Ma main vient s'écraser sur ma table de chevet, à la recherche de mon téléphone pour éteindre l'alarme de mon réveil. A tâtons, je cherche et manque de renverser à peu près tout ce qui s'y trouve et quand enfin je trouve l'auteur de ce boucan, c'est finalement la luminosité de l'écran qui m'agresse maintenant. Je grogne, désactive l'alarme et me laisse retomber mollement, la tête dans mon oreiller. D'un côté, je suis soulagée : Shane a arrêté de désactiver mes réveils, pour le boulot. D'un autre, je suis un peu grincheuse de devoir gérer ce jour de travail alors que je me sens crevée et que manifestement, mon corps n'est pas reposé : il ne me faut pas grand chose pour savoir qui était le précédent alter. Les indices suivants suffisent : je suis habillée d'un t-shirt long et large et d'un caleçon masculin, j'ai la migraine, un goût de rat crevé dans la bouche - donc pas de brossage de dents...- et quand je consulte les notes dans le carnet destiné à nos échanges, il n'y a aucune entrée pour la veille...
Donc, Shane.

Ça se confirme quand je me lève pour traverser le salon et rejoindre la salle de bain et que je vois l'état de la cuisine et de la table basse... Des cadavres de bouteilles de bières jonchent le sol, des mégots débordent du cendrier et je devine la silhouette encore endormie de Raven dans le canapé. Je détourne aussitôt les yeux, inconfortable avec l'idée de l'observer alors qu'il dort et que je sais pas s'il s'embarrasse d'un pyjama... J'ai eu le malheur de me lever pour un pipi nocturne, une fois, et d'en voir beaucoup trop. Je grimace à ce souvenir et ferme les yeux comme si ça pouvait également faire partir ces images de ma tête. Je veille à ne pas regarder le canapé, occultant ma vision périphérique à l'aide de ma main, et file à la douche pour me préparer, sans faire trop de bruit.

Quand j'en ressors quelques minutes plus tard, je me sens déjà plus fraîche. J'observe mon reflet dans le miroir et me fait la réflexion qu'au moins, Shane n'est pas dérangé par l'émeraude de mes cheveux. Je suppose qu'il ne s'embarrasse pas vraiment de faire des shampoings, donc mes couleurs semi-permanentes durent plus longtemps.
Ce vert émeraude me plait beaucoup ainsi que les mèches violines que j'ajoute parfois. J'ai l'impression que c'est une manière d'avoir ma propre identité dans ce système...

Je n'ai pas encore déjeuné mais je me lave quand même les dents pour chasser ce goût atroce qui persiste dans ma bouche. Je comprends mieux pourquoi Love insiste pour qu'on ait chacun notre brosse à dents respective : probablement parce que l'idée de passer derrière Shane et son hygiène douteuse la répugne. Je souris en observant le pot dans lequel je trouve 5 brosses à dents de couleur différentes. C'est amusant, quand on sait que physiquement, nous ne sommes que deux dans cet appart'...

J'enfile mes vêtements : un t-shirt large et noir, avec une impression du jeu "Cyberpunk" en cyan et mauve, un jeans un peu trop large et troué et pour finir, une paire de Doc Martens usées et décorées par mes soins. J'ajoute une chemise large en flanelle, en guise de veste ; il fait encore assez doux en ce mois de novembre, au pire, j'ajouterai ma large écharpe, au moment de partir. Un dernier coup d'œil à mon maquillage et je me faufile discrètement en dehors de l'appartement pour ne pas réveiller Raven.

Avant de rejoindre le boulot, je passe prendre l'habituel café du matin au Starbucks du coin et je me prends moi-même un chocolat chaud. Je n'habite pas loin du boulot donc je peux m'y rendre à pieds. Quand je passe la porte du salon de tatouage, Erika est déjà là. La journée commence tranquillement, Shane me laisse étrangement la paix toute la matinée, ce qui est assez rare en présence d'Erika qu'il affectionne particulièrement... Des fois, je me demande s'il n'en pincerait pas pour elle, d'ailleurs.

Je me suis installée au comptoir de la réception pour dessiner quelques idées de tatouage flashs dans mon carnet -Erika pense que je pourrais bientôt passer à la pratique sur un client- quand la petite cloche de la porte tinte. Je relève les yeux de mon dessin pour découvrir le visage de la cliente qui vient d'entrer. Je retire mes écouteurs pour l'accueillir, un petit sourire discret au coin des lèvres :

— Bonjour, vous avez rendez-vous ? Ou... Ou je peux peut-être vous renseigner ?

— Oui, je cherche Erika, je lui ai dis que je viendrai, je peux attendre.

J'observe la femme en face de moi : grande, élancée, une allure d'égérie dans les magasines. C'est une jolie femme et j'ai bien du mal à repousser une nouvelle fois Shane, fermant un peu les yeux en prenant une inspiration pour reprendre un peu de contenance. J'esquisse un sourire à la cliente à qui je demande le nom pour avertir Erika de sa présence.

— Je reviens tout de suite, elle est dans son bureau... Euh... Vous voulez... un café ou un thé, pour patienter ? je hasarde, un peu hésitante en abandonnant mon carnet de croquis.

Après avoir eu sa réponse, je lui sers -ou non- la boisson demandée et vais toquer à la porte du bureau d'Erika qui était occupée au téléphone, tout à l'heure. J'ouvre très légèrement la porte et chuchote à ma patronne et amie qui semble avoir raccroché :

— Erika ? Désolée de te déranger, euh... j'esquisse un sourire en indiquant de mon pouce la réception, Il y a une Madison qui dit qu'elle vient te voir et que tu es au courant... Je la fais patienter ?

@Madison Meyer  @Erika Clarke

Go for a new tatoo

Madison & Charlie & Erika

«Hier, j'ai tellement bu de Rhum que ce matin, je parlais créole.»

La mine de mon crayon se brise dans les frottements incontrôlés sur ce bout de papier blanc et m’extirpe aussitôt de ma rêverie.  Je lève les yeux pour observer l’horloge. Je dois me bouger le cul et effacer cette gueule de bois rapidement. Voilà ce qu’on récolte à se bourrer la gueule avec Shane. Un putain de mal de crâne. Mon premier client va débouler d’ici une heure et demi. Je me lève dans le but d’aller préparer mon matos, mais la nausée me gagne, alors, je me rue rapidement aux chiottes pour dégueuler un bon coup. Je vais le tuer…

Une fois évacué, je retour au bureau pour revoir le croquis que je viens de réaliser pour mon client. Je fronce les sourcils, plissant légèrement les yeux pour examiner minutieusement mes coups de crayons. Hum… Des courbes et des détails à peaufiner, mais ça m’a l’air pas mal. Peut-être jouer plus sur les ombres. J’espère qu’il ne va pas encore chipoter ! Mon téléphone sonne. C’est le proprio, probablement pour la fuite de la douche. Je décroche rapidement et convient d’un rendez-vous en fin de journée à la maison. Parfait ! une galère en moins ! Tandis que je m’apprête à retourner aux détails de mon croquis, tu déboules, aussi fraiche et pimpante que moi visiblement.

Erika ? Désolée de te déranger, euh... tu souris en me désignant l’accueil. Une cliente pour moi ? Aussi tôt ? Il y a une Madison qui dit qu'elle vient te voir et que tu es au courant... Je la fais patienter ? Ah ! Merde ! Madison ! J’avais oublié qu’elle devait passer cette semaine pour un nouveau tatouage. On dirait qu’elle a choisi son jour…Il va falloir que je me rafraichisse très très rapidement !

Ah oui ! Non laisse. Je m’en occupe. Merci. Dis-lui que j’arrive. Je te laisse aller passer le message tandis que j’ouvre le premier tiroir de mon bureau pour chopper un médoc pour la tête que j'avale très vite et vous rejoins à l’accueil sans oublier mon paquet de clope et mon briquet que je glisse dans les poches de ma veste en cuir. Je force un sourire pour camoufler l’horrible mal de crâne qui tambourine dans ma tête de blondasse : Madison ! Salut toi ! je m’avance pour te claquer une bise sur la joue. On est matinal aujourd’hui ! je t’avoue que je ne t’attendais pas si tôt. Tu viens pour le tatouage ? Mains apposées sur les hanches je te souris de nouveau, tu veux un café ? Je tourne la tête vers mon apprentie et pote de beuverie, et toi ?

Il y a ce petit moment gênant et silencieux où Erika semble réfléchir, comme si le prénom que je lui annonce ne lui revient pas tout de suite et j'esquisse un sourire crispé : c'est gênant, parce que ladite Madison est là, en fait, dans la salle d'attente... Mais je comprends vite en observant plus attentivement la mine d'Erika que c'est surtout les restes d'une cuite qui l'empêchent de tilter plus rapidement.

— Ah oui ! Non laisse. Je m’en occupe. Merci. Dis-lui que j’arrive. s'exclame-t-elle finalement, comme si tout d'un coup, elle recouvrait la mémoire. J'acquiesce d'un sourire et referme la porte pour retourner voir notre cliente. Plantée devant elle, j'indique la porte de mes deux index, par-dessus mon épaule et affirme à Madison que :

— Elle arrive tout de suite ! ... Un thé, c'est ça, hein ? Je reviens tout de suite. Je dis en allant éteindre la bouilloire que j'ai lancé avant d'aller chercher Erika. Puis, je prépare une tasse avec un sachet de thé et verse l'eau bouillante dessus, tendant un peu l'oreille quand j'entends la porte s'ouvrir sur Erika. Du coin de l'œil, je l'observe saluer et faire la bise à celle qui semble être son amie.

— On est matinal aujourd’hui ! Je t’avoue que je ne t’attendais pas si tôt. Tu viens pour le tatouage ? Tu veux un café ? demande Erika alors que je m'avance justement prudemment avec le thé de Madison.

— Salut Erika. Ouais faut bien j'ai une longue journée voir une très longue semaine qui m'attend, je n'aurai pas une minute de repos. Donc je suis venue très tôt pour un tatouage ouais. Mademoiselle m'a déjà proposé un truc à boire, j'ai décidé un thé.

J'esquisse un léger sourire crispé à l'appellation "Mademoiselle" : une chance que ça ne soit pas Shane, mais seulement moi. Il faut dire que ma façon de m'habiller, de teindre mes cheveux, et mes traits particulièrement juvéniles ne participent pas vraiment à me donner l'âge que j'ai réellement. Bon, 27 ans, ce n'est ni vieux, ni jeune, vous me direz. Mais toujours est-il que l'on me donne rarement plus de 25 ans. Quoique, je me demande si les autres rencontrent le même problème que moi. C'est sans doute Shane qui le subit plus que n'importe lequel d'entre nous...
Je ne réagis pas plus à la remarque si ce n'est que je me mords la lèvre en relevant les yeux pour trouver ceux d'Erika. Elle, elle sait très bien ce que Shane en aurait pensé. Je pince les lèvres et décline poliment la proposition du café, après avoir donné son thé à Madison.

— Non, merci : j'ai comme un trou dans l'estomac... je grimace en passant ma main sur mon abdomen comme pour illustrer mes propos. Je déteste hériter d'une gueule de bois qui n'est pas à moi... Et quelque chose me dit que la soirée avec Raven, à l'appart, c'était finalement qu'une after pour Shane. Il a probablement commencé par une soirée avec Erika. J'ai la nausée rien qu'à y songer alors je prends une longue inspiration et me réinstalle en tailleur dans mon fauteuil, avec mon carnet de croquis, pour rester discrète et ne pas déranger les deux amies, reprenant mon dessin là où je l'ai arrêté.

Malgré mon oreillette d'écouteurs, je les entends parler travail, potentiel tatouage etc et comme pour nourrir un peu ma curiosité, j'attends de savoir si Madison a déjà une idée bien précise de ce qu'elle voudrait.


@Madison Meyer  @Erika Clarke

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Madison & Charlie & Erika

«Hier, j'ai tellement bu de Rhum que ce matin, je parlais créole.»

Salut Erika. Ouais faut bien j'ai une longue journée voir une très longue semaine qui m'attend je n'aurais pas une minute de repos. Donc je suis venue très tôt pour un tatouage ouais. Mademoiselle m'a déjà proposer un truc à boire j'ai décidé un thé. Madison alias Flash Gordon. Aussitôt vous l’avez croisée au détour d’une ruelle, aussitôt elle s’est envolée. Cette nana possède un agenda de ministre ! D’ailleurs, je n’ai jamais pu réellement profiter d’une soirée avec elle autour d’un verre, à mon grand regret ! car l’époque, croyez-moi, je me la serais bien faite ! si vous avez la chance de la croiser un jour, satisfaites-vous du peu de temps en sa charmante compagnie. Je pince les lèvres tout en caressant le lobe de mon oreille en écoutant le demoiselle, puis agrémente d’un sourire : Je vois qu’il y a des habitudes qui ne changent pas ! je claque mes mains l’une dans l’autre, jetant une œillade à Charlie qui semble tout aussi fraiche que moi. La pauvre ! sans arrêt se coltiner les excès de Shane, Bien ! Parfait. Si tu veux bien m’accompagner au bureau pour jeter un œil au carnet de croquis, suggérai-je à la jolie Boucle d’Or.

Non, merci : j'ai comme un trou dans l'estomac... me décline gentiment Miss Cetelem quant à ma proposition de café. Je ne peux m’empêcher d’esquisser un bref sourire en coin en voyant la pauvre petite en souffrance. J’emmène la starlette dans mon bureau tout en glissant un : je te promets qu’il sera sévèrement puni. Je vais m’en assurer, promis-je avant de fermer la porte du bureau. Elle sait où je veux en venir. Pas la peine de développer davantage. Je pars m’installer derrière mon pupitre. J’ouvre le tiroir et sors mon carnet de dessins que je jette vivement sur la table : fais-toi plaise et dis-moi si tu trouves ton bonheur, dis-je en m’installant bien au fond de mon fauteuil, reposant mes bras sur les accoudoirs, et les pieds enveloppées de mes bottes de cuir sur mon bureau.

Erika invite la cliente à la suivre dans son bureau, me glissant au passage qu'elle promet de punir sévèrement Shane. Je pince les lèvres en un drôle de sourire, arquant un sourcil aussi interrogatif qu'amusé : c'est un comble de se dire que pour punir Shane, c'est un peu moi qu'elle punit. Je ne sais pas vraiment comment elle souhaite s'y prendre mais j'espère ne pas hériter de la punition par la suite. Une gueule de bois et un déficit de sommeil -et je vous en passe- c'est largement suffisant si vous voulez mon avis. J'acquiesce en souriant, pourtant et les regarde disparaître derrière la porte du bureau d'Erika.

D'ici, impossible d'entendre ce qui se dit et après tout, ça ne me regarde pas vraiment. Je sais tenir à ma place, là où Shane, lui, se serait permis de coller les baskets d'Erika jusque dans son bureau en bavant probablement devant la plantureuse Madison. Je soupire d'exaspération et repousse un petit moment de dissociation que je sens venir. Je reste ancrée, me concentrant sur ma respiration, sur la sensation dans mes doigts quand j'y fais tourner mon crayon pour revenir complètement en possession de mes moyens.

Puis, sagement, je reprends mon croquis là où je l'ai laissé, replaçant mes écouteurs dans mes oreilles, laissant la musique me transporter et nourrir encore mon inspiration alors que mon crayon frotte le papier de mon carnet.

Combien de temps elles restent à l'intérieur de ce bureau ? Je ne sais pas exactement. Mais quand elles finissent par en ressortir, elles ont le modèle de tatouage et Erika indique à Madison l'espace pour le tatouage. Je retire l'un de mes écouteurs et propose à Erika :

— Est-ce que tu veux que je m'occupe de la désinfection ?

Du matériel, du fauteuil, bref, n'importe quoi qui pourrait lui rendre service. Il faut dire que je ne suis pas particulièrement débordée aujourd'hui...

@Madison Meyer  @Erika Clarke