Mon âme était déchirée en plusieurs fragments et mon silence en avait été la conséquence. Le silence était ce qui permettait de recevoir cette terrible information, d'en analyser chaque séquence et d'y trouver une réponse, parce qu'une part de moi avait envie de hurler à plein poumon, non pas sur mon meilleur ami, mais sur la vie en général. Une autre avait envie de le frapper et là, il s'agissait bien de Seth. Il y avait également celle qui était prête à s'effondrer en larmes et enfin celle qui voulait juste enlacer son meilleur ami pour lui montrer qu'elle était là quoiqu'il arrive. Dans tout ça, je n'avais pas encore réellement fait le choix de la meilleure réponse à transmettre et ce malgré l'apparence paisible que je semblais dégager.

Ces paroles défaitistes me firent l'effet d'un coup de poignard. L'entendre dire qu'il pensait mourir n'était clairement pas ce qui apaiserait mon esprit. Et entendre une brève partie de ce qu'il avait vécu ne me rassurait pas davantage. J'étais encore plus en colère de ne pas avoir été là. S'il espérait me convaincre de ses motivations, il n'avait clairement pas pris la bonne direction. Inconsciemment, tout mon corps se crispa et je m'en rendis compte lorsque ma main me sembla douloureuse aux endroits où était venu se planter mes ongles. Je les desserrais discrètement, avant de les essuyer contre mes cuisses.

Lorsqu'il se décrivit comme égoïste, je ne pus m'empêcher d'avoir un léger rictus. C'est à ce moment-là que j'avais décidé de me lever du canapé.Lorsqu'il se décrivit comme égoïste, je ne pus m'empêcher d'avoir un léger rictus. Ce n'était pas comme s'il avait remis la bouteille de lait vide au frigo en oubliant de nous le dire, il avait délibérément décidé de nous exclure d'une partie de sa vie et maintenant qu'il allait mieux, il décidait de nous réintégrer à l'histoire. Mais, n'avais-je pas fait la même chose par le passé. J'aurais pu mourir à chaque dose que j'avais fait entrer dans mon corps et je n'étais pas passé si loin de ça à une période de ma vie. Alors je lui promettais aujourd'hui d'essayer de ne pas lui en vouloir, parce qu'il m'avait toujours pardonné mes choix et m'avait toujours soutenu quoi qu'il en coûte. "Oui, on en a tous, mais Seth si j'ai appris une chose de toutes ces merdes, c'est que les amis et l'amour font partie de nos plus grandes forces. Si je l'avais su avant de partir à Londres, je n'aurais jamais pris cet avion..."

Je terminais en lui demandant de me promettre droit dans les yeux de ne plus me cacher son état à l'avenir. Ça ne lui plairait sûrement pas, parce qu'il estimait ses raisons honorables, mais je n'étais pas sûr que j'arriverais à le lui pardonner s'il devait à nouveau être confronté à la mort. Promesse qu'il me fit sans broncher avant de me demander si je voulais toujours passer la soirée avec lui. J'esquissais un très faible sourire avant de le prendre dans mes bras pour le serrer aussi fort que je pouvais me le permettre. "Si tu crois que tu vas garder pour toi toute la délicieuse nourriture que j'ai apporté, tu te mets le doigt dans l'œil, BAKERMAN." Je desserrais mon étreinte. "Je t'aime Seth, mais tu mériterais que je te frappe." Dis-je en concluant par un sourire faussement machiavélique, avant d'aller me réinstaller sur le canapé et d'avaler une bonne gorgée de vin blanc.

J'observais Seth qui semblait croire qu'embarqué la femme de sa vie dans cette tragédie serait une mauvaise idée, mais je n'étais pas d'accord avec ça ou alors Bev n'était qu'une femme d'apparence et je n'y croyais pas une seule seconde. "Oui Seth, je l'imagine ! Mais Beverly est la femme de ta vie et tu étais l'homme de la sienne. Elle n'en aurait rien eu à foutre d'un voyage de noce annulé, si c'était pour être à tes côtés dans un moment aussi difficile. Quant à la grossesse, non je l'ignorais totalement, j'ai raté énormément de chose en étant à Londres et à Paris." Concluais-je avec une pointe de déception et de regret dans la voix. C'étais une vérité j'avais louper de nombreuses choses loin de Los Angeles, mais je me suis reconstruite grâce à cela alors je ne devais pas m'en vouloir.

Après lui avoir fait me promettre de ne plus rien me caché sur son état de santé, je l'avais enlacer, sans oublier de lui glisser une menace à l'oreille histoire qu'il reste en alerte encore un peu. "Un visage d'ange ! Moi j'aurais plutôt dis de démon. "Je lui souriais avant de lever mon verre pour trinquer avec lui. "A une soirée sans autre surprise s'il te plait, mais génial quand même".

Je souriais à mon meilleur ami, d'un sourire qui se voulait touchant. "L'amour, l'amitié Seth, c'est être là dans les bons comme dans les mauvais moments. Décider de se marier, c'est accepter de vivre avec l'autre pour le meilleur et pour le pire. Dans la santé, comme dans la maladie. Et ce n'est pas moi qui le dis, c'est lui là-haut." Dis-je en pointant le ciel du doigt. Je croyais lui avoir fait assez subir de film à l'eau de rose pour qu'il se souvienne de ces quelques paroles. Mais à croire que j'allais devoir lui faire une piqûre de rappel. "Alors, oui, elle aurait sûrement été dévastée de te perdre, elle se serait peut-être retrouvé veuve, mais pas seule et elle aurait continué à t'aimer jusqu'à la fin de ces jours, plutôt que d'être en colère contre celui qui l'a abandonné elle et sa fille. Je sais que c'est facile à dire maintenant et je cherche pas à te faire culpabiliser, mais si j'avais la chance d'être avec l'homme que j'aime et que j'apprenais que j'allais probablement le perdre, alors je profiterais de chacun petit instant qu'il me resterait avec lui." Ces paroles firent écho dans ma tête, mais ce n'étais ni le moment, ni le lieu pour y penser ... " Je ne doute pas que tu mettras toutes les chances de ton côté pour la reconquérir. Et j'ai hâte de rencontrer ma petite-nièce". Dis-je avec un sourire lumineux accroché aux lèvres. "Soane, c'est très joli comme prénom. Je veux des photos."

Je le pris finalement dans les bras pour le rassurer sur le fait que tout allait très bien entre nous et que j'étais a présent prête à passer une excellente soirée avec lui. J'en profitais pour lui glisser qu'il était un petit démon et riait lorsqu'il me fit remarquer qu'il n'avait pas de cornes sur la tête. Après avoir trinqué et nous être confortablement réinstallé sur le canapé, il me prit au dépourvu en me demandant tout ce qu'il avait loupé depuis la dernière fois et je lâchais un soupir " Honnêtement, tu n'as pas raté grand-chose. Ma vie depuis mon retour, se résume à aménager tranquillement mon appartement, a bosser et à tenter de voir mes amis. Une petite routine certes pas très folichonne, mais ça me plaît bien. "