▬ Devon...

Je tremble, mon corps entier tremble. Mes lèvres tremblent, mon corps entier tremble. Mes doigts tremblent, mon corps entier tremble. Au-dessus de ma tête, le coucher du soleil a peint le ciel d'un orangé flamboyant qui me brûle encore les yeux. Mes jambes ne me portent plus, et mes vêtements me collent au corps. Je trébuche au sol, lève les yeux vers cette maison où j'entrais il y a des années sous les cris enthousiastes de mon neveu. Sur le pas de la porte, je devine l'ombre de Lexie et le regard protecteur de Devon qui l'habille. Tout cela s'efface pour ne laisser qu'une porte close. C'est terminé.

▬ Devon...

Je tremble, mon corps entier tremble. Je suis à quatre pattes, je suis rendu, vaincu et abattu. J'avale difficilement ma salive, le coup dans mon abdomen me rappelle la réalité par une douleur qui surpasse les doses de kétamine. Mes mains se posent à plat dans l'allée, laissent des empreintes d'un zinzolin fictif, comme s'il n'avait toujours s'agit que d'une vaste plaisanterie. Est-ce qu'on ne pourrait pas plaisanter ensemble, tous ensemble ? Je frotte mon œil du paume de ma main, essaie d'y voir clair et prends sur moi pour essayer de me mettre debout. Mon corps se réveille, se réveille sans savoir s'il est encore vivant. C'est terminé.

▬ Devon...

Je tremble, mon corps entier tremble. Je me traîne jusqu'à la porte, me laisse tomber contre elle, essaie de m'attraper à la poignée, mes doigts poisseux glissent et j'y glisse un regard d'abord surpris avant de réaliser que je suis couvert de sang. Mes dents serrent ma lèvre inférieure et mon poing essaie de frapper la porte, une fois, deux fois... je m'appuie contre la porte, cherche à me remettre debout, ma main gauche me fait terriblement mal. Mon bras me fait terriblement mal, je regarde de plus près et y devine la trace des griffes de Doyle, des tranchées gonflées qui ont arraché du sang moite de ma peau. Mes doigts enserrés tremblent autour du manche du couteau. Je prends une longue bouffée d'oxygène, tousse péniblement, sens l'énergie des mélanges parvenir à mon cœur, mes poumons et ma tête.

▬ Devon...

La porte s'ouvre,
Devon apparaît, comme un juge.
Droit, inatteignable.

▬ Devon...

Je me tiens au montant de la porte.
Le moindre courant d'air me fera tomber.
Mes yeux roulent déjà dans leur orbite.

▬ Devon... va chez Doyle.

Mes doigts s'ouvrent, libèrent le manche.
La lame fait un bruit désagréable en tombant au sol.
Je suis couvert du sang de Doyle, il est mort, je crois.