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Santana n’était pas une femme romantique. Pas du tout même. Enfin, c’est ce qu’elle clamait haut et fort, le revendiquant même comme une fierté histoire d’être à contre-courant de la plèbe comme elle avait toujours aimé l’être, mais au fond… c’était un véritable cœur d’artichaut. Adorable de voir à quel point elle était niaise dès que Keith entrait dans une pièce et qu’il ne faisait rien d’autre qu’exister. Elle fondait littéralement quand elle le voyait avec leurs filles en train d’exercer son rôle de père le plus naturellement du monde. Bien qu’ils se connaissent depuis deux éternités, elle n’éprouvait aucune lassitude en l’admirant de longues heures durant ou en se satisfaisant des moments simples passés en sa compagnie. Oh bien sûr, orgueilleuse comme elle était, jamais elle ne lui confesserait la profondeur de son amour, continuant ce petit jeu installé durant leur adolescence et qui n’avait plus de sens à leur âge. Mais il n’empêche que Santana Montgomery en pinçait gravement pour Keith Johnson depuis la nuit des temps et qu’elle le vivait plutôt mal chaque fois qu’il trouvait chaussure à son pied. Sa plus grande crainte était, qu’un jour, l’une de ces histoires de passage perdure. Fort heureusement, une telle chose n’était jamais arrivée.

Tout ceci pour dire que, afin de préserver sa réputation, Santana avait décidé de bouder publiquement la fête des amoureux qui se profilait. Ses filles n’en pouvaient plus de l’entendre ronchonner chaque fois qu’elles passaient devant une affiche publicitaire à l’effigie de l’amour ou quand elles entendaient des pages de pubs sur le sujet à la télévision. Solange et Fleur ne comprenaient pas bien l’attitude de leur mère — leur père avait oublié de l’inviter quelque part ou d’organiser quelque chose pour qu’elle réagisse aussi froidement ? Les choses étaient si floues pour les fillettes que la deuxième de dix ans se risqua un jour à demander : « Mais c’est pas papa ton Valentin ? » Santana avait piqué un fard puis grommelé : « Si, si… Mais avec ton père c’est compliqué, allez oust ! Va te coucher ! » Les fillettes avaient ri en allant au lit, trop heureuses d’avoir mis leur mère dans l’embarras, mais surtout face à ses contradictions. Un fait que Solange souligna plus tard, le jour J en voyant sa mère affairée en cuisine. « Je croyais que tu fêtais pas la Saint-Valentin. » Chafouine, Santana ripostait tout en préparant ses amuse-gueules : « Je fête pas la Saint-Valentin. » Malheur à elle ! Sa fille ne lâchait pas l’affaire : « Alors pourquoi une baby-sitter vient ce soir pour nous ? Tu vas voir papa ? » Santana lui jeta un regard noir lourd de sens, lui demandant de déguerpir. Solange fuyait en riant parce qu’elle savait qu’elle avait tapé dans le mille. Sa mère était effectivement en plein préparation d’un panier-repas pour un petit pique-nique nocturne surprise avec Keith sur les hauteurs du Hollywood Sign. La vue était à tomber là-bas au moment où le ciel offrait à la Terre ses derniers rayons journaliers. Que c’est romantique.

Dix-neuf heures. Si bien des femmes revêtaient pour cette soirée leurs plus beaux habits d’apparat, Santana portait encore sa fidèle robe noire accompagnée de son châle blanc orné de fils dorés. Son cou n’était pas en reste avec la panoplie de colliers qu’elle portait, décorée de lunes et d’étoiles. Il n’y avait que sur le maquillage qu’elle s’était fait plaisir, allant de pair avec sa tenue bien évidemment. Après avoir dit au revoir à ses filles (qui la toisaient d’un œil amusé) et donné ses dernières consignes à la baby-sitter, la mère de famille quittait enfin son domicile avec son panier-repas bien garni pour une visite inopinée. Elle n’avait pas besoin d’aller bien loin pour rejoindre la maison de Keith puisqu’il vivait dans le même quartier — en quinze minutes à pied, c’était plié. Arrivée à sa porte, elle ne tarda pas à sonner, se parant de son plus beau sourire quand il l’ouvrit et qu’elle le découvrit derrière la porte. Dieu merci pour tout le monde, elle ne remarquait pas la tournure niaise que son rictus avait prise au moment où son cœur s’était emballé à la vue de Keith. Pas de bonjour ni rien, ils avaient dépassé ce stade. « T’es libre ce soir ? » demandait-elle sobrement avant de montrer son panier-repas. « Je t’invite. Ça fait longtemps qu’on est pas sorti tous les deux. Tu crois pas ? » La faute à elle et de son travail qui lui prenait de plus en plus de temps. « Y a tout ce que tu aimes dedans. Normalement. » Sourire plus discret, légèrement timide. Solange et Fleur auraient payé cher pour voir leur mère à cet instant. Une vraie midinette.

ft. @Keith Johnson
— Hollywood Sign · Los Angeles · Feb. 14th, 2023.
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Cactus

For a thousand years

Terré dans son appartement, Keith s’affala mollement sur son canapé. Peu attaché à la thématique de la Saint-Valentin et de son désir commercial d’attiser un maximum de couples à la consommation d’articles divers et variés, il s’apprêtait à passer ce quatorze février, seul, sans doute devant sa télévision. En somme, un planning peu ragoûtant pour la fête des amoureux. À ses yeux, l’amour se partageait au quotidien. La passion se consommait et s’entretenait tout au long de l’année ! Il n’avait aucunement besoin d’un jour spécial pour déclarer sa flamme à travers divers gadgets. Son idylle n’était pas commune au commun des mortels. Sa relation avec Santana différait des standards et des normes établies par cette société… Ils avaient, eux-mêmes, établis leur propre code, leur propre définition de l’amour, en se privant des déclarations amoureuses. Un seul, je t’aime et l’orgueil de Johnson s’effondrait. Cette stupide promesse entre les deux amants nuisait à cet amour passionnel… Keith, au fils des années, avait trouvé divers subterfuges pour contourner cette barrière. Ses caresses et ses actions remplaçaient les mots interdits. Il les savourait, les sublimait pour éviter des déclarations enflammées et émotives, qui le condamnerait à perdre sa fierté. Nonchalamment, son pouce zappait les chaînes à la recherche d’un quelconque programme intéressant. Pour célébrer cette belle fête, divers films à l’eau de rose étaient diffusés… Inexorablement, un profond soupir de dépit s’éleva. Quelle torture que de devoir subir l’amour parfait entre deux inconnus, alors que son propre amour était loin de soi… Décidément, le marketing laissait à désirer…

La sonnette de son appartement retentit et le sauva de cet ennui mortel. Immédiatement, ses sourcils se froncèrent. Cette visite incongrue n’était pas prévue au programme. Avait-il oublié quelque chose ? Activement, ses doigts empoignèrent son portable. Aucun message… Aucune urgence… Rien ! Un soupir de soulagement s’extirpa de ses lèvres. Vivement, il s’en alla ouvrir. Le cliquetis du verrou s’entendit et un ange se dévoila à lui. Santana muni de son habituelle robe noire ainsi que de son châle à fils dorés se tenait devant lui. Inconsciemment, un sourire étira son visage. Il ne put réprimer cette joie, qui naissait au creux de ses tripes à chaque fois qu’il l’apercevait. Abandonnant, à regret, son visage, ses iris se posèrent sur le panier qu’elle transportait à bout de bras. Décidément, la Saint-Valentin prenait une tournure inattendue pour ce cher Keith. Une profonde niaiserie illumina son visage, émotion qu'il ne tenta pas de dissimuler. Elle n’avait besoin que d’un seul sourire pour plier Keith à la moindre de ses demandes. Cette légère timidité fit exploser son cœur en une myriade de papillons. « Je crois que je peux dégager un peu de temps pour toi. » Keith adorait taquiner Santana. D’ailleurs, son romantisme ne lui échappa pas. « Je ne te connaissais pas aussi romantique. » Roucoula-t-il, goguenard. Il n’en perdait pas une ! « Mais comme tu t’es donné beaucoup de mal. Je vais m’habiller. Rentre. » Son bras l’invita à pénétrer dans son appartement. Il n’y avait rien d’extravagant. Keith était un homme simple. « J’ai fait du thé glace aux fruits rouges et au miel, si tu veux. Il est au frais. » Une simple invitation pour la mettre à l’aise. Sans perdre une minute de plus, Keith délaissa son habituel jogging et enfila un jean. Rien d’extravagant. Une tenue propice et détendue pour sortir avec sa chère et tendre.

Une fois paré, il s’extirpa de sa chambre et enfila ses chaussures, recouvertes, ici et là, de quelques résidus de miel. À nouveau, son regard se portait sur Santana. Toujours aussi transporté par l’euphorie de cette surprise, Keith s’avança vers elle et glissa ses bras autour de sa taille. Ce contact raviva l’entièreté de son corps. Sa chair. Sa peau. La moindre parcelle de son corps réveillait en lui cette flamme éternelle. Leurs souffles se mêlaient. Cette proximité séduisante l’enivrait. Keith avait une envie furieuse, galopante, de rattraper ce temps perdu avec elle. « Tu m’as manqué. » Son regard abandonna ses prunelles et se perdit sur ses lèvres. Le désir de l’embrasser était palpable. Kaith ne la lâchait pas. Pour contenir cette avidité, il humidifia ses lèvres et mordit légèrement sa lèvre inférieure. Finalement, pour briser cette tension, Keith offrit son bras à Santana et les deux tourtereaux sortirent de son appartement. « Où m’emmènes-tu pique-niquer ? D’ailleurs, tu as prévu une baby-sitter pour les filles ? Comment elles vont ? » Keith la bombardait de questions. Lorsqu’il remarqua un tel comportement. Il étouffa un rire. « Désolé… Je m'affole... »

@Santana Montgomery ♡

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Un grognement. C’est ce que Keith arriva à arracher à Santana quand il osait affirmer avec son petit air insupportable, mais néanmoins séduisant qu’il ne la savait pas aussi romantique. Quelle plaie ce type ! Et pourtant Dieu que Santana l’aimait. À en perdre définitivement la tête. Elle ronchonnait, mais elle adorait qu’il vienne la piquer. Avant d’être l’homme qu’elle aimait, son amant et le père de ses enfants, Keith était son meilleur ami — le seul et l’unique — alors encore heureux qu’il osait encore la titiller pour que jamais cette flamme entre eux ne s’éteigne. « Dis pas de bêtises aussi grosses que toi, je suis pas romantique ! » ne manquait-elle pas de répondre avec son air bougon alors qu’elle filait dans la cuisine. Elle voulait faire la peau à Keith, mais avant d’apparaitre dans les pages faits divers du LA Times… Une petite tasse de son excellent thé. Keith avait vraiment de l’or dans les mains et elle était très fière de lui — son miel se vendait comme du petit pain et il le méritait amplement parce qu’il n’y avait pas meilleur que lui. ….Quoi ? Oui son avis était peut-être biaisé et alors ? En tout cas, jamais avare en compliments, Santana ne manquait pas de lui rappeler, assez fort comme il était parti dans sa chambre pour s’habiller. « Ton miel est encore à tomber, Kit. Tu devrais les vendre plus cher à tous ces bobos, ils t’en prendront quand même des caisses. » Elle étouffait un rire avant de prendre une gorgée de son thé.

Son cœur s’éveilla, enflammant l’entièreté de son corps lorsque Keith eu la merveilleuse idée de venir l’enlacer. Elle se blottissait contre lui le plus naturellement du monde après avoir posé sa tasse sur le comptoir de la cuisine. Ses bras trouvèrent une place autour de sa nuque qu’elle caressait avec une tendresse non dissimulée, laissant parfois le bout de ses doigts rencontrer ses cheveux. Santana le dévorait des yeux. Elle s’abreuvait de lui jusqu’à l’ivresse chaque fois que son souffle rencontrait sa peau et se mêlait au sien. Ils auraient pu rester là des heures durant et s’abandonner dans les bras de l’un et de l’autre cela ne l’aurait pas dérangé le moins du monde. « Tu m’as manqué aussi, gros bêta. » Elle ne pouvait pas s’empêcher de rester dans ce rôle de la femme détachée que rien n’atteignait, pas même ses sentiments. Santana pouvait prétendre autant qu’elle voulait, la tension entre eux parlait pour elle. Keith n’était pas le seul à rêver d’un baiser — la médium voyait déjà ses lèvres s’écraser contre les siennes et s’emporter dans un panache de passion. Elle avait envie de lui. Sa respiration s’était même légèrement accélérée à cette pensée, sentant des flammes tapisser le bas de son ventre, mais cette envie resta au stade de fantasme puisque Keith les ramena à la raison. Troublée, elle prit son bras. Difficile de revenir sur terre après avoir vogué brièvement dans le royaume des rêves. « Euh… Je voulais aller sur les hauteurs de la ville au niveau des falaises ! La vue est magnifique là-bas. Avec le coucher du soleil, ça sera le pied. » Elle était putain de romantique. Heureusement qu’il y avait la surprotection de Keith pour la faire changer de sujet et s’amuser de lui. En le suivant hors de son appartement avec son panier à la main, elle affirmait avec sarcasme : « Bah bien sûr que non ! Je les ai laissé toutes seules en plein rituel satanique. D’ailleurs je crois qu’elles ont prévu des séances de ouija et après une bonne possession elles vont faire la teuf. » Santana pinçait ses lèvres entre elles en le regardant, sans parvenir à retenir son rire très longtemps. « Bien sûr que j’ai appelé une baby-sitter ! T’inquiètes pas, papa poule. » Elle embrassait sa joue, partant à son bras vers les hauteurs non loin du célèbre signe Hollywood.

Une fois sur place, Santana remarquait sans surprise qu’ils n’étaient pas les seuls à avoir choisi ce spot pour cette soirée si spéciale. Mais elle, elle continuait de monter un peu plus parce qu’elle connaissait un coin largement plus intimiste et verdoyant. Ils surplombaient la ville, mais aussi les couples en contrebas, perchés sur leur renfoncement. « Y’aura personne pour nous enquiquiner, là ! » affirmait-elle en sortant de son panier la couette plutôt épaisse qu’elle avait ramenée avant de l’étendre sur le sol en terre battue, clairsemé de touffes d’herbes ici ou là. Elle retirait ses chaussures et s’asseyait en tailleur. Elle sortait de son panier magique une bouteille de champagne et deux coupes qu’elle montrait à Keith avec un grand sourire : « On trinque aux deux chtarbés que nous sommes ? » Elle rayonnait en présence de l’être aimé. Des soirées comme celle-ci… Elle en voulait un millier.

ft. @Keith Johnson
— Hollywood Sign · Los Angeles · Feb. 14th, 2023.
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Cactus

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