Mon avant-midi d’enfer venait tout juste de se terminer. Je venais de passer plusieurs heures à la cour, à bosser sur un dossier très important. Lorsque l’heure de lunch a retenti, le juge a préféré donner le reste de la journée pour prendre une décision éclairée. Comme j’avais déjà des plans de me rendre au restaurant pour rejoindre Devon, je pourrai ainsi prendre mon temps et relaxer avant de retourner en salle de cour, demain matin à la première heure. J’ai passé rapidement à mon bureau, avant de quitter le palais de justice, situé sur Washington Boulevard, pour me rendre sur Rose Avenue, dans un petit café que Devon avait soigneusement choisi. Le jeune policier était un très bon ami de mon frère, et du moment qu’il était entré dans ma vie, nous étions devenus très proches, des confidents même. Nous n’avions pas toujours la chance de nous voir aussi souvent que nous l'aimerons, mais dès que nous le pouvions, c’était comme si nous nous étions vus la veille. Étant un peu avant l’heure du lunch, j’ai pu me sauver quelques minutes de congestion, arrivant seulement quelques minutes en retard à l’heure que nous nous étions fixés. Je vivais à Los Angeles depuis quelques mois déjà, tout près de six, pour être précise, et je ne regrettais aucunement mon choix. Il y avait encore un peu de travail à faire au niveau des relations entre mes enfants, surtout Lucas, mais c’était mieux de jour en jour, j’en ai l’impression. N’ayant aucune place de stationnement libre tout près, j’ai dû marcher quelques minutes avant d’apercevoir la terrasse et le visage de mon ami. C’est d’un pas un peu plus rapide qu’à l’habitude que je suis arrivée ENFIN à destination. « DEVON! J’espère que je ne t’ai pas trop fait attendre… C’était la guerre au palais de justice… »  J’ai pris une bonne respiration, lui souriant de toutes mes dents. « Salut toi! Comment vas-tu? » Le jeune homme s'était levée, en apercevant, et je me suis approchée de lui pour le serrer contre moi. Au bout d'un moment,  nous nous sommes décollés, et je me suis assise devant lui, alors qu'il venait de reprendre sa place. 

Je n’aimais pas avoir du retard, surtout lorsque j’avais un rendez-vous avec Devon. Nous nous étions rencontrés par l’entremise de mon frère. Les deux hommes étaient des confrères de travail. Nous étions rapidement devenus de très bons amis, des confidents. Devon n’avait rien d’une vie facile, et je m’étais retrouvé au même endroit que lui, devenant ainsi une bonne oreille. J’avais réussi à me sauver du traffic, en quittant le palais de justice, un peu avant l’heure de pointe du déjeuner, mais je suis arrivée sur la terrasse avec quelques minutes de retard, dû au manque de stationnement près du petit café. « T’inquiète je suis là depuis quelques minutes seulement. » Je savais que Devon ne m’en voudrait pas, mais de l’entendre dire ces paroles me soulageaient grandement. « Oh ça ! j’veux bien te croire, c’est un peu le bordel en ce moment au commissariat. Je ne sais pas si c’est la période qui veut ça, mais les cellules sont remplies de tout un tas de dégénérés… » Je ne savais pas ce qui se passait ces temps-ci, mais l’achalandage au palais de justice avait doublé, et je ne pouvais que constater que la même problématique avait lieu au poste de police. Je n’ai pu m’empêcher de rire légèrement à ces propos. « Je pensais que c’était moi qui se faisait des idées… Contente de savoir que je ne suis pas folle. » J’ai continué de rire, avant de fermer l’étreinte entre nous. « Salut beauté. Toujours aussi radieuse ! » Il a déposé ses lèvres contre ma joue. « Merci! » Soufflais-je, avant de prendre place devant lui. « On va dire que ça va. Disons que j’ai connu pire mais aussi mieux.. » Il s’est arrêté de parler, servant de l’eau dans chacun de nos verres, avant de boire quelques gorgés dans le sien. Je le regardais, inquiète. « Mon frère me donne du fil à retordre. Enfin tu sais. » J’ai sorti ma main d’en dessous la table, la déposant sur la sienne, en guise de soutien. « Si t’a besoin de quoi que ce soit, n’hésite pas, hein! » J’avais peut-être mes propres problèmes à la maison, mais j’avais toujours été ainsi, à aider les autres, avant mon propre bien. « Et toi, comment ça se passe sur le plan familial ? » J’ai soupiré un peu, avant de lui répondre. « Ce n’est pas toujours facile, mais je pense qu’il y a une nette amélioration… Surtout avec Lucas et Ilkan. » Je souris, pensant à tout le chemin que nous avions parcouru en tant que famille depuis les six derniers mois. J’étais confiante que nous étions sur le bon chemin.