L’aube d’un nouveau jour. Le soleil se levait doucement, les rayons de soleil se faisant sentir sur mon visage. Mes yeux s’ouvraient et se refermaient doucement, je n’étais pas préparé à cet accueil. Une lueur aveuglante. Je plissais les yeux avant de bloquer à la source. Le soleil hors de ma vue, je me changeais et sortait de ma voiture. Il était encore très tôt, mais Los Angeles débordait déjà de vie. Cette ville ne dormait jamais. Je n’étais pas pressé de me rendre au boulot, il était encore tôt, et de toute façon j’avais besoin de me rendre en salle de sport. C’était moins pour mon amour du sport, même si j’étais très actif à ce niveau, et beaucoup plus par envie de prendre une bonne douche que je faisais ce détour comme chaque matin avant de prendre la direction de la plage. Après mon expulsion de mon appartement, j’avais bien entrepris les démarches pour en trouver un nouveau mais la chose s’avérait plus compliqué que prévu. C’était difficile de trouver un endroit qui répondait à tous mes besoins et acceptait mon chien. Et il était hors de question de m’en séparer, j’avais toujours rêvé d’avoir un chat mais comme mon allergie et la tentative d’en avoir un l’avait démontré par le passé… c’était impossible. Je ne pensais pas tombé amoureux de ce chien. Crapule ne me quitterait pas. Il savait ce que c’était d’être abandonné, comme moi, puisque je l’avais adopté à un refuge. Nous étions liés pour le meilleur et pour le pire. Malgré tout, je voulais éviter autant que possible la vie en voiture pour mon chien. J’avais bien des affaires et ce n’était pas une vie confortable pour un chien. Bien moins encore que pour moi. Heureusement, j’avais parlé avec les responsables de son ancien refuge et ils acceptaient de s’en occuper la nuit pour me dépanner. Ce qui m’amenait donc à mon deuxième arrêt après la douche. La réunion avec Crapule. Il était très enthousiaste comme toujours et moi aussi. On partait tous les deux ensembles pour la plage où je jouais avec lui pendant près d’une heure. Après quoi, j’avais commencé à préparer l’ouverture de la boutique.

L’entrée de la boutique était difficile à manquer, la façade répliquait l’apparence d’une cabane de surfeur californien. Une cabane, on en avait aussi une vraie, sur la plage, mais c’était de là qu’on opérait les cours de surf et la location de planche et ce genre de choses. À la boutique, one ne faisait que de la vente d’articles en tout genre. Planches, combinaisons, accessoires, on ne se limitait pas purement aux articles sportifs mais aussi tout ce qui appartenais à la « culture » surf. J’y avais mis les pieds comme simple employé pour la première fois dans mon adolescence. Avant de me lancer dans une vie de dealeur dont je ne voulais plus aujourd’hui.. et d’y retourner. Mais cette fois, c’était pour prendre éventuellement la relève de l’autre propriétaire. Un ex-drogué comme moi. Je lui en serais toujours reconnaissant. J’avais terminé la préparation matinale et avait laissé justement mon vieil ami prendre la relève. Je passais la majorité de mon temps à moi à la cabane sur la plage. J’étais le principal instructeur de surf, je me débrouillais vraiment très bien après tout j’avais mis les pieds sur ma première planche à un très jeune âge. J’étais comme un poisson dans l’eau. Bref, je l’abandonnais là-bas et accompagné de Crapule je m’arrêtais une fois pour toute à la plage. Là où je passerais le reste de ma journée à bosser. Je m’assurais de mettre ma crème solaire là où j’avais besoin et j’ouvrais. Quelques personnes venaient déjà pour louer du matos et je les servais. Mais après les touristes les plus impatients, c’était toujours d’un calme relatif. Les plus passionnés avaient leur propre planche et les néophytes n’étaient pas aussi matinaux. On avait installé un hamac juste à l’extérieur de la cabane. Alors je m’y installais. Je ne faisais pas une sieste mais je me permettais de fermer les yeux. Je savais qu’un autre employé entrait dans quelques minutes. Comme de fait, Pablo venait nous saluer moi et crapule et prenais place derrière le comptoir. Il y en avait deux, un pour les cours ça c’était le miens. Puis celui de la location, ça c’était la responsabilité de Pablo. On jasait un peu, puis je refermais les yeux. L’ombre de la cabane me mettait bien. Et puis j’avais rabaissé mon chapeau pour être certain que rien ne me gênerait.

Le temps passait, et puis j’entendais Pablo m’appeler. La période calme était terminée, sans regarder l’heure sur mon téléphone je devinais qu’il devait être aux alentours de 10h. C’était généralement entre 9 et 11h que la plage commençait à être occupée et la boutique avec elle. Après avoir servi la clientèle, je présume que c’est la raison de l’appel, je ne serais plus libre de me reposer sur mon hamac. Je serais confiné à la chaise de plage sous le soleil. Un destin tragique. Je rigole évidemment, ce n’était pas aussi bien que le hamac mais je n’ai pas à me plaindre. Je me levais et faisait mon bout de chemin pour rejoindre le son de la voix. Une cliente je suppose compte tenu de la seconde voix. Je replaçais mon chapeau correctement pour croiser son regard. « C’est bon Pablo, merci. » Crapule était venue m’embêter, il passait entre mes jambes. Il détestait cette période. « Arrête de te comporter en crapule. Papa bosse. » Jeu de mot pourri je sais. Il ne s’y habituait jamais, j’aurais cru que depuis le temps il comprendrait de lui-même.

« Pardonnez-moi. »

Je passais ma main sur son pelage pour le caresser, le calmer un peu, Crapule et moi avions formé un lien très fort depuis qu’il était devenu mon compagnon de vie alors il ne me quittait presque jamais. Jamais bien loin. Sauf si j’avais quelqu’un qu’il aimait à qui le confier. Mais il jouait aux favoris… et puis je pense que nos activités lui manquaient depuis qu’on n’avait plus notre petit chez nous. Je dormais moins bien alors j’avais moins d’énergie pour faire notre course ou jouer. Mais il restait de bonne humeur, on pouvait tout de même jouer au frisbee sur la plage lorsque c’était plus calme à la boutique. Je reposais mes yeux sur la cliente auprès de laquelle je m’étais excusé quelques instants plus tôt. Une jolie jeune femme blonde, d’à peu près mon âge,  est-ce que je vous ai déjà dit qu’elle était jolie? Je souris lorsqu’elle me dit que ce n’est pas un problème je regarde Crapule me délaisser pour rejoindre la belle brunette et se frotter contre ses jambes. Je n’avais pas le temps de faire avancer l’interaction avec la cliente qu’elle posait toute son attention sur Crapule, compréhensible je l’admets. Je me baisse pour prendre Crapule et le poser sur la table devant nous après lui avoir laissé un peu de temps pour jouer avec la belle. Il a besoin d’un peu de temps pour s’acclimater aux étrangers, mais je l’ai bien élevé alors il n’est pas méchant non plus. Il était beaucoup plus réticent, même agressif, lorsque je l’avais recueillis au refuge mais ce n’était pas particulièrement surprenant. Je pense que son ancien maître n’était pas cool avec lui. Ou tout simplement n’avait pas pris la peine de l’élever correctement. Mais le temps et mes efforts avaient fait leur œuvre. « Ce beau bonhomme s’appelle Crapule. Et il prouve encore mériter son nom… » Disais-je amusé par le fait qu’il ne me laissait jamais bosser en paix et répondre à la question de la cliente. « Mais c’est MA Crapule et c’est un chien loyal. Ça je ne peux pas lui enlever. » Je regardais Crapule sauter de la table pour se poser à la droite de la jeune femme à nouveau. Il donnait des petits coups de tête autour de la cheville. « Crapule soit gentil. » Je contournais la table pour les rejoindre. « Désoler c’est un bouvier australien et parfois il a encore ses instincts de chien berger. Surtout qu’il ne vous connait pas. » Je ne voulais pas envahir l’espace personnel de la cliente plus longtemps alors je reposais Crapule sur la table, d’où je pouvais surveiller qu’il était bien sage sans pour autant l’éloigner de la demoiselle qui semblait avoir une affection pour les chiens. « Donc où en étais-je… Ah oui. Lui c’est Crapule et Crapule elle c’est… notre cliente. » Je caressais Crapule une nouvelle fois. « Là c’est le temps où tu lui dis enchanté de faire votre connaissance. » Crapule jappais. « Voilà. Maintenant que vous vous connaissez soit gentil. »  Je le regardais se coucher et retournais toute mon attention sur la cliente. « Bon, que puis-je faire pour vous ce matin? »  Je caressais Crapule avec mes deux mains libres. Ce chien je l’adorais même s’il pouvait avoir son petit caractère et ne faire qu’à sa tête parfois. Je ne l’échangerais pour rien au monde. C’était mon meilleur ami. Et lui il était fidèle, il ne m’abandonnerait pas comme les humains eux le font sans arrêt. C’est ça un chien, un ami fidèle, un compagnon de vie et c’est presque comme un mariage.. c’est pour la vie. Malheureusement ils nous quittent toujours trop tôt. Si j’avais encore 10-12 ans de ma Crapule je serais trop heureux. Mais je ne sais pas quelle serait ma réaction lorsque son séjour parmi nous serait terminé. Je n’avais jamais eu d’autres animaux de compagnie. Sauf pour mon chat, mais j’avais dû le confier à quelqu’un d’autre parce que mes allergies étaient trop fortes. Lorsqu'elle s'excusais je balayais son excuse d'un geste de la main. « Ce petit chenapant est irrésistible et il le sait. Je ne vous en porte pas rigueur. »