille…Mais finalement, je réalise que personne désormais ne dort à mes côtés et le silence me fait prendre conscience que je suis seul. Qu’ils ne sont plus là et…et…. A nouveau je soupire, affligé. Et je ne peux rien faire pour changer ça…Je n’ai plus rien hormis une baraque vide et triste à en mourir dans laquelle je peine vivre et que je fuis. Alors, je passe mes nuits, au poste pour bosser, ou dans les bars, à mes heures perdues pour…picoler. Tu sais...je fais de mal à personne. Je déglutis avec peine, le cœur lourd, serré, endolori, meurtri.

[…]

Nous changeons de sujet. Damian qui visiblement a entendu ma conversation avec le Capitaine, m’interroge. J’imagine que c'est par simple courtoisie, histoire de faire un peu la conversation. Je ne rentre pas dans les détails sur l’affaire, mais je lui explique dans les grandes lignes. En tant qu’Agent de l’Etat, nous sommes tenus au secret professionnel. Putain ! Quand je pense qu’il va falloir revoir tout le dossier. Fait chier ! Je lui demande depuis combien il m’attendait avant que je revienne de ma séance de tirs. Mais, il élude complètement ma question. Son regard devient grave, sérieux et concentré. On dirait quelqu’un qui se prépare à faire un oral, un entretien. Je n’aime ça…

 Quand tu venais devant ma porte... qu'est-ce qui t'empêchait de venir m'en parler ? J'aurais été là tu sais... on l'aurait traversé à deux.

Seigneur…je m’attendais à ce que tôt ou tard, il revienne sur cette conversation. Il y a cinq jours, ça a pété. C’était violent. J’ai vidé mon sac. Je lui ai déballé tout…tout ce qui me pesait depuis deux ans, exactement comme quand on vous balance un verre de flotte en pleine gueule. Une douche froide. Je n’ai pas été tendre mais j’ai été sincère.

J’en sais trop rien. J’avais peur je suppose…J’ai toujours été celui qui veillait de toi et pas l’inverse. Ça a toujours été mon rôle, mon but. Prendre soin de toi. Prendre soin de mon petit frère... et de notre famille. J’avais toujours été un modèle pour toi…J’voulais pas être celui qui flanche, et encore moins tu me vois ainsi. Je ne voulais pas...t’infliger ça… Je marque une pause.

Je pensais être capable de gérer tout seul. Mais j’avais tort. J’me suis perdu en route, laissé entraîner dans une spirale infernale et destructrice. J’ai failli, je suis tombé, j’ai sombré et je n’ai jamais su comment remonter la pente....ouai, un gros con comme tu dis.

Aujourd’hui petit frère, il existe un manque, un trou béant au milieu de mon existence que j’ai cherché à combler ces deux dernières années, sans jamais y parvenir. Ce manque est celui d’un sens profond à ma vie. Et quand je te regarde aujourd’hui, je sais que c’est toi. Mais, c’est fini. Je t’ai perdu…Mais je refuse de perdre aussi Evelyne. Je ne veux pas qu’elle me regarde comme tu le fais. Je ne pourrais pas le supporter. Alors je vais foutre de côté toute cette m....tout ça, assumer mes erreurs, prendre mes responsabilités et être le frère que je n’aurais jamais dû cesser d’être, réussir là où j’ai échoué avec toi.


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MessageRe: Hey brother...a second round ? Damian & Devon écrit Mer 27 Nov - 12:45

    ▬ J'aurais pas dû...
    ▬ Non, effectivement, tu n’aurais pas dû…

    Piqué, la réplique ne tarde pas à tomber. Agacé, je hausse des épaules et lève les mains, pour trahir mon incompréhension face à son comportement de.... voilà. Je fronce les sourcils, laisse un voile de colère se méler à l'incompréhension. Mais qu'est-ce qu'il cherche ?
    ▬ L'une de nous sait reconnaître ses torts, tu peux pas la fermer juste ?

    Piqué, la réplique est tombée. Je pince les lèvres, contrarié et c'est simplement parce que je l'aime trop que je me retiens de me barrer à nouveau. Et parce que je me sens pas encore capable de me lever. Vissé sur ce siège depuis tout à l'heure, j'ai les muscles endormis, les étoiles qui tournent lentement sur le plafond, les effets qui arrivent doucement et moi qui n'ai pas envie d'essayer de me lever. Alors mon poing, il est verbal cette fois encore. Une défense, c'est me défendre de ce coup qu'il m'assène sans même s'en rendre compte. Balayer les excuses que j'essaie de lui faire, quand j'ai juste envie de lui cracher mon dégoût de son comportement au visage.

    Parce que les efforts sont compliqués, on fait un pas en avant. On en fait deux en arrière l'instant suivant. Parce que les efforts sont trop compliqués. Pour notre relation qui est encore en réanimation. Chaque doute la met en péril, chaque mouvement de biais et une fissure apparaît. J'essaie de maintenir péniblement les morceaux mais c'est épuisant, et je suis déjà épuisé. J'ai pas ta force, crétin. Je suis épuisé quand toi, tu te bats contre les fantômes. Avec toute l'énergie du desespoir. Tu te bats contre des moulins à vent, pauvre fou que tu es.

    Concernant ma tronche, je lui réponds une fois le café en mains que ce n'est qu'une chute. C'est la vérité, je volais et l'instant suivant mes jambes m'ont fait défaut, le sol est revenu, le froid est revenu, les bruits sont revenus. Tous, comme une vague. Une longue vague, tous à la suite. Et j'étais par terre mais ce n'est pas bien grave, ça ne représente rien. Je suis allé courir, j'avais envie de m'éloigner. Loin sur la route et loin dans le ciel. Je ne l'avais pas fait depuis des mois et c'était douloureux. Juste m'éloigner de lui et de moi.

    ▬ Je n’étais pas déçu par ce que tu faisais, j'étais inquiet de ce que tu devenais. Tu le sais que tu ne peux pas continuer comme ça, pas vrai ?

    Son visage se tord. Son regard s'enfuit. Comme lui, n'est-ce pas ce qu'il a déjà fait, en espérant quelque part qu'on le déteste assez pour qu'il puisse disparaître sans faire de vague ? Je ne te laisserai pas cette fenêtre de tir. Si j'ai mis du temps pour digérer ma colère, si j'ai pris du temps pour te permettre de faire demi-tour, je refuse de te laisser t'enfoncer dans cette croyance-là. C'est non.

    ▬ Dami… Je veux juste…j’en sais rien…oublier un peu…arrêter de penser…m’évader de ce cauchemar.

    Maintenant assis, il se balance en arrière, perd son regard sur le plafond. Mes doigts se mettent à tapoter nerveusement sur le bord du bureau. C'est dingue d'être aussi aveugle, j'ai l'impression d'être le seul de nous deux à réaliser qu'une connerie est une connerie. La Kétamine c'est une super connerie, je le sais bien. Ça soulage mais je suis conscient que ça ne résoud rien... Et l'alcool c'est une autre connerie à chier, et ça ne résoud rien non-plus...

    Je joins les mains devant moi. Comment lui dire que ça n'aide pas ? Ce n'est qu'une illusion et comme toute illusion, les effets ne durent pas. Montée au-dessus des cauchemars et un jour, il y a la descente, et elle est douloureuse. Pour quelques minutes apaisées, ce sont des heures de soumission au poison, ce sont des heures de soumission à la réalité, c'est une existence avec les fers de l'addiction. Je me mords la lèvre, la sensation que la chaise pourrait quitter le sol.

    ▬ Des fois, je me réveille encore le matin, pensant que tout ça n’est qu’un putain de cauchemar…que Lexie va se retourner pour m’enlacer et qu’Andy va alors débouler en trombe dans notre chambre pour se faufiler dans le lit entre nous deux… et nous formons à nouveau une famille…Mais finalement, je réalise que personne désormais ne dort à mes côtés et le silence me fait prendre conscience que je suis seul. Qu’ils ne sont plus là et…et…. Et je ne peux rien faire pour changer ça…Je n’ai plus rien hormis une baraque vide et triste à en mourir dans laquelle je peine vivre et que je fuis. Alors, je passe mes nuits, au poste pour bosser, ou dans les bars, à mes heures perdues pour…picoler. Tu sais...je fais de mal à personne.

    À toi. Dev. À toi. Je baisse le regard et remue doucement les jambes avant de poser les mains contre mes genoux. Je me mords la lèvre, ce serait plus facile de lui dire, pour qu'il réalise qu'on peut le faire, ensemble. On pouvait tout faire, ensemble, avant. Est-ce qu'on saurait pas se sauver, Devon ? Je croise son regard. Je voudrais te le dire, qu'on règle ça ensemble.
    ▬ À toi.

    Finalement, je préfère essayer d'attaquer par une autre voix, peut-être moins frontale et qui ferait que je saurais comment je peux le prendre, si je peux encore moi faire quelque chose. Peut-être qu'après tout, il n'attend plus rien de moi... Evelyne vit chez lui, elle se confie à lui, ils vont passer du temps ensemble... Peut-être que cette place que j'avais dans son cœur, je ne l'ai plus. J'étais, j'étais, j'étais, qu'il a dit. Alors maintenant... qu'est-ce que je suis ?

    ▬ J’en sais trop rien. J’avais peur je suppose…J’ai toujours été celui qui veillait de toi et pas l’inverse. Ça a toujours été mon rôle, mon but. Prendre soin de toi. Prendre soin de mon petit frère... et de notre famille. J’avais toujours été un modèle pour toi…J’voulais pas être celui qui flanche, et encore moins tu me vois ainsi. Je ne voulais pas...t’infliger ça… Je pensais être capable de gérer tout seul. Mais j’avais tort. J’me suis perdu en route, laissé entraîner dans une spirale infernale et destructrice. J’ai failli, je suis tombé, j’ai sombré et je n’ai jamais su comment remonter la pente....ouai, un gros con comme tu dis.

    Je prends une longue inspiration et me mets debout, laissant glisser mes doigts sur le bord du bureau. Je contourne, à pas lents, funambule du moindre mot qui pourrait nous faire tomber. Je le rejoins puis m'appuie à nouveau sur son bureau, il est à portée de main, assis sur sa chaise, moi sur le bord de son bureau. Je pose une main à plat devant lui et prends une longue inspiration.
    ▬ Je fais de mon mieux, tu sais. Et je connais mes limites. Je les cotoie, je les caresse et je les outrepasse mais moi, je les connais. J'en ai conscience, c'est ça qui fait que je reste en vie. Toi, tu te tues. Tu te tues sous mes yeux, je ne l'accepte pas. Laisse-moi t'aider, Devon. Accepte mon aide maintenant, avant que l'un de nous ne puisse plus revenir.
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MessageRe: Hey brother...a second round ? Damian & Devon écrit Lun 2 Déc - 23:44


We're all broken...


L’un de nous sait reconnaître ses torts, tu peux la fermer juste ?

Et bah…au moins il n’a pas sa langue dans sa poche. Compte tenu de la situation, je le trouve presque offensant. Merde quoi ! C’est lui qui fout le bordel chez moi et détruit mes souvenirs, et je n’ai pas le droit de te dire à quel point ça me fait chier ? S’il ne faisait pas l’effort de s’excuser, je crois que je l’aurais envoyé péter aussi sec. Il semble…irrité. Dans un sens, temps mieux, car son attitude m’a profondément blessé. Je ravale ma fierté et m’étouffe avec. Je me pince fort les lèvres puis détourne les yeux, mes doigts tapotant doucement le rebord de mon bureau. Je me racle la gorge. Je lui jette un bref regard, puis acquiesce d’un signe de tête, celui qui vous dit Okay, je ferme ma gueule et je t’écoute. Entre Damian et moi, pas besoin de parler un seul regard suffisait.

Aujourd’hui, il semblerait que nous ayons perdu cette complicité. Je ne le reconnais plus. Il est froid, distant et même s’il dit le contraire, il me déteste. Il ne me pardonnera jamais d’avoir pris la poudre d’escampette, loin des parents, des frangins, d’Evelyne et de lui. Franchement, c’était une réelle nécessité. Je voulais m’enfouir de ce navire qui sombrait dans mes abysses, incapable d’être le frère que vous attendiez avec le poids du monde sur mes épaules fragiles. Que faire quand le meilleur de toi n’est jamais bien ? Quand tout ce que tu touches se fane, s’effondre et meurt ? Que malgré tes efforts pour rester celui que tu as toujours été, tu continues à merder. Rien n’est jamais assez bien, tu trébuches, une fois, deux fois, mais la troisième, c’est fini, tu glisses indéfiniment sur cette pente raide, et peu importe la chute, tu sais que l’atterrissage te sera fatal.

Tout ce qu’il me reste désormais gît sur le sol, cendre, poussière. Quoi que je dise petit frère, tu finiras toujours par me contredire, à me donner le mauvais rôle. Je ne peux plus te donner la musique car elle ne semble plus en accord avec tes paroles. Je ne peux pas survivre à ce nouveau toi, il m’oppresse de ta rancœur et m’étouffe de ta colère. Qu’attends-tu de moi ? Un café ? Bien. Je m’éclipse, d’abord pour te le préparer mais aussi pour souffler un peu. Les tensions qui règnent entre toi et moi m’accablent. L’air en devient irrespirable. Avant de quitter la pièce, je passe aux aveux. Tout ce temps passé loin de toi m’a fait prendre conscience que tu me manques malgré tout : Tu as changé…tellement changé…ce froid qui règne entre nous me saigne le cœur, me ronge de l’intérieur.

Je tente une approche. Cette blessure sur ton visage…qu’as-tu fais ? Je voudrais revenir à cette époque où je te chérissais encore, où je pouvais voir ton sourire illuminer ton joli petit minois lorsque tu passais ma porte, cette belle époque où tu me racontais tout sans aucune retenue, où tu te jetais dans mes bras à la recherche de mon réconfort. Mais au lieu de ça, tu me fuis, te méfies et évites mon contact. Tu me dis que c’est qu’une vulgaire chute dans la rue, mais pourquoi ai-je le sentiment que tu n’es pas tout à fait honnête avec moi ? J’ai compris…je n’ai plus cette place dans ton cœur, alors j’acquiesce, prends mes distances et te laisse ton espace. Je m’assois à mon bureau et t’écoute.

Je n’étais pas déçu par ce que tu faisais, j'étais inquiet de ce que tu devenais. Tu le sais que tu ne peux pas continuer comme ça, pas vrai ?

Je sais…je sais que tu as raison. Mais, il y a longtemps que je ne suis plus raisonnable. Je me laisse mourir à petit feu, espérant un jour pouvoir les rejoindre. Tu veux connaitre le fond de mon cœur meurtri ? Alors, tends l’oreille et écoute. Tu comprendras…oui, tu comprendras pourquoi j’ai choisi de me réfugier dans l’alcool. J’en ai besoin, pour souffler, oublier, planer et peut-être un jour, crever…Et puis, il y a Evelyne…et je réalise que je lui ai fait une promesse. Je ferai les efforts, pour elle, pour toi, même si tu me rejettes. Il y a cinq jours, tu m’as dit que tu m’aimes…dois-je vraiment y croire ? Ne t’inquiète pas pour moi, je gère. Après tout comme je t’ai dit, je ne fais de mal à personne. Je m’évade, je plane, je me perds. L’alcool me fait du bien, me soulage, ne le vois-tu pas Damian ?

À toi. me dit-il en me fixant droit dans les yeux.

Moi ? Non…tu ne comprends pas, j’en ai besoin. Tu veux maintenant savoir pourquoi je n’ai jamais osé te partager mon mal-être ? Je t’aimais trop pour te faire endurer une telle souffrance. Je ne voulais pas te faire sombrer avec moi. Il fallait qu’un Jones garde la tête sur les épaules, les pieds sur terre. Je sais qu’on s’était juré de toujours tout partager, ensemble, main dans la main. Mais tu n’avais pas à subir mes tourments. Ils m’ont rendu fou. Je voulais te préserver, te voir sourire et vivre pleinement ta vie. J’étais le grand frère, et c’est moi qui prenais soin de toi ! Il n’a jamais été question d’inverser les rôles.

Mais qu’est-ce qu’on s’en fout de moi, dis-je en esquissant un léger sourire en coin. Je suis sincère. Je m’en branle. Ma vie désormais n’a plus de sens et je te le prouve. Tends l’oreille et écoute, car pour une fois, les mots trouvent leur chemin.

Il se lève, contourne le bureau et faisant glisser ses doigts sur le bois dur et froid et vient se poser tout prêt de moi. Je ne bouge pas et le regarde sans un mot toujours assis au fond de ma chaise. Il ne compte quand même pas m’en mettre encore une ? Si… ? Je ne suis pas serein et reste sur mes gardes. Finalement, il s’assoit sur mon bureau et prends appuie sur ses mains et me dévisage:

Je fais de mon mieux, tu sais. Et je connais mes limites. Laisse-moi t'aider, Devon. Accepte mon aide maintenant, avant que l'un de nous ne puisse plus revenir.

Je reste figé, pétrifié dans l’océan de sincérité de ses yeux. Mon cœur tambourine sous cette petite flamme fraternelle qui renaît brusquement de ses cendres. Ton aide ? Alors tu n’es pas uniquement revenu pour les beaux yeux d’Evelyne ? Ce n’est pourtant pas ce que tu m’as dit il y a cinq jours…Je fuis son regard, pose les yeux sur le stylo gisant sur mon pupitre et songe. Je ferme les yeux et me pince les lèvres. Je prends une profonde inspiration, prends mon courage et deux mains et lève mon cul de la chaise. Je suis désormais plus grand que lui et le regarde un instant droit dans les yeux. Je finis par lui offrir un sourire fort triste et finalement, je ne réfléchis plus. Je m’engouffre dans ses bras, l’emprisonne de mon étreinte et le serre fort tout contre moi. Je dépose mon visage au creux de son cou et m’enivre de son odeur que je connaissais que trop bien et qui me rappelait cette tendre fraternité qui jadis nous unissait.

Je croyais que était venu à Los Angeles uniquement pour Evelyne…

Je me délie doucement sans m’éloigner, juste assez pour emprisonner son visage entre mes mains et poser mon front contre le sien. Je ferme les yeux et prends une profonde inspiration.

Avant que l’un de nous ne puisse plus revenir ? Qu’est-ce que tu veux dire ?

J’ouvre les yeux qui viennent s’ancrer bien profondément dans les siens.


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MessageRe: Hey brother...a second round ? Damian & Devon écrit Mar 3 Déc - 0:56

    ▬ Mais qu’est-ce qu’on s’en fout de moi.

    Mais qu’est-ce qu’on s’en fout de moi. Devon c'est ce genre là, à ne pas penser à lui. Avant que je ne me mette au sport, à la boxe, je faisais appel à lui, quand je ne savais pas me défendre. Je crois que je n'avais jamais imaginé qu'il puisse souffrir. Je me disais juste qu'il irait, qu'il serait le plus fort, qu'il reviendrait victorieux. C'est ce qui se produisait.

    Mais qu’est-ce qu’on s’en fout de moi. Non, on ne s'en fout pas, je ne m'en fous plus. Parce que je réalise maintenant que tu n'es pas invulnérable. Dès que mon poing t'a touché, tu es devenu humain. Ça me faisait peur que tu sois vulnérable et plus tu avances vers le fond du trou, plus ça me paralyse. Quand tu partais, je ne savais pas quand tu reviendrais, jusqu'à ne... plus revenir du tout. Mon cœur se serre, la sensation qu'il me faudra puiser dans les forces que je n'ai pas pour m'extirper de la tempête, toi sur mon dos.

    Mais qu’est-ce qu’on s’en fout de moi. Perdre son chemin. Perdre la notion de l'heure. Perdre l'envie de continuer, quand on perd ceux qu'on aime. Un frisson me parcourt, parce que je sais qu'à mon tour, je ne pourrai pas continuer sans lui. S'il reste à genoux, je me laisse assaillir aussi, par les mauvais choix et à chaque fois que le goulot d'un bouteille crache son poison, je laisse les flocons de neige entrer en moi, empoisonneuse vêtue d'une belle robe blanche. Alors peut-être... je ne sais pas... finalement, peut-être que quelque part, je me prépare à échouer ? Et quand j'aurai échoué et qu'il faudra entendre que je ne peux plus sauver Devon, qu'est-ce qui me rattachera à ce monde ? Le monde sans gravité m'ouvrira les bras et je n'aurais qu'à m'y réfugier. À petites doses, chaque sniffe est un peu d'espoir, et dès que Devon ouvre la bouche, le chemin vers son destin se dessine, vers un dessein commun, pourquoi pas.

    Mais qu’est-ce qu’on s’en fout de moi. Ne dis pas ça, je t'en supplie. J'arrive pas à m'en foutre Devon, encore moins maintenant que tu es en face de moi. Tu ravives tout, tu ravives tout ce que je voulais faire taire et quand tu es là, j'ai simplement envie de te prendre dans mes bras et de t'y garder en sécurité. J'ai fait de mieux et pour toi, je vais au-delà de mon mieux. Je te le promets, je me suis rendu plus résistant... je me suis rendu plus fort... maman dira que je suis devenu colérique, papa dira qu'on ne peut rien me dire mais si tu leur as parlé, tu ne les auras pas crus. Tu sais toi, tu sais que j'ai pas envie de détruire tout ce qui se trouve sur mon chemin... Je t'en supplie, ne dis pas que ta vie ne compte pas. Ma mienne dépend de toi. Tu es mon héros et si tu disparais, encore, alors l'espoir s'efface, aussi. Et il est remplacé par la joie artificielle. S'il te plaît, ne laisse pas planer le spectre de l'abandon, n'essaie pas de me préparer à ta défaite.

    Mais qu’est-ce qu’on s’en fout de moi. Est-ce que c'est l'envol qui abat toutes mes barrières ? Oui c'est ça. C'est l'envol qui a envie de m'arracher une larme du coin de l'oeil. Je lève les yeux sur le plafond, les renvoie d'où elles viennent. Ça me fait... non, TU me fais tellement mal quand tu dis ça. Le pire c'est que tu dois probablement te dire que ce n'est pas grave, qu'après tout, ta vie ne vaut plus grand chose... Tu étais un père et un mari, tu penses que tu as perdu ça quand tu as perdu ta famille alors que personne ne pourra jamais te l'enlever. Pire que ça, tu te vois comment ? Le responsable de la fin ? Parce que tu étais là, près d'eux ? C'est ce que tu dis ? Que tu n'as pas fait au-delà de tes pouvoirs ? Mais à un moment, le destin dit stop. Tu ne pouvais pas les sauver, ce n'est pas que ton amour n'était pas assez fort, je te le promets. Je te le promets. Tu ne pouvais rien faire. Est-ce que je dois te le dire, est-ce que tu veux l'entendre, encore et encore ? Toi, tu es vivant. Ce n'est pas un mal, ce n'est pas une tare, tu n'as pas à t'excuser d'être vivant. Souffre, pleure mais cesse de t'en vouloir, cesse de te noyer, cesse de te tuer. Je veux nous sortir de l'eau, tous les deux. Je suis fort, je nage contre le courant, mais j'ai besoin de toi ! Je t'en supplie ! Appuie sur ma tête, laisse-moi me noyer, mais sauve ta vie Devon. Sauve-les tous, ils sont besoin de toi...

    Mais qu’est-ce qu’on s’en fout de moi. Mon sourire en demi-teinte copie presque le sien et j'ouvre une brèche, j'ouvre une brèche dans mon apparente invulnérabilité. J'aurais envie de poser ma main sur sa joue à lui, pour qu'il vienne poser son regard contre le mien. Pour qu'il sache que je ne suis pas le tourment, je suis sa paix. Je soupire doucement et réponds. Une brèche.
    ▬ Ça fait mal, de te l'entendre dire. Je le savais, je le savais mais ça rend la chose concrète, ça la rend encore plus douloureuse. Une tasse, il boit la tasse. Et soudain, chaque flèche qu'il se prend, vient m'empaler contre lui. Avec lui. Pour lui. Malgré lui...

    ▬ Je fais de mon mieux, tu sais. Et je connais mes limites. Laisse-moi t'aider, Devon. Accepte mon aide maintenant, avant que l'un de nous ne puisse plus revenir.

    J'y arrive pas seul, Devon. Je dois parfois m'envoler dans les flocons blancs mais je fais de mon mieux pour chaque membre de cette famille, à chaque instant. Ce poing, qui t'a éloigné, qui t'a dégouté, qui t'a attristé... j'en sais rien, c'est mon cri à moi. Et maintenant je n'arrive plus à crier. J'étouffe dans mes cris silencieux. À la maison, j'ai pas eu le droit de te regretter, j'étais la cause de ton départ. Et parfois, quand papa disait que tu n'avais pas été à la hauteur, ma voix raisonnait et faisait écarquiller les yeux. J'ai beaucoup crié au début. Notre famille est dysfonctionnelle, c'est ce qu'ils ont dit. J'ai fait de mon mieux Devon, pour me battre pour toi, quand je me battais pas contre toi. Il détourne le regard, moi je ne peux pas m'arrêter de le fixer. Comme un vertige. Il inspire, se met debout, mes doigts flottent dans le vide à peine une seconde. Retrouver l'équilibre et le saisir par le coude, ne t'en vas pas.

    Mon grand frère se poste en face de moi, mon cœur se serre. Et soudain, il fond contre moi. Instinct. Mes bras se serrent autour de lui, comme si je le retrouvais enfin après des années d'errance. La sienne. La mienne. Deux aveugles dans un monde qui fait mal. Mon cœur retrouve les paroles, bafouille et je ne parviens pas à le lâcher. Tu me manques. Ma voix s'étrangle dans ma gorge, je ne sais même pas si tu entendras le murmure éraillé :
    ▬ Je fais... mon mieux... dis pas qu'on s'en fout...

    Je ne réponds pas à sa question à propos de ma venue... tiraillé entre le besoin de m'écrouler en larmes dans ses bras en lui criant au secours et le besoin de rester debout, face à lui, pour lui montrer que je suis toujours là et que rien ne peut me mettre à terre. Et je reste debout, et je reste droit, mes mains serrent ses épaules. Pour nous garder sur nos pieds, tous les deux.

    ▬ Avant que l’un de nous ne puisse plus revenir ? Qu’est-ce que tu veux dire ?

    Soudain, l'idée de mes pupilles qui pourraient se dilater face aux siennes, soudain l'idée qu'il puisse voir et comprendre, comme s'il lisait à nouveau en moi. Comme si mes yeux allaient me trahir. Je ferme les yeux une seconde, prends une longue inspiration.
    ▬ J'ai réfléchi à ce que tu m'as dit... Et je crois qu'en essayant de noyer ton chagrin et tes cauchemars, tu les alimentes... Je crois vraiment que t'as pas envie de te suicider, parce que Lexie voudrait pas, mais je crois que tu n'as plus de raison de vivre. Si je ne suis plus la tienne, t'es la mienne.

    Je dégluttis. Je lève sensiblement le visage, ma mâchoire se serre. Je papillone des yeux, appuyé contre le bureau derrière moi. Inspiration.
    ▬ Ce que je t'ai dit au garage, Devon, je le pensais. Je suis en colère contre toi, putain j'ai une boule de colère là, dis-je en baissant le regard, en désignant mon estomac, et je t'aime tout autant. Tu me fais confiance, Dev ? T'as confiance en moi ? Parce que je peux porter chaque membre de cette foutue famille, nos parents, nos frères. Evelyne. Toi. Laisse-moi vous porter, fais pas n'importe quoi.
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MessageRe: Hey brother...a second round ? Damian & Devon écrit Mer 4 Déc - 1:19


We're all broken...


Si je pouvais avoir une autre chance, je te parlerais, je te susurrerais à l’oreille tous ces mots que je n’ai jamais osé te dire et que j’ai enfouis au fond de mon cœur. Je ne sais plus comment sourire car je sais que j’ai perdu. T’aimer et te chérir était mon unique priorité, et j’ai failli en fuyant, faible, lâche vers une autre destinée, vouée à la perdition dont le chemin mène à la mort que j’attends les bras ouverts. Ma vie n’a plus aucun sens, ma femme et mon fils m’ont quitté, mon frère m’a échappé. Que me reste-t-il ? Evelyne à qui j’ai fait une promesse ? Oui… on s’en branle de ma vie. Elle n’a plus rien de palpitante. Tout ce qui la rendait exaltante n’est désormais plus que fumée et cendre.

Dami, tu es si prêt mais pourtant si loin. Je me languis de toi, mon frère. Tu me manque, et je ne sais pas comment te le dire. Une fois de plus, les mots ne trouvent pas leur chemin, se perdent et s’évaporent. Les actes ont plus d’impact. Je me lève et te sers dans mes bras. Tendre et délicieuse étreinte fraternelle, amour inconditionné jadis perdu, désormais ravivé. Je me languissais de toi dès que je t’ai revu. Tu as réveillé ce que j’ai tant cherché à enfouir. Ce qui me fait mal, c’est que nous ayons été si proches toi et moi, j’avais tant à te dire, mais j’ai préféré partir sans savoir ce qu’il aurait pu advenir si je t’avais dévoilé ce mal qui me ronge.

Je ne sais pas et je ne veux pas que tu me repousses. Alors, je m’enivre de toi, de ton odeur, de tes bras, de ta chaleur, juste quelques instants, rattraper le temps perdu. Mon cœur s’apaise, mon âme s’allège, mon esprit s’envole. Les yeux clos, je respire, je te respire, toi mon oxygène Je te serre fort, si fort, je ne veux pas que tu m’échappes, pas déjà, pas encore. Et ta voix tremblante brise ce paisible silence utopique :

 Je fais... mon mieux... dis pas qu'on s'en fout..

Je sais…je sais… je te murmure à l’oreille, passant ma main dans tes cheveux d’un geste rassurant. Pourquoi ne devrais-je pas clamer haut et fort que ma vie n’en vaut plus la peine ? C’est vrai. J’ai tout perdu et je suis alcoolique, alors pourquoi Damian ? Dis-moi pourquoi…Ça…ça te fais mal ? Vraiment ? Mais alors…ce que tu disais au garage est vrai ? Tu… tu m’aimes toujours mon frère ?

Excuse-moi… Un silence. Excuse-moi… dis-je en resserrant mon étreinte.

Tes mots m’interpellent. Tu as dit Laisse-moi t'aider, Devon. Accepte mon aide maintenant, avant que l'un de nous ne puisse plus revenir

Que suis sensé comprendre Dami lorsque tu laisses planer autant de mystère entre nous deux. Je me recule, emprisonne ton visage, colle mon front contre le tien. Je veux savoir. J’ai besoin de savoir. Dis-moi. Il ferme les yeux puis inspire profondément, comme s’il s’apprête à m’avouer une catastrophe. Mon cœur palpite, s’emballe, l’inquiétude me gagne.

J'ai réfléchi à ce que tu m'as dit... Et je crois qu'en essayant de noyer ton chagrin et tes cauchemars, tu les alimentes... Je crois vraiment que t'as pas envie de te suicider, parce que Lexie voudrait pas, mais je crois que tu n'as plus de raison de vivre.

Comment tu fais ? Comment tu fais pour me décrypter aussi bien ?  Deux ans se sont écoulés dans le silence absolu sans la moindre nouvelles, et c’est comme si je n’étais jamais parti. Tu me connais que trop bien, et parfois, c’est ce qui me fait peur. Tu as raison !  Longtemps j’ai pensé à me foutre en l’air, mais je sais que Lexie ne me l’aurait jamais pardonné. Et quelle meilleure punition que de vivre avec ma culpabilité jusqu’à la fin de ma vie ? Tu as raison ! Je n’ai plus aucune raison d’exister. Ils ne sont plus là et toi, tu me regardes avec pitié. Vois ce que je suis devenu, une pauvre loque désespérée. Mon boulot me permet encore de faire le bien, mais rien de ce que je pourrais faire ne pourra chasser cette culpabilité, changer mes erreurs, panser mes blessures, effacer mes cicatrices. Elles sont si profondément ancrées en moi et font partie inhérente de moi. J’apprends à vivre avec. Non…en réalité, je souffre en silence. Alors je bois.

Si je ne suis plus la tienne, t'es la mienne.

Mon cœur trésaille, explose, renaît. Je la sens, l’émotion. Elle me gagne, me parcourt tout entier, de la tête au pieds, du sang jusque dans mes veines. Elle m’a dans la peau. C’est dur de la contenir, elle voudrait s’exprimer, hurler et chanter ses vers de prose. Elle me coupe le souffle, ma respiration s’intensifie. J’ai du mal à résister et puis finalement, je cède, laisse tomber les barrières : une larme surgit des profondeurs, elle perle au gré du moment, scintillante, elle s’écoule doucement, laissant place à sa jumelle qui la suit de prêt dans sa course. Bonheur ou Tristesse, seul mon cœur peut la comprendre.

Oh Dami… dis-je d’une voix faible et tremblante. D’un réflexe d’antan, je lui embrasse le front pour lui témoigner tout mon amour. Je réalise soudain que je n’ai peut-être pas tout perdu finalement. Malgré toutes les embûches ces deux dernières années, il est toujours là, devant moi.

Ce que je t'ai dit au garage, Devon, je le pensais. Je suis en colère contre toi, putain j'ai une boule de colère là, et je t'aime tout autant. Tu me fais confiance, Dev ? T'as confiance en moi ? Parce que je peux porter chaque membre de cette foutue famille, nos parents, nos frères. Evelyne. Toi. Laisse-moi vous porter, fais pas n'importe quoi.

Je n’aurais jamais imaginé…j’ai cru…que tu me détestais. Parce que je suis parti. Parce que j’ai rendu notre famille…dysfonctionnelle. Parce que je n’ai pas été à la hauteur de leurs espérances. Parce que j’ai merdé en permanence en me laissant crever et que j’en avais strictement rien à foutre de ce qu’il pouvait m’arriver.

Un silence. Toujours front contre front, j’ouvre les yeux et plonge dans son regard le laissant lire en moi comme dans un livre ouvert.

Damian. Si tu savais comme je regrette….Tu es…tout ce qu’il me reste, et je refuse de te laisser seul à la dérive comme je l’ai fait. Je..je ne peux pas, je n’en ai ni la force et ni l’envie. J’ai…j’ai besoin de toi, besoin de mon petit frère. Un nouveau silence.

Jamais je n’ai et je ne douterai de toi. Oui. J’ai confiance en toi.  Mais jamais je te laisserai porter seul ce fardeau. Hors de question ! Je ne veux pas que tu finisses comme moi. Ils m’ont rendu fou Damian. J’ai perdu les pédales…Mais, si c’est ce que tu veux, porter cette fichue famille, on le fera ensemble, toi et moi, comme avant.

A commencer par Evelyne. Je me suis engagé à prendre soin d’elle et l’aider à gérer sa grossesse, tout comme je l’ai fait avec Lexie. J’espère d’ailleurs que notre sœur trouvera la force de lui en parler. Je n’aime pas avoir le cul entre deux chaises, et encore moins cacher des choses à Damian. Je me délie à contre cœur de mon petit frère et le dévisage à la fois avec tristesse et tendresse, esquissant un tout petit sourire en coin.

Viens dîner à la maison demain soir. Evelyne s’installe. Ça sera l’occasion de nous retrouver tous les trois ensemble.

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MessageRe: Hey brother...a second round ? Damian & Devon écrit Mer 4 Déc - 11:42

▬ Je fais... mon mieux... dis pas qu'on s'en fout..
▬ Je sais... je sais....

Enfonce pas le couteau. Dis pas ça, comme si tout était perdu d'avance. Une prière, juste ne pas le dire. Je sais que tu le penses mais épargne-moi, ne le dis pas. Ça me fait mal, tu me fais mal, on se fait tellement mal putain. Il fut un temps pas si loin, nous étions chacun une forteresse entre l'autre et le monde. Tu es mon héros, tu es celui qui sait, celui qui peut. Ne dis pas ça, s'il te plaît. Mon visage se tord alors que tu réponds que tu sais. Je peux y arriver, laisse-moi encore un peu de temps, laisse-moi inspirer des forces, laisse-moi tomber et me remettre debout une fois, cent fois, sans plus m'arrêter. Non, tu ne sais pas ! Tu n'arrives pas à faire face au deuil et moi je ne veux pas me retrouver à ta place. Comment je peux y arriver si une partie de moi se meurt ?

C'est toi, la partie de moi en souffrance. Ouais, tout dépend de toi. Tu as tellement entre les mains. Je peux inspirer des forces mais jusque quand ? J'attends de te voir te remettre debout et sortir victorieux de ce combat qui te met des coups et des coups. J'ai hâte de te revoir briller, sortir de la boue et du sang, et redevenir ce héros inatteignable. Tu as eu le temps. Maintenant, tu m'auras moi. Encore. Quand je sens ta main sur mes cheveux, je plonge des années en arrière et j'ai envie de te croire, de croire dans les promesses silencieuses que tu ne formules pas. J'ai envie de croire aux mensonges plein d'amour que tu ne me sors même pas. J'ai envi que tu me dises que ça va aller.

▬ Excuse-moi... il ne dit plus rien. Je baisse le visage. Certaines décisions ont été prises, certains événements ont eu lieu, maintenant on n'y reviendra pas... J'ai envie de pouvoir compter sur le présent, à défaut d'encourager le futur. Excuse-moi, et soudain, j'ai comme l'impression que tu laisses tomber par terre des bouts de ton armure. Tu te défaits de ton cynisme et de tes cris. Tu ne me dis pas que je ne peux pas comprendre, et tu ne m'infliges plus les images du corps de ma belle-soeur et mon neveu morts. Tu souffles, susurres, soupires juste ces deux mots qui m'ont fait baisser le regard. Je ne sais pas quoi dire à mon tour...

▬ Juste... ne dis pas ça... que je marmonne, même si on sait tous les deux que ça te fera pas changer d'avis du jour au lendemain mais tu ne le diras plus, puisses-tu arrêter de le dire, puis d'y penser, puis d'y croire...

Le plus ironique dans tout ça, c'est que Devon trouve quand même l'energie et l'intérêt pour me demander ce que mes propos impliquent... avant que l'un de nous deux ne puisse plus revenir. Parce que je peux tenir deux ans, ptêtre trois ou quatre mais à un moment donné, trop sera trop, tu comprends ? À un moment donné, je lâcherais tout...

La paume de ma main passe contre sa joue et je lui dis, dans une sorte de pudeur :
▬ Allez... pleure pas...

Je veux pas... je veux plus le voir pleurer. Et pourtant, sous nos yeux, n'est-ce pas la renaissance de quelque chose ? La réapparition de ce lien qui nous rendait inséparables ? Pour la première fois depuis mon retour dans cette ville merdique, j'ai le sentiment d'avoir enfin trouvé Devon. Enceveli sous les ressentiments, les regrets, la peine et la colère mais j'entends sa voix et je vois sa main levée qui appelle à l'aide. Alors je chasse la larme de mon grand frère, et la suivante.

▬ Oh Dami…
▬ Ce que je t'ai dit au garage, Devon, je le pensais. Je suis en colère contre toi, putain j'ai une boule de colère là, et je t'aime tout autant. Tu me fais confiance, Dev ? T'as confiance en moi ? Parce que je peux porter chaque membre de cette foutue famille, nos parents, nos frères. Evelyne. Toi. Laisse-moi vous porter, fais pas n'importe quoi.
▬ Je n’aurais jamais imaginé…j’ai cru…que tu me détestais. Parce que je suis parti. Parce que j’ai rendu notre famille…dysfonctionnelle. Parce que je n’ai pas été à la hauteur de leurs espérances. Parce que j’ai merdé en permanence en me laissant crever et que j’en avais strictement rien à foutre de ce qu’il pouvait m’arriver.

J'esquisse un sourire qui veut gentiment dire 'oui, t'as merdé, mais c'est terminé...' mais je ne dis rien, ne voulant pas l'interrompre alors qu'il semble se confier, et enfin s'ouvrir sans que nous n'ayons besoin de hurler...

▬ Damian. Si tu savais comme je regrette….Tu es…tout ce qu’il me reste, et je refuse de te laisser seul à la dérive comme je l’ai fait. Je..je ne peux pas, je n’en ai ni la force et ni l’envie. J’ai…j’ai besoin de toi, besoin de mon petit frère. Seul... À la dérive... Je pince les lèvres, me sentant un peu coupable de ne pas lui dire que... enfin, je sais que c'est de la merde. Mais c'est moins urgent, moins pressant... et puis moi je n'ai pas vraiment envie de mourir, aussi.

▬ Jamais je n’ai et je ne douterai de toi. Oui. J’ai confiance en toi. Mais jamais je te laisserai porter seul ce fardeau. Hors de question ! Je ne veux pas que tu finisses comme moi. Ils m’ont rendu fou Damian. J’ai perdu les pédales…Mais, si c’est ce que tu veux, porter cette fichue famille, on le fera ensemble, toi et moi, comme avant.

Je hausse des épaules puis en viens par hocher de la tête pour accepter. On peut le faire ensemble, chacun de nous deux pour être le filet de sécurité de l'autre. N'est-ce pas de ça dont nous avions simplement besoin ? Est-ce que c'est si simple, en vrai ?

▬ Viens dîner à la maison demain soir. Evelyne s’installe. Ça sera l’occasion de nous retrouver tous les trois ensemble.

Je dois faire une drôle de tête, c'est le moment où il faut parler d'Evelyne sans doute... Je balance la tête en arrière et passe les mains contre mon visage. Finalement, le timing est parfait. Je m'écarte de Devon, du bureau, de petits pas lourds. Je fais le chemin inverse et reste concentré pour garder une démarche longue mais normale. Je me laisse retomber dans son fauteuil et pose à nouveau un coude sur le bord du bureau.

▬ Je suis au courant pour son agression, et je sais que toi aussi. Alors bon... Quelques secondes. Mais oui, je viendrai.

Je caresse l'arrête de mon nez du bout de mon index, le regard baissé, le temps de réflechir quelques instants. Même si ça me faisait chier que Devon – qui avait disparu du paysage – avait su avant, j'en veux pas à Evelyne. Ni à lui. Je me suis dit qu'après tout, Devon c'est Devon quoi... J'étais qu'une version moindre et bancale de mon grand frère. Une sorte d'orgueil mal placé me fait quand même dire qu'on sera là quand ce connard prendra trente ans dans la gueule. J'inspire profondément, le sol qui s'éloigne. Je lève les yeux sur Devon, attendant sa réaction. Après tout, il va aller en taule, pas vrai ?
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