C'était une chose d'être divorcer, mais c'était une autre chose d'être séparer par des centaines de kilomètres. Depuis que Ilkan était emménagé en Californie, ma vie était un enfer. Mon fils me faisait la vie dure. J'en avais eu assez et j'avais décidé de l'envoyer chez son père, n'en pouvant plus de voir son petit visage d'arrogant. J'essayais d'être forte pour mes filles, mais encore là, ce n'était pas aussi facile que je ne l'aurais espéré. Willow était, elle aussi, partie pour Los Angeles, après avoir été accepté à UCLA. Je me retrouvais seule, en compagnie de Arya, qui tout comme moi, s'ennuyait de son père. Contrairement à ma plus jeune, je ne voulais me l'avouer. Il y a quelques semaines, j'ai commencé à regarder les offres d'emploi dans la ville californienne. Arya était misérable, et Ilkan avait même commencé à parler de faire les démarches pour en avoir la garde. N'ayant pas envie de me battre avec mon ex-mari, j'ai trouvé une solution à cette problématique. Emménager avec ma petite princesse. Cependant, j'avais essayé de garder le tout secret, ne voulant pas faire de faux espoir à ma fille.

Après quelques démarches, me voilà propriétaire d'une petite maison à Los Angeles, ainsi qu'un nouvel emploi, à titre de procureur. Arya était très contente d'apprendre qu'elle se rapprochait de son père, de son frère et de sa sœur. Tout s'est fait rapidement. Nous avons pliées bagage, puis nous sommes parties en direction de notre nouvelle vie. Il ne manquait que quelques meubles, mais ils arriveraient un peu plus tard dans la semaine. C'était lundi, et déjà, ma fille devait se rendre à sa nouvelle école. J'en avais profité pour prendre la directrice. Je commençais mon nouveau que dans la semaine suivante, alors j'avais beaucoup de temps devant moi. J'ai décidé de faire un léger détour avant de retourner dans mon nouveau chez-moi. Je prenais une chance, mais je ne pouvais pas être à Los Angeles, sans me rendre chez Ilkan. Ça allait être toute une surprise, et je ne savais pas comment il allait réagir, mais bon, c'était les bons et les mauvais côtés d'un divorce. Arrivant à destination, j'ai stationné ma voiture dans l'entrée, puis j'ai marché le loin du trottoir pour me rendre à la porte. J'ai sonné, puis attendu que quelqu'un vienne m'ouvrir. « Surprise... » Dis-je, presque inaudible, lorsque la porte s'est ouvert sur Ilkan.    

J'arrivais peut-être à un mauvais moment, mais je ne voulais pas attendre plus longtemps pour annoncer à Ilkan, qu'Arya et moi étions désormais des résidentes permanentes de Los Angeles. Je ne voulais pas qu'il l'apprenne par une autre personne et je ne voulais pas séparer notre plus jeune encore plus longtemps de son père, qui lui manquait terriblement. Lorsque la porte s'est ouverte sur Ilkan, j'ai bien remarqué dans son visage qu'il était surpris de me voir. C'était la réaction normale à avoir, surtout qu'il n'avait aucune idée que j'avais fait tout le voyage depuis New York. « Si tu cherches nos deux grands ils sont sortie. » Il s'était appuyé contre le cadre de la porte et me regardait avec un petit sourire. « Ça tombe bien, c'est justement toi que je venais voir... » Mes enfants me manquaient plus que tout. Willow avait dû partir de la Grosse Pomme, pour poursuivre ses études universitaires, et Lucas, eh bien, je l'avais foutu à la porte, mais n'allez pas croire que je l'avais fait de guetter de cœur. Bien au contraire, mais j'étais à bout et son attitude me déplaisait au plus haut point.

Ilkan s'est décollé de la porte, tournant les talons et s'aventurant vers sa cuisine. J'ai convenu qu'il s'agissait d'une invitation, alors je l'ai suivi, fermant la porte d'entrée derrière moi. « Un café ? » J'ai hoché ma tête, en guise de réponse. Je ne pense pas que ça m'aiderait à me calmer les nerfs, mais l'idée de boire quelque chose de chaud m'apaisait étrangement. « Pourquoi es-tu ici Carrie ? » Et voilà la question que j'attendais. La question dont j'avais les réponses, et qui allait expliquer pourquoi je m'étais retrouvé chez lui, à Los Angeles. J'ai croisé mes bras contre ma poitrine, respirant un bon coup. Je ne voulais pas tourner autour du pot pendant des heures, alors je m'étais dis qu'il serait mieux d'enlever le band aid d'un seul coup. « Je... » J'ai raclé ma gorge avant de continuer. « Arya et moi avons emménagés ici, au cours du weekend... » J'avais détourné le regard un instant, ne voulant pas croiser un regard, peut-être colérique de la part de mon ex-mari.  

Mes enfants me manquaient plus que tout. J’étais tellement habitué de les avoir tous sous un même toit, que de les savoir à l’autre bout du pays me donnait de l’anxiété. Je passais tout mon temps avec Arya, mais je savais très bien qu’elle voulait faire autre chose, qu’elle voulait passer du temps avec son père, qui lui manquait de plus en plus, jour après jour.  Et Ilkan me manquait beaucoup plus que je n’oserais me l’avouer. « Que me vaut cet honneur ? » Il m’a souri, puis m’a invité à entrer. Je l’ai suivi jusqu’à la cuisine, où il m’a offert un café. « Je dois te parler de quelque chose… » Lui dis-je, sentant mon cœur battre violemment contre ma poitrine. Alors que son ex-mari me servait mon café, comme je l’aime, je lui annonce la raison de cette visite. J’avais détourné le regard, peur de sa réaction, mais j’avais bien remarqué qu’il était si surpris qu’il avait failli échapper la tasse qu’il avait entre les mains. « Pour…Pourquoi ? Qu’es que tu as fait de ton poste à New-York ? » Il m’a tendu ma tasse de café, avant d’enchaîner. « J’allais justement t’appeler …je suis en train de faire les Fashion week et je voulais voir Arya en venant à New York. »  Mon regard s’est déposé sur lui, à nouveau. J’avais complétement oublié qu’il s’agissait des Fashion Weeks. Ce déménagement de ma part n’avait pas été contre lui. Au contraire, c’était pour rapprocher notre petite famille, dispersé sur les deux côtes américaines. « Je… On peut dire que j’ai eu une promotion… » Ce n’était pas tout à fait un mensonge. J’avais quitté mon emploi à New York, pour quelque chose de meilleure à Los Angeles, pour être près de ma famille. « Désolée, je ne voulais pas ruiner tes plans… » J’ai pris une gorgée de mon café, baissant mes yeux vers ma tasse.

Je n'avais jamais voulu nuire à Ilkan, en emménageant à Los Angeles. Au contraire, je voulais que notre petite famille soit réunie, à un seul et même endroit. Ça pouvait peut-être paraître étrange, puisque j'avais délibérément envoyé Lucas chez son père, n'en pouvant plus de son attitude désagréable. Je ne savais pas si Ilkan avait de la difficulté avec lui... Ou peut-être pas. J'allais bien finir par le savoir, puisque nous vivions à quelques minutes de l'un et l'autre désormais. « Quel genre de promotion ? » Alors que je planifiais le déménagement d'Arya et moi, j'avais planifié de trouver une emploi en Californie, mais je ne m'attendais certainement pas à recevoir une promotion. À New York, j'étais l'assistante du procureur, mais ici, je remplaçais le procureur, qui venait tout juste de prendre sa retraite. C'était tout simplement irréel, mais je n'allais pas cracher sur une telle occasion. « Je... suis la toute nouvelle procureure de la défense. » Il n'y avait certainement pas de bon ou de mauvais moment pour emménager, mais je n'avais pas réalisé qu'il s'agissait de la semaine de la mode à New York, et que mon ex-mari aurait aimé rendre visite à notre fille durant cette période. Je m'étais rapidement excusée, baissant les yeux vers le café que je tenais entre mes mains. «  Ce n’est rien, je viendrais la voir avant de partir. » Un léger sourire s'est dessiné sur mon visage, j'étais soulagée de savoir qu'il ne m'en voulait pas trop. « Elle pourrait même passer quelques jours ici, avec toi, avant ton départ, si tu veux... Je suis certaine que ça lui fera plaisir... Elle s'ennuie énormément et depuis que nous sommes arrivées, elle ne parle que de toi. » Arya avait toujours eu une relation spéciale avec son père, et après notre séparation, elle en avait beaucoup souffert. On en avait tous souffert, et je pense avoir fait un bon coup en venant jusqu'ici. « Au moins j’aurais quelqu’un qui pourra surveiller ma maison durant mon absence , j’ai un soupçon que notre fils va organiser une grande fête ici » Un léger rire s'est échappé d'entre mes lèvres, alors que je prends une gorgé de mon café. « Je ne suis pas certaine d'être la bonne personne pour ça... » Lucas me détestait et ne voulait rien à voir avec moi, j'en suis certaine. Je l'avais, tout de même, mis dehors de chez moi. « D’ailleurs lorsque tu auras cinq minute il faudra que tu m’expliquer pourquoi tu la foutu dehors , tu aurais pu me prévenir. » J'ai déposé ma tasse sur le comptoir, regardant mon ex, avant de passer une main dans mes cheveux. « Je suis désolée de ne pas t'avoir prévenu... Tout s'est fait si rapidement... Son attitude était tout simplement invivable. Je n'en pouvais plus, et je l'ai mis à la porte. J'aimerais revenir en arrière pour régler la situation différemment, mais je dois vivre avec ce choix que j'ai fait... Comment va-t-il d'ailleurs? »  

J’ai longtemps cru que ma vie était à New York, mais après le départ d’Ilkan, et des enfants, je me suis rendue compte que je ne pouvais vivre bien longtemps loin d’eux. Et puis, je n’étais pas la seule à être misérable dans cette histoire. Arya s’ennuyait de son père, plus que tout et même si ne n’avais osé m’avouer mes propres sentiments, je ne pouvais nier ceux de ma fille. Le plan initial était d’emménager, et trouver un job une fois là-bas. Cependant, le poste de procureur s’était présenté à moi, et je ne pouvais fermer les yeux sur une telle opportunité. « Waouh c’est vraiment super pour toi et comment tu as eu le poste ? Surtout à Los Angeles. » Ilkan était réellement surpris d’une telle annonce, et ça se comprenait. Il devait déjà gérer cette visite surprise de ma part, et voilà que je lui apprends que je suis ici pour rester. « Je planifiais déjà le déménagement, lorsque j’ai reçu l’offre… Initialement, je pensais m’installer avec Arya, et ensuite, je ferais les recherches nécessaires, mais l’opportunité s’est présentée… Et me voilà! » Un léger sourire s’est dessiné sur mon visage. « Nos enfants vont être content qu’on soit réuni dans la même ville. »  Je savais que l’idée de ces retrouvailles plaisait énormément à Arya, et que Willow allait probablement être contente de nous savoir dans la même. Celui qui m’inquiétait le plus, c’était Lucas. J’avais beaucoup de chemin à faire pour qu’il me pardonne et j’espérais grandement qu’il sache le faire. Ilkan avait prévu passer du temps avec Arya, durant la semaine de la mode à New York, et comme j’avais brisé ces plans, je lui avais proposé de passer du temps ensemble avant son départ. « D’accord c’est gentille de ta part, d’ailleurs tu veux qu’on fasse quelque chose ensemble pour l’anniversaire de Willow soir ? » J’ai hoché la tête, j’avais toujours un sourire d’afficher sur mon visage. « Pourquoi pas! Je pense que c’est une super idée d’organiser quelque chose pour la fête de Willow. Elle sera si contente. »  Et Dieu sait que ce qui rend mes enfants heureux, me rend heureuse.

Ilkan voulait que je garde un œil sur Lucas durant son absence. Ce n’était pas l’envie qui manquait, mais je savais très bien que mon fils ne voulait pas me voir. « Pourquoi personne est capable de surveiller Lucas ? Willow m’a dit non aussi et là sa propre mère en est pas capable non plus. Je vais y installer des caméras à la fin… » J’ai baissé les yeux vers ma tasse de café, avant de les poser sur mon ex, à nouveau. « Ce n’est pas que je ne suis pas capable, et que je ne veux pas le faire, j’anticipe plutôt la réaction de Lucas, lorsqu’il apprendra que je suis ici… » Je n’ai jamais réellement voulu l’envoyer chez son père, de la façon dont je l’avais fait, mais il avait su me pousser à bout et ma réaction avait été plus grande que je ne l’aurais espéré. « En même temps vu comment il est devenu c’est de ma faute, je n’aurais peut-être pas dû partir comme ça après notre divorce. » J’ai secoué la tête, après avoir pris une dernière gorgée de mon café. Ce n’était pas sa faute, pas entièrement. Notre séparation avait affecté les enfants de différentes façons, et même si nous avions essayé de tout faire pour qu’ils soient heureux malgré la situation, nous avions merdé sur toute la ligne. « Ce n’est pas ta faute, Il… Pas plus que la mienne… Une séparation, ce n’est pas facile pour personne, et même si nous ne voulions pas que ça l’affecte les enfants, eh bien, nous n’avons jamais vraiment de pouvoir là-dessus… »  Être un parent n’avait rien de facile, et je n’allais pas le blâmer pour tout ce qui s’était passé. Avec du recul, je pouvais voir ces torts, mais je pouvais voir les miens aussi.  « Ça doit te faire un vide maintenant de ne plus avoir Lucas et Willow dans les parages. »  Il avait totalement raison. J’avais l’habitude d’avoir cinq personnes à la maison m’incluant pour nous retrouver qu’Arya et moi. Ça me manquait et je comptais bien rattraper le temps que nous avions passés séparés. « Oui, et étrangement tout ça me manque… » Tout me manquait, et plus que je n'aurais osé me l'imaginer.