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 petit bébou deviendra grand ▬ Doyle 

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Messagepetit bébou deviendra grand ▬ Doyle écrit Lun 25 Oct - 2:00


Mon estomac se serre, mes muscles se serrent, mon estomac se serre. Nouveau jet de bile dans un buisson à quelques dizaines de mètres du parking. Je ne me souviens pas être entré ici, après mon overdose. Et je ne me souviens pas en être sorti non-plus. Je suis toujours enfermé quelque part là-dedans, enfermé dans les lignes de mon dossier médical, enfermé dans la transpiration d'une chambre à je-ne-sais-quel-étage, enfermé dans les portes et les langues qui claquent, enfermé sur les lignes des résultats d'analyse.

Mon estomac se serre, mes muscles se serrent, mon estomac se serre. Mes bras enserrent mon ventre, pour retenir les relents acides qui me brûlent la trachée, pour sommer à mon corps de tenir encore le coup, pour ordonner à mon esprit de reprendre le contrôle de tout ça. Je ne peux pas entrer là-dedans, je suis terrifié. Terrifié à l'idée que les portes se ferment derrière moi, je ne supporterai pas d'être enfermé une fois encore, parce que je n'ai rien fait de mal et qui fasse que je mérite d'être enfermé. Je n'ai rien fait de mal... je ne comprends pas pourquoi on m'en veut, j'ai fait de mon mieux. C'est une chanson qui n'a plus les mêmes notes. Je suis une musique qui sonne faux, et je n'y trouve plus aucunes paroles.

Mon estomac se serre, mes muscles se serrent, mon estomac se serre. Nouveau jet de bile, quelques secondes de pause puis je me résous à me remettre debout. J'expire doucement pour inspirer vite et fort, sentir l'air pénétrer mon corps et envahir mes poumons. Je ne peux plus courir. J'aurais voulu me mettre soudain à courir, loin, vite et fort. Courir au lieu de sauter dans un avion, courir au lieu de sauter dans le vide, courir au lieu de m'envoler n'importe où. Je fais quelques pas jusqu'à ma voiture et je me laisse tomber sur mon siège conducteur, saisis d'une main tremblante la bouteille d'eau qui roulait sur le sol depuis quelques jours. J'en bois une longue goulée puis l'abandonne cette fois sur le tableau de bord.

Mon estomac se serre, mes muscles se serrent, mon estomac se serre. Mes doigts se serrent autour du volant. 11H03, il doit probablement être sorti maintenant. Je mets le contact, j'aime le rugissement de cette voiture, et les centaines d'heures de boulot qu'elle représente. J'avance prudemment vers l'hôpital puis m'arrête, l'éclat bleu de la carrosserie ne manquera pas d'attirer l'attention du petit frère, j'attends qu'il fasse quelques mètres dans ma direction et m'assure qu'il soit bien tout seul. Je suis fatigué, j'ai peut-être perdu un peu de poids, je veux qu'on me foute la paix. Je suis tendax aujourd’hui... Il approche. Je sors de la voiture puis fais quelques pas dans sa direction.

Mon estomac se serre, mes muscles se serrent, mon estomac se serre. Je me racle la gorge. « Quelle est cette langueur, qui pénètre mon cœur ? » sont les rimes qui me viennent. Je n'ai plus de guitare, disparue avec plusieurs de mes effets personnels... je ne sais plus quand, au Mexique peut-être. Je rejoins le petit frère, regarde s'il a des affaires à prendre et mâche un pauvre « Salut ». Je sais pas ce qu'il faut dire d'autre. Comme pour rattraper le coup, je balance mon regard autour de nous et continue, l'air de rien, comme un abruti incapable de sociabiliser : Alors vingt et un ans... Je pousse son épaule doucement et souris en parvenant enfin à croiser son regard :
▬ T'es plus un petit bébou, t'es un bébou adulte maintenant !
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MessageRe: petit bébou deviendra grand ▬ Doyle écrit Lun 25 Oct - 19:05
Petit Bébou deviendra grand

Raven & Doyle

Bon élève, je parcours la brochure que l'infirmière m'a donnée alors que cette dernière reprend point par point les recommandations pour s'assurer que rien ne m'échappe. J'acquiesce silencieusement à chacun de ses propos, mon regard passant de la brochure à l'infirmière. Je suis trop content de pouvoir m'échapper de cette chambre et de cette condition de patient où l'on m'arrache toute autonomie, alors je me montre bien attentif pour ne pas retarder cette sortie.

Sans compter que -je jette un bref coup d'oeil à l'heure sur le cadran de mon téléphone, après avoir en pressé le bouton latéral- mon frère ne devrait plus tarder, maintenant. Et je n'ai aucune envie de le faire poireauter. De manière générale, j'aime être ponctuel, ne pas faire attendre les gens après moi. Mais là, il s'agit de Raven. Il y a la petite pointe d'excitation, à l'idée de passer la journée rien que tous les deux et je sais que c'est naïf d'espérer que ça soit comme avant, mais c'est comme ça, je ne peux juste pas étouffer cet enthousiasme réveillé par tant de bons souvenirs passés avec lui.

Devon, c'était l'implacable héros, mais Raven, c'était... C'était celui qui était bavard pour tout, sauf le sujet qui dérange, celui qui, rien que par sa présence, son enthousiasme, pouvait balayer d'un geste ce qui avait noirci ma journée, et ça sans jamais essayer de disséquer mon mal-être. Raven arrivait comme ça, s'imposait de tout ce qui faisait sa personnalité quand je m'enfermais dans ma solitude. Il m'adressait un geste maladroit, pas aussi tactile et franc que Devon, mais affectueux à sa façon. Et puis, il prenait l'autre manette, s'installait avec nonchalance sur mon lit et... et voilà. C'était aussi simple que ça en fait. Et sa présence, sans jugement, sans questions, sans inquiétude débordante, ça suffisait à me faire du bien, à me sentir mieux. Je crois que lui et moi, on se comprenait mieux dans les silences. Il avait toujours la remarque pour me faire rire et je crois qu'au fond, c'était un peu le genre de médecine qu'il dispensait, la thérapie par le rire.
Le sourire de Raven.
Son ricanement idiot.
Les larmes de Raven.
Sa supplication déchirante.

Je fronce les sourcils et ferme les paupières assez fort pour repousser cette vision. C'est sûrement pour ça que ça m'a tant affecté de le savoir dans cet état, même pas l'ombre de celui que je connaissais. Je ne savais plus : qui était responsable ? Pourquoi on brisait à nouveau l'un de mes frères ? Est-ce que les souvenirs que j'ai sont ceux du petit frère idéaliste et naïf ? Est-ce que Riley avait raison ? Je suis un gamin précoce, c'est ce que la psy du collège disait aux parents. Sensible, réservé, conscient.
J'avais conscience, en partie au moins, de la charge qui reposait sur les épaules de Devon, de Rayden, de Raven... J'avais conscience du désespoir de Maman. J'avais conscience de la sidération de Papa. Et j'avais conscience que mes problèmes devaient rester insignifiants. Parce que je ne voulais pas rajouter une charge.

Mais j'avais besoin de chacun d'eux.

La voix de l'infirmière sonne en écho et je réalise qu'elle vient de se répéter pour attirer mon attention. Je hoche négativement la tête pour chasser mes pensées et lui adresse un léger sourire en m'excusant. Si j'ai bien pris connaissance de toutes les contre-indications ? Je retourne sur la brochure et acquiesce en grimaçant : ne pas soulever d'objets lourds, ne pas recevoir de coups ou de chocs à l'abdomen, pas d'activités physiques intenses... J'expire par le nez en pinçant les lèvres, un peu mécontent : je vais devoir m'abstenir de courir et d'aller à la salle pendant encore un petit moment...

— Mais ne vous inquiétez pas : vous pouvez pratiquer la marche à pied ou sur un tapis, conduire des véhicules dont vous n'êtes pas susceptible de chuter et..., elle affiche un petit sourire en coin, en me glissant un regard entendu alors que je ne fais qu'arquer les sourcils et écarquiller les yeux, vous pouvez avoir des relations sexuelles... tant qu'elles ne sont pas trop intenses.

Génial.
Je grimace légèrement, un genre de sourire gêné mais poli en guise de réponse, histoire qu'on passe à autre chose rapidement. Soyons clairs : je ne suis pas prude, ni parfaitement ignorant. Seulement peu porté sur la chose. Je ne saurais pas me l'expliquer, d'ailleurs, je ne cherche pas à le faire. Je m'accomode très bien de cette situation, de ne pas avoir ce besoin visiblement hautement physiologique pour certains mais qui n'est pas aussi impérieux chez moi. Déjà au collège, le sujet semblait capital et omniprésent. Par la suite, avoir perdu sa virginité avant la fin du lycée était devenu déterminant. Un objectif bien dérisoire quand, de mon côté, je consacrais mes efforts à garder la face, à accueillir le chagrin de ma mère en la soulageant de tâches quotidiennes qu'elle n'exécutait plus vraiment, de toute manière.
Je ne sais pas.
Je ne sais plus en fait, si ça ne m'a jamais attiré, ou bien si c'était simplement que je n'en avais pas le temps et puis seulement après, que j'y ai puisé un prétexte pour me tenir éloigné de toute relation qui pourrait m'affecter comme Devon ou Rayden.
Je m'égare.

J'acquiesce une nouvelle fois, mon vieux sac à dos du lycée déjà sur mon épaule, les lèvres pincées et la jambe qui commence à battre la mesure alors que, la brochure dans une main, je vérifie l'heure sur mon portable, une nouvelle fois, de ma main libre. 11h00.
L'infirmière finit par me libérer et il ne m'en faut pas plus pour me dresser sur mes jambes, la remerciant poliment avant de filer un peu trop vite, puisqu'elle me rappelle la brochure. Je ralentis un peu, mais une fois dans la cage d'escaliers, je cherche à grapiller quelques secondes de temps précieux en dévalant les marches quatre à quatre. Mais une douleur vive me rappelle à l'ordre, me châtiant juste un peu pour ma désobéissance je présume, alors je lève le pied et prends sur moi de descendre plus doucement.

Je pousse enfin la porte de l'hôpital et inspire l'air extérieur jusqu'à m'en gonfler les poumons. L'odeur infecte des hôpitaux me quitte enfin mes narines.
Liberté.
Et la chance d'avoir pu utiliser un dernier crédit pour reprendre le niveau là où je l'ai laissé. C'est pas donné à tout le monde et j'entends ne pas gaspiller ma chance. Je sais que ça prendra du temps, mais j'y arriverais.
J'avance, mon regard partant à la recherche de Raven ou d'un signe de sa présence. J'allais prendre mon téléphone pour l'appeler mais, l'éclat céruléen d'une voiture attire mon attention. J'enfonce mon téléphone dans ma poche alors que mon visage se fend instantanément d'un sourire quand je comprends que c'est bien lui. Que c'est bien toi.
Ce sourire, c'est le même probablement que, lorsque tu as eu ton permis et ta première voiture, tu es venu me chercher à l'école pour me faire la surprise... Le même  sourire, en moins édenté, cela dit. Mais, toi aussi tu as changé, c'est la réflexion que je me fais en t'observant sortir de la voiture. Je suis soulagé pourtant de remarquer que tu n'es pas blessé : puisque tu es devenu un sujet tabou pour Devon, je n'ai pas vraiment pu savoir ce qu'il s'était passé pour toi, au centre commercial.
Tu approches, parcourant les quelques pas qui nous séparent encore. Je ne m'attends pas à de grandes embrassades, mais je constate que ta maladresse est simplement amplifiée par cette méfiance, quand tu regardes autour, des fois que Devon surgirait de derrière un buisson. Tu m'accueilles d'un mot, un peu creux, et je comprends que cette histoire de cure, ça n'a pas aidé à faciliter tes rapports avec nous. Pourtant, je souris et réponds, en écho :

— Salut !

Je me pince un peu les lèvres, le sac à dos toujours sur les épaules, laissant mes mains entamer un drôle de manège devant moi, illustrant parfaitement le côté "awkward" de cet instant. Je ne t'en veux pas, de pas trouver les mots. Je suis déjà content que tu sois là. J'esquisse un sourire : avant, on n'avait pas besoin de parler, ça nous suffisait. T'inquiètes pas, Rav, ce n'est que moi...

— Alors vingt et un ans... tu finis par me dire, me poussant l'épaule, doucement, dans un sourire qui se reflète immédiatement sur mon visage. Nos regards se croisent et je te retrouve.

— T'es plus un petit bébou, t'es un bébou adulte maintenant !

Je lève les yeux au ciel en laissant échapper un petit rire à ce surnom qui me colle à la peau depuis... depuis toujours j'ai l'impression. Il faut dire que, même avec Riley, nous avons pas loin de 8 ans de différence. Vous m'avez tous vu à tous les stades de ma vie, je reste le bébé de la famille. Alors que moi, j'ai l'impression de ne vous avoir jamais connu autrement qu'adolescent, jeunes adultes ou adultes. Je baisse les yeux pour retrouver ton regard, un large sourire toujours aux lèvres. J'écarte légèrement les bras de mon corps, comme pour me présenter à toi :

— Et ouais ! J'avoue que je n'avais pas imaginé passer mes vingt-et-un ans de cette manière mais... Un bébou presque comme neuf !

Avec toutes ses dents. Et quelques coutures. Mais bien rafistolé !

— Merci d'être venu, Rav. Je suis vraiment content de te voir. Un sourire sincère et puis je me racle la gorge en t'indiquant la fameuse brochure laissée par l'infirmière. Alors, je ne sais pas ce que t'as prévu mais, j'ai quelques contre-indications...
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MessageRe: petit bébou deviendra grand ▬ Doyle écrit Mar 26 Oct - 0:18


▬ Et ouais ! J'avoue que je n'avais pas imaginé passer mes vingt-et-un ans de cette manière mais... Un bébou presque comme neuf !

Je te regarde quelques instants, ça fait un moment que je ne t'ai pas vu, en vrai. Est-ce qu'on était pas dans une sorte de dimension parallèle ? Au départ, je t'ai regardé sur un écran et quelque part, j'avais envie de me dire que tu me parlais en direct, que tu étais vraiment là. Je voulais me dire que tu m'entendais, que tu me voyais et parfois, il m'arrivait de te répondre, tu sais... En fait, quand tu apparaissais, je te saluais presque à chaque fois. Je me pince l'arrête du nez à cette simple pensée, parce qu'elle est douloureuse pour moi. Au départ, je n'ai pas compris. Les premières heures, je crois même que ça m'amusait parce que je pensais que c'était une connerie, une sorte de mauvaise blague. Je me disais : allez, ils vont apparaître de derrière une porte qui va s'ouvrir à la volée. Je ricanais en attendant et les heures se sont échappés, mon sourire amusé s'est échappé. Et l'aiguille a continué de tourner. Tourne la clef dans la serrure quand le jour décline. Je décline l'invitation. L'aiguille a arrêté de danser, elle a quitté la peau et s'est figée dans un cadran froid, inatteignable. La vérité, Doyle, c'est que je me suis jamais senti si seul que là-bas. Même au Mexique, même dans les étoiles, même sur la Lune, vous m'avez toujours tous semblé à portée de main. Là-bas, il y avait une porte close entre nous. Je passe le bout de mes doigts contre mon avant-bras, mon regard quittant ton visage souriant pour examiner de plus près ton état de presque comme neuf.

Je te regarde quelques instants, ça fait un moment que je ne t'ai pas vu, en vrai. Est-ce qu'on était pas dans une sorte de dimension parallèle ? J'expire, reste rassuré de te voir sur tes deux jambes. Presque comme neuf ? Mais t'es impeccable, Doyle. Je continue la danse de mes ongles sur ma manche de maillot. C'est tellement con, un t-shirt qui couvre l'autre, je déteste mal m'habiller, j'ai plus quinze ans. Finalement, je me secoue une seconde, me redresse et je baisse le regard sur ta brochure, alors que tu me remercies d'être venu, pour la forme, j'imagine. J'y crois pas, à ton putain de remerciement de merde. Je lève un regard un peu plus dur vers toi, prenant la brochure de ta main comme si tu m'avais offert de la prendre pour la parcourir. Je laisse mon cul se poser contre ma portière, le temps de jeter un œil mais mon regard se fait happer par le bâtiment qui se dresse derrière toi et je plie ta brochure que je fourre dans ma poche arrière de pantalon :
▬ Cassons-nous d'ici, monte dans la voiture.

Avec une bonne intention mais sans trop particulièrement de douceur, je tends la main vers la lanière de son sac pour l'en délester. J'ouvre ma portière, balance le sac sur la banquette arrière déjà encombré de quelques sacs soigneusement fermés qui se baladent. Mon regard appuie l'ordre et je monte en attendant que mon cadet suive mon exemple. À peine suis-je monté que mes doigts viennent machinalement fouiller le plancher, sous mon siège, pour trouver le paquet de cigarettes qui se balade depuis mardi. Je le saisis et cale tout de suite une cigarette sur le bout de mes lèvres, lance un regard vers l'hôpital comme le défi d'une fourmi à un géant qui n'en a rien à foutre. Je pose le pied sur l'embrayage, je mets la main sur le frein à main.
▬ Mets ta ceinture, dis-je sans exécuter la précaution que Doyle doit suivre. Ma voiture, mes règles. J'appuie sur l'allume cigare en gardant ma cigarette éteinte entre mes lèvres. Je me sens comme... dans la situation de celui qui a l'avantage. Comme si je pouvais déchaîner sur lui tout ce qui me tord les tripes, et personne ne pourrait rien me faire. Je le fixe quelques secondes, j'ai envie de le voir s'écraser sur son siège. Putain j'ai envie qu'il fasse partie de ceux qui vont payer et regretter. Et en même temps, c'est Doyle. Ça me fait un nœud à l'estomac. J'inspire par le nez puis finis par décoller mon regard de lui pour passer la première et dégager de cet endroit maudit.

J'accélère doucement et finalement, quand l'allume-cigare fait son petit « clac » caractéristique, j'ouvre mon carreau et pose mon coude contre la vitre baissée. Je maintiens le volant droit avec mon genou et finalement, utilise mes mains pour allumer ma cigarette. On va aller s'amuser un peu. Je tire une longue bouffée puis essaie de me répéter que c'est Doyle, ce n'est que Doyle. Les petits ne sont pas responsables. Ils sont les dommages collatéraux. Je me mords la lèvre entre la première et la seconde bouffée.
▬ Je savais que t'allais pas mourir, lui dis-je sans plus d'introduction. Enfin, non, j'en savais rien. Disons plutôt que dans ma perspective du moment, je crois que je ne voyais pas Doyle mourir sans moi, tout seul, le premier. Et je ne me vois pas mourir. Je peux pas crever, je suis au-dessus de la mort, au-dessus de tout. Je garde les bras tendus, les doigts trop serrés sur le volant. Sans daigner tourner un nouveau regard vers lui, je lui dis un peu sèchement :
▬ Je t'ai détesté, putain si tu savais comme je vous ai tous détestés. Je tire une nouvelle bouffée, tourne à peine le visage vers la vitre ouvert, l'extérieur gobe la fumée, les cendres et le tiers du volume de ma voix. Mais on meurt pas, chez les Whitmore, pas vrai ? Cette fois, j'attends une réponse de sa part. Un peu rude, tout ça, comme introduction. Sans prévenir, je fais un violent écart pour garer la voiture sur un trottoir. Je pile brutalement, garde les bras bien raides sur le volant pour ne pas partir démesurément en avant. Je me tortille pour sortir la brochure de ma poche et l'ouvre pour jeter un œil plus attentif dessus.

▬ Ouais bon, d'accord, on allait pas faire de saut en parachute de toutes façons, commente-je en lui rendant sa brochure, son petit pass pour la liberté, qu'il garde comme un premier de la classe. Jette-moi cette merde, ça dit rien d'intéressant. Je pivote sensiblement vers Doyle, ôte la cigarette de ma bouche et la pince entre mon pouce et mon index. Je la secoue et mon regard se perd sur une cendre qui ne tombe pas. Tu veux me dire un truc, me poser une question ? Vas-y, je te donne trois minutes, parce qu'après on se détend et je veux plus jamais t'entendre dire un truc qui va m'énerver. Bref silence. Ça te semble correct ? demande-je tout de même à mon cadet en relevant les yeux vers lui. Est-ce que ça ne peut pas être la bonne solution, celle que j'aurais dû choisir avec Devon ? On se disait tout, on enterrait tout et on reprenait de zéro ? Parce que ce qu'on aurait dit serait exorcisé. Est-ce que ça ne serait pas la bonne solution avec chacun d'entre eux ? Je pince les lèvres, examine mon frein à main puis ma cigarette qui danse dans le vide. Dehors, juste le « frrr » des voitures qui passent près de la mienne mal garée. C'était une bonne idée, tes vidéos, abandonne-je tout de même en haussant des épaules. Est-ce qu'on peut exorciser tout ce qui nous fera mal maintenant, et après on l'oublie à jamais ? S'il te plaît.
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MessageRe: petit bébou deviendra grand ▬ Doyle écrit Lun 8 Nov - 1:09
Petit Bébou deviendra grand

Raven & Doyle

Je n'ai jamais été très fort pour l'humour, un trait de personnalité qui me fait défaut, par rapport à toi ou Devon. On m'a trop souvent reproché d'être du genre rabat-joie ou premier degré. Pourtant, je m'y essaye parfois -maladroitement, il faut croire- mais mon humour n'est clairement pas le vôtre. On dit qu'à partir du moment où il faut expliquer sa blague, alors elle perd tout son intérêt... Et souvent, je me retrouve à devoir expliquer que je tentais un trait d'humour...
Tu me sers un regard dur et je hausse les sourcils, incertain : est-ce que c'est à cause de ce que je viens de dire ou pour une raison plus obscure ? D'ailleurs, tu m'enlèves la brochure des mains pour la parcourir et je reste un peu interdit car, à vrai dire, je ne m'attendais pas à ce que tu me la prennes pour la regarder. C'était juste... une façon de plaisanter, sur un fond de vérité, à vrai dire. Mais je me retiens de faire un quelconque commentaire, me contentant de passer une main un peu gênée derrière ma nuque en balayant du regard les environs, comme un gamin qui attendrait la sentence parentale après avoir donné son bulletin de notes. En fait, je sais exactement ce que ça me rappelle, parce que j'ai cette désagréable sensation de déjà vu qui date du lycée. Quand Maman et Papa étaient simplement trop largués pour s'occuper de mes problèmes d'intégration scolaire et que c'était toi qui devait traiter les mots sur mon cahier de liaison, avec les professeurs. Un moment très malaisant, pour toi comme pour moi. Je ne voulais pas apporter plus de problèmes, plus de soucis... Et je crois que toi, tu commençais à saturer de tout ce qui te retombait sur les épaules. C'était un accord tacite, qui s'est traduit par peu de mots et des yeux qui se ferment. Je crois que j'ai préféré que tu ne cherches pas à creuser plus que ça. Tu m'as juste demandé s'il fallait que tu t'en mêles, pour que les harcèlements cessent. J'ai dit que non, que c'était pas ce que les professeurs pensaient. Je t'ai assuré les yeux dans les yeux que ça allait. Je voulais tellement être assez fort et brave, je ne voulais pas être un poids supplémentaire sur tes épaules. Je ne sais toujours pas si mon mensonge était suffisament convaincant ou bien si tu étais juste soulagé que je te retire cette charge...
Ding ding ♪
Une notification sur mon téléphone m'interpèle et me permet d'oublier un peu cette expression sévère sur ton visage. Je lis le message et fronce légèrement les sourcils en pinçant les lèvres. Ok, je devais bien m'y attendre, après tout, j'ai pris sur moi de lui envoyer un message en premier. Une partie de moi pense toujours que c'était pour me donner bonne conscience, parce qu'elle a été gentille avec moi et parce que je me sens peut-être un peu coupable de ne l'avoir jamais recontactée. Sauf que... Même avec beaucoup d'efforts, on ne change pas du jour au lendemain... Je fuis, toujours, mais à vrai dire, je ne mens pas vraiment. Aujourd'hui, je suis avec toi, Rav', et je ne sais pas du tout ce que tu as prévu.
Envoyé.
J'enfonce mon téléphone dans ma poche, y glissant ma main au passage, mon autre main tenant toujours la bretelle de mon sac sur mon épaule et je lève les yeux juste à temps pour te voir fourrer ma brochure pliée -qui plie les papiers de cette façon, Raven ? Il existe un cercle spécial en Enfer pour les gens comme toi, qui ne plie pas soigneusement tu sais ?- dans ta poche arrière. Je ne vais pas jusqu'à blêmir mais l'idée qu'elle se retrouve chiffonnée par ton cul m'indispose. Mais je ne dis rien, je fixe simplement le papier qui dépasse de ta poche en laissant les mots sur le seuil de mes lèvres. Je voudrais la récupérer. Mais je la ferme, comme si je reproduisais simplement le schéma habituel du cadet qui n'a rien à dire, de toute façon.

— Cassons-nous d'ici, monte dans la voiture.

Tu tends la main pour récupérer mon sac et, légèrement circonspect, je le retire de mon épaule pour te le tendre et finalement te voir le balancer sans aucune précaution sur la banquette arrière, où attendent déjà d'autres sacs. Heureusement qu'il n'y a rien de fragile dedans... Je lève les yeux au ciel en pinçant les lèvres : je sais que ça part d'une bonne intention, mais j'aurais pu le garder sur mes genoux aussi... La délicatesse de Raven, toujours...
Je prends une légère inspiration avant de monter en voiture. Tu ne t'en souviens peut-être pas, mais depuis l'accident de Devon, j'ai beaucoup de mal à me sentir à l'aise en voiture. C'est également une des raisons pour lesquelles je n'ai toujours pas mon permis d'ailleurs. Je m'installe, refermant la portière sur moi. Je te regarde fouiller sous ton siège et c'est sûrement la curiosité qui ne me fait pas tout de suite boucler ma ceinture. Une cigarette vient de prendre place à la commissure de tes lèvres et je te dévisage un peu.

— Mets ta ceinture, dis-tu, sans même appliquer ce que tu viens de me demander, mais en prenant le temps de mettre l'allume-cigare à chauffer.

Je cherche rapidement la ceinture sur ma droite pour venir la boucler. Te faire remarquer que tu ne mets pas la tienne ? Je crois que si je m'y risque, c'est un peu plus qu'un regard sévère que je risque. Pas vraiment serein, ma main vient naturellement se pendre à la poignée au-dessus de la fenêtre de la portière alors que le moteur vrombit. Je déteste cette sensation qui s'empare de mon corps, en voiture. Ce sentiment que tout est potentiellement dangereux. Rajoutons à ça ce regard que tu laisses peser sur moi, et je regrette déjà la terre ferme, à l'extérieur. Je sais, en tout cas je crois savoir ce qui te brûle les lèvres et j'avoue que je n'ai pas le courage de commencer cette désagréable conversation.  Tu inspires, et finalement, la voiture avance, et l'allume-cigare émet un petit son quand il se retire de son fourreau chauffant. Je t'observe, à la fois curieux et anxieux de te voir entreprendre autant d'actions différentes tout en conduisant. Je crois que le paroxysme est atteint quand je te vois maintenir le volant avec ton genou, tout en allumant ta clope. Les sourcils arqués presque jusqu'à la racine de mes cheveux, la bouche entrouverte d'ahurissement, je lève l'index de ma main libre et commence à te faire remarquer d'une voix presque muette :

— Euh... ça serait peut-être... plus judicieux de..., mais je la ferme encore, ma main se crispant d'avantage sur la poignée alors que je prends sur moi de ne pas trop évaluer les risques potentiels, sur la route.

— Je savais que t'allais pas mourir.

Je tourne mon regard vers toi : tu es crispé sur ton volant, tu évites de me regarder. Je ne sais pas trop ce que tu veux dire. Est-ce que c'est un moyen de justifier le fait que tu ne sois pas venu me voir avant ? Est-ce que c'est un moyen de dire que tu es soulagé que j'en sois sorti ?

— Je t'ai détesté, putain si tu savais comme je vous ai tous détestés. Je prends une inspiration : elle est là, la véritable discussion, celle qui te ronge depuis plusieurs mois probablement. Je sais ce que tu me reproches, ce que tu nous reproches à tous. Mais on meurt pas, chez les Whitmore, pas vrai ?

Tu me coules un regard, après avoir craché la fumée de ta cigarette et je comprends que tu attends quelque chose de moi, tu attends une réponse. Ma prise sur la poignée me rend la main moite, pourtant, cette sensation est bien moins agréable que celle qui transperce mon corps quand nos regards se rencontrent. Un instant, je doute même que cette sortie soit juste un prétexte finalement pour m'extorquer des excuses que tu attends de tout le monde mais que tu n'obtiendras probablement que de ma part. On est tous responsable, à tes yeux. Je déglutis, m'humectant les lèvres nerveusement : on pouvait en parler où tu veux Raven, à n'importe quel moment, mais pourquoi tu choisis de le faire dans une voiture, bordel ? J'ai cette sensation des plus désagréable d'être doublement prisonnier.

— Je comprends... Je suis désolé, je... mais le reste de ma phrase est fauché quand, dans une manœuvre manquant cruellement de délicatesse, tu fais une embardée pour en suite piler si brutalement que je me sens partir en avant, retenu quand même par ma ceinture de sécurité et la poignée miraculeusement toujours fixée alors que ma main se crispe si fort dessus.
T'es malade ou quoi ? Qu'est-ce qui te prend ? Mon cœur s'affole, la ceinture sur ma poitrine a suffisamment appuyée sur ma cicatrice pour me faire grimacer de douleur. On est arrêté. On est arrêté. Une main tremblante vient tâter mon abdomen, peut-être parce que tout ça c'est encore frais. J'inspire, profondément, pour retrouver mon calme alors que tu sors la brochure pour la déchiffrer plus amplement, avec un regard sceptique, avant de me la refourrer dans les mains comme s'il s'agissait d'un torchon indigne d'intérêt. Je défroisse machinalement le papier, allant même jusqu'à le replier correctement, bord à bord, en quatre.

— Jette-moi cette merde, ça dit rien d'intéressant. dis-tu, alors que je glisse soigneusement le papier dans la poche intérieure de mon manteau.  

Tu te tournes un peu vers moi, ôtant ta cigarette de tes lèvres en la tenant entre tes doigts alors que je te coule un regard, incertain finalement d'apprécier la journée qui se profile en ta compagnie si elle doit se dérouler de cette manière et ne représenter que des tensions. Mon sourire sincère de tout à l'heure s'est volatilisé. Mon regard pétillant de nostalgie et d'excitation a laissé place à un voile de déception, et mon expression rayonnante n'est plus qu'un visage plus blême. Mais ce n'est pas moi que tu regardes, c'est l'extrémité rougeoyante de ta clope.

— Tu veux me dire un truc, me poser une question ? Vas-y, je te donne trois minutes, parce qu'après on se détend et je veux plus jamais t'entendre dire un truc qui va m'énerver.  

Je te fixe, les sourcils légèrement froncés en essayant de traiter toutes ces informations alors que tu relèves enfin les yeux vers moi pour me demander si ça me semble correct. Je me racle un peu la gorge en acquiesçant légèrement. Pourquoi. Pourquoi tu penses que je dirais forcément quelque chose qui pourrait t'énerver, pourquoi ça ne va que dans un sens, ce que tu me proposes, pourquoi tu réalises pas que depuis tout à l'heure, celui qui blesse l'autre, ce n'est pas moi...
Je n'ai aucune envie de t'accabler, pourquoi je te ferais la morale, Raven ? Et à quoi ça servirait ? Je suis là, à te fixer, figé, perdu dans mes pensées alors que tu pinces les lèvres en examinant autour de toi tout ce qui n'est pas moi. Qu'est-ce que tu attends de moi ?

— C'était une bonne idée, tes vidéos. tu lâches enfin, en haussant les épaules et je sens enfin mon corps s'animer, mes poumons se gonfler d'air à nouveau. Je déglutis et humecte mes lèvres une nouvelle fois en cherchant mes mots en même temps que mes yeux regardent ailleurs.

— Je... J'ai pas supporté l'idée que tu sois tout seul, Raven. Je sais pas si c'est bien utile de te dire ce que j'étais prêt à faire pour pas te laisser là-bas, abandonné, mais les vidéos c'était qu'une infime partie. Je me racle encore la gorge, en cherchant ton regard Ils n'ont pas voulu me laisser signer les papiers... Je... J'étais pas majeur. Tu te souviens, ce sont mes 21 ans qu'on fête, aujourd'hui... C'est une façon un peu brève de t'expliquer pourquoi je ne pouvais pas répondre à tes supplications et pourquoi je ne pouvais que faire des vidéos, pour toi, pour pas que tu sois seul. Mon regard brille peut-être un peu, au souvenir de ta voix qui se brise dans une supplication et j'avale difficilement ma salive en reportant mon regard sur mes mains qui s'agitent. Je voulais pas... que tu te sentes abandonné... Parce que je n'abandonnerais jamais ma famille. Parce que je sais trop bien ce que ça fait. Je hausse un peu les épaules, sans te regarder : ça peut peut-être te sembler risible, tu vas sûrement dire que ça te fait une belle jambe, que ça n'a pas empêché que tu te sentes trahi, mais pourtant, je suis sincère. J'étais prêt à te rejoindre, j'étais en train de m'organiser, tu sais, Rav ? Le bon petit Doyle prêt à tout pour ses frangins. Mais j'en ai pas eu le temps, tu as réussi à sortir avant. Comment d'ailleurs, c'est un mystère, mais du coup j'ai laissé tomber mon plan.
Je crois que tu es sceptique sur mes intentions, et j'avoue qu'une boule de nervosité a réussi à se nicher dans mon abdomen depuis tout à l'heure... Ou bien c'est la ceinture qui m'a blessé.
J'étais vraiment content de te voir, Rav. J'étais vraiment ravi que tu viennes me chercher. Je ne sais pas si je le suis toujours autant. Peut-être que ça se voit, en fai, maintenant que je contemple piteusement ma main qui a relâché la poignée, dont les jointures sont toujours blanche d'avoir serré si fort.

— Je voulais juste... je hausse les épaules et esquisse un rictus, pas du tout aussi éloquent que mon sourire de plus tôt, à peine une ombre de sourire peiné, ... retrouver mon frère, comme avant... Et être là pour toi, comme tu l'as été pour moi. Avant.

Je me racle une nouvelle fois la gorge et préfère chasser cette ambiance pesante en tentant une nouvelle fois de faire un trait d'humour qui -je suppose- tombera à l'eau, comme à chaque fois, mais, je prends le risque...

— Et... il me reste juste suffisamment de secondes pour te dire aussi que tu conduits vraiment très mal. J'esquisse un sourire un peu plus long, cette fois, en me pinçant les lèvres. Tu as dis que je pouvais le dire, donc tu t'engages à prendre la critique sans t'énerver... Je sens ma poche vibrer et engouffrant ma main, j'en sors mon téléphone que je déverrouille avec l'empreinte de mon doigt pour découvrir la réponse de Lilly. Je pince mes lèvres une nouvelle fois. Si je suis content ? Je l'étais en tout cas, au début. J'avoue être tout de même content d'avoir une vraie raison pour décliner cette invitation, les soirées au campus regorgent de tout ce que je n'aime pas : les gens, l'alcool, la drogue et j'en passe... J'écarquille un peu les yeux en me faisant cette réflexion. Mais je suis trop lâche pour être honnête et la blesser. Une autre fois, peut-être... Passe une bonne soirée avec ton frangin... Deux choses qui me semblent d'un coup très incertaines...
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MessageRe: petit bébou deviendra grand ▬ Doyle écrit Lun 15 Nov - 0:56


▬ Je comprends... Je suis désolé, je...

Si j'avais pu, je vous aurais tous explosé la tête à distance, crois-moi. Il y a des moments où j'ai cru mourir, et d'autres où j'ai espéré que ce serait vous. Maintenant que nous sommes arrêtés, je te fixe, intensément, me sentant prêt à t'exploser à la gueule, comme un matériau sensible au moindre mouvement de travers. Mais c'est toi Doyle, je cesse de te fixer, cligne des yeux une seconde pour essayer de reprendre contact avec le réel. Et pourtant tes mots, ils sont importants, crois pas le contraire. Tes mots, ils m'empoignent tellement fort mais je ne peux rien faire d'autre que de regarder dans ta direction, partagé entre le jugement et la confusion de ces mots que j'attendais, que j'attendais terriblement sans comprendre pourquoi je n'y avais pas droit ! Finalement, je pose un index contre ma tempe, ferme les yeux une seconde en secouant doucement la tête. J'attends une seconde, mon regard balaie sa cage thoracique sur laquelle il a porté la main puis je décide qu'on va entrer dans le vif du sujet, de tous les sujets s'il le faut même, tout de suite. Il ne s'en rend forcément pas compte, mais c'est un énorme pas que je fais aussi dans sa direction, en même temps que je m'offre le confort de ne pas avoir de commentaires sur ce que j'ai fait et ce que je ferai, sur ce que j'ai dit ou ce que je dirai.... Je n'ai pas besoin de comédies, d'un Devon qui joue ses coups en douce pour arriver à ses fins... je me mords la lèvre et lance une œillade par la vitre de la fenêtre.

Comme si tout cela avait un fil conducteur, je t'évoque les vidéos. C'est ce que j'aurais dû te dire en premier d'ailleurs parce que la dernière fois que nous nous sommes vus, c'était lorsque j'ai eu mon « accident de dosage ». Ce qui est tristement ironique, c'est que j'en viens parfois à me demander ce que c'était réellement cette affaire. Mes souvenirs ne sont pas tout à fait reconstitués. Je me souviens avoir été surpris de voir Doyle, d'ailleurs, quand l'envolée s'est soldée par un piqué sur la terre ferme, à l'hôpital. J'avais été négligeant, il avait prévenu qu'il venait et je crois que j'avais lu et supprimé son message, ou pas vraiment lu, je ne sais plus. J'étais au Mexique, je crois que je n'ai écrit à absolument personne, pendant tous ces mois là-bas. Ce n'est même pas Juliet, avec la tête sur mon épaule, qui me bavait sur l'épaule, qui me disait de ne pas répondre. C'est juste que ça ne se présentait pas, ce n'était jamais le bon moment...

▬ Je...  Ils n'ont pas voulu me laisser signer les papiers... Je... J'étais pas majeur.

Je passe la main dans ma nuque en essayant de faire la part des choses et de répartir les responsabilités des uns et des autres. Si Doyle n'a pas signé, c'est quand même lui qui a appelé Riley et lui a raconté n'importe quoi et Riley, lui, il était majeur... Je passe la main contre mon visage, me sentant clairement en position d'avoir ma ven... mon explication avec au moins l'un de ces quatre trous du cul. Il baisse le regard, et je me demande s'il me joue la comédie ou si je pourrais avoir un second allié dans cette fratrie. Riley... Je ne sais pas trop comment le prendre. Ça, ça aura le mérite de n'avoir jamais changé au moins. Il a toujours été un peu plus dur à cerner que les autres, je savais jamais s'il voulait qu'on passe du temps avec lui ou qu'on lui foute la paix, il donnait toujours l'impression d'en n'avoir rien à foutre de.. à peu près tout, comme une sorte de désinvolture naturelle et en même temps calculée. Mais forcément, je ne peux pas mettre de côté ce qu'il a fait sur moi, et jme mords la langue souvent pour pas dire que c'est lui qui m'a filé l'aide décisive. C'est qu'avec les Whitmore, il faut toujours essayer de garder une cartouche d'avance, ils ont montré qu'ils pouvaient être capables du pire comme du meilleur. Et d'un autre côté, putain qu'il m'a coûté cher cet enfoiré ! Au début, j'essayais de faire l'effort, j'ai rien amené dans son atelier de merde. Un berger-allemand n'aurait pas sniffé la moindre goutte ou le moindre grain de quoi que ce soit, et finalement, les jours passants, je n'ai plus trouvé la patience d'aller à ma caisse ou traîner aux endroits habituels. J'ai cru que j'étais discret mais petit à petit, mes illusions se volatilisaient avec mes 'coups de pouce' en sachet. Pourtant, c'est pour lui aussi tout ça, c'est pour eux tous quand même que j'essaie de devenir quelqu'un de plus fort, quelqu'un de plus stable. Mais il s'est contenté de tout prendre alors je me suis tiré du jour au lendemain, comme ça. J'ai dû péter une toile ou deux, vierges, dans le départ mais j'aurais pu bien pire. Riley a de la chance que j'ai cette reconnaissance envers lui, parce que sinon je détruisais tout dans son atelier de merde, et lui avec. Je me mords la lèvre et mon regard accompagne celui de Doyle contre ses mains.

▬ Je voulais pas... que tu te sentes abandonné... Je fronce les sourcils et cherche désormais à regarder par la fenêtre de ton âme, sans pouvoir toutefois plonger dans tes pupilles qui me demeurent interdites, tu restes prostré. Doyle, est-ce que tu m'entends, là, à cette seconde ? Je soupire, on sait de toutes façons tous les deux ce qu'il en était, moi pour l'avoir dit crié hurlé pleuré et lui pour l'avoir entendu encore, et encore, et encore. Sur le coup, je ne m'étais pas demandé ce qu'il avait pu ressentir à ce moment-là et dorénavant, la question me vient sans que je ressente l'envie ou le besoin d'y répondre. Je m'en fous, principalement, de ce qu'ils peuvent ressentir. Je n'arrive pas à me sentir concerné ou en mesure d'y changer quoi que ce soit. J'ai absolument plus ce qu'il faut pour servir de béquille émotionnelle pour aucun membre de cette famille.

▬ Je voulais juste... Là, il y a un moment qui est en train de basculer. Est-ce qu'on n'est pas définis par nos intentions, finalement ? Qu'est-ce que tu voulais, quand tu as appelé Riley à Seattle pour oser raconter que j'avais voulu me suicider lors d'une overdose ?  Qu'est-ce que tu voulais, quand tu t'es retrouvé à sortir avec Devon et Rayden pour parler de cure, du moins, étais-tu au courant avant que ça n'arrive ?  Qu'est-ce que tu voulais, quand tu as emménagé à Los Angeles et que tu m'as envoyé ton petit message de merde pendant que j'étais au Mexique ?  Qu'est-ce que tu voulais, quand tu es venu au lieu de rester à la maison ?  Qu'est-ce que tu voulais, quand tu m'as répondu ? Qu'est-ce que tu veux, Doyle ? Qu'est-ce que vous voulez, tous ? Dites-moi ce que je dois faire, qu'est-ce que vous voulez ? ... retrouver mon frère, comme avant...

Je passe la langue sur ma lèvre inférieure, et gesticule sur mon siège comme si la fin de sa phrase venait me brûler le cul. Ma main vient passer presque immédiatement contre sa joue et un sourire conquis envahit mon visage alors que je trouve les mots que je cherchais. Mes doigts passent dans sa nuque pour l'amener un peu plus vers moi en dépit de l'inconfort de la voiture à cet instant-là. Je ricane alors qu'il me dit que je ne conduis pas bien, enfin qu'il trouve que je ne conduis pas bien ; le ricanement passe en un rire un peu nerveux, lui il a compris ! Je lui file une petite baffe avant de l'abandonner à sa place, la main ayant quitté sa cage thoracique. Je passe la main contre mon visage, comme après avoir vaincu un obstacle que je ne pensais plus pouvoir surmonter. C'était compliqué, c'était difficile mais Doyle a compris... Je glisse ma clope dont les cendres tombent à l'extrémité de ma bouche, serrant la partie droite de mes lèvres pour éviter qu'elle ne se faufile.
▬ C'est ça oui... Toi, tu vois, tu es malin ! dis-je en tapotant ma tempe en tournant mon regard vers lui. Il ne faut pas s'enfoncer dans un cul-de-sac, et c'est ça qu'ils veulent, mais nous, on sait bien que ça ne mènera à rien. Je suis là, je tape sa jambe puis repose les mains contre le volant, lui signifiant silencieusement mon intention de reprendre la route, rassuré par ses mots. Et surtout, je reste touché par le fait qu'il soit le seul à avoir vu combien j'avais été malheureux pendant la cure. Et chaque jour qui passe, ce souvenir est plus brûlant encore, comme s'il grossissait à vue d'oeil. Je serre les lèvres. Quelque part, lui confie-je finalement avant de relancer mon petit bijou sur la route. Conduisant à un rythme un peu plus tranquille, j'ouvre mon carreau et profite d'une bouffée d'oxygène. Et un coup sur ma cigarette. Je cale parfaitement mon dos contre le siège et cligne plus longuement des paupières, profitant de bien connaître la route. Est-ce que tu fumes ? que je m'entends dire, essayant maladroitement d'ouvrir la conversation comme pour essayer de faire connaissance avec un inconnu, comme si Doyle avait autant d'infos à me livrer qu'un autostoppeur à peine rencontré, à peine ramassé. Et me rendant compte de la connerie de ma question, je corrige presque tout de suite par un : Bien sûr que non... Quelques secondes de blanc. T'es grand maintenant, tu peux faire ce que tu veux. Quelques secondes de plus, je fronce les sourcils, à la recherche des bons mots. C'est vrai, ça, Doyle, que t'es désolé ? Que tu veux que ça redevienne comme avant ? T'as l'impression d'une question piège, c'en est une.

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MessageRe: petit bébou deviendra grand ▬ Doyle écrit Lun 29 Nov - 2:22
Petit Bébou deviendra grand

Raven & Doyle

Il s'est passé quelque chose. J'ai dit quelque chose, et ton regard a changé. Je fronce légèrement les sourcils quand je sens ta main passer  près de ma joue et instinctivement, je plisse les paupières et grimace, en attendant une claque qui ne vient pas. Ton visage se fend d'un sourire : je ne suis pas sûr. Qu'est-ce qui t'a convaincu ? Es-tu seulement convaincu, d'ailleurs, ou bien est-ce seulement un sourire de façade que tu m'offres, comme ça, avant de me taxer de gamin naïf, comme Riley le ferait. Tes doigts  passent derrière ma nuque, m'attirant un peu plus à toi alors que d'une main, je m'agrippe à ma ceinture de sécurité pour relâcher sa tension et éviter qu'elle ne réveille les douleurs dans mon abdomen. Mon regard se perd dans le tien alors que j'essaye de comprendre un peu plus tes intentions.
Je me suis risqué, sous couvert d'un peu d'humour, à commenter ta conduite mais ça te fait ricaner bêtement, comme si tu t'étais contenté de ne prendre en compte que le trait d'humour mais pas la remarque derrière. Je fronce encore un peu les sourcils en te dévisageant : je n'arrive pas à savoir, là, maintenant, si tu m'en veux encore ou non. Alors, incertain, je ne dis rien, je te regarde simplement.
Et puis celle que je n'attendais plus tombe finalement : une petite baffe qui me fait fermer les yeux et pincer les lèvres. Bordel, Raven ! Tu me relâches alors que je prends sur moi, expirant mon désappointement par les narines. Je ne sais pas si je suis exaspéré par le geste en lui-même ou bien par l'ascendance que je te laisse encore prendre sur moi, malgré les années qui ont passé... Et le fait que nous soyons tous les deux des adultes.
Je relâche la ceinture de sécurité et ma main vient toucher ma joue, plus pour laver l'affront de la petite claque que pour la douleur qu'elle aurait pu laisser. Je t'observe du coin de l'œil, l'air circonspect, à la limite de la méfiance alors que tu glisse de nouveau ta cigarette à tes lèvres, d'un air presque... soulagé, satisfait...?

— C'est ça oui... Toi, tu vois, tu es malin ! marmonnes-tu, le coin des lèvres serré sur ta cigarette pour qu'elle ne s'échappe pas, tapotant ta tempe en me cherchant du regard. Il ne faut pas s'enfoncer dans un cul-de-sac, et c'est ça qu'ils veulent, mais nous, on sait bien que ça ne mènera à rien. ... Ok, mon frère parle presque comme ce genre de complotistes qu'on croise, parfois, dans les transports en commun. Les marginaux persuadés que la terre est plate et que les vaccins sont en fait des micro-puces GPS. Je ne dis rien, mais j'essaye de comprendre qui sont ces ils dont tu parles. Devon, Rayden et Riley ? Je suis là. Tu me tapes la jambe, me faisant sortir de mes pensées dans un sursaut et je t'adresse un regard légèrement courroucé : arrête de me taper, nom de Zeus ! Tu poses tes mains sur le volant et ma contrariété se volatilise au profit de l'angoisse de reprendre la route. Quelque part. Mon regard glisse vers toi, légèrement circonspect. Tu es là, quelque part. Je ne suis pas certain de comprendre exactement ce que tu veux dire par là, mais je perçois ta bonne volonté. Même si ton attitude est assez contradictoire, je sais que quelque chose dans mon discours a fait écho en toi.
La voiture redémarre et, ce n'est peut-être qu'une impression, mais je ressens moins le besoin de me cramponner à la poignée au-dessus de ma fenêtre. Ta conduite me semble un peu plus souple, et surtout, toi, tu ne me sembles plus aussi tendu, comme si notre petite discussion -ou plutôt mon interrogatoire- avait suffit à désamorcer la bombe de ressentiment que tu cachais, quelque part, dans ta tête, dans ton cœur, dans tes tripes.

— Est-ce que tu fumes ? tu me demandes, maladroitement, comme si j'étais un illustre étranger, passager d'un même wagon, avec qui tu échanges quelques mots comme ça, entre deux stations. Mais je ne juges pas : après tout, c'est peut-être ce qu'on est devenu, l'un pour l'autre, après tout ce temps sans se voir, des étrangers. Au moins, tu essayes. C'est maladroit. Mais c'est toi. Et tu essayes, sans chercher à me rejeter. J'inpire, prêt à te répondre, mais tu viens te corriger presque immédiatement, ne me laissant pas l'occasion de décliner cette hypothétique clope que tu aurais pu me proposer derrière cette question. Bien sûr que non...

— Non, je... Je ne fume pas. Je me racle légèrement la gorge, comme pour combler ce silence qui tente de nouveau de s'installer entre nous. ...Je ne bois pas d'alcool non plus, d'ailleurs. Pourquoi je juge bon de le préciser, je ne sais pas vraiment. Peut-être pour te montrer ma bonne volonté, moi aussi, et ne pas demeurer aussi interdit et silencieux.

— T'es grand maintenant, tu peux faire ce que tu veux., dis-tu, comme si tu réfléchissais à voix haute, ou bien c'est une façon de commenter le fait que maintenant que j'ai 21 ans, l'alcool ne m'est plus interdit. A vrai dire, je ne compte pas en boire, même maintenant que je suis dans la légalité. Je n'y trouve aucun attrait. J'acquiesce pourtant, les sourcils légèrement froncés : disons que je suis majeur et que je suis donc un adulte jouissant de tous ses droits. Faire ce que je veux, ça ne veut pas forcément dire que rien ne m'est impossible.

— Techniquement, ça ne change pas grand chose à mon quotidien, mais... Je suis définitivement majeur, oui.

Je te jette un coup d'œil, t'observe alors qu'un nouveau silence s'installe et que tu fronces les sourcils. On n'a jamais vraiment eu le genre de relation hyper fusionnelle où l'on pouvait parler de tout, ce n'était pas vraiment ça, la base de nos échanges. Mais il y avait quelque chose, malgré tout. Dans ta présence. Dans ta nonchalance. Dans ton sourire. J'avais l'impression que jamais rien ne pourrait t'atteindre. Comme la pluie s'écrase puis roule sur la carrosserie lisse d'une voiture, sans jamais adhérer, j'avais le sentiment que tout glissait sur toi. Et ta simple présence, tel un barnum, suffisait pour que mes angoisses, mes problèmes, finalement, ça ne soit plus que de la pluie. De la pluie qui se heurtait avant de glisser et s'échouer au sol.
Aujourd'hui, je crois que j'ai tiré de tes enseignements. Je laisse plus volontiers les choses glisser, ne pas m'atteindre. Mais j'ai l'impression d'avoir puisé dans tes propres réserves.
Tu es là, quelque part.
Aujourd'hui, les rôles sont inversés. C'est peut-être à moi de jouer les barnums, à moi de te soulager par ma simple présence. A moi d'essayer de faire passer cet épisode de pluie...

— C'est vrai, ça, Doyle, que t'es désolé ? Que tu veux que ça redevienne comme avant ?

La question me surprend. J'ai du mal à savoir si tu doutes vraiment ou bien si tu cherches à me faire dire quelque chose. Je fronce légèrement les sourcils, presque vexé que tu me penses capable de mentir et feindre mes sentiments. Je te fixe, en plissant les paupières, d'un air sceptique.

— Bien sûr. Je n'ai pas pour habitude de mentir... , je dirais même que je mets un point d'honneur à tenir ma parole. Je sais bien que... ça ne peut pas tout à fait redevenir comme avant... Je ne suis pas aussi naïf que Riley veut bien se l'imaginer. Parce qu'il y a des choses qu'on ne peut pas changer mais... Oui... J'aimerais que l'on restaure nos liens...
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MessageRe: petit bébou deviendra grand ▬ Doyle écrit Ven 24 Déc - 1:30


▬ Bien sûr. Je n'ai pas pour habitude de mentir... Je sais bien que... ça ne peut pas tout à fait redevenir comme avant... Parce qu'il y a des choses qu'on ne peut pas changer mais... Oui... J'aimerais que l'on restaure nos liens...
▬ Pas l'habitude de mentir... dis-je pour essayer de bien comprendre ce que tu me dis là. Et pour m'en persuader, surtout. Tu n'as pas l'habitude de mentir, est-ce que c'est bien vrai ça ? Est-ce que c'est toujours vrai ? Je pince les lèvres, t'observant tassé dans le siège passager. Je me désigne en tapotant ma cage thoracique du bout de mes doigts, m'enfonçant dans ton regard pour me persuader que tu ne mens pas, non, pour te persuader que je te crois. Doyle... Moi aussi, c'est ce que je cherche et ils ne comprennent pas, ils veulent tout enterrer sans me laisser la moindre chance d'arranger les choses. Tu te rends compte, jusqu'où ils sont prêts à aller, et pourquoi ? Pour quoi ? Je te demande !

Mon regard suppliant t'abandonne, te laissant juste assez de temps pour pouvoir encaisser les informations. Parce que même si t'es d'accord avec moi, faut que je te mette au parfum, faut que je te livre les informations, les détails sur les événements qui ont eu lieu. J'inspire profondément, me sentant souvent au bord d'une brèche sans savoir si j'ai envie de reculer ou d'avancer, si je suis sur le point de m'envoler loin du vide ou d'y plonger sans savoir me raccrocher aux bords. Je serre et desserre le poing, comme pour me préparer physiquement à essayer de ne pas tomber, quand même. Finalement, ça me fait du bien de te voir en vrai et j'ai l'impression que ça fait tellement longtemps.

Je pose les mains sur le volant, te signifiant par la même qu'on va se remettre en route, je démarre et m'insère brutalement sur la route, veillant quand même à ne couper la route à personne. J'adopte une vitesse moyenne, passant de temps à autres devant le nez d'un camion que je juge trop lent pour que l'un de nous soit vraiment gêné. Je ne sais pas quoi dire, putain. À un moment, je passe quand même la main sur mon visage et soupire longuement. Par où commencer pour être sûr de savoir finir ? Finalement, je ricane tout seul et abandonne cette question à la con :
▬ Vraiment pas d'alcool ? Je tourne un regard sur Doyle qui paraît s'être quelque peu détendu et j'accélère vite fait pour prendre une place de parking et je souffle un bon coup avant qu'on ne descende. Je me tortille pour choper un petit sac qui traîne derrière le siège passager. Je le prends sans l'ouvrir et le fous en bandoulière après être sorti, j'y glisse mes clefs puis contourne la voiture, observant Doyle qui descend.

Je le rejoins puis m'appuie contre ma portière, je me sens bien ici. Enfin pas spécialement sur le parking, mais juste là, dehors. Je passe mon bras autour des épaules de Doyle, comme s'il ne sortait pas de l'hôpital. Après tout, il va mieux et il s'en est sorti... Je reprends ma cigarette et la repasse entre mes lèvres, accordant bien trop de concentration au fait de la rallumer après avoir retrouvé mon briquet. Je glisse un nouveau regard vers Doyle :
▬ Moi non-plus je mens pas tu sais... Je, je passe la main sur mon menton puis perds mon regard vers la devanture de l'immeuble, c'est pas facile, tu sais ? lui demande-je dans une question pot pourri, comme si elle pouvait tout comprendre. Pas facile d'avoir échoué avec Devon, pas facile d'avoir détruit ce qui nous liait, pas facile d'avoir pas su tenir sans la spéciale K, pas facile d'y avoir plongé sans plus reprendre mon souffle, pas facile de me retrouver en face de toi... et j'ai quand même l'espoir de réussir enfin à me trouver des alliés. D'abord Riley, et maintenant toi. Un peu d'espoir. Une seconde de pause. Promets-moi, si tu sais tenir ta parole, promets-moi que maintenant que tu es majeur, tu me feras pas un sale coup. Promets que tu vas pas me baiser comme les deux autres l'ont fait, que tu diras rien aux parents. Ma main passe dans ta nuque et je t'amène légèrement vers moi. Promets-le, Doyle. Tout de suite.
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MessageRe: petit bébou deviendra grand ▬ Doyle écrit Jeu 24 Fév - 12:33
Petit Bébou deviendra grand

Raven & Doyle

— Doyle... Moi aussi, c'est ce que je cherche et ils ne comprennent pas, ils veulent tout enterrer sans me laisser la moindre chance d'arranger les choses. Tu te rends compte, jusqu'où ils sont prêts à aller, et pourquoi ? Pour quoi ? Je te demande !

Tassé dans le siège passager, je t'observe prudemment du coin de l'œil, essayant de comprendre où tu veux en venir. Ils ? Il me faut un instant pour déterminer qui sont ces "ils". Je suppose que tu veux parler de Devon, de Rayden, peut-être même de Riley et de la décision commune qui a été prise lors de ton overdose. Je comprends que tu te sentes trahi mais tu sembles oublier la véritable motivation qu'il y avait derrière cette décision peut-être extrême. Tu ne réalises pas.
Je te dévisage, ne pouvant m'empêcher de le relever à quel point tu sembles être l'ombre de celui que j'ai connu : ton visage émacié, ton teint terne et blafard, tes mains osseuses et marquées. Je le sais simplement en voyant ton visage creux et tes traits anguleux : tu as perdu du poids. Ce n'est pas l'image puissante de toi que je gardais en mémoire, jusqu'à te revoir.
J'aurai voulu que tu saches que tu as fait ce que tu pouvais pour nous. J'aurai voulu que tu saches que je comprends ce qui t'a poussé à frapper Devon, ce jour-là. Que j'ai vu à quel point ton impuissance te rendait fou. Est-ce que c'est ça qui t'a fait douter de toi ? Est-ce que c'est ça qui t'a poussé à vouloir trouver cet espèce de paradis artificiel où tu ne serais plus assailli par tes idées noires, par tes regrets ou tes remords ?

— Peut-être que tu en as assez fait... Peut-être qu'ils n'attendent rien de plus de toi que simplement... prendre soin de toi. je hasarde, en te glissant un regard, surveillant ta réaction. Je sens que ça ne t'a même pas traversé l'esprit que cette décision peut-être extrême était probablement bienveillante. Peut-être qu'ils se sont sentis impuissants. Et que sur le coup, ça ressemblait à la meilleure option...

J'essaye de capter tes pensées au fond de tes pupilles : est-ce que tu réalises que cette ténacité est en quelque sorte une preuve que notre fratrie n'est pas encore réduite en cendre ? Parce qu'à mon sens, il n'y aura plus d'espoir pour nous quand il n'y aura plus que de l'indifférence entre nous. Et ça n'est pas le cas. Chacun, à notre manière, nous nous soucions des autres.
Même toi. Même si c'est à ta manière.
Tu es là. Même si tu sembles penser que je sors d'une simple opération des dents de sagesse. Je ne t'en blâmes pas. Je ne t'accablerai pas non plus. Parce que je sais que tu te braquerais et que ce n'est pas ma manière de communiquer. Je suis peut-être le moins impulsif de la famille et c'est sans doute ce qui fait que je m'entends avec chacun d'entre vous.

La voiture se remet en route et plusieurs fois je serre la mâchoire et me crispe sur mon siège. On a du mal à lancer une conversation mais tu finis par me poser une question maladroite et ma réponse semble t'amuser. J'ai l'impression que tu me découvre pour la première fois. Je réalise que tu ne m'as pas vu grandir. Ma confidence concernant l'alcool semble autant te surprendre que t'amuser.

— Vraiment pas d'alcool ? tu ricanes, comme si je pouvais simplement te dire des paroles comme ça, sans que ça soit authentique. J'ai l'habitude d'avoir ce genre de réaction : c'est toujours surprenant, apparemment.

J'acquiesce avec une esquisse de sourire aux lèvres. Je me demande si tu te rends compte que cette décision, je l'ai prise il y a bien longtemps à cause de ce qui s'est passé pour Devon.

Une fois garé, nous sortons de ta voiture -j'essaye de cacher mon soulagement de retrouver la terre ferme sous mes pieds...- et tu passes immédiatement une cigarette à tes lèvres.

— Moi non-plus je mens pas tu sais... Je... c'est pas facile, tu sais ?

J'arque un sourcil interrogatif : qu'est-ce que tu veux dire ? Je te laisses poursuivre sans t'interrompre. Au contraire, je t'encourage d'un faible sourire en acquiesçant : je ne te mets pas la pression, grand-frère...

— Promets-moi, si tu sais tenir ta parole, promets-moi que maintenant que tu es majeur, tu me feras pas un sale coup. Promets que tu vas pas me baiser comme les deux autres l'ont fait, que tu diras rien aux parents. Je fronce les sourcils et ta main passe derrière ma nuque alors que tu m'attires à toi, en insistant. Promets-le, Doyle. Tout de suite.

Je cherche ton regard, pas vraiment satisfait de me retrouver dans cette situation où clairement tu me fais un chantage que je n'apprécie pas. Faire une promesse que je ne pourrais pas tenir, c'est le genre de chose qui me ferait buguer. Je ne dirais pas ce que tu attends mais je ne te laisserai pas croire que je me défile. Ne lâchant pas le noir de tes pupilles étrangement dilatées, je te réponds fermement :

— Je ne te laisserai pas tomber, je te le promets. Ce n'est pas exactement ce que tu attends, mais c'est ce que je peux réellement te promettre. Et ça veut dire que je mettrai ce qu'il faut en œuvre pour pas te laisser sombrer jusqu'à la noyade.
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MessageRe: petit bébou deviendra grand ▬ Doyle écrit Ven 25 Fév - 2:14


— Peut-être que tu en as assez fait... Peut-être qu'ils n'attendent rien de plus de toi que simplement... prendre soin de toi.

Mes lèvres dessinent un sourire sur lequel je peins un air de défiance à l'encontre de mon jeune frère. Prendre soin de moi ? Pourquoi je ne saurais pas le faire ? Je n'ai pas de limite, je peux aller plus haut que vous tous réunis, je peux ressentir plus fort que chacun d'entre vous. J'inspire profondément, prêt à lui communiquer cette certitude qui m'a traversé lors de l'explosion du Centre Commercial, celle que je ne risquais rien. À aucun moment, je n'aurais pu mourir parce qu'il y a une sorte de force qui me protège, quelque chose qui me rend invulnérable face à ces événements meurtriers et malheureux. Il y a une sorte de protection naturelle qui fait que je ne pourrais pas mourir, un bouclier qui se renforce de jour en jour, et je suis le seul à avoir la clef de ma vie entre les mains, je suis le seul à pouvoir tout décider.

Finalement, je lève les yeux avec un peu trop de condescendance, réalisant que Doyle a été convaincu à un moment donné que j'avais besoin de cette « aide » ? Que j'avais un réel problème persistant ? Quand bien même ce serait le cas, je suis le seul à pouvoir le gérer, et ce n'est qu'une question d'ajustement, je ne suis pas comme ces malades qu'on voit dans la rue, à sauter sur tout et n'importe quoi, ces gens qui ne sont que les ombres d'eux-mêmes. Moi je ne suis pas comme ça.

— J'ai pas besoin d'être coincé entre quatre murs pour ça tu sais... Je sais parfaitement ce que je fais, depuis le début, lui dis-je en accentuant le sourire, plongeant mon regard dans le sien, un sentiment de tristesse me gagnant, comme si j'étais en train de me donner des coups, trop forts pour que je puisse tout encaisser. Au début, je savais oui. Je savais. Je sais, je savais, je sais ?
— Peut-être qu'ils se sont sentis impuissants. Et que sur le coup, ça ressemblait à la meilleure option...
— Bah... ça l'était pas... dis-je dans un ricanement un peu lointain, laissant mon regard se balader ailleurs. Parce que clairement, ça l'était pas. Je sais pas encore s'il y a une clef magique pour rétablir tout ce qui a été cassé, tout ce qui a été changé, j'aimerais bien la trouver aussi. Mais ça, ce n'était pas ce qu'il fallait faire. Non, surtout pas... Maintenant loin de là-bas, et comptant un voir deux alliés à mes côtés, je me sentirai bientôt prêt. Bientôt prêt pour me remettre debout sur mes jambes et affronter ceux qui me veulent du mal.

On descend enfin de la voiture et je me félicite d'une petite cigarette, sans interroger Doyle du regard à ce sujet, je fumais déjà à la maison de temps en temps. Ce n'est pas une cigarette de temps en temps qui va nous tuer. Je balance la tête en arrière, observe la course de quelques nuages au-dessus de nos têtes. Et je te demande une chose, je te demande une seule chose à cet instant, la plus importante. Je ne veux que ta parole, ta parole que tu seras toujours de mon côté, que tu ne me laisseras pas quand j'aurai besoin de toi, quand ta parole sera requise... je me mords la lèvre et te fixe en attendant que tu libères cet instant.

— Promets-moi, si tu sais tenir ta parole, promets-moi que maintenant que tu es majeur, tu me feras pas un sale coup. Promets que tu vas pas me baiser comme les deux autres l'ont fait, que tu diras rien aux parents. Promets-le, Doyle. Tout de suite.
— Je ne te laisserai pas tomber, je te le promets.
— Ouais, ça c'est mon ptit frère, dis-je soulagé en passant simplement ma main contre son épaule.

Je me redresse puis enfouis une main dans ma poche, profitant de quelques secondes avant de rentrer. J'écrase l'extrémité de ma clope sur le bitume et une fois qu'elle est bien éteinte, je la glisse au-dessus de mon oreille. Je passe un bras derrière les épaules de Doyle puis lui demande s'il sait jouer au billard. Je lui propose une petite partie, appuyant sur le fait que l'endroit soit « tranquille » et enchaîne sur le fait qu'on ira se promener après. J'entre le premier, l'endroit paie pas de mine. Des habitués nous saluent d'un signe de tête, d'un signe de la main et on nous propose une « revanche » pour l'autre jour. Je me penche sur Doyle et lui demande amusé s'il veut se faire vingt dollars faciles. Mais avant :
— File-nous une bière et un truc sans alcool... tu veux quoi ? Demande-je en me tournant vers Doyle. Je passe la main sur mon visage puis cherche du regard les tables tapissées de vert. Ma main saisit le poignet de Doyle pour l'amener vers moi : Tu sais jouer au moins ?
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