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 I would never let anybody or anything hurt you 

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MessageI would never let anybody or anything hurt you écrit Mer 15 Avr - 0:36
I would never let anybody or anything hurt you

Erika & Edward
« Elle est la seule qui m’a fait attendre, et que j’ai attendu. Et que j’ai eu envie d’attendre »



L’alarme stridente résonne à travers les couloirs opalescents. Un mouvement de foule se précipite en direction de l’entrée des urgences. Après toutes ces années, je n’éprouve même plus le besoin de relever le nez de mes comptes-rendus. Toute cette effervescence se mêle aux angoisses des familles. Entre un père colérique et une mère stressée, comment voulez-vous que le personnel médical conserve son calme ? Plusieurs infirmières passent à vive allure devant mon bureau. L’une d’entre elles me regarde tristement. Cet enfant ne s’en sortira visiblement pas. Les conséquences de cet accident de voiture semblent désastreuses. Quelques minutes plus tard, le corps inanimé du conducteur déambule à son tour, sur un brancard. Certains jours je me demande pourquoi je continue d’exercer ? Si parfois je sauve des vies, il arrive que le pire se produise. Lorsque l’électrocardiogramme cesse de biper pour produire un bruit continu, je me sens plus que jamais seul. La présence des infirmières et de mes collègues ne change rien à mon échec. « Ce n’est pas de ta faute. » Répètent-ils comme pour se dédouaner de toute forme de responsabilité. Mais en vérité… Qu’en est-il ?

Une fois mon compte-rendu achevé, je referme le dossier de ce pauvre patient. Combien de temps lui reste-t-il à vivre ? Trois mois ? Peut-être plus. Au fond je n’en ai aucune idée. Je ne peux que donner un ordre d’idée. Soudain mon téléphone sonne. L’assistante médicale m’indique que Madame Martin est arrivée et attend dans la salle d’attente. Dans un soupir las, je range mon bureau. Chaque affaire, chaque stylo ou bloc-notes demeure à sa place. Je ne laisse rien au hasard. Mon obsession du contrôle en deviendrait presque un défaut. Puis je me lève afin d’aller accueillir ma patiente. Au détour d’un couloir, un collègue m’interpelle. Il me tend le dossier d’une femme désirant avorter. Sans me préoccuper de son identité, je lui réponds et lui prodigue quelques conseils. D’un regard fatigué, il me remercie, puis je reprends ma course.

- « Madame Mar… »

La fin de ma phrase se meurt. Comment est-ce possible ? Mais que fait-elle ici ? A-t-elle un problème de santé ? L’un de ses proches est-il malade ? Tout un panel de question se bouscule dans mon esprit. La vieille dame que je dois ausculter se lève. Elle termine ma phrase sans même me reprendre, comme si elle connaissait mes pensées les plus intimes. Je suis cette patiente depuis des années. À chaque fois il y a une petite phrase de sa part qui me fait rire. Aujourd’hui, ne semble pas faire exception.

- « Vous avez vu un fantôme Docteur ? Bon… Quand vous aurez fini d’imiter un poisson dans son bocal, vous me rejoindrez dans votre bureau ! Mon diabète, mon cholestérol et mon hypertension peuvent attendre ! »

Sa voix usée par le temps m’amuse toujours autant. À vrai dire je l’entends, plus que je ne l’écoute. Ses pas disparaissent dans les couloirs sinueux de l’hôpital. Sa canne accompagne ses derniers mouvements alors que je reste planté devant Erika. Je ne suis pas pétrifié, je suis Erikasifié. C’est encore pire. Pourquoi ? Parce que j’ai l’impression de perdre le contrôle lorsque je me retrouve face à elle. Elle n’a rien dit, ni moi non plus. Et pourtant… Aux premiers abords on pourrait croire qu’Erika demeure une femme froide et distante. Cependant, et sans le vouloir, elle m’a appris quelque chose : au milieu des pics d’un cactus se dissimule une fleur.

- « Oui oui, j’arrive… » Répondais-je machinalement sans réelle conviction.

Sans réellement réfléchir, je m’assois à ses côtés. La voix de l’un de mes collègues s’élève à son tour. La dernière patiente de la salle d’attente tire sa révérence, nous laissant ainsi seul à seul. Je ne sais pas par où commencer ni quoi lui dire, mais son regard semble différent. Quelque chose ne va pas, c’est certain. Si elle ose me répondre le contraire, je m’envolerai avec mes amis les pigeons.
Le silence s’éprend de la petite pièce. L’odeur plastifiée des sinueux couloirs nous entoure accentue plus encore ces retrouvailles inopinées. Comme si nous luttions pour nous retrouver rien que tous les deux. Dans un geste bienveillant, ma main se pose délicatement contre la sienne. Un contact simple et innocent, mais symbolique. Nos yeux se cherchent, un léger sourire étire la commissure de mes yeux tandis que je demeure à ses côtés.  

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Dernière édition par Edward Cooper le Lun 20 Avr - 18:24, édité 1 fois
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MessageRe: I would never let anybody or anything hurt you écrit Jeu 16 Avr - 21:19
I'll never find my place.Edward et Erika Tout est allé si vite. Une seule fois a suffi. Un seul faux pas. Une seule putain de connerie que certaines paient pour le restant de leur vie. Je ne peux pas revenir en arrière, et il n’y a pas trente-six mille façons d’y mettre un terme.

Je déteste les hôpitaux ! Ces interminables couloirs moroses où l’air est pollué par ces odeurs écœurantes de javel, de désinfectants et de médicaments. Elles se faufilent partout puis s’engouffrent en vous comme une saloperie de virus et vous brûlent les fosses nasales. Longs et tristes corridors où règnent la Mort et ses viles amies: Souffrance, Douleur et Désespoir. Aux portes de sa demeure, elle vous guette, munie de sa faux, attendant le moment propice pour vous ôter la vie. Je suis déjà morte. Deux fois même. Overdose. A l’époque, je n’étais qu’une pauvre gamine paumée qui découvrait les joies de la coke en s’adonnant à la Perdition et à la Décadence sans aucune limite. Pourtant mon corps lui, avait les siennes. Pendant que je rendais mon dernier souffle, elle me tendit la main et m’accueillait comme une vieille amie, me guidant ainsi jusqu’à mes parents. Mais, certains en avaient décidé autrement. Le retour fut brutal, douloureux et éprouvant. Et, je devais ce soi-disant miracle au Docteur Cooper. J’étais en colère ! Je lui en ai voulu. Terriblement voulu. Pourtant, grâce à lui, grâce à sa présence, son soutien, son amitié et sa tendresse, j’ai réalisé à quel point la vie est précieuse. Et aujourd’hui, c’est une dette dont je ne pourrai jamais me délester. Edward m’a sauvée la vie.

À nouveau dans ce même hôpital, aussi sinistre qu’autrefois, mes yeux s’égarent au loin, dans cet antre morbide. J’me sens vide. Tout est si fade et sans saveur désormais, sauf quand je suis avec lui…mais je ne peux pas lui demander d’être à mes côtés pour traverser cette épreuve. J’me suis mise toute seule dans la merde, et c’est toute seule et la tête haute que j’en sortirai. Je n’ai jamais eu besoin de personne. Pourquoi ça devrait changer ? On n’est pas ensemble. Et je ne peux pas infliger ça à Damian. Il a déjà bien assez de soucis avec ses frères mais surtout, à ses yeux, je ne suis qu’une simple nana de plus parmi les autres.

Assise sur ce siège dur et froid de la salle d’attente, je songe, entre ces quatre murs jaunâtres que la poussière a embués avec les années. Tout au fond de cette galerie infernale, deux portes battantes. Je les observe se balancer machinalement lorsque le personnel hospitalier les franchit pour appeler un à un les patients. Ce sera bientôt mon tour. J’y ai maintes fois réfléchi. Je ne veux pas de cet enfant. Comment aimer son propre enfant quand on est incapable d’aimer soi-même ? Comment conjuguer ce putain de verbe au présent quand ma propre enfance ne s’est résumée qu’à de la violence ? Je ne veux pas de cet enfant. Je ne veux pas d’un père absent, ou d’un homme que je serai incapable d’aimer. Un enfant a besoin de ses deux parents, des parents qui s'aiment d'un véritable amour. Je n’ai pas la fibre maternelle. Je ne suis pas faite pour être mère. Je suis brisée. Je ne suis pas un exemple. Et, c’est mieux ainsi.

Une silhouette se fige près du comptoir. Au début, je ne réagis pas à cette présence. Mais, ce n’est que quand son regard se pose sur moi et me fixe pendant un long moment que je comprends. Mes yeux accrochent la lueur brune de ses iris. Suis-je surprise de le voir ? Oui…et non…il est médecin, donc forcément ! Je trouve la force d’esquisser un maigre sourire qui fuit aussi vite que mon regard. Je déglutis avec peine. Je…je ne suis pas fière de moi, ni de ce que je m’apprête à faire. Mais c’est la meilleure solution. Il s’avance doucement. Mon cœur accélère ses battements à chacun de ses pas qui se rapprochent. Le voilà tout près. Mon regard est rivé sur le sol terne de cette hôpital, ne trouvant pas la force d’affronter le sien. Sans un mot, il s’assied à mes côtés. Le silence est roi et impose sa loi. Nous restons quelques instants, l’un comme l’autre, sans trouver la force de nous exprimer, du moins, jusqu’à ce que je brise la glace.

Je ne m’attendais pas à te voir.

Le soudain contact de sa peau contre la mienne a quelque chose de rassurant et de chaleureux. D'instinct, ma main se recroqueville autour de la sienne et puis l’enserre. Je tourne légèrement la tête pour observer son visage. Nos yeux dès lors se rencontrent : Mais je suis contente que ce sois toi.

Un mince sourire vient poindre sur mes lèvres avant que ma tête vienne doucement reposer sur son épaule. Mes paupières alors se meuvent puis se closent dans un silence de plomb. Je ne suis pas croyante, car s’il existait quelqu’un là-haut qui veillerait sur nous, jamais il n’aurait laissé une gamine se faire torturer pendant toute une année. Ma détresse est-elle si évidente ? J’ignore comment il a su, mais il est là. Edward.

:copyright:️ 2981 12289 0


Dernière édition par Erika Clarke le Mer 13 Mai - 9:36, édité 2 fois
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MessageRe: I would never let anybody or anything hurt you écrit Lun 20 Avr - 18:23
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Erika & Edward
« Elle est la seule qui m’a fait attendre, et que j’ai attendu. Et que j’ai eu envie d’attendre »



Derrière le masque froid et distant qu’elle arbore si fièrement, Erika demeure toujours aussi fragile que lors de notre première rencontre. Je me souviens encore de son regard aigue-marine fuyant la lumière artificielle des néons. Elle semblait résignée à rejoindre une vieille amie que nous croisons tôt ou tard. Durant toute notre vie, on nous apprend à compter les secondes, les minutes, les heures, les jours, les années… Mais personne ne nous explique la valeur d’un instant. Les derniers souffles d’une personne demeurent précieux. Pourtant lorsque les aiguilles de la grande horloge se sont parfaitement alignées, son heure n’avait pas encore sonné. Les deux batteries froides du défibrillateur se sont posées contre sa poitrine. Les trois impulsions électriques ont eu raison de son sommeil éternel. Elle s’est réveillée en sursaut. La prunelle de ses yeux aigue-marine s’est peu à peu transformée en une obscurité grandissante. Comme si elle me reprochait de lui avoir épargné une douleur plus dévastatrice que la Mort elle-même. J’avais l’impression qu’elle maudissait cette date. Ce jour où tout a basculé. Si au début Erika laissait apparaître un sentiment de colère et de rancune, aujourd’hui ce n’est plus le cas. Notre relation s’est apaisée. Les octaves de sa voix s’élèvent. Sans le vouloir, elle étire la commissure de mes lèvres. On dit que les temps difficiles permettent de savoir qui sont les vrais amis. Elle n’a qu’à ouvrir les yeux.  

Étrangement je retrouve ce regard si particulier. Son regard. Celui qu’elle avait lors de notre première rencontre. Quelque chose ne va pas. Osera-t-elle prétendre le contraire ? Sans doute. Après tout c’est dans sa nature de me contredire. Pourtant ce soir j’ai l’impression que son mal-être dépasse sa propre personne. Elle semble apeurée par un Destin incontrôlable et dévastateur. On dit que ce qui ne peut être dit avec des mots ne peut être compris qu’à travers le silence. Et c’est ce qui se passe. Nous n’avons pas forcément besoin de parler, son regard trahit la moindre de ses émotions. D’un geste tendre mon bras libre entoure son épaule, pendant que nos mains continuent de s’étreindre l’une de l’autre. Mes patients peuvent attendre, pas Erika. La détresse que je devine dans son regard n’est pas feinte, mais réelle. Le labre de mes lèvres se pose contre le sommet de son crâne. Pas de parole. Rien. Mais un baiser demeure la plus sûre façon de se taire en disant tout. Je suis là, comme la première fois et pour les prochaines. J’ignore ce qui se passe. J’ignore tout. Mais je n’ignore pas sa souffrance. Sans réfléchir, ma quintuplée quitte la sienne durant quelques infimes secondes. Elle plonge dans la blouse blanche du Docteur Cooper. C’est ce que je suis censé être ici, non ? J’en extirpe mon porte-clés et retire l’un des doubles de mon domicile que je ne tarde pas à glisser contre sa main esseulée.

- « Tu connais l’adresse. »

Certes j’outrepasse ma fonction de médecin pour redevenir son ami, mais peu m’importe. Je ne peux pas lui promettre de régler tous ses problèmes, mais je lui ai promis qu’elle ne les affronterait pas seul. De loin j’aperçois Madame Martin s’impatienter sur son fauteuil. Sans le vouloir, cette vieille dame me ramène à la réalité. Elle perce la bulle intime que nous venions de nous créer. Soudain l’un de mes collègues débarque dans la salle d’attente. Son regard est lourd. Je connais sa fonction. Si l’on rajoute à cela l’air désemparé et désespéré d’Erika, il n’y a aucune autre issue possible. Je ne dis rien. Je continue de me taire. Je n’ai pas à intervenir. C’est son choix, sa décision. Il prononce son nom, elle relève vainement la tête.

- « Madame Clarke ? C’est l’heure. »

Nous nous levons main dans la main, comme si nous étions un couple lambda. Sans réfléchir aux potentiels ragots ni conséquences, je l’enlace tendrement, lui souffle quelques mots d’encouragement inutiles avant de rompre notre étreinte. L’extrémité de mon index relève son menton. Le revers de mon pouce s’échoue contre le galbe de sa joue. Mes lèvres épousent une dernière fois son front, puis mon collègue l’entraîne dans un monde qu’elle ne connaît pas encore, et n’aurait jamais dû connaître. Son pas est lent. Comme si elle se dirigeait vers l’échafaud. Ils disparaissent derrière l’une de ces portes protégées par le secret médical. Un vieil automatisme me pousse à reprendre mes consultations. Lorsque je me retrouve face à Madame Martin, j’ai l’esprit ailleurs. Heureusement qu’il ne s’agit pas d’une opération importante, mais d’un simple suivi. Une demi-heure plus tard, elle quitte mon bureau. Son amie de toujours continue de frapper le sol de l’hôpital au même rythme que son pas. J’ôte ma blouse, enfile ma veste et quitte ce lieu où la mort et la vie cohabitent. Je pourrais rentrer directement chez moi et tout oublier mais non. J’attends, bras croisés devant l’hôpital Erika. Elle n’est pas encore sortie. Enfin je l’espère… Adossé contre la carrosserie de mon véhicule j’attends. Quelques patients sortent, certains me reconnaissent, ils me saluent d’un geste de la main ou d’un sourire salvateur. J’ai l’impression d’être un mari attendant sa femme à la sortie d’une visite médicale. Pourtant ce n’est pas le cas. Loin de là. Je ne suis qu’un ami à ses yeux. Est-ce que j’aimerais devenir plus qu’une épaule sur laquelle on se repose ? Oui. Mais ce n’est pas le lieu et encore moins le moment pour tenter quoi que ce soit. Tout ce que j’attirerai ce sont ses foudres et non le coup de foudre.

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MessageRe: I would never let anybody or anything hurt you écrit Jeu 16 Juil - 20:03
I'll never find my place.Edward et ErikaAlors que mon esprit doucement se déleste de ses chimères auprès de cette présence masculine que je chérie en ce moment-même, je sens son bras vigoureux m’enserrer contre lui. C’est vrai, je suis contente de l’avoir à mes côtés. Pas Damian, encore moins Morgan, mais lui, Edward. Je l’ai toujours dit. Tout le monde un jour s’en va vers d’autres horizons. Damian a rejoint sa douce et tendre Juliet. Morgan a épousé sa vie de débauche et de luxure en tirant un trait définitif sur moi, sur nous, sur notre amitié. Encore faut-il qu’elle ait un jour existé. Tout ça n’était qu’alors un mirage, un rêve éveillé bien trop réel, bien trop parfait pour exister. Je pensais la solitude ma plus grand amie, mais aujourd’hui, bien que le soleil ait déserté ma route, bien que vie ne soit plus qu’un sombre et éternel désert aride, à travers cette brume où je suffoque, où je me meurs, je perçois cette infime lueur d’espoir, cette petite oasis salvatrice, cet amant qui saura panser mes cicatrices, le refuge à mes maux, ce havre de paix que j’ai si souvent mis de côté et fui. Aujourd’hui, dans ce hall maudit où règne la mort et la maladie, je réalise que parmi tous ces gens qui font parti de ma piètre existence, Ed est le seul à être resté. Il est peut-être, après tout, mon Havre de Paix.

Mes paupières lentement se meuvent puis se closent au doux contact de ses lèvres sur mon front. J’inspire profondément l’air empoisonné de cet hôpital de malheur mais constellé de ces exquises senteurs de pamplemousse et de bergamote parsemés de gingembre et d’hédione avec une touche de jasmin, de lichen, de bois précieux, de musc et d’ambre. Un savoureux mélange masculin aussi excitant qu’addictif émanant de sa peau ivoire. Ses doigts abandonnent les miens pour s’enfoncer dans une poche de sa blouse et saisir son trousseau de clefs. Il en désassemble quelques-unes avant de me les glisser dans la main. Que fait-il ? Je fronce alors les sourcils mais je n’ai guère le temps de souffler quelques mots que je comprends qu’il m’offre son hospitalité. Je reste un instant immobile, le regard figé sur ses jolis yeux noisette. Je devrais refuser, ce n’est pas le moment de me lancer dans une nouvelle aventure. Pourtant, je me contente d’acquiescer d’un signe de tête arborant toute ma reconnaissance. C’est égoïste je sais, mais je n’ai pas envie de dormir seule ce soir, ni demain, ni les jours à venir. Quitter mon appartement quelques temps me ferait le plus grand bien.

Mon nom résonne soudain dans une voix disgracieuse. L’heure à sonné. Nous nous levons tous deux, main dans la main, une main que je ne veux guère lâcher, pourtant, je vais devoir m’y résoudre pour mettre un terme une bonne fois pour toute à cette grossesse de malheur…Oh Morgan ! Comme je te déteste en ce moment-même ! Edward m’enserre contre lui et murmure doucement au creux de mon oreille ces mots qui se veulent rassurants. Un maigre sourire vient poindre sur mes lèvres. Il recule d’un pas, brisant cette parfaite étreinte. Sa main vigoureuse lentement capture mon visage et m’oblige et regarder une dernière fois la couleur brunâtre de ses iris. Son index effleure délicatement ma joue et ses lèvres viennent à nouveau épouser chaudement la peau de mon front. Les yeux clos, je profite pleinement de ce moment d’intimité. Que suis-je sensée faire ? L’embrasser ? Je chasse très vite cette étrange question de mon esprit subitement dérangé par cette soudaine proximité, cette soudaine tendresse à mon égard. Je n’ai pas l’habitude de ce genre de considération. Est-ce mal ? Je sens une main intrusive me saisir le bras et m’entraîner avec elle. C’est le médecin chargé de mon intervention. Je le suis sans broncher, me retournant une dernière fois pour voir son visage se fondre au loin de ce triste corridor.


Quelques heures plus tard…

Comme une sensation d’avoir été vidée comme truie, d’être passée au rouleau compresseur ou sous un camion, je m’éveille doucement dans ces horribles draps blancs. Quelle heure est-il ? Je n’ai plus la notion du temps. C’est comme si plus rien n’avait d’importance. Je déteste les hôpitaux. Une infirmière s’amène et vérifie mes constantes. Je sais qu’elle me parle et pourtant, tout ce que je vois ce sont ses lèvres remuer dans un silence de plomb. Je ne me sens plus moi-même. Il y a cette perpétuelle douleur qui foisonne dans le bas de mon ventre, une putain de douleur que je ne saurais guère décrire. Si je pouvais, je m’effondrerai en larmes comme une pauvre gamine esseulée, mais cette année de torture dans cette cave désaffectée a comme aspiré toutes les larmes de mon corps. Malgré cette affreuse douleur, le liquide lacrymal s’est asséché et ne coule pas. C’est comme si je ne savais plus conjuguer le verbe pleurer sauf quand il s’apparente à ce mec.  MORGAN JACOBS ! JE TE HAIS DE TOUT MON CŒUR DUR ET FROID ! Tu m’as fait autant souffrir que ces enfoirés il y a des années. Et ça, je ne te le pardonnerai jamais.

Pendant que je rumine toute cette haine, l’infirmière me donne alors le feu vert pour quitter cet enfer. Je ne me fais pas prier et déguerpis aussi vite que je suis arrivée. Je pousse les portes battantes et cherche Edward. La seule chose que je trouve c’est une salle d’attente aussi vide que mon cœur qui saigne. Je ferme les yeux et réfléchis un instant, plongeant les mains dans mes poches qui rencontrent le métal froid des clefs de son appartement. Un sourire illumine aussitôt mon visage. Non. Je n’ai pas rêvé, il m’a bien donné le double de ses clefs. Je m’empresse de quitter cette saleté d’hôpital. Je n’ai pas le courage de conduire. C’est Bagdad dans mon bide. Je respire un grand coup puis fais un signe au premier taxi qui arrive, mais avant de grimper dans le véhicule, je reconnais instinctivement ce regard profond rivé sur moi. Un peu plus loin, adossé contre sa voiture, Edward m'attend. Non mais depuis quand ? Je m'excuse auprès du conducteur qui s'en va en pestant. J'observe un instant mon ami puis lui souris doucement. Je m'avance jusqu'à lui:

T'es là ? Je pensais que tu serais rentré depuis longtemps, dis-je avec un tout petit sourire avant de fondre dans ses bras et de l'enlacer. 

Merci, murmurai-je.

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