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 Dancing on a wire, both ends on fire 

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MessageRe: Dancing on a wire, both ends on fire écrit Lun 26 Juil - 17:22
Dancing on a wire
@raffaella luci & ciaran yeats
Il ne pourrait pas croire s’être trompé cette nuit-là, il ne pourrait savoir que ses esprits sous l’emprise de la came l’ont peinte dans les coloris outrageux de celle qu’il avait toujours rêvée à sa merci. Il ne pourrait se dire que la croyance aveugle l’a emporté jusqu’aux affres du délire, il ne pourrait avouer avoir ressenti bien plus qu’il ne le fallait l’espace de quelques heures, à échouer une âme morcelée aux côtés d’une autre qu’il souhaitait broyer pour mieux la reconstruire, à son image. Elle est apparue exactement comme il le désirait, vêtue de provocation, envenimée par les fragrances d’une luxure exquise, et puis de quelque chose d’autre, tessiture passée, tessiture cassée, de celles qui ont bien trop subi et bien trop traversé, pour ne pas avoir froissé les ailes angéliques au passage, les avoir troquées au diable. Ciaran l’a imaginée, et elle est apparue, sous la lumière somptueuse d’une scène jouée mille fois, interprétée avec autant de patience que de précipitation. De passion. Aujourd’hui, alors qu’il la fait danser, les échos se fragmentent et se mélangent aux rêves éveillés qui passent pour les outrages d’un délire ininterrompu depuis. Ça n’était pas la fragilité de Raffa, c’était celle d’une autre, il lui est impossible de s’en douter, mais c’est ce décalage qui vient perturber sa si fulgurante fresque. Il y a une tache de sang qui dégouline sur la toile de ses imaginaires et il en ressent les parfums métalliques. Parfaite Odette, quand je pourrais l’imaginer en Odile, et m’en satisfaire un temps, pour la pousser dans ses retranchements. J’ai lu tant de fois la déception et le désaveu dans ses regards délavés, et j’ai espéré y avoir une part. Plutôt déclencher le rejet que le néant, et tout le silence qui continue de l’accompagner. Je l’ai toujours vue autre… Non, la vérité c’est que je l’ai toujours voulue autre, et elle le savait. Voilà pourquoi jamais elle ne cédait. De peur de ne pas y parvenir peut-être ? Ou de peur… D’en mourir. Il le sait lui aussi. Et à la vérité, il aurait pu la peindre sous la fièvre du linceul rien que pour l’imaginer dans la perfection de ses fantasmes. Mais alors qu’elle se courbe, alors que leurs corps s’épousent, ce n’est pas la mort qui les appelle, ce n’est pas la mort. C’est une soif bien différente, qui encombre son souffle et approfondit ses regards sur elle. Le vouvoiement la reprend, et quelque chose en lui préfère cette révérence, de peur que la brûlure soit trop vive, trop intense. C’est comme avoir été privé des feux d’un astre et se trouver soudain entièrement nimbé par ses rayons. Il réfléchit véritablement à sa question, la complète d’une douceur notable : Tu ne m’as jamais laissé faire. L’envie ponctue le ton de sa phrase, mais il se reprend rapidement, surtout parce qu’elle le désarçonne, le pousse dans des retranchements sans doute aucun inavouables pour lui. Leurs yeux se déjouent, tels des dagues acérées, une passe qui dure trop longtemps, qui s’interrompt trop rapidement pourtant. Pourquoi Raffa, que devrais-je vouloir d’autre, dis-moi ? Un piège, il faudrait qu’elle avoue pour qu’il puisse se confier à son tour, il n’y a aucune once d’amusement dans ses prunelles troublées et troublantes, une façon de démontrer qu’il sait mais qu’il ne souhaite pas le dire. Il n’entend plus la musique, et ses doigts se resserrent quelque peu sur elle, l’influx d’une emprise, qu’il corrige lorsqu’elle lui échappe, et il respire enfin avec plus de liberté. Il a presque le vertige lui-même. En vie… Une ponctuation, alors qu’il s’éloigne à son tour, pour s’appuyer un temps sur la barre d’entraînement qui court le long des miroirs. La douleur et le désir de ce qu’il pourrait lui arracher l’entêtent. Rester en vie, c’est ce qu’on se raconte. Mais elle n’est pas en vie Raffa, elle est morte, déjà morte, et son âme grise dérive et se blesse sur le fil acéré où elle danse. Et où je continue de la faire danser. Encore et encore. J’aimerais qu’elle s’y blesse profondément, irrémédiablement, mais elle est déjà trop blessée sans doute, pour ressentir quoique ce soit, et se laisser aller à la perdition que je lui promets. La pique qu’elle lui adresse ne prend pas, même si son orgueil transparaît dans l’expression de son visage, plus dure une seconde durant. Il croise les bras devant lui et assène sa vérité : Vu et revu par des médiocres peut-être. Mais je ne t’ai jamais promis la médiocrité. C’est notre pacte depuis notre toute première rencontre. Parce qu’Odette c’est elle, la faiblesse et la force éclatante des plus belles tragédies. C’est celle qui aime, c’est celle qui meurt d’avoir aimé, c’est celle qu’on abandonne au passé. Car les hommes n’aiment pas assez. Et les femmes aiment bien trop pour leur échapper. Odette, je l’ai vue quand elle a traversé pour la première fois l’entrée de la compagnie, pour se présenter à moi. Elle est faite pour ce rôle. Elle est faite pour la dépasser elle… Cette autre qui a fini par trop aimer, et par périr de s’y être laissée prendre. Cette autre qui fut sa partenaire, sa victime et son élue, celle qu’il a consumée sur scène et en dehors. Jamais à la hauteur pourtant, jamais suffisamment dans la fragilité, et dans la passion qui s'y enferme. Pas comme l’est Raffaella. Il la regarde longuement, et il ne lui sourit pas. J’ai attendu longtemps quelqu’un pour le rôle. Et je ne l’aurais cédé à personne d’autre. Ses prunelles sont brûlantes sur elle. Fais en sorte que je n’aie pas eu tort. Mais il n’a jamais tort en ces matières-là, dans sa façon de discerner les faiblesses, les peurs, les émotions qui tracent les plus beaux spectacles, car il faut souffrir et mourir chaque soir. Pour renaître, en abandonnant de soi quelque chose qui jamais ne reviendra. Il est mort lui aussi, en chemin. Mais pas encore tout à fait.

Il renonce à étirer son genou qui lui donne une démarche étrange, plus féline soudain, tandis qu’il la rejoint, et qu’il pose sa paume dans le creux de son justaucorps. Sa taille lui semble moins maigre, mais tout ce qui pourrait lui indiquer la supercherie, il ne le voit pas. Il a tendance à préférer ce qu’il cherche à regarder plutôt que la réalité. C’est un geste spontané, pour attirer son attention, qu’il ne retire pas immédiatement. C’est ça qui te contrarie aujourd’hui ? Tu as peur que ce ne soit pas à ta hauteur ou de ne pas l’être suffisamment ? Il est de ces esprits complexes qui exigent tout, et qui donnent parfois ces moments de douceur en retour. Démon et ange à la fois, aujourd’hui il est heureux de la revoir alors il ne la malmène pas. Mais combien de fois a-t-il failli le faire, combien de fois s’est-il retenu au bord de ce précipice, ne souhaitant pas la blesser, le voulant pourtant avec une passion peu commune. Il retire sa main, semblant noter tout à coup qu’il la touche, puis il revient à Tchaïkovsky, mais dans la version proposée par un artiste électro, qui a déstructuré l’oeuvre en trois actes distincts, plus froids, plus vifs aussi, où le classique s’emmêlent à la modernité dans des rythmes plus triviaux. Il laisse les premières mesures s'élever autour d'eux. S’affranchir du classique, ça veut dire qu’on ne revient pas en arrière, Raffa, tu sais. Ta carrière en sera changée… C’est ce qu’il a subi à New-York en souhaitant mélanger des styles et des populations qui finissent toujours par se mépriser. Son carcan londonien abandonné, voire trahi, il n’a jamais su se le réapproprier.
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MessageRe: Dancing on a wire, both ends on fire écrit Jeu 29 Juil - 15:27
Dancing on a wire


Raffaella ne laissait personne faire. C'était la première chose que Chiara avait comprise en la rencontrant. Si leurs visages étaient semblables, elles étaient très différentes sur mille points. Mais il y en avait un qui était profondément similaire : leur barrière. Elles étaient des monts de glace qui ne fondaient pas au soleil. Iceberg totalement immergé, la pointe était un leurre qui donnait le sentiment de douceur au travers de leur beauté. Mais le terme de beauté fatale était bien approprié. Et pour Chiara, elle pouvait même être létale. Un regard félin et recouvert d'un poison lent se glisse dans la direction de celui qui affirme la vérité. Raffaella ne lui avait pas donné l'occasion de voir au-delà du voile. C'était probablement mieux ainsi. "Vous ne devriez rien vouloir d'autre, justement." Agressive, elle est sur la défensive. Et elle se souvient des mots de sa soeur, ces mots qu'elle ne comprenait pas quelques heures plus tôt. 《  Et quand il m'accule, quand il me cerne et m'empêche de me défendre, c'est à ce moment-là que ma faiblesse s'exprime dans la colère. C'est là le seul moment où j'explose. Et je sais qu'il a compris ce mécanisme. Je le sais car il en use sans se priver. 》 Chiara enrage de voir que ce qui fonctionnait avec sa jumelle fonctionne identiquement avec elle. Nous sommes apparemment liées... bien plus que je ne l'aurais souhaité.

Il reprend son terme et Chiara essuie un frisson qu'elle dissimule en regardant autour d'elle, comme s'il y avait un courant d'air. Il ne peut savoir que celle qu'il torture inlassablement n'est justement plus.. en vie. Il ne le peut. Et pourtant, possédée par celle dont elle usurpe l'identité, Chiara en veut à Ciaran de ne pas réaliser qu'elle n'est pas celle qu'il a l'habitude de fréquenter. Comment peux-tu ne pas voir que ce n'est pas elle? Ses iris se figent dans sa direction et la peine qui s'y lit ne lui appartient pas. Chiara ne comprend pas pourquoi ses émotions sont aussi confuses. Ses yeux se détournent à nouveau tandis que l'homme joue avec les mots.

《  A chacun de mes refus, il meurt une nouvelle fois. Et à chacune de ses morts, il emporte une parcelle de mon âme avec lui. 》

Chiara avait trouvé cette poésie magnifique. Et affreuse. Affreusement belle. Elle voudrait demander au professeur si sa soeur n'avait pas emporté elle aussi une part de lui en quittant ce monde. Cependant elle sent qu'il est déjà bien ébranlé par quelques douleurs invisibles. Et cette peine qu'il porte sur lui séduit la bombe. "Cela ne répond pas à ma question." Elle tente un peu de douceur afin de ne pas se trahir. Et il répond enfin, expliquant que ce rôle ne pouvait être interprété par nulle autre que Raffaella. Une pointe d'émotion gagne Chiara. Elle a vu des enregistrements de sa jumelle, elle l'a vue répéter plus d'une fois. C'était une force de la nature. Acharnée, perfectionniste, la soeur décédée était effectivement dessinée pour ce rôle. Et le compliment posthume qu'il lui fait ébranle la survivante malheureuse. J'aurais dû mourir à ta place plutôt que de te voler ton heure de gloire, plutôt que de te voler ton bonheur. Même s'il est évident que tu n'étais pas heureuse? Et comme si sa question pouvait trouver un dénouement chez son interlocuteur, c'est lui qu'elle sonde. "Ce qui me contrarie, c'est que j'ai envie d'autre chose. J'ai besoin d'autre chose. J'ai besoin de respirer." Elle évoque ce qu'elle a ressenti dans les écrits de l'autre. Et elle communique ainsi ses propres appréhensions aussi. La danse classique, c'est tout sauf ce qu'elle maîtrise. Raffaella était une virtuose, Chiara ne l'égalera jamais. Si les répétitions continuaient, la supercherie sortirait à l'évidence. Et donc elle doit le convaincre de prendre une autre direction. Ciaran se rapproche d'elle comme un loup qui s'en vient près d'un agneau. "Ce n'est pas moi qui ne cesse de remuer le passé." Elle le défie, évoquant sans conteste cette aventure qu'ils ont partagée et que Raffaella n'a jamais confirmée. Mais c'est tellement subtil qu'il ne pourrait jamais utiliser cet aveu comme une véritable confession. "Donne-moi autre chose que ce que tu donnes à toutes les autres. Donne-moi une véritable oeuvre, un véritable chef-d'oeuvre. Si tu vois en moi plus que dans les autres, pourquoi se contenter de ce qui a déjà été visité? Je suis prête à tout changer. Mais pour ça, j'ai besoin de quelqu'un qui pourra m'épauler." Ses yeux brillent dangereusement. "Daniel est gentil. Mais il n'est pas à ma hauteur. C'est toi que je veux. Si on envoie valser les codes, alors brisons toutes les règles." Pleine d'un audace qui est celui de Chiara sans l'ombre d'un doute, elle lui impose une volonté qui lui est totalement propre. Raffaella jouait dans un cour enfantine. Il est temps d'entrer dans celle des grands. Chiara désire ardemment ce professeur froid et arrogant. Ce n'est pas dans son caractère de laisser passer les opportunités. "De quoi as-tu peur?" Elle retient sa main, cette main qui la démange. Ciaran a posé sa main sur elle quelques instants plus tôt. Elle voudrait faire pareil et le toucher à son tour. Mais ça serait trop. Alors elle se contente de le caresser des yeux, avidemment. Tu n'es qu'un souvenir, le sien, le mien. Un souvenir. Un inconnu. Et pourtant, tu parcours déjà mes veines, comme une drogue que rien ne retient.

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MessageRe: Dancing on a wire, both ends on fire écrit Lun 2 Aoû - 18:26
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@raffaella luci & ciaran yeats
Comment pourrait-il en être autrement ? Ça n'est pas un air de dépit qu'il arbore mais bien cette fierté contrariée d'avouer n'avoir rien su retenir, rien su dérober. Pourtant en cette nuit encore gravée dans ses souvenirs brûlants, il sait ce qu'il a emporté d'elle, ce qu'il a dérobé dans le noir et soigneusement conservé dans les replits de sa mémoire. Ses doigts se déplient et se replient lentement le long de sa cuisse et il ajoute très bas. Ça n'est pas à toi de décider ce que je souhaite ou non. Pas après ce qui s'est produit. Mais il ne le dira pas à haute voix, trop soucieux de l'atmosphère de leurs retrouvailles. Il ne pourrait souffrir de la faire fuir une fois encore. Car la couleur de sa colère, il la connaît, peut-être mieux que personne et son regard appuie ce fait, regard long et profond dans sa direction. Il est si difficile de se retenir lorsqu'elle se montre ainsi, sous un jour nouveau, bien plus cru et bien plus entier que celui dans lequel elle se voile. Je la maudis de savoir échapper à chaque entrevue à mes venins lentement distillés, à ce besoin que j'ai de la rencontrer sous le jour rougeoyant de son mécontentement. Chaque friction me fait quémander plus encore ce qu'elle ne délivre jamais. Hormis à la nuit tombée, hormis cette nuit-là. Pris entre les feux de son envie, il ne voit pas que Raffa ne cesse depuis qu'elle lui est revenue de souhaiter lui échapper par le biais menteur de la nouveauté. Il se dit qu'il a par trop écroulé leurs fragiles fondations quand il s'est permis de la pousser à bout et de risquer l'insulte pour mieux imaginer l'aveu. Et il pourrait pourtant presque le saisir dans cette oeillade peinée qu'elle lui oppose, une impression de deuil qui atteint l'artiste tout en le caressant. Car il porte le deuil Ciaran sans même le savoir vraiment, tout vêtu de noir, quelque peu amaigri de l'avoir attendue et rêvée. C'est vrai qu'il meurt de ne savoir la retrouver quand il ne l'a jamais véritablement rencontrée. La douleur reflue et le saisit, arrêtant même les quelques pas qu'il effectue, et le voilà échoué, les épaules plus basses près du lecteur de disque, à considérer une rythmique nouvelle pour des envolées qu'elle vient d'étrangler en quelques phrases seulement. Pourtant Ciaran sait parfaitement que depuis le début il tend vers une mise en scène moins classique et que c'est uniquement pour que Raffaella se sente en sécurité qu'il a finalement opté pour quelque chose de bien plus académique. Le besoin qu'elle exprime est celui qui le torture aussi depuis qu'il l'a rencontrée. Voilà pourquoi l'attirance oscille en permanence avec ce rejet, mouvement de l'esprit et du corps prompt à les rendre malades l'un et l'autre. Pourtant il ne peut s'empêcher de ponctuer d'un ton plus sec : Ça n'a pas suffi un mois pour que tu respires ? Je ne crois pas t'avoir particulièrement oppressée. Son mécontentement se lit jusque dans sa posture, mais il demeure toujours les yeux rivés sur l'appareil, et la piste qu'il sélectionne plutôt que de la confronter. Mais bientôt, l'envie de la toucher après l'avoir mordue le tenaille et il la rejoint tel le prédateur qu'il est. Sa bouche se pince ostensiblement devant sa remarque qu'il saisit au vol bien malgré lui. Je ne vois pas ce qu'il y a à remuer si ça n'a jamais existé, hein ? Il y a quelque chose d'animal dans le geste qu'il trace sur sa taille, quelque chose d'éminemment possessif, cette même sorte de possessivité qu'il a appliquée lors de leur étreinte, fantasmée ou non elle demeure cette unique réalité qui peint ses envies, uniquement tournées sur elle depuis. Il lui propose une musique et un univers différent, au service de la même histoire tragique, celle qu'il ne saura nourrir et apprivoiser sans elle. Mais ça ne semble jamais assez pour son étoile qui vient lui demander ce que personne ici n'a jamais osé. Oh pourtant elles y songent toutes, les ballerines de la compagnie, à ce spectacle uniquement dessiné pour elles, par elles, où il pourrait les emmener, comme l'on mène la proie au cœur de la toile dégoulinant des humeurs noirâtres dans lesquelles on aspire à se noyer. Dans les prunelles de Ciaran une lueur tremble, invincible lueur de celui qui a vu sa vie vaciller et qui ne sait plus comment la rétablir. Raffa n'a jamais osé non plus le lui demander alors il fronce des sourcils et appuie un "Pourquoi maintenant ?" vibrant d'un désir presque palpable. Il interrompt son geste comme si elle l'avait brûlé, avec peur sans doute de trop pousser la possessivité maintenant qu'elle élève sa requête. Il ne sourit plus, il ne fait que la regarder, la sonder et la peine traverse ses yeux noirs, alors qu'il s'autorise à remettre une mèche de ses cheveux longs derrière son oreille, la touchant une fois encore, entièrement captivé. Tu ne te rends pas compte de ce que tu me demandes. Toutefois il ne lui explique pas. Le prix de son rêve, la douleur et la torture qu'il faudra essuyer, la drogue qu'il faudra augmenter, et ce désarroi de se sentir en permanence rappelé à sa nature cruelle. Mais pour qui d'autre serait-il capable de risquer sa très relative stabilité ? Qui en vaudrait la peine ? Daniel n'est pas à ta hauteur en effet. Il ne l'a jamais été. Une remarque purement mesquine qui n'en est pas pour autant moins empreinte de vérité. Si je bascule, tu bascules avec moi, Raffa. Et que tu le croies ou non, j'ai toujours souhaité te préserver de ça. De ses humeurs, de sa violence rentrée, de cette douleur dont il hérite et qu'il appose sur celle qu'il manipule en retour. D'un côté, sans se confronter à ce qui le terrifie, jamais il ne pourra chasser son obsession de son esprit. Es-tu sûre de vouloir devenir ma partenaire ? Il ne pourra jamais avoir la force de la porter mais il sait que ses chorégraphies les plus touchantes ne sont pas bariolées de figures complexes, plutôt de sensualité et de trouble. Son pouce dévale sa joue et interrompt la ligne qui se serait échouée sur ses lèvres. J'ai peur en permanence, de mon envie d'elle, de cette possession dévorante, prégnante, qui me donne l'idée de la pousser à bout et de la plonger dans cette folie qui me nourrit sans discontinuer. Mais je n'ai jamais voulu broyer sa fragilité, cette fragilité qui mise au bord du gouffre serait stellaire et qui pourtant s'en trouverait à jamais corrompue. Mais je l'ai déjà condamnée. Je le sais. La seule question désormais c'est quelle est l'échéance accordée à celle qui me possède à son tour…
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MessageRe: Dancing on a wire, both ends on fire écrit Lun 9 Aoû - 14:49
Dancing on a wire


《  C'est une ondulation, une vibration de l'air. Il occupe l'atmosphère sans même s'en rendre compte. Quand je pénètre le studio, je respire déjà sa présence. Elle me comble, m'accable, prend tout l'espace et ne me laisse aucun répit. C'est enivrant et c'est étouffant. Comme un parfum phénoménal qu'on aurait tôt fait de vous enfoncer dans le nez. Il m'asphyxie.》

Tandis que leurs pieds valsent ensemble dans un duo dangereux, Chiara ressent cette sensation plaisante et déplaisante. L'asphyxie. L'asphyxie de l'être. La douce quiétude de l'âme qui est comblée et les tremblements d'un corps qui va succomber. L'étreinte sur ses reins est fatale, elle se ressent jusqu'à sa gorge qui se noue. Parce qu'elle redoute de tomber et parce qu'elle craint... qu'il ne l'abandonne. Voilà donc la folie qui t'avait plongée jusqu'au point de non-retour soeurette... Mais Chiara ne pense pas tant à sa soeur qu'à celui qu'elle voudrait lui voler. Voler l'amoureux d'une défunte, voilà la noirceur qui habite son coeur. Et quand l'amoureux en question clame qu'elle n'est pas en position de décider pour lui ce qu'il souhaite ou pas, Chiara se sourit à elle-même. Détrompe-toi. Je déciderai, que tu le veuilles ou pas. Mais en attendant, c'est Ciaran qui semble mener la danse. Il l'attaque sans détour, provoquant l'agacement de son élève. Un mois. Un mois depuis qu'il n'avait plus vu ses traits. L'irritation de l'homme se ressent. Et Chiara félicite sa soeur d'avoir su créer une telle dépendance entre eux. Cependant, elle sait que tous les deux ont ressenti ce manque, que ce lien empoisonné les a torturés chacun à sa façon. Et d'une certaine manière, elle sait aussi que c'est ce lien toxique qui a eu raison de sa jumelle. Là, dans la rue, si la brune ne s'est pas défendue, si elle n'a pas couru devant le danger qui se présentait... c'est parce qu'elle attendait la mort. "Tu es oppressant sans même chercher à l'être. Ne le sais-tu pas?" Tant de non dits dans une seule affirmation. Elle a lu et relu les journaux qu'elle a trouvés. Elle les connaît presque par coeur. Donc elle sait parfaitement ce que la soeur ressentait. Mais elle diffère de Raffaella car, elle, elle énonce ces vérités. Son regard l'accroche avec une violence non retenue. Et le verbe continue son assaut. Ciaran répond avec cette tonalité qui lui donne des airs de rapace prêt à déchiqueter une charogne. Elle hausse les épaules, consciente que seule l'indifférence peut blesser. Le silence qu'il a dû subir depuis leurs ébats a été couronné de succès. Dans son inconscience de ce que Ciaran lui reprochait, Raffaella a attisé un feu encore plus véhément. Chiara l'analyse qui cherche comment encaisser cette demande osée et elle lui tourne le dos quand il daigne l'interroger sur ses motivations. Pourquoi maintenant... Parce que je ne suis pas Raffaella. Je n'attendrai pas. Je ne vois pas d'intérêt à laisser cette histoire se prolonger encore et encore. Il est évident que... "Tu as besoin de moi. Maintenant." Sa réponse est des plus audacieuses. Elle le regarde dans la glace, le défie aussi. "Je te demande de faire ton job. Tu es danseur, non?" Chiara continue de jouer avec le feu. Si son adversaire semble capituler de par ses mots qui n'opposent pas un refus, la victoire n'est pourtant pas encore là. Elle sait qu'elle devrait prendre des gants. Cependant, elle préfère tout tenter. Au pire, il me virera et je changerai de route. Mais elle a suffisamment de connaissance sur la relation qui unit Ciaran à Raffaella pour savoir que cela ne sera jamais aussi simple que ça. Par le passé, Raffaella a déjà abandonné à plusieurs reprises, claquant la porte et hurlant qu'il finirait par la tuer. Et de son côté, Ciaran a déjà dit à sa protégée de remballer ses affaires car c'était terminé. Leur duo s'est toujours exprimé au travers de leur lien professionnel. Il n'y a pas de raison pour que cela change maintenant. L'audace de Chiara est juste explicite. Celle de Raffaella était implicite.

Quand il admet que Daniel ne peut lui correspondre, Chiara se retient de rire. Car sa double était bien moins cassante qu'eux. Elle prenait des pincettes pour le décrire et bien que son manque de talent transpirait dans chaque ligne, Raff s'évertuait à lui chercher des qualités. Parce que Daniel, lui, était bon avec elle. Et parce qu'il y avait une chance qu'il la sauve de ses travers. Il était l'homme qui s'accrochait au sourire de sa partenaire quand Ciaran était celui qui avait besoin de ses rideaux de larmes pour apprécier la douceur d'une courbe sur ses lèvres. "Tu m'as préservée contre mon gré. Et tu as fait plus de mal que de bien. En voulant me protéger, tu as créé d'autres failles." Elle se tourne à nouveau vers lui, dans ce jeu infernal de visages entrecroisés. "Ca ne répond pas à ma question Professeur Yeats. Acceptez-vous?" Et en guise de réponse, il l'accueille avec une nouvelle question. Mais il n'y a plus de doute quant à l'issue de cette conversation. Son pouce caresse sa joue et Chiara retient un frisson. L'instinct lui dicte d'entrouvrir cette lèvre dont il approche mais l'homme a la décence d'interrompre son geste. "Rien ne m'a jamais semblé plus évident. Oui, j'en suis sûre." Elle secoue son visage d'un geste brusque et se retire de cette emprise. L'asphyxie. Son air était empoisonné mais voilà qu'elle comprenait qu'il pouvait l'étrangler au gré de ses mains aussi. Le contact entre eux la prenait au cou, oppressait ses poumons. Sortir et reprendre de l'air, je dois sortir. Une évidence bien plus frappante. Elle se détache de lui et s'en va attraper son sac qu'elle dépose sur son épaule avec une fausse nonchalance. "Je suppose qu'on se reverra... dans un mois." Un sourire piquant sur les lèvres, elle quitte la salle avant qu'il ne puisse réagir. La porte claque dans son dos et si l'envie de se laisser glisser contre la traverse, elle est surtout animée par l'impératif de sa sortie. Elle doit prendre ses distances tout de suite. Pourtant, elle sait qu'elle reviendra ici et jouera avec le feu.

Quand je le quitte, je sens encore sa présence. Comme la marque mauve de cette suffocation dont j'ai été la victime. Le plaisir de l'adrénaline parcourt encore mes veines et la douleur de son contact me tiraille. L'asphyxie est totale, perverse, infinie...


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MessageRe: Dancing on a wire, both ends on fire écrit
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Dancing on a wire, both ends on fire
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