Ces derniers temps, je travaillais énormément. Je n’avais rien de mieux à faire. C’était soit ça, soit je passais mon temps seul. Je vivais depuis peu de temps à Los Angeles. Je n’avais pas encore eu l’occasion de me lier d’amitié avec qui que ce soit. Je ne comptais pas les collègues avec qui je m’entendais bien. Eux aussi était tout autant pris que moi par le travail. Ma sœur Cordelia vivait depuis cinq ans dans la cité des anges, il me semble. Elle aurait pu me faire découvrir la ville, mais elle ne voulait plus rien avoir à faire avec moi. Elle voulait que je lui prouve que j’avais changé, comment faire ? J’avais appris récemment que ma plus jeune Loan avait également posé ses valises à Los Angeles pour y faire ses études. Vu notre importante différence d’âge, je n’ai jamais été très proche d’elle. Pas autant que je l’ai été avec Cordelia. Mais elle comptait pour moi. J’aurais aimé passer du temps avec elle, apprendre à connaître. C’était devenue une femme aujourd’hui. Durant mes quatre années d’incarcération mes parents ne l’avaient jamais amener me voir. Comme Cordelia, Loan n’avait pas spécialement envie de passer du temps avec moi. Elle aussi pensait que mon comportement envers Moïra était impardonnable. J’étais d’accord avec mes sœurs, mais tout le monde a le droit à une seconde chance. Cet hôpital me l’a bien donnée.

Ça avait été la folie aux urgences, aujourd’hui. Une véritable course, les patients n’avaient pas arrêté de s’enchaîner. Je pouvais enfin souffler un peu. Le flux était beaucoup moins important. Je pouvais donc m’accorder une pause. J’allais à la cafétéria de l’hôpital. J’avais besoin de grignoter quelques choses. Je n’avais rien mangé depuis le petit-déjeuner très matinal. Je n’avais pas eu une seule seconde pour me restaurer. Les urgences médicales n’attendent pas qu’on ait pris un repas. Je rentrais dans le lieu de restauration quand mon chemin croisait celui de mon ex petite amie. Comme quoi quand on parle du loup ou comme dans mon cas, on pense au loup, on en voit la queue. Ca présence m’intriguait d’autant plus qu’elle ne portait pas sa tenue d’ambulancière. Elle était habillée en civile, elle était ici pour une raison personnelle. Malgré ce qui c’était passé entre nous, Moïra a toujours de l’importance pour moi. Je m’inquiète pour elle. La réaction de la blonde était prévisible. Elle passait près de moi en m’ignorant. Elle faisait comme si elle ne me connaissait pas. « Bonsoir, Moïra. » Dis-je en me retournant vers elle. Allait-elle me saluer à son tour ou allait-elle faire comme si elle ne m’avait pas entendu ? Pourtant, ma voix était bien audible et il y avait peu de monde autour de nous. Le bruit ambiant n’était pas assez important pour couvrir le son de ma voix.