Matteo ne comptait pas se montrer indiscret, pas le moins du monde, juste qu'il s'inquiétait un peu vu la tête qu'elle faisait. Il pouvait comprendre qu'elle n'ait pas envie d'en parler, après tout elle était loin leur amitié de collégien et elle n'avait sous doute plus tellement confiance en lui. Des amis proches elle devait en avoir et lui n'en faisait plus partie, donc si elle préférait ne rien lui dire il pouvait tout à fait le comprendre et ferait avec d'ailleurs. Juste qu'elle fini malgré tout par lui répondre, même si c'était bateau elle ne semblait pas totalement fermé à sa question. Et puis elle commanda un autre verre tout en répondant à la question qu'il lui avait posé avant qu'ils ne soient dérangé par le coup de téléphone de Cassia.
Il l'écouta tout en bougeant la tête quand elle disait des choses pour lesquelles il était d'accord. Mais il est clair que pour une femme ce n'est pas toujours évident de se faire une place dans un monde comme celui-ci. "- Merci." qu'il dit tout en s'adressant à Cassia mais aussi au barman qui venait de leur déposer leur verre sur la table. Matteo pris une gorgé de celui-ci sans attendre et puis parla de nouveau. "- C'est bien si tu as pu te faire ta place dans l'unité. Espérons qu'il en sera pareil pour moi." même si les difficultés étaient différentes du fait qu'il soit un homme et elle une femme, il faudrait tout de même qu'il arrive à se faire sa place parmi tous ceux déjà présent et le fait que Cassia soit dans l'unité pourrait lui servir ou peu être lui desservir à voir comment les choses allaient se passer entre eux niveau travail. Il est effectivement nouveau dans l'unité mais pas dans la police, donc il doit malgré tout faire ses preuves et ce n'est pas toujours évident.

Après la brève conversation que j’avais eu avec Julian au téléphone, j’étais retourné discuter avec Matteo et j’en avais profité pour commander un second verre et en offrir un à Matteo. Je n’avais pas pris le temps de répondre à une précédente question alors j’avais remédié à cela. J’expliquai alors à Matteo que en étant une femme oui cela pouvait s’avérer être compliqué de se faire une place, j’avais déjà plus ou moins vécu cela dans le passé. Mais dans l’unité dans laquelle on se trouvait cela n’avait pas été le cas. La seule chose qui comptait c’était de bien faire son travail, peu importe si on était un homme ou une femme. Puis Matteo me répondit que c’était bien que je me sois fait ma place dans l’unité et il espérait que ça soit la même chose pour lui. « Il n’y a pas de raison » après tout il avait l’air de faire son travail correctement, et ce n’était pas un tire au flanc, en tout cas il n’en avait pas l’air. Au contraire.  « Et sans indiscrétion, pourquoi avoir quitté New-York ? » Oui c’était une question qui me trottait dans la tête depuis ce matin à vrai dire. Je n’avais pas voulu la poser devant tout le monde pour ne pas risquer de gêner le jeune homme. Là nous n’étions que les deux. Bien entendu, rien n’obligeait Matteo à répondre « Tu n’es pas obligé de répondre tu sais… » oui je voulais qu’il le sache. Une non réponse ne m’offusquerait pas du tout.

Matteo se sentait bien compagnie de Cassia. Il avait l'impression de revenir des années en arrière et c'était agréable. Même si ce n'était qu'une sensation ça faisait du bien au moral, savoir qu'entre eux il restait encore quelque chose de cette amitié, une relation cordiale. Bien sur il ne s'attendait pas à ce qu'elle lui fasse des confidences, d'ailleurs elle ne semblait pas enclin à ce genre de petite discussion justement puisque Matteo avait bien essayé mais que ça n'avait rien donné. Il respectait son choix, son envie de garder le silence, après tout ce n'était pas un interrogatoire mais juste une discussion entre ami et collège puisque c'était ce qu'ils étaient à présent.

Quand elle lui demanda pourquoi il avait quitté New York, il fit une légère grimace avant de lui répondre. "- J'ai besoin de changement je crois et j'ai vue une opportunité avec ce poste alors je me suis lancé et par chance j'ai été retenu." oui, ils étaient plusieurs à travers le pays à vouloir ce poste et c'est justement Matteo qui l'a obtenu, certainement parce qu'il est originaire de la ville, du moins il espère que ce n'est pas à cause de cela. "- Tu sais parler de moi ne me dérange pas. Par contre est-ce qu'on pourrait en dire autant de toi ?" c'était une question posée sur le ton de la taquinerie mais cela sous entendait aussi pas mal de chose vu qu'elle n'avait rien dit de spécial à propos du coup de téléphone de tout à l'heure. Peu être que Matteo essayait simplement de lui faire passer un message ou bien juste de la faire parler sans vraiment lui poser de question.

Alors que je venais de commander un second verre pour moi et Matteo, j’avais demandé à ce dernier pourquoi il avait quitté New-York pour revenir ici à Los Angeles, sa ville natale. Ma question ne se voulait pas indiscrète, au contraire. C’était juste de la curiosité, car auparavant j’avais côtoyé Matteo et il n’était donc pas un inconnu non plus pour moi. Le jeune homme me répondit qu’il avait besoin de changement et qu’avec ce poste il avait vu une opportunité. Il avait donc saisit cette dernière. Puis le jeune homme ajouta que parler de lui ne le dérangeait pas, et ce qu’il ajouta ensuite me surpris un peu. Mais plutôt dans le bon sens. Je ne pus m’empêcher de sourire de bon cœur d’ailleurs. M’avait-il déjà cerné à ce point ? En si peu de temps, était-ce possible ? Je ne prenais pas mal sa remarque, bien au contraire. Je trouvais cela presque amusant pour le coup. Il est vrai que parler de moi n’était pas mon occupation favorite, du moins cela dépendait de la personne qui se trouvait en face de moi. C’est donc amusée que je répondis « Cela ne me dérange pas toujours. On va dire que cela dépend de la personne qui se trouve en face de moi » j’ajoutai ensuite « Dis-moi, que veux tu savoir Matteo Stevens ? » lui demandai-je sur le ton de la plaisanterie. Je plaisantais certes, mais le fait que je lui dise cela prouvait que dans le fond m’ouvrir à lui ne me dérangeait pas vraiment. Comme je l’ai dit, Matteo n’était pas un pur inconnu pour moi. Et dans le fond, j'étais même contente de le retrouver tant d'années après. C'était tellement incroyable, et puis il y avait eu cette attirance entre nous auparavant. Ca ne m'avait jamais laissé indifférente.

Matteo et Cassia ne s'étaient pas revu depuis des années et pourtant Matteo revenait au moins deux fois par an dans le secteur. Mais c'est vrai qu'il n'avait jamais vraiment cherché à la revoir. Quand il le pouvait il prenait des nouvelles de ses anciens amis, donc d'elle aussi mais c'était tellement rare qu'en réalité il ne savait rien de la situation de la jeune femme. Alors c'est pour cela qu'il lui fit comprendre qu'il pouvait parler de lui mais qu'il ne savait pas ce qu'il en était d'elle. Elle était la seule à pouvoir lui répondre d'ailleurs. Et Cassia lui dit que ce n'était pas un problème que cela dépendait de qui était en face d'elle, il espérait donc être une personne avec qui elle pouvait parler, ça l'aurait ennuyé qu'elle lui répondre autre chose. Et elle lui demanda donc ce qu'il voulait savoir et Matteo eut un léger sourire à ce qu'elle lui dit. "- Pas grand chose, je voudrais juste savoir où tu en es. Je sais ce qu'il en est de ta vie professionnelle mais pour le reste je sais rien. Comment ça se passe pour toi ?" il ne voulait pas dire directement qu'il était intéressé par sa vie privé, ça aurait fait un peu potin mais dans un sens c'était ça qu'il voulait dire. Elle n'avait pas d'alliance à son doigt ni de bague qu'il faisait penser qu'elle était fiancée, mais de nos jours cela ne veut plus rien dire alors était curieux de savoir où elle en était. Si elle faisait le bonheur d'un homme, si elle avait des enfants, une maison ou des trucs de ce genre là.

La remarque que venais de me faire Matteo m’avait fait sourire de bon cœur. Il n’avait pas posé une question de façon explicite, non tout était dans la subtilité. Et je trouvais cela assez amusant. Alors je lui avais demandé ce qu’il voulait savoir et ainsi peut-être je pourrais répondre à ses interrogations me concernant. Matteo me dit qu’il souhaitait juste savoir où est-ce que j’en étais. Il avait des informations sur ma vie professionnelle mais rien en ce qui concerne le reste. « Ça se passe plutôt bien. J’ai un métier qui me plait énormément ça me permet de m’épanouir pour le reste. Ma famille vit toujours dans le coin, alors je les vois régulièrement. Excepté pour ma petite sœur qui est toujours en vadrouille à droite et à gauche » dis-je en souriant légèrement. Devais-je évoquer Julian ? Je n’en savais rien. Et puis après tout je n’avais rien à cacher. « Et je fréquente quelqu’un depuis quelques mois maintenant » Par contre on ne peut pas dire que tout était rose malheureusement. Julian était souvent pris par son travail, encore plus que moi. Et il avait parfois la conception d’un couple avec laquelle je n’étais pas vraiment d’accord. Mais je n’allai pas non plus étaler tout cela ce soir alors que cela faisait quand même des années et des années que je n’avais pas vu Matteo. « Et toi alors ? Tu as ramené une new-yorkaise ici ? » Dis-je en plaisantant. De la plaisanterie certes, mais une façon aussi d’en savoir également un peu plus sur le jeune homme.

Ho, elle voyait quelqu'un. Matteo fut un peu déçu d'entendre ça, mais en même temps il fallait s'y attendre, une aussi jolie femme qu'elle, intelligente marrante et tout fallait pas espérer qu'elle soit encore célibataire. C'était dommage parce qu'il aurait presque penser qu'elle était disponible vu qu'elle lui avait offert un autre verre, il avait imaginé sans doute n'importe quoi. Comme quoi, parfois il ne faut pas se fier aux apparences. Ce n'était qu'un juste retour des choses, il lui avait offert un verre et elle ne voulait sans doute pas être redevable, rien d'autre. "- Tout va bien pour toi alors." qu'est ce qu'il pouvait rajouter d'autre ? se mettre à parler de sa petite soeur qu'il connaissait aussi ? non, c'était pas une bonne idée. Parler du mec avec qui elle était, pas une bonne idée non plus et c'est Cassia qui changea de sujet, enfin pas tout à fait, mais disons qu'elle lui demanda s'il avait quelqu'un lui aussi même si ce n'était pas dit de cette façon. Il fit mine d'être un peu gêné par la question même si ce n'était pas du tout le cas et répondit. "- Non, j'ai ramené personne." et c'est pas faute d'avoir eu quelques histoires par ci par là mais jamais rien qui lui donnait envie de se poser réellement. Donc ramener une femme avec lui ce n'était pas non plus possible vu que sa dernière histoire à peu près durable c'était terminé il y a plus de six mois.

Matteo avait, de manière implicite, demandé à en savoir un peu plus. Sur des domaines autre que professionnelle puisque pour cela il avait déjà des informations étant donné que nous étions maintenant amenés à travailler ensemble. Je lui avais donc donné quelques brèves informations. Je ne m’étais pas trop étalé surtout sur le fait que je fréquentais quelqu’un. Difficile d’en parler avec des étoiles dans les yeux, et un sourire aux lèvres quant au fond de moi je savais que cette relation était assez compliquée pour diverses raisons. Dans ce cas-là, je pense qu’en dire le minimum est le mieux à faire. Matteo me dit alors que tout allait bien pour moi. Je e répondis pas de suite. Réfléchissant à ce qu’il venait de dire. Est-ce que tout allait bien pour moi ? Une relation oppressante, compliquée. Une sensation de faire semblant pour beaucoup de chose, et aussi ce sentiment de me sentir obligé, forcé de faire des choses qui me pèsent. Oui Julian avait l’idée de vouloir fonder une famille. Je trouvais cela trop tôt, bien trop prématuré, et cela faisait remonter à la surface de mauvais souvenirs et m’obligeais à aller consulter un spécialiste suite à l’accident qui c’était produit il y a maintenant un an. « Ouai… » dis-je un peu dans le vague, et pas réellement convaincue. Je bus alors une gorgée du verre que le serveur avait apporté quelques minutes auparavant.

J’avais ensuite demandé à Matteo si il avait ramené de son côté une new-yorkaise. J’eu l’impression qu’il était un peu gêné. Il me répondit que non il n’avait ramené personne. « Désolé si ma question était trop indiscrète. Je ne voulais pas te mettre mal à l’aise » dis-je simplement. Et mes paroles étaient sincères.

Matteo vit bien qu'elle ne semblait pas tout à fait convaincu par ce qu'elle venait de lui répondre. Est-ce qu'il manquait quelque chose dans sa vie ? possible après tout les femmes ont très souvent se désir d'enfant et elle n'en avait pas parlé alors peu être que c'était ça qui lui manquait pour que sa réponse soit plus enthousiaste. Quoi qu'il en soit Matteo ne releva pas, du moins pas oralement mais il l'avait bien remarqué, il se contenta juste de boire un peu de son verre avant de finalement répondre à la question qu'elle ajouta.  "- Oh non, c'était pas indiscret et ça ne me met pas mal à l'aise mais disons que ça m'aurait fait mal si par exemple la personne avec qui j'aurai pu être n'avait pas voulu me suivre." Matteo n'était pas certain d'avoir été très clair parce que s'il s'agissait de supposition mais il n'aurait pas aimer vivre ce genre de situation donc il ajouta pour être plus explicite. "- C'est aussi que je sois célibataire comme ça j'ai pas eu à faire face à ce genre de dilemme." parce que c'est clair qu'il n'aurait aimé avoir à choisir entre sa compagne et sa vie professionnelle. "- Et sinon tu as encore des contacts avec les autres ?" par les autres il sous entendait leurs amis de l'époque, sa meilleure amie, celle avec qui il sortait à l'époque, leurs camarades de lycée parce que lui en avait perdu pas mal de vue mais c'était logique vu qu'il avait quitté la ville un long moment.

Quand on disait que tout allait bien pour moi, tout était relatif. Ou plutôt, en apparence oui tout allait bien. Mais je ne m’étais pas étalé sur le sujet et je ne voulais pas non plus trop penser à tout cela pour ce soir. La journée avait été bonne, j’avais revu Matteo après des années et des années. Et la soirée se déroulait bien également. Après lui avoir posé cette question un peu personnelle, je m’étais excusé auprès du jeune homme si ma question avait été trop indiscrète. Mais apparemment ça n’avait pas été le cas, et Matteo me donna quelques précisions. « Oui je comprends » ce qu’il venait de dire était tout à fait censé. Je ne pouvais pas dire le contraire. Et comme il vint rajouter, il n’avait pas eu de problème, de dilemme, entre vie privée et vie professionnelle.

Matteo me demanda ensuite si j’avais encore des contacts avec les autres. Je compris de qui il voulait parler. « Oui avec certains » avec ceux qui étaient resté dans le coin en fait. « On se voit de temps en temps. Parfois on se retrouve en ville pour boire un verre ou manger un morceau, parfois c’est l’un d’entre nous qui reçoit à la maison » et c’était toujours des moments agréables. « Si tu veux, la prochaine fois rejoins-nous. Ça fera plaisir à tout le monde j’en suis certaine » dis-je en lui adressant un léger sourire. Sauf si bien sûr, Matteo refuse, là je ne le forcerait pas. Mais si il demandait après nos anciens amis c'est qu'il s'en intéressait un minimum. Enfin, je pense.