It's time to tell the truth

Kristian & Dimitri

« Il n’est jamais trop tard pour devenir ce que nous aurions pu être. »

Beaucoup auraient du mal à comprendre les raisons pour lesquelles j’ai choisi de prôner la loi du silence. Ils penseraient que je suis un idiot. Mais, j’ai mes arguments. Ils ne plaisent pas forcément à tout le monde et j’m’en fous. Je ne cherche pas à ce qu’on me plaigne parce que je suis tout seul. Je ne cherche pas à ce qu’on me comprenne parce que je suis malade. Je voudrais simplement que toi, tu comprennes. Tu entends ce que je dis mais t’inquiète, la solitude ne m’a jamais fait peur. Je l’ai accueillie telle une vieille amie.

Une dizaine de jours à peu près. Mon regard chute sur mes mains jointes l’une dans l’autre puis je hausse les épaules, j’ai toujours été seul depuis qu’on me l’a diagnostiquée. Bien sûr il y avait mes parents mais, quand j’vois dans quel état ça les a foutu. J’veux imposer ça à personne. Et comme ma mère quand elle passe un savon, tu commences une petite leçon de morale à la et si. Et si quoi Kris ? Avec des si, on pourrait refaire le monde Kris. Ça n’est jamais arrivé alors la question ne se pose pas. Dans le cas contraire, j’aurais géré la situation, comme je l’ai toujours fait jusqu’à maintenant. Ne va pas chercher des complications là où il n’y en a pas.

Au bout d’un moment, je finis par lâcher prise et pour la première fois depuis cinq ans, on échange une étreinte fraternelle qui gomme miraculeusement toutes les embrouilles de l’année 2021. Une étreinte qui me fait du bien. Mais, grande gueule comme t’es, tu viens à nouveau gâcher ce moment avec ta morale à deux francs six sous, qui m’extirpe un sourire. Je sais que c’est ta manière de me faire savoir que j’ai encore une importance à tes yeux. D’ailleurs j’y réponds avec un peu d’humour noir, histoire de dédramatiser le moment. Toi et moi, on est doué pour tourner le moindre petit détail à la dérision et en rire.

Pourquoi tu n'emmerdes pas les jolies infirmières?

Parce que j’fais plus les minous. Attention ! c’n’est pas pour autant que j’fais de la bite ! plaisantai-je avant de reprendre mon sérieux. J’n’ai pas besoin de chaperon. J’suis pas infirme tu sais. Tant que je peux foutre un pied devant l’autre.

Tu me tailles sur ma gueule blafarde. J’veux bien te croire car ce matin, je me sens tout particulièrement fébrile. Mes poumons me brûlent: Et tu tiens même pas tes potes au courant pour une telle série ? y a quelques actrices que j’aurais bien rencontrées. Un sourire en coin étire le creux de mes lèvres fatiguées. A nouveau, j’y réponds avec humour noir. Tu entres dans mon jeu et comme à notre habitude, nos conneries n’en finissent plus.

J’voulais créer un effet de surprise. Pour le coup c’est réussi hein ? comment ? Les rencontrer ouai mon cul ! tu voulais leur présenter Popole je présume ? T’abuses ! j'suis mille fois plus célèbre que toutes ces foufounes réunies !

Malheureusement, comme toutes les bonnes choses ont une fin, j’suis pris d’une putain de quinte de toux qui casse notre délire et suscite un peu d’inquiétude chez toi. Tu proposes d’appeler une infirmière. J’attends que ça passe et je finis par te répondre : Non non t’inquiète. Ça va.

Tu veux vraiment effrayer les gamins? c’est pas halloween mon pote ils vont vraiment croire que y a le retour des zombies

Je m’entraîne pour ma prochaine audition. Faut bien que ça paraisse réel. Un peu trop d’humour noir cette fois je dois avouer. Je ne vais pas non plus abuser. Je te donne un petit coup de coude amical, ça va t’inquiète. C’est passé., dis-je pour te rassurer. Comme tu me prends pas les sentiments et que tu promets d’être mon infirmière personnel, je courbe l’échine et te laisse me raccompagner à ma chambre.

Oh ça va tu as tout de même le grand luxe. Lit, télévision salle de bain privative il te manque plus que les masseuses. Je ne peux retenir un rire amusé avant de répliquer aussitôt en te jetant une œillade sarcastique, On ne doit pas avoir la même notion du luxe. La peinture de la chambre est à gerber. La vue depuis ma fenêtre me donne envie de m’y jeter. Le lit est un bourreau pour mon dos et la télé regorge de télénovelas à la con. Tu m’excuses mais j’ai pas envie de me coltiner du Amour Gloire et Beauté toute la sainte journée. Les masseuses. Bah en fait si j’en ai une. Elle se tient juste devant moi, dis-je d’un sourire narquois.