Une rencontre brutale

Maden & Lilly

«Nous ne faisons pas de nouvelles rencontres par accident. Elles sont destinées à croiser notre chemin pour une raison.»

Mon dieu…je n’avais jamais ressenti une douleur aussi violente, comme si mon crâne implosait de l’intérieur, comme si mille et une épées de Damoclès me transperçaient en même temps. Ma tête est si lourde par moment que j’en peine à la lever de l’oreiller. J’ai passé les cinq derniers jours à vomir au moindre effort. Je me sens vidée, faible, fébrile. J’ai mal partout. Les calmants ne suffisaient pas. On m’a mise sous morphine et j’ai pu bien dormir et récupérer. Depuis hier, je peux enfin avaler quelque chose sans le vomir une heure après. Mon épaule s’est bien remise, grâce à ce pompier qui a pu me la remettre en place. Seigneur…quand j’y repense, ça n’a pas été une partie de plaisir. Je l’ai même insulté…le pauvre…il a dû vraiment me prendre pour une ingrate.

Tout de même…je ne réalise toujours pas que le centre commercial est parti en fumée. J’ai bien failli y rester. Je me demande comment j’ai fait pour tenir, comment j’ai fait pour survivre dans ce chaos. Beaucoup n’ont pas eu cette chance…Beaucoup sont morts, y-compris des enfants. C’était la descente aux Enfers. Je ne pourrais jamais oublier. Comment retrouver une vie après un telle épreuve ? C'est ancrée en moi à l'encre indélébile, une marque au fer rouge. C'est une part d’ombre qui vit désormais en moi. Je me sens bizarre. Déboussolée. Vide pour être exact. Pourtant, mes nuits sont ponctuées de douleurs lancinantes dans le crâne et de cauchemars. Je me réveille en sursaut, en transpiration, haletante, le cœur prêt à en rompre ma poitrine. Les médecins parlent de stress post-traumatique. Je voudrais rentrer. Quitter cet hôpital de malheur, mais je ne suis pas en état. J’arrive à me lever seulement depuis aujourd’hui. Les vertiges semblent avoir disparu mais je ne vais pas trop forcer. Je voudrais éviter de perdre à nouveau connaissance comme hier.

Une soignante entre dans la chambre pour prendre mes constantes et me donner mes cachets que je m’empresse d’engloutir. Puis, je décide de sortir un peu de ma chambre voir un autre décor que le jaune horrible des murs de ma chambre. Le bras en écharpe pour maintenir mon épaule, je me dirige lentement vers la salle de séjour des patients, avec un livre que les infirmières m’ont donné pour passer le temps. Prise d’un léger vertige qui me rappelle les limites de mon état actuel, je finis par m’assoir sur un fauteuil quelques mètres plus loin. Je m’y adosse bien au fond puis ferme les yeux. BOUM. Mon cœur s’arrête. Je sursaute. Mes yeux clos s’ouvrent brusquement. Mais, ce n’est qu’un enfant qui vient de se heurter contre mon fauteuil. Je n'ai pas le temps de réagir que tu arrives rapidement. Attends voir…on se connait non ?

Un bref et triste sourire étire la commissure de mes lèvres. Et, pour la première fois depuis dix jours, mes décibels vont briser le silence qui me suit partout comme un vieil ami : Ce n’est rien. Ça va, dis-je simplement. Pas de casse ? Si. Tu ne le vois peut-être pas mais, je suis comme cassée. Je ne saurais pas l’expliquer. Mince, ton visage ne m’est pas du tout étranger. Je n'arrive pas à me souvenir. Puis, le fait de trop réfléchir me lancine et m'assassine. Alors, je me contente simplement de te répondre :Je survivrai.

Mes yeux se posent sur ton fils. Tu sembles si jeune pour être père. Quoique…théoriquement pour vous, il n’y a pas d’âge. Je m’égare…J’essaie d’esquisser un nouveau sourire mais ce n’est qu’un demi-croissant de lune qui étire le creux de mes lèvres. Mes yeux se posent sur le petit: Il y en a un qui est pressé de partir.

Une rencontre brutale

Maden & Lilly

«Nous ne faisons pas de nouvelles rencontres par accident. Elles sont destinées à croiser notre chemin pour une raison.»

Le gamin réclame sa mère. Ce n’est pas étonnant, vue la tristesse de cet endroit. Moi aussi, j’aimerais fuir très loin d’ici, mais pour aller où ? Sur le campus avec Dame Solitude ? Willow est repartie chez son père pour sa convalescence. Je devrais peut-être demander à Cordélia si je peux passer quelques jours chez elle. Moi qui croyais que tu passerais ton chemin, tu m’assures revenir pour t’excuser. Oh mais…tu ne viens déjà pas de le faire ?

Tu files comme un éclair et, comme promis tu reviens à la vitesse de la lumière avec les plus sincères et plates excuses qu’il soit. Mon dieu…je suis cloîtrée ici depuis une dizaine de jours et j’avais presque oublié ce que c’était la civilisation. Tu te montres très charmant ce qui m’extirpe aussitôt un sourire.

Rebonjour. Ne vous en faites pas, ce n’est rien. C’est un enfant. Il faut bien que jeunesse se passe. Dans un bref moment de silence, j’examine les traits qui façonne ton joli minois : Je m’appelle Lilly, dis-je gracieuse en te tendant ma main valide.

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Maden & Lilly

«Nous ne faisons pas de nouvelles rencontres par accident. Elles sont destinées à croiser notre chemin pour une raison.»

Je me suis fait bousculer par un enfant. Et après ? Oui bon…j’ai pris un petit coup, je ne vais pas non plus jouer les mijaurées. Je dois avouer. Je suis très surprise. Tu as tenu parole. Tu es revenu pour t’excuser en parfait gentleman. Puisque tu es là, j’en profite pour me présenter. Nous échangeons une poignée de mains, puis, j’apprends ton prénom. Très original. Tes parents ont bon goût. Au moins, on ne se souviendra pas de toi comme un Michael Lambda.

Tu suggères de prendre l’air dans les jardins de l’hôpital. Quelle charmante idée ! ça fait des jours que je respire l’air médicamenteux et suffocant de cet endroit. J’ai besoin de m’emplir un peu les poumons d’air pur, frais et revigorant. Tu proposes même de jouer de ton charme pour m’obtenir un fauteuil roulant, et m’extirpe un sourire par la même occasion. Je rabats une mèche de cheveux derrière l’oreille : Avec joie ! Quelle charmante attention, mais vous n’en aurez pas besoin. Bien que l’idée de vous voir charmer une infirmière est pour le moins cocasse, j’en ai déjà un dans ma chambre.

Je rassemble mes forces pour tenter de me lever de mon siège, mais le résultat n’est pas très concluant. Je me pince les lèvres, puis souris, embarrassée par la situation: Je… je me racle la gorge, je crois que je vais avoir besoin d’aide…

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Maden & Lilly

«Nous ne faisons pas de nouvelles rencontres par accident. Elles sont destinées à croiser notre chemin pour une raison.»

Tu es prêt à faire de l’œil à une infirmière juste pour m’obtenir une chaise roulante ? Et bien ! je dois avouer, c’est flatteur, et tout de même un peu fantaisiste. C’est fou les idées qui peuvent vous traverser la tête pour ravir une demoiselle. Toutefois, je vais devoir écouter ta petite opération de charme improvisé, puisque j’en ai justement un dans ma chambre.

Oh bien je garde des forces dans ce cas là pour plus tard quand je retournerais à la caserne, dis-tu avec humour sans pour autant en perdre ton charme.

Je pense que c’est une excellente initiative, dis-je en riant tout en rabattant une mèche de cheveux derrière l’oreille. Je tente une levée pour t’indiquer où se trouve ma chambre, mais ça ne s’avère pas être une grande réussite. Finalement, tu m’imposes de rester ici pour te charger toi-même de la petite course. Je souris de plus bel, quelque peu gênée d’être aussi impotente : Merci beaucoup. Petit silence. Alors c’est la troisième porte à droite, t’expliquai-je ne pointant du doigts la direction du couloir Est.

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Maden & Lilly

«Nous ne faisons pas de nouvelles rencontres par accident. Elles sont destinées à croiser notre chemin pour une raison.»

Tu ne perds pas de temps pour voyager jusqu'à ma chambre et revenir avec mon moyen de locomotion, cette maudite chaise roulante qui me rappelle à chaque instant les séquelles que m'a laissées cette fichue explosion. Je mords l'intérieur de ma joue, jetant quelques petits coups d'œil par la fenêtre du couloir qui donne directement sur le jardin. Les feuilles orangées des arbres s'agitent doucement au gré du vent. Le ciel est d'un bleu éclatant. Les rayons du soleil pénètrent dans cette antre mortuaire, puis diffuse ses rayons lumineux par le verre renforcé de la vitre, offrant ainsi une lueur d'espoir dans les ténèbres.

Tu reviens très vite de ton périple le sourire joliment accroché à ce charmant visage. Tu commences alors à déconner un peu. Tel un preux chevalier, tu me sors une ces répliques tout droit sortie des romans de capes et d'épées. D'ailleurs, je ne peux camoufler ce croissant lunaire qui étire la commissure de mes lèvres. Ça faisait bien longtemps que je n'avais pas souris. Séjourner dans cet hôpital de malheur me déprime beaucoup. Je suis ravie de connaître autre chose que le jaune immonde des murs de ma chambre. C'est donc avec entrain que je joue le jeu, incarnant le rôle parfait de la demoiselle en détresse.

Que vous êtes serviable mon bon chevalier ! J'en suis fort aise ! Puis-je oser recourir à ces bras musclés pour m'aider à siéger sur ce trône à roulettes ? répondis-je avec humour.

De l'aide ? Oui. Tu as bien compris. Je n'ai que très peu de forces et l'impression que ma tête est sur le point d'imploser: Volontiers oui. Tu me tends alors une couverture pour me préserver de l'air frisquet de cette fin d'été. Tu es soucieux et prévoyant. C'est adorable ! Hum...je pourrais y prendre goût.

Merci beaucoup Maden. C'est très attentionné.. Je t'envoie un nouveau sourire tandis que tu jettes un œil dépité à ton téléphone. Je fronce les sourcils: est-ce que ça va ? Un problème ? demandai-je soucieuse.