Même si aujourd’hui, Rayden ne faisait plus partie de l’armée, elle n’oubliait pas pour autant sa famille. Elle avait aujourd’hui choisi d’être médecin urgentiste dans un hôpital publique. Son état de santé ne lui avait pas permis de rester dans les rangs de l’armée. Une explosion et un éclat d’obus dans le dos avaient eu raison d’elle. Après une longue convalescence de plusieurs années, Rayden était de nouveau totalement sur pied. Mais elle n’avait jamais émis le souhait de redevenir un nouveau militaire. Elle préférait se contenter de soigner les gens sans avoir à blesser d’autre personne. Elle savait qu’elle n’avait pas à retourner pour autant sur le terrain. Ses années de services dans l’armée avaient laissé des séquelles. Dans un premier temps, physiquement, comme pouvait en témoigner sa cicatrice dans le dos, mais pas seulement. Rayden avait aussi des séquelles psychologiques, elle souffrait de stress post-traumatique et c’était assez handicapant dans sa vie. Cependant, elle essayait de faire au mieux. Parfois, elle se disait que son père avait peut-être raison lorsqu’il lui répétait que l’armée n’était pas faite pour elle. Enfin, il disait que ce n’était pas fait pour les femmes en général. Elle n’était toujours pas d’accord sur ce point, mais peut-être qu’elle n’avait jamais eu les épaules pour.

Aujourd’hui, Rayden avait été convoqué à la caserne militaire pour faire passer une visite médicale à un certain nombre de ses frères d’armes. Sur la liste qu’on lui avait fournie, il y avait un certain nombre de noms qu’elle avait reconnu. Des hommes et des femmes avec qui elles avaient eu l’honneur de travail. Certains qu’elle était ravie de revoir et d’autre moins. D’ailleurs, c’était à présent le tour de Nolan Baker, il était d’ailleurs le dernier patient de la jeune femme pour aujourd’hui. Rayden le connaissait. Elle lui avait appris les bases des soins d’urgences et durant cette formation, elle s’était liée d’amitié avec lui. La demoiselle Oxburry avait appris qu’il avait été mis en repos forcé parce qu’il avait pété un plomb. Elle n’en savait pas plus et elle préférait ne pas écouter les rumeurs et les on dit. Rayden sortait de son bureau pour appeler le concernait. « Nolan Baker. » Elle le laissait rentrer et refermait la porte derrière lui. « Comment vas-tu, Nolan ? Je suis contente de tomber sur toi aujourd’hui. »

Rayden ne se voyait pas réintégrer un jour les rangs de l’armée. Elle en avait fini avec cette partie de sa vie Même si elle avait une grande importance pour elle. C’était tout de même l’armée qui avait fait d’elle la femme qu’elle est aujourd’hui. Son expérience militaire l’avait forcé, mais l’avait également détruite de l’intérieur. Elle était hantée par des images, par des expériences, des cauchemars à répétition chaque nuit. La demoiselle Oxburry avait parfois l’impression de revivre sans cesse certains moments. Elle avait réussi à trouver du repos, du soutien, du réconfort, un sentiment de sécurité auprès d'Asher. Asher était son fiancé. Il avait la capacité de la calmer rapidement et à dissiper ses peurs comme ses angoisses. Mais aujourd’hui, il n’était plus là. Asher était pompier et il est décédé au cours d’une intervention. Il est mort sous ses yeux dans l’hôpital dans lequel, elle travaille. Tous les efforts de ses collègues n’avaient pas suffi à le sauver. Après ce drame durant plusieurs mois, Rayden n’avait plus travaillé. Elle était en quelques sortes disparu de la circulation et des radars. La blonde s’était fait oublier pendant un petit moment. Cela faisait un an qu’elle retravaillait aux urgences.

Aujourd’hui, Rayden avait été convoqué à la caserne militaire pour faire une série de bilans médicale. La jeune femme remplaçait un des collègues, elle n’avait pas refusé la proposition. Sa venue lui avait permis de voir d’ancien collègue et d’avoir des nouvelles de nombreux amis ou connaissances. Pour la demoiselle Oxburry, l’armée restait une grande famille. Le dernier patient que la blonde était un certain Nolan Baker. Un homme qu’elle connaissait très bien et qu’elle qualifierait même d’ami. Elle l’avait appelé d’un ton formel et professionnel. Lorsqu’elle refermait la porte, Nolan l’avait pris dans ses bras. Rayden ne s’attendait pas à des retrouvailles aussi chaleureuses. Il avait réussi à désigner un large sourire sur son visage. Tout en allant derrière son bureau, la jeune femme répondait à son ami. « Je vais bien merci. Ça fait déjà cinq ans que je me suis installée ici. J’avais besoin de quitter ma ville natale, les regards de pitié des proches pour ma convalescence et pour ma rééducation. » Rayden était originaire de Paradise au Nevada. Elle avait besoin de changer d’air pour avoir un nouveau départ. Elle avait pensé rentrer lorsqu’elle se serait remise sur pied. Finalement, elle avait rencontré Asher et elle s’était surtout plus à Los Angeles. « Je n’ai pas repris du service ici. Je travaille aux urgences de la ville, à l’hôpital. Moi aussi, j’ignorais que tu étais en ville. J’ai appris récemment et par hasard par des bruits de couloirs que tu étais en arrêt forcé. Alors qu’est-ce qui t’es arrivé ? » Rayden avait posé cette question presque par automatisme, mais peut-être qu’il n’en avait pas envie d’en parler. « Tu n’es pas obligé d’en parler. On peut tout simplement faire ta visite médicale. Tu reprends bientôt ? »

L’armée avait laissé à Rayden bien trop de séquelles. Elle était marquée à jamais par cette expérience, aussi bien, sur le plan physique que psychologique. Sa longue cicatrice dans le dos et ses cauchemars lui rappelaient sans cesse ses années de services. Il n’y avait pas eu que du négatif dans sa vie de militaire, mais c’étaient les mauvaises choses qu’elle gardait majoritairement en mémoire. Les horreurs, qu’elle avait vues, les souffrances ressenties, c’était ce qui hantait chacune des nuits de Rayden. C’est principalement pour cette raison que la jeune Whitmore avait décidé de tirer un trait sur sa vie au service de la défense de la nation. Elle préférait se concentrer à sauver des vies au quotidien en travaillant aux urgences. Mais ce qui rendait malade Rayden, c’est que son père avait raison quand il lui disait qu’elle n’était pas faite pour ce métier, celui de militaire. Sa carrière dans l’armée n’avait duré que huit années. Mais des années qu’elle ne regretterait jamais. Elles lui avaient forgé le caractère et fait d’elle la femme qu’elle était aujourd’hui.

Aujourd’hui, Rayden avait remis un pied dans son ancien univers. Elle passait une grande partie de sa journée dans une base militaire près de Los Angeles. Elle devait faire une série de bilans médicaux. Revoir certains de ses anciens collègues faisait remonter chez la jeune femme de bons souvenirs. Les liens entre les militaires d’une même unité en faisaient partis. Des liens très forts, qui faisaient d’eux une réelle famille. Certains de ses collègues comptaient autant pour elle que ses propres frères. Ce qui pourrait presque rendre jaloux Devon et Damian. D’ailleurs, Rayden accueillait un bon ami dans son bureau. Cela faisait bien longtemps qu’elle n’avait pas eu de nouvelle de Nolan. Elle était heureuse de pouvoir le revoir, même si elle aurait préféré que ce soit dans de meilleures circonstances. La demoiselle Whitmore expliquait à son ami que sa carrière de militaire était définitivement derrière elle. C’était au-dessus de ses forces, mais elle devait également prendre soin de sa famille et particulièrement de son grand frère Devon. Même s’il acceptait rarement l’aide que voulait lui apporter sa jeune sœur. Mais il fallait bien plus qu’un rejet et un mauvais caractère pour faire fuir Rayden. Elle était coriace et persévérante. Nolan trouvait dommage que la jeune femme quitte les rangs de l’armée et lui faisait un compliment au passage. Elle lui sourit avant de lui répondre. « Merci, c’est gentil. Mais je reste urgentiste même si je ne fais plus parti de l’armée. La seule différence, c’est que mes patients ne sont plus exclusivement des militaires. Puis même si j’avais voulu revenir dans l’armée, je ne suis pas sure qu’ils m’auraient réintégré. »

Rayden questionnait Nolan sur son repos forcé. Elle avait entendu des choses, mais elle avait l’impression que certains éléments de l’histoire était exagéré ou inventé. Cependant, elle ne forçait pas son ami à en parler s’il ne le désirait pas. Elle savait que ça pouvait être difficile. La blonde elle-même avait encore du mal à évoquer son stress post-traumatique et tout ce qui en étaient liés, aux conséquences sur sa vie quotidienne. Rayden écoutait attentivement les mots de Nolan. « Le côté psychologique est plus long à guérir que le physique. Mais en parler aide. Évidemment, uniquement, quand tu te sentiras près à le faire. » Elle était bien placée pour le dire. Côté physique, mis à part la cicatrice qui marquait son corps, Rayden allait bien. On ne pouvait pas imaginer qu’elle avait échappé de justesse à la paralysie et qu’elle avait survécu à une explosion. Encore moins qu’il lui avait fallu des mois de convalescences et autant de rééducations, ça avait duré des années. Malheureusement, cinq ans après le côté psychologique étaient loin d’être arrangés. Mais elle espérait que Nolan s’en sorte bien mieux qu’elle de ce côté-là. « Tu aimerais reprendre dans trois mois ou tu penses que tu auras besoin de plus temps ? Comment tu te sens en général ? » C’était à la fois l’amie et le médecin qui parlait.