Ce soir, je suis d'astreinte. Ces derniers temps, j'ai du mal à trouver le sommeil. Depuis quelques mois, en fait. Mais après une longue période d'inactivité, durant ma rémission, ça m'a fait beaucoup de bien de reprendre mon activité à la fois physique et professionnelle. Pourtant, des pensées parasites m'empêchent de m'abandonner aux bras de Morphée : parfois, ce sont simplement les nombreux messages nocturnes de Raven et ses... préoccupations. Parfois, c'est simplement ce rêve familier et inaccessible qui vient me hanter, ou encore ce souvenir d'Halloween...

Alors même si la fatigue me ronge, c'est avec un certain soulagement que j'entends mon téléphone sonner : le travail m'appelle. J'abandonne mes tourments nocturnes pour enfiler ma veste d'uniforme et mes chaussures d'intervention.
Je n'ai pas le permis, et il faudra probablement que je le passe un jour. Mais depuis l'accident de Devon, j'ai une certaine peur en voiture -en particulier quand c'est Raven qui conduit... Pourtant, assez étonnamment, dans l'ambulance, je ne ressens pas autant d'appréhension. Peut-être parce que mon esprit est déjà focalisé sur un objectif, celui de l'intervention.
Ma collègue Carmen est au volant et en profite, pendant que je boucle ma ceinture, pour m'expliquer plus amplement sur quelle intervention nous devons nous rendre.  

— Une fusillade dans un bar. Une patrouille de police s'est rendue sur place mais un agent a été touché. On compte trois civils blessés et l'agresseur a été neutralisé. Un frisson me parcourt alors que je l'écoute : ma première pensée est pour Devon et j'espère qu'il n'est pas l'agent en question. C'est ridicule, des officiers de police, il y en a un certain nombre, mais c'est plus fort que moi, cette inquiétude me prend aux tripes, un instant. Mais je suis quelqu'un de rationnel et je sais garder la face.

Quand on arrive sur place, mes collègues et moi-même, nous nous répartissons pour assister tous les blessés, en commençant par les cas les plus urgents, y compris l'agresseur qui est salement amoché mais pas mort. Quant à moi, on me désigne l'agent de police -Dieu merci, ce n'est pas Devon- et je la rejoints, guidé par son coéquipier. Je pose un genou à terre et observe les blessures aux bras de la femme, en face de moi, en posant ma sacoche de premiers secours à côté de moi.

— Officier ? dis-je pour m'assurer que l'agent est toujours conscient, pas en état de choc. Tout en sortant une paire de gants en latex que j'enfile, je cherche un contact visuel capter son attention. Je vais d'abord vérifier si les balles sont ressorties, avant de nettoyer la plaie et recoudre.