I ain't playing by your rules ft. Jakub

I ain't playing by your rules

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Jessie était le genre de femme qui vit tout à cent à l'heure, et si c'était assez étourdissant pour certains, elle c'était fait à ce style de vie. Elle aimait l'animation, même si elle savait tout de même rester seule lorsqu'il le fallait. Seulement, il était vrai de dire qu'elle avait rarement le temps de se poser en solitaire, si on ne comptait pas les heures qu'elle passait allongée sur le canapé lors de ses congés pour regarder les nombreuses séries dont tout le monde parlaient. Elle finissait toujours par se faire une liste mentale de tout ce qu'elle allait faire durant sa journée, en passant d'une tâche ou d'un loisirs à un autre sans s'arrêter de grouiller. Elle adorait se sentir productive, essayant de faire un million de chose à la fois sans toutefois réussir à tout faire en 24 heures. Dans son loft, c'était d'ailleurs un bordel sans nom entre les livres ouverts un peu partout, les feuilles à dessins, la bicyclette qu'elle tentait de réparer d'il y avait quelques jours. Elle avait certes commencer à ramasser ce qui traînait dans l'entrée et essuyer la vaisselle dans la cuisine, avant de se décider à sortir. Si elle avait fait le tour de son répertoire en début d'après-midi, proposant café, restaurant, cinéma et elle ne savait plus combien d'activités, tous avait fini par décliner pour x ou y raison. En bref, il n'y avait personne qui n'avait pas déjà un projet à faire. Elle avait associé ses refus à la faute de pas de chance avant de réaliser que les fêtes de fin d'année allaient bientôt se manifester.

Elle avait beau aimer festoyer avec ses amis dans les bars et les soirées, il était vrai qu'elle ne retrouvait pas le côté familial que tout le monde associait à Noël. Elle restait tout de même un peu enfantine et adorait admirer les décorations, croisant toujours les doigts pour quelques flocons qui n'arriveraient jamais en Californie. Elle avait toujours une joie de vivre débordante, malgré son statut de divorcée et la relation inexistante entre elle et sa famille biologique. Après tout, elle en avait créer une autre à laquelle elle s'associait davantage. Seulement, il était vrai qu'elle enviait parfois les familles qu'elle voyait passer devant elle. Elle ressentait toujours un petit pincement lorsqu'elle passait devant des maisons où tout le monde riait et parlait devant la table remplie. Elle ne pensait pas nécessairement à la maternité, mais il était vrai, qu'elle se sentait parfois hors catégorie. Il fallait croire que malgré l'esprit magique et l'engouement des fêtes, il y avait toujours une petite étincelle de nostalgie qui vous faisait voir le monde différemment.

Elle entrait tout de même dans le pub devant lequel elle passait souvent devant avec le sourire et l'envie de passer un peu de temps avec elle-même. Après tout, il ne fallait pas se priver de sortir même si on n'était pas accompagné. Elle s'installait à un siège libre et fut bien heureuse de trouver un barman déjà en service et souriant. Elle avait regardé discrètement autour d'elle pour voir les gens accoudés au même bar, se demandant si elle ne ferait pas une tête connue, mais non. Elle voyait simplement un homme qui lui rappelait quelque chose sans pourtant réussir à mettre le doigt dessus, comme quoi avoir le souvenir des visages n'était pas toujours un cadeau. Pour calmer son cerveau qui était déjà en train d'étudier les nombreuses possibilités, elle se dit qu'elle l'avait peut-être simplement croisé dans la rue, essayant de freiner son cerveau qui finissait toujours par vouloir trouver une source de distraction partout. Après les salutations d'usage avec le barman et qu'il eut prit sa commande, elle se risquait tout de même avec humour :

« Vous n'avez pas de réduction pour les personnes divorcés ? C'est vrai, il y a toujours les ladies night, les réductions pour les enfants, les étudiants ou les personnes âgées, mais rien pour les divorcés. Je paye deux fois plus cher mon loyer, mais je dois payer mon verre aussi cher que lorsque je divisais mon loyer en deux, vous trouvez cela logique. Et puis, vous savez, des réductions comme celle-ci vous ramènerait certainement un peu plus de clientèle, pas que je trouve l'endroit ennuyeux ou vide, simplement une suggestion. », dit-elle à la légère, elle était comme cela. Un peu difficile à cerner, un peu perchée, mais elle ne savait faire autrement. « Vous pourriez être le créateur de ce club, vous imaginez le nombre de femmes et d'hommes qui cherchent à se consoler ou s'amuser, car c'est vrai, on aime pas nécessairement s'afficher, mais on sait souvent très bien commencer les soirées, soit sur la picole, soit sur l'ambiance. »

Elle laissait tout de même la chance à l'homme un peu rieur, mais visiblement perdue face à la réaction à adopter, le temps de placer un mot ou deux. Elle imaginait déjà une discussion enflammée ou profonde dont tous les barmans étaient sensés avoir le secret, elle imaginait déjà le barman entrer dans son délire, sans toutefois réellement croire au fait qu'il créerait un club simplement à la demande d'une femme qui avait divorcé il y avait déjà au moins quatre ans de cela. Cependant, elle ne s'attendait pas à l'intervention de l'homme qui avait su capter son attention il n'y avait même pas cinq minutes à deux sièges du sien.

(c) oxymort

I ain't playing by your rules

— ft. @jakub m. janowicz & @Jessalyn Miller

Le temps passait vite. Très vite même. J’avais l’impression que j’avais posé les pieds sur le campus universitaire pour la première fois il y a quelques semaines tout au plus. Mais ça faisait déjà des mois que j’avais commencé à enseigner dans le département de théâtre et de cinéma d’UCLA. Je venais avec mon lot de bagage et de controverse, je ne faisais plus n’unanimité depuis les dernières années. En revanche, j’étais toujours au sommet de mon art. Lorsque j’avais accepté de venir enseigner à UCLA, c’était clair entre moi et la direction de l’université que je ne jouerais pas au politicien. J’ai ma façon d’être, mes méthodes et ça ne changera pas. La différence c’était que je ne serais pas devant des collègues et professionnels, mais des aspirants acteurs. Je n’étais pas un monstre, je mords un peu, mais seulement si la situation s’y prêtre. Je ne mordais personne qui ne pouvait pas le prendre. Si vous avez un contrat pour un film qui vous paie des centaines de milliers de dollars voire des millions et que vous ne pouvez pas supporter quelques critiques acerbes et mon caractère… vous avez un problème et ce n’est pas moi. Moi je viens faire mon boulot et si vous vous dressez entre moi et un chef d’œuvre cinématographique parce que vous ne faites pas le vôtre correctement alors oui désolé mais vous allez entendre parler de moi. Je suis un homme de principe, et si ma carrière devait battre de l’aile pour quelques temps parce que je ne suis pas assez diplomate aux yeux des autres… je peux vivre avec. L’expérience de professeur universitaire jusqu’ici n’était pas si désastreuse. Certes, il n’y avait pas plus qu’une poignée d’étudiants avec le moindre potentiel et la plupart n’était là qu’en espérant récolter des crédits faciles mais comme je l’avais mentionné dès mon premier cours, ils auraient mieux fait de se désinscrire s’ils passaient que ce cours n’était qu’une farce. C’était peut-être la réputation des autres professeurs qui me précédaient, mais moi vous donnez votre 100% ou vous récoltez des zéros à perpétuité. Je peux tolérer le manque de talent, ils partent de rien, mais le manque d’effort ça non. Il n’y a aucune excuse valable. Certains étudiants étaient un peu plus amusants, comme des énigmes à déchiffrer, c’était le cas de mademoiselle Elisabeth Henstridge. Un café renversé, des sottises partager à voix haute, un air de supériorité parce qu’elle connaissait les rumeurs à mon sujet. Cet air de supériorité n’était pas destiné à faire long feu. Elle ne veut peut-être pas encore l’admettre, mais elle est bien loin d’avoir la moindre idée de qui je suis. Et Aelynn Sangassan en est une autre, complètement dénué de talent. La plupart des étudiants, aussi nuls puissent-ils être, pouvaient au moins réciter leur ligne. Ce n’était rien de flamboyant, mais les mots sortaient de leur bouche. Mais pour cette jeune demoiselle, c’était déjà trop en demander. Elle était un défi intéressant, que j’étais bien prêt à relever. Mais voilà, le mois de décembre était déjà bien entamé et j’avais la paix pour le prochain mois. Même si l’hiver new yorkais me manquait toujours à cette période de l’année, j’adore la neige, ça faisait du bien d’être tranquillement poser à Los Angeles. Souvent j’étais débordé, même dans le temps des fêtes je trouvais à peine le temps de fêter Noël avec ma famille. Peut-être en partie parce que c’est la période la plus douloureuse de l’année, celle qui me rappelle les déboires de mon couple. Non, de mon mariage, qui ne tient qu’à un fil. Celui de mon insistance… de mon sentiment de responsabilité envers elle. C’est donc sans surprise, que par une journée de décembre, je noyais mes pensées les moins joyeuses de l’année dans de l’alcool bon marché d’un bar local.

Je n’étais guère surpris à mon entrée au bar de constater qu’il ne faisait pas foule. Il n’y avait que les âmes les plus meurtris ou solitaires qui hantaient encore les bars à l’approche du temps des fêtes et en après-midi de surcroit. J’étudiais rapidement la clientèle présente, je ne reconnaissais personne en particulier… mais ça sentait la désespération dans l’air. Je prenais place dans le siège le plus éloigner possible des clients qui me paraissaient comme des indésirables et je faisais signe au barman que j’étais prêt à commander. La commande trouvait son chemin jusqu’à moi assez rapidement et je me mettais à enchaîner les verres. Perdus dans mes pensées, je ne faisais pas très attention aux gens qui se trouvaient autour de moi. Jusqu’à ce qu’une voix féminine attire mon attention. Non, pas seulement parce que c’était une femme… même si c’est un plus je suppose. Je m’intéressais plus tôt à ce qu’elle avait à dire. Elle n’était pas une âme aussi perdue ou désespérée que les autres personnes qui me portaient compagnie. Un peu d’humour. Une apparence colorée. Elle avait du style et de la réparti, elle ne se fondait clairement pas dans le décor du pub. Mais ce n’était pas une mauvaise chose. Je me permettais de les écouter elle et le barman. La jeune femme avait de bons points. Et il se permettait d’apporter son soutien lorsqu’elle eut terminé son discours de vente. « Les futurs divorcés peuvent en profiter de ce rabais? Ma femme n’est pas très coopérative, mais je suis aussi au moins aussi misérable que le reste d’entre eux… et puis moi contrairement à eux je dois encore vivre dans ce mariage de merde! Un peu d’alcool à bon prix pour m’aider à oublier mon enfer quotidien? Ça me paraît juste non. » Bon, l’argent était le dernier de mes soucis… mais ce que je demande c’est que ça reste équitable! J’avais tous les mauvais côtés d’un divorce, mais aucun des bons côtés! Je ne savais même à qui j’avais destiné ma plaidoirie, mais j’étais content d’avoir défendu ma cause. Je suis un homme de principe après tout. Maintenant que c’était fait, je posais mon regard sur la mystérieuse divorcée. Je la détaillais rapidement de la tête au pied. Plus longuement que je ne l’avais déjà fait. Mais pas non plus comme un morceau de viande. Je me qualifierais de féministe voyez-vous. « En attendant le verdict, mon verre est vide… si je dois subir une autre déception je veux au moins que mon verre soit rempli! »