Quelques jours déjà que Matteo est de retour en ville mais seulement une journée qu'il a repris le travail. Quel ne fut pas sa surprise lorsqu'il se rendit compte qu'il bossait en réalité avec Cassia une amie d'enfance, la meilleure amie de son ex de l'époque et même la jeune femme qu'il avait embrassé alors qu'il était avec une autre fille. Cette relation qu'il avait regretté de ne pas avoir continué. Tout un tas de souvenirs lui étaient revenu en mémoire lorsqu'il l'avait reconnu et il avait eut bien du mal à se recentrer pour se mettre au boulot. Mais c'était quand même quelque chose d'exceptionnel et rapidement Matteo avait réussit à se concentrer à nouveau, faisant son travail comme il se devait de le faire.

La journée était passée assez vite sans doute bien plus qu'il ne l'aurait pensé et comme souvent dans ce genre de service, Matteo c'était vu dans l'obligation d'inviter tous les membres de son unité à prendre un verre après le boulot. Il s'y était plié sans aucun problème, après tout ce n'est pas si mal de pouvoir boire un verre et passer un petit moment avec les collègues ça arrange aussi les relations qui peuvent être tenues et ça aide à se faire apprécier que de suivre la tradition.

Ils étaient donc tous au bar et Matteo avait offert sa tournée générale. Tout le monde discutait tranquillement, parfois de Matteo histoire d'en savoir plus sur lui parfois d'autres membres de l'unité. Mais ce soir Matteo reconnaissait qu'il avait bien du mal à soustraire son regard de Cassia. Elle avait beau être sa collègue maintenant il ne pouvait s'empêcher de l'admirer se demandant bien où elle en était dans sa vie. Peu être était t'elle mariée, peu être avait d'elle des enfants, quoi que si c'était le cas elle ne serait peu être pas là en train de boire un verre mais serait retourner chez elle récupérer ses enfants.

Ce matin en me levant je m’attendais à passer une journée ordinaire au travail. Mais cela n’avait pas été du tout le cas. Et pour cause, le nouveau collègue de travail dont tout le monde évoquait l’arrivé depuis quelques jours ne l’était pas si inconnu ou nouveau que cela. Il s’agissait de Matteo Stevens. Un ami d’enfance. Et cela avait été un petit peu plus à une époque. Une époque un peu floue, étrange car Matteo sortait avec une de mes meilleures amies. Mais cela ne nous avait pas empêché d’échanger quelques baisers. Oui à l’époque les sentiments naissants avaient été plus forts que la raison. Je dois bien avouer quand le voyant arriver, j’avais été un peu surprise. Car oui je l’avais bien entendu reconnu à la seconde où je l’avais vu. Une fois la journée terminée, Matteo avait invité tout le monde, du moins les personnes travaillant dans la même unité que lui à aller prendre un verre. Et tout le monde avait accepté. Déjà car c’était une proposition des plus sympathique et car ce genre de moment était souvent bien apprécié par toute l’unité, surtout après une journée de travail. Bien que cette dernière fut relativement tranquille.

Une fois là-bas, Matteo paya une tournée générale et tout le monde discutait un peu avec tout le monde. Je vins m’approcher de Matteo, lui adressant un léger sourire « Alors, qu’est-ce que ça fait de revenir après toutes ces années ? » juste une petite question par curiosité, et aussi pour faire un peu la causette. Après tout il avait eu la gentillesse de payer un verre à tout le monde, la moindre des choses était de parler un peu avec.

Matteo avait bien profité en bossant à New York et d'autres endroits, ça lui avait profité et il pensait maintenant que revenir dans sa ville d'origine c'était presque normal. C'est donc pour ça qu'il avait accepté et même s'il n'est pas très famille, revenir dans cette ville qui l'a vu grandir c'est bien. Il s'est éloigné suffisamment longtemps pour ne pas être ennuyé par des gens qu'il connait, par des amis qui ont besoin qu'on leur fasse sauter un Pv et autre contravention. Il a au moins l'avantage d'être approché par des gens qui n'ont pas besoin de lui parce qu'il est flic. Et il faut dire que la question que Cassia vient de lui poser est légitime. Il la regarde un instant avant de lui répondre un léger sourire sur les lèvres. "- Ca fait étrange en fait et encore plus de bosser avec toi. J'ignorais à l'époque que tu voulais entrer dans la police." c'est vrai qu'il l'ignorait complètement parce que les choses auraient pu se passer autrement entre eux, cette relation qui n'en était pas une aurait pu continuer si elle l'avait suivit pour ses études, s'il avait su qu'elle pourrait le retrouver voir même faire le même genre d'études que lui. C'est vraiment dommage, ils auraient pu être proches, bien plus qu'ils ne l'ont jamais été. Il aurait pu s'investir dans une relation s'il avait su qu'elle pourrait le mener quelque part. Il bu un peu de son verre tout en attendant la réponse, levant les yeux vers l'un des collègues qui faisait signe qu'il partait pour le saluer.

La soirée battait à son plein, certain collègue s’apprêtaient à terminer leur verre et à quitter le bar pour rentrer chez eux. Quant à moi j’avais décidé d’aller parler un peu avec Matteo.  Par curiosité je lui avais demandé ce que ça lui faisait de revenir ici après toutes ses années. Le jeune homme m’avoua que cela faisait étrange. Je voulais bien le croire, d’ailleurs le début de sa réponse me fit légèrement sourire. Comme si je m’attendais à cette réponse là justement. Matteo ajouta également que travailler avec moi lui était d’autant plus étrange. Cela pouvait se comprendre aussi. Tout en lui adressant un léger sourire, car encore un peu amusée par sa réponse je répondis ensuite « En fait, je me suis décidée au cours de ma dernière année au lycée. Il était loin d’être trop tard, alors j’ai poursuivi dans cette voie et je ne regrette absolument pas ». Je savais que j’avais fait le bon choix, j’aimais mon travail, j’aimais ce que je faisais. Entre temps, je pu entendre la sonnerie de mon téléphone qui indiquait que je venais de recevoir un message. Mais discutant avec Matteo je ne pris pas la peine de sortir l’appareil. Ca attendrait. Certains collègues commençaient maintenant à partir. « Si un jour on m’avait dit qu’on travaillerait ensemble, je n’y aurais certainement pas cru une seule seconde » dis-je en souriant. Oui étrange le destin quand même. « Et New-York alors, c’est comment ? » Ca devait être sans doute bien différent d'ici.

Matteo était content de pouvoir parler avec elle en dehors du travail et surtout de pouvoir élucider quelques points dont il ignorait tout à l'époque où lui avait quitté la ville pour suivre ses études à l'autre bout du pays. Il ne pu lui répondre qu'avec un sourire, écoutant ce qu'elle venait de lui dire et comprenant que comme lui elle était passionnée et elle n'avait pas prévu de tomber dedans comme on dit. "- L'important c'est de trouver sa voie" et c'était bel et bien ce qu'il pensait réellement et tant pis s'il ne l'avait pas su à l'époque après tout c'était l'avenir de Cassia par le sien.
Ca fait tout de même étrange de bosser avec elle, la ville est grande il aurait pu tomber n'importe où ailleurs que dans le commissariat que celui où elle bossait. "- Tu peux répondre tu sais." qu'il lui dit parce qu'il avait entendu la sonnerie et que le fait qu'elle réponde ne le dérangeait pas le moins du monde, après tout elle avait peu être quelqu'un d'important qui cherchait à la joindre. Et comme elle lui parla à nouveau il répondit à ce qu'elle venait de lui demander. "- C'était tout l'opposé d'ici. C'était différent, c'était cool et c'était une belle expérience. Et toi t'es toujours resté ici ou bien t'as bossé un peu ailleurs ?" c'est intéressant d'en savoir un peu plus sur elle tout de même.

Alors que certain collègue commençait à dire au revoir, afin de rentrer chez eux, retrouver leur famille ou tout simplement retrouver leur confort de leur domicile, j’avais décidé d’échanger quelques mots avec Matteo. Il m’avait fait part de sa surprise quant à mon choix de carrière alors je lui avais brièvement expliqué quand j’avais eu cette vocation et quand je m’étais décidé de poursuivre cette voie. Et quand la sonnerie de mon téléphone se fit entendre, pour prévenir de l’arrivée d’un message, Matteo me dit que je pouvais répondre. Je compris rapidement de quoi il faisait allusion. « Non, ça peut attendre » dis-je brièvement. J’étais persuadée de connaitre le destinataire de ce message de toute façon. Et puis je venais de demander à Matteo comment c’était New-York. Je voulais donc ma réponse. Et puis je souhaitais aussi tout simplement avoir une conversation sans être interrompue. Bon pour le coup c’était déjà raté mais sait-on jamais. Ça allait pouvoir se faire pour la suite. J’écoutais donc la réponse de Matteo attentivement. Différent ? Cela je voulais bien le croire. Matteo me posa à son tour une question. « Non je suis toujours resté ici » dis-je simplement. « Ta famille doit être heureuse de ton retour j’imagine » Après tout qui ne serait pas heureux de revoir un fils, un frère, un membre de sa famille tout simplement, revenir dans sa ville natale ?

Matteo pensait qu'elle pouvait répondre à ce coup de fil sans aucun soucis, d'ailleurs il s'en fichait un peu, après tout chacun avait sa vie et Matteo n'en connaissait que très peu sur ses nouveaux collèges. Certains étaient déjà parti d'ailleurs et d'autres semblaient faire un peu bande à part, ayant trouvé d'autres visages plus connu ou plus intéressant. Quoi qu'il en soit Matteo avait fait son travail, il avait payé son coup à tout le monde, ceux présents du moins et tant pis si certains ne restaient que le temps d'un verre.

La discussion avec la jeune femme semblait tout de même assez passionnante puisque plus aucun des deux ne bougeait. Cassia lui dit qu'elle n'avait pas bougé, contrairement à lui qui semblait avoir la bougeotte ne sachant même pas s'il resterait ici longtemps ou pas. Cela dépendrait très certainement du travail et de la manière dont tout cela se passerait. "- Ouais." dit t'il avec un sourire avant d'ajouter "- Disons que cette fois-ci je n'aurai plus l'excuse de la distance pour refuser de passer les voir pour les divers évènements familiaux." combien de fête de noel il avait pu rater, combien d'autres moments aussi. Ne prenant des vacances ou quelques jours que pour des évènements bien plus important, comme le mariage de son meilleur ami d'enfance. "- Et sinon ça va pour toi, je veux dire tu n'as pas eu trop de difficulté à te faire ta place ?" sous entendant bien entendu qu'il y avait des problèmes d'intégration parfois pour les femmes dans ce milieu.

J’avais supposé que la famille de Matteo devait être heureuse de le voir à nouveau en ville. Et sa réponse me fit sourire de bon coeur « Je vois » dis-je amusée. Et dans la discussion, mon téléphone avait sonné une seconde fois. J’avais ignoré la sonnerie qui indiquait que je venais de recevoir une fois encore un message. Mais dans la foulée, l’appareil résonna pour me prévenir d’un appel cette fois-ci. Cela commençait un peu à m’agacer de ne pas pouvoir parler sans interruption, et pour Matteo avec qui j’étais en train de discuter, cela ne devait sans doute pas être très agréable non plus. « Excuses-moi » dis-je simplement en prenant mon téléphone portable de la poche dans laquelle il était rangé. Je quittai alors ma chaise pour me lever et faire quelques mètres pour m’éloigner tout en décrochant. Je n’avais même pas pris la peine de regarder qui appelait. A cette heure là, je n’avais aucun doutes. Il s’agissait de Julian. Et à peine décroché, ce dernier commença un long monologue. Me demandant dans combien de temps j’allai rentrer, me reprochant plus ou moins de ne pas être rentré directement après le travail. Ce genre de remarque avaient le don de m’agacer d’autant plus que la plupart du temps c’est lui qui restait tout le temps au travail. Son travail et encore son travail, Julian ne vivait que pour cela. Alors cette remarque n’était pas du tout le bienvenue. Je répondis alors brièvement que je ne savais pas quand j’allai rentrer et que par conséquent nous ne nous verrons pas ce soir. Et sans plus attendre je le saluai et raccrochai. Je mis rapidement mon téléphone sur silencieux afin d’avoir la garantie d’être tranquille pour le reste de la soirée. Je revins ensuite vers Matteo lui adressant un léger regard qui voulait dire "désolé". Je fis ensuite signe au barman de me servir un second verre « Tu veux un autre verre ? C’est moi qui offre cette fois-ci » demandai-je à Matteo.

Vu que ce moment au bar n'était pas prévu, Matteo comprenait que le téléphone de ses collègues pouvait sonner plusieurs fois comme le faisait celui de Cassia. Même si au début elle ne semblait pas vouloir répondre, il comprit rapidement qu'elle allait finir par le faire tout simplement parce qu'elle devait en avoir marre de l'entendre sonner ou vibrer avec insistance. Il y avait peu être quelque chose de grave et il valait mieux qu'elle réponde, tout de même. Il était loin de s'imaginer que la personne qui l'appelait il la connaissait mais qu'en plus cette dernière était insistante et se permettait même des remarques déplacés. Tout ce qu'il remarqua lui, c'est qu'il n'avait pas eu sa réponse et qu'il ne l'aurait sans doute jamais sauf si bien sur il reposait la question. Cassia s'excusa du regard et Matteo lui offrit juste une sourire de compréhension. "- Si tu veux !" et il fit une légère moue avant d'ajouter "- Des soucis ?" c'était possible, mais en même temps elle se serait pas revenu boire un verre et surtout en commander un nouveau. Quoi qu'avec les femmes il ne faut pas trop se poser de question. En tout cas lui n'était pas pressé de rentrer puisqu'il était seul et que la seule chose qu'il ferait ce soir c'est un jogging s'il en avait l'occasion.

Alors que j’étais en pleine discussion avec Mateo mon téléphone m’avait averti de l’arrivée d’un nouveau message puis l’appareil avait de nouveau sonné. Un appel cette fois-ci. Je compris donc que la seule manière d’être tranquille c’était de répondre et mettre les choses aux clair. Alors je m’étais excusé auprès de Matteo et j’avais pris cet appel. En quelques secondes se fut réglé. Et en revenant vers Matteo j’avais demandé au barman de me servir un autre verre, proposant à Matteo s’il en voulait un également. Après tout il avait payé sa tournée, s’il voulait un second verre je pouvais bien le lui offrir. Cela me paraissait normal. Le jeune homme accepta, alors je refis signe au barman pour lui faire comprendre que ce n’est pas un verre mais deux qu’il fallait apporter. Matteo me demanda alors, sans indiscrétions j’en suis certaine, si j’avais des soucis. « Rien de bien important » répondis-je simplement. E dans le fond c’était vrai. Pour le coup le comportement de Julian n’était pas justifié. Et je n’avais pas envie que cela me gâche ce moment de détente après le travail. « Pour répondre à ta question, non je n’ai pas eu vraiment de difficultés à me faire une place ici. Dans cette unité, peu importe si tu es un homme ou une femme, peu importe d’où tu viens, tant que tu fais ton travail correctement tu es bien intégré et le reste de l’équipe te respecte » Ici ça s’est passé comme ça, auparavant ça avait été parfois plus compliqué « Ce n’est pas partout pareil, je le sais. Je suis vraiment bien dans cette unité ». Et au même moment le barman arriva avec les deux consommations supplémentaires. Je réglai tout de suite tout en le remerciant.