I thought I'd never see you again + ft. Juliet

I thought I'd never see you again

feat. Juliet & Raphael

Raph avait été chargé de récupérer les vêtements de sa mère au pressing. Une habitude qu’elle avait prise depuis quelques années, un oubli qu’elle avait eu ce jour-là, et en bon fils qu’il était – ou pas - , il pouvait bien lui rendre ce service. Son dernier cours de la journée venant de s’achever, il s’était donc dirigé vers le pressing pour tout récupérer. Sauf qu’il ne s’attendait clairement pas à avoir à récupérer autant d’affaires, justement. Sa mère y avait presque laissé toute sa garde-robe, et il se retrouvait les bras totalement chargés à ne pas savoir quoi en faire. Et à ne pas très bien voire où il marchait, aussi. Un véritable parcours du combattant dans les rues de la ville que, heureusement, il connaissait plutôt bien.

Mais même quand on a l’impression de pouvoir parcourir un endroit les yeux fermés, ce n’était pas toujours le cas. Raphael ignorait si ce banc avait toujours été là ou non, mais en tout cas, il se l’était pris en plein dans la jambe, faisant tomber une partie de sa cargaison sur la jeune femme qui y était assise.

« Excusez-moi, je suis vraiment désolé… »

Il aurait sans doute continué à se confondre en excuses s’il n’avait pas croisé le regard de son interlocutrice. Un regard qu’il connaissait plutôt bien, et qu’il ne pensait pas revoir un jour. Un regard qu’il avait laissé derrière lui bien des années plus tôt. Son visage s’était d’ailleurs décomposé à sa vue, et le sens de la parole l’avait également quitté. Il ne savait tout simplement pas quoi dire alors qu’il se retrouvait face à l’une de ses erreurs passées. Enfin, d’une certaine manière, en tout cas. L’erreur n’était pas Juliet, mais bien les choix qu’il avait pu faire à son égard. Et il ne les avait pas oubliés.

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Assise là, à juste profiter de mon smoothie ananas graines de chia, je ne vis pas arriver le pire. Je rangeais mon appareil photo dans mon sac à main, avant d'étendre mes jambes, les croiser et regarder le panorama s'étaler devant mes yeux. Je me fonds dans la masse, débardeur noir, chemise à carreaux aux manches relevés, jupette noire et baskets, je suis personne et personne ne me remarque. De toute façon, il suffirait que j'hèle mon fils de 9 ans qui fait déjà la même taille que moi, pour désespérer tous les hommes qui croiseraient mon chemin. J'ai appris à vivre avec, et je ne m'en porte pas plus m...

Une pile de vêtements dans des housses en plastique, me tomba dessus, et je retins un petit cri de surprise, qui se mua en un hoquet de surprise. J'entendis la voix, avant d'être littéralement percutée par le regard qui croisa le mien. Oh non, fut la seule chose que mon cerveau arriva à imprimer. Je me levais d'un bond, mes pieds et mes jambes ayant envie de fuir très loin. Mais les mains pleines des housses de vêtements, nous nous retrouvions l'un en face de l'autre, des vêtements de pressing entre nous, roulés en boule.

- Bonjour Raphaël. Dis-je de manière formelle et à la limite de ne pas être franchement naturel.

Je ne visualisais pas du tout, Charlie non loin, qui galopait quelque part dans le coin après ses Bblades, et la possibilité qu'il rencontre sans crier gare, son géniteur. Il était dans l'âge des questions, je lui montrais des photos de son géniteur, lui expliquant que je l'avais aimé beaucoup, et qu'il était partit pour un ailleurs, sans jamais savoir qu'il avait pu donner la vie. Que s'il l'avait su, jamais il ne l'aurait abandonné, mais que sans doute son géniteur avait été envoyé en mission à l'autre bout du monde, soignant les affamés de la guerre ou de la famine quelque part au Tchad... il ne pouvait être joint. J'en avais raconté des choses, pour tenter d'expliquer à mon fils, qu'il n'avait pas été abandonné lâchement, comme j'avais pu l'être par Raph. Et aujourd'hui, il était là, en face de moi, avec ses housses de vêtements pour femme...

La vie était d'une cruauté sans nom.

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feat. Juliet & Raphael

Il y avait des choses qu’on n’oubliait pas. Juliet faisait partie intégrante des souvenirs qui le hantaient depuis des années sans qu’il ne puisse les oublier. Même si Raphael avait pris la décision de partir, ce n’était pas pour autant qu’il n’avait aucun regret. Chaque jour supplémentaire passé loin d’elle en était un, particulièrement douloureux, toujours de plus en plus difficile à affronter. Revenir à Los Angeles avait d’ailleurs été une épreuve pour lui. Il l’avait fait pour sa mère, et pour sa sœur, mais chaque endroit de cette ville le ramenait à une ancienne vie qu’il avait quitté depuis longtemps.

Sauf que se retrouver face à Juliet était bien plus difficile que ce que le jeune homme avait pu s’imaginer. Être face à elle, si belle, si lumineuse, ne faisait que lui rappeler tout ce qu’il avait perdu en partant à Londres. Elle avait changé, bien évidemment, tout comme lui. Mais elle lui paraissait toujours aussi magnifique que dans son souvenir. La formalité dans sa voix, par contre, il n’y était pas habitué. Elle avait toujours été si douce, avant. C’était comme s’il se retrouvait face à une autre personne. Mais il l’avait sans aucun doute mérité.

« Salut… »

Raph retrouvait sa voix, petit à petit, même s’il se sentait toujours aussi désarçonné. Il tendit le bras pour récupérer les housses qui étaient tombées. Sans doute devrait-il partir et continuer son chemin, mais il doit bien avouer qu’il n’en avait pas la force. Son regard ne pouvait pas se détacher d’elle, même si ça lui faisait mal. Elle était si proche de lui, et pourtant si loin à la fois.

« T’as l’air d’aller bien. »

C’était la première chose qui lui était venu à l’esprit. Il avait pourtant tant de choses à lui dire, mais il se demandait si c’était vraiment utile. Ou même s’il en avait le droit. Il aimerait, lui expliquer ce qu’il s’était passé, lui dire à quel point il était désolé. Mais il était sans doute trop tard pour le faire.

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Je souris lorsqu'il me dit que je semblais aller bien. Trouvant la phrase tout à fait mal venue, venant de lui. Mais soit. De l'eau avait coulé sous les ponts.

- Depuis 10 ans, heureusement. Dis-je simplement, lâchant les housses de vêtements pour qu'il les récupère.

Je posais mes mains dans les poches de ma jupe, le regardant comme si c'était hier quelque part. J'avalais ma salive, pinçant les lèvres, tentant d'avoir une contenance à peu près normale, ou tout du moins humaine. Dans ma tête, défilait une réalité qui ne me met pas en valeur, j'ai 28 ans, je ne suis pas mariée, pas fiancée, pas même en couple, et lui porte une pile de vêtements de femme... Je poussais un soupir, me rendant compte que cela faisait maintenant 3 à 4 minutes, que nous nous regardions en chien de faillance.

- Bon, et bien, passe une bonne journée. Dis-je comme pour prendre congés.

Et c'était ce que je voulais faire, réellement c'était le mieux à faire, il n'avait pas l'air de vouloir parler du pourquoi il était partit y'a 10 ans, et franchement je n'étais pas prête pour une telle discussion au milieu de la route...

- M'MAN !

Une voix me tira de mon introspection, et je tournais la tête vers mon Charlie, qui me regardait, remettant ses lunettes de vue sur le nez, râlant... Charlie, Raphaël... FUCK.

- Oui mon coeur, j'arrive.

Marchant vers lui, je me mis entre Raphael et Charlie.

- J'ai perdu ma beyblade flamme, elle a glissé sous une voiture !
- Je t'avais dit de faire gaffe Charlie.
- Désolé maman, elle a fait un flip, et puis elle a disparu sous la voiture là.

Je regardais ma tenue, je me voyais mal me mettre à quatre patte devant la voiture, pour aller chercher une toupie, même si celle ci m'avait couté 10 dollars. Je me tournais vers Raphaël, tenant la main de Charlie dans la mienne, et un regard s'échangea entre mon fils et mon ex... C'était foutu, Raph savait comme son hérédité de regard était particulière, il allait forcément remarquer le regard de Charlie tout autant rare que le sien.

- Tu veux bien aller la récupérer ? Demandais-je à Raphaël.

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feat. Juliet & Raphael

Sa phrase raisonnait comme un coup de poignard dans son cœur. Dix ans. Dix ans de douleur constante qui ne le quittait jamais. Dix ans de regrets qui le bouffaient à chaque seconde. Il ne savait pas quoi répondre à ça. Est-ce qu’il y avait quelque chose à y répondre, de toute façon ? Rien de ce qu’il ne pouvait dire ne pourrait effacer ou même arranger ses dix ans d’absence, bien au contraire. Et il n’était même pas certain qu’elle attende justement une explication, une raison à son départ. Depuis le temps, elle avait dû passer à autre chose. Du moins, il l’espérait pour elle. Que lui ne l’ai pas fait… Et bien, c’était le juste retour du karma, sans doute.

Juliet n’avait, en tout cas, aucune intention de continuer cette conversation. Lui souhaiter une bonne journée était son signal pour lui dire de partir. Raph allait d’ailleurs le faire, même s’il avait hésité pendant quelques secondes. Des secondes suffisantes pour entendre un petit garçon appeler sa maman en criant un peu. Ça avait attiré son attention. Autant dire qu’il ne s’attendait pas à ce que sa maman soit la femme qu’il aimait encore tant. Autant dire que Raph avait pâlit en l’espace de quelques secondes. Ce petit avait quoi ? Huit ans ? Neuf ans ? Est-ce que… Non. Non, ça ne pouvait pas être possible, Raph ne voulait pas y croire.

Et pourtant, quand il se retrouva face au petit garçon, il ne put que constater ce regard qu’il connaissait bien. C’était le même que le sien. Cette particularité qui ne courrait clairement pas les rues et qui ne laissait aucun doute sur ce qu’il craignait le plus, dans le fond. Ce petit garçon, Charlie… C’était son fils. Il lui fallut quelques secondes pour revenir à la réalité quand Juliet s’adressa à lui. Raph avait détaché son regard du petit garçon, croisant celui de sa maman le temps de retrouver le sens de la parole.

« Oui, bien sûr. »

Il posa les housses sur le banc, encore totalement bouleversé par ce qu’il venait de comprendre, même s’il essayait de ne pas le montrer. Mais Juliet le connaissait sans doute assez pour voir que ça ne le laissait pas indifférent. Il évitait d’ailleurs de regarder le petit garçon alors qu’il glissait son bras sous la voiture pour récupérer sa toupie. Toujours à genoux à côté de la voiture, ses yeux s’étaient à nouveau posés sur Charlie alors qu’il lui tendait son jouet en souriant.

« Tiens, la voilà. »

Une fois la toupie dans les mains du petit garçon, Raph s’était remis sur ses pieds. Il regardait à nouveau Juliet, comme s’il cherchait des réponses dans les traits de son visage.

« Je crois qu’il faut qu’on parle. »

Et il ne pensait pas trop en demander à cet instant. Elle savait, sans aucun doute, qu’il avait compris.

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On ne pouvait pas faire pires retrouvailles, et moi qui avait souvent pensé à cela pendant 10 ans, à ce que je porterais, à ce que je dirais, à ce que je ferais. Et aucun de mes scénarios, ne ressemblaient à ce que nous étions en train de vivre. Charlie avait 9 ans, il était plus grand que ces camarades, roux avec ce regard si particulier - regard chez Raph qui m'avait séduite avec une facilité déconcertante - il n'était plus un petit garçon, il était un garçon en CM1, fan d'Harry Potter, de Pokémon, de Ninjago, qui aimait Pirates des Caraïbes, mordu de livres et de beyblades, qui pratiquait le judo et le hockey sur gazon. 9 années que Raph avait passé sans savoir qu'il avait un fils. Il lui rendit sa toupie flamme, et Charlie regarda Raph, tout comme Raph regarda Charlie. Si mon fils n'a rien dit du regard de l'homme, je sais qu'il m'en parlerait plus tard dans la journée. Maudite hérédité.

- Oui sans doute. Répondis-je alors à Raphaël, qui loin d'être bête était en train de réaliser. Charlie, tu nous devances, regarde il y a Eliot là bas... Je te surveille, on te suit.

Je laissais Raph reprendre ces housses de vêtements, et commençais à marcher en suivant notre progéniture. Un silence pesant entre nous, je me doutais que ce serait laborieux de poser des mots sur tout ça. Je poussais un long soupir, allant attraper une cigarette dans mon sac à main, et l'allumais en tirant dessus.

- Il s'appelle Charlie Northwood... il a 9 ans... C'est un garçon intelligent, timide mais débrouillard. Passionné de livres et de cinéma. Il est persuadé que son père est un archéologue aventurier, qui aide des gens quelque part en Afrique... j'aurais détesté lui dire que tu l'avais abandonné, sachant que c'est moi que tu as abandonné et laissé derrière sans un signe... et non lui, vu que tu n'étais pas au courant.

Je fumais tranquillement, marchant avec Raph sur ma gauche, regardant devant, regardant mon fils.

- Je ne pourrais pas retracer, et je n'ai pas spécialement envie de reparler du chaos d'il y a 10 ans, mais sache qu'il ne manque de rien. Que je l'ai élevé du mieux possible, qu'il est heureux, malgré et avec son hérédité oculaire. Je souris, tournant le visage vers Raph.

Je n'avais pas envisagé le cas, où Raphaël referait surface, cela ne changerait rien. Il devait avoir femme et enfant de son côté, et une vie bien différente de la mienne. Je me tus, écrasant le mégot dans un cendrier, croisant les bras sur ma poitrine, Charlie s'étant arrêté sur un banc pour jouer avec Eliot, je m'arrêtais aussi de marcher, me tournant vers Raph.

- Et toi alors, tu as des enfants ? Lui demandais-je pour bavarder. Il voulait bavarder, alors bavardons.

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Comment était-il censé réagir à ce qui était en train de se produire, Raph n’en avait aucune idée. En même temps, jamais il n’aurait pensé découvrir qu’il était le père d’un petit garçon de neuf ans, ça ne lui avait jamais traversé l’esprit. Comment aurait-il pu le deviner, après tout ? Mais ce serait quand même mentir de dire qu’il n’en voulait pas à Juliet. Elle ne lui avait rien dit, alors qu’elle aurait pu essayer. Même si Raph ne répondait pas à ses appels, passer par sa sœur ou par sa mère aurait pu suffire à lui faire passer le mot. La seule question qui lui tournait en boucle dans la tête était pourquoi. Pourquoi ne rien lui dire, même si la situation n'avait pas facilité les choses ? Et puis, quand est-ce qu’elle l’avait su ? Avant son départ ? Après ? Il y avait beaucoup trop de questions sans réponses et oui, il fallait qu’ils aient cette discussion, même si elle n’allait pas être facile.

Il avait récupéré les housses de vêtements de sa mère, regardant Charlie partir devant eux avec son ami avec un sentiment particulièrement désagréable. Il n’allait pas apprécier la suite de cette conversation, c’était certain. Et sa première surprise fut de voir Juliet sortir une cigarette de son sac. Depuis quand est-ce qu’elle fumait ? Mais après tout, les années avaient passées.

« Je peux en avoir une ? »

Il en avait sans doute besoin, tout autant qu’elle. Raph ne fumait que de temps en temps, en soirée, la plupart du temps. Mais là, il en avait besoin, et c’était bien une chose que Juliet pouvait comprendre. Il était d’ailleurs en train d’allumer celle qu’elle lui avait tendu quand elle commença à parler. Et chacun de ses mots lui faisait encore plus mal que le précédent.

« Mais tu lui as quand même menti. »

Raph était certainement mal placé pour lui faire des reproches, mais il n’avait pas pu s’en empêcher malgré tout. Il ne doutait pas du fait que Juliet s’occupait bien de lui, qu’elle était une bonne mère. Après tout, ce n’était pas pour rien qu’à une période, il s’imaginait fonder cette famille avec elle. Mais ce mensonge, il ne le méritait pas. Il ne méritait pas d’être cette image d’homme aventurier alors qu’il avait juste fuit en pensant que c’était la meilleure des choses à faire. Il ne méritait pas d’être dépeint comme quelqu’un de bien, après avoir fait la pire erreur de toute sa vie.

« Non. Pas de femme, pas d’enfants. Jusqu’à maintenant, en tout cas. »

La fermeté dans sa voix était présente. En réalité, Raph réagissait comme il le faisait depuis dix ans : il cachait ses émotions. Mais ça n’avait jamais été aussi difficile que maintenant. Ça l’était même trop, d’ailleurs. Il se sentait à deux doigts de craquer.

« Pourquoi t’as pas essayé de me contacter pour me le dire ? T’as une si piètre opinion de moi que tu t’es dit que ton fils serait mieux sans savoir qui est son père ? »

Quelle autre raison, après tout ? Elle lui avait menti sur lui dans les moindres détails. Rien de ce qu’elle lui avait raconté n’était vrai. Raph n’était que la pâle copie de l’homme qu’elle s’était imaginée comme père pour son fils.

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J'eus un petit rire, je pensais qu'il se moquait de moi avec ses questions, mais non, il était sérieux.

- Je me doute du choc que tu dois avoir là dans le présent, mais n'inverse pas les rôles de la souffrance je te prierais. Tu es parti, en me laissant sans AUCUNE nouvelle, sans me dire où tu allais, ce que tu allais faire, ni si un jour on se reverrait. Tu m'a rayé de ta vie Raphaël, sans aucune explication... J'ai essayé de t'appeler, de t'envoyer des messages, je t'ai écrit des mails... et puis quelques semaines plus tard... j'ai compris que j'avais du retard, et j'ai fait un test et il était positif. Je passais une main dans mes cheveux. Mon père tu t'en doutes a été furieux, si bien qu'il m'a collé à la porte de la maison quand je lui aies dit que je refusais l'avortement. Et c'est ma mère qui m'a ramassé à la rue... bref... Tu peux réellement être choqué, oui c'est ton fils, ou du moins tu es son géniteur. Mais je t'interdis de m'en vouloir, pour quelque chose que tu as provoqué.

Je tournais le visage vers Charlie, souriant en le regardant, avant de reposer mes yeux sur Raph.

- C'est finalement, le meilleur de notre histoire, Charlie est ce qu'il est resté de mieux, de notre histoire. Et je voulais garder ça, pour moi. Donc, tu vas décanter tout ça, tu vas encaisser le choc, comme j'ai pu encaisser la grossesse inattendue il y a 10 ans, après une sale rupture, et tu n'es obligé de rien. Je ne te demande pas de le reconnaître, de faire un lien avec lui, je ne te demande ni argent, ni pitié, ni de ton temps.

Charlie revint vers nous, se collant contre moi, je passais un bras autour de son corps, embrassant le dessus de sa tête. Je mesurais 1m59, lui mesurait déjà 1m43, autant dire qu'à l'adolescence, il me mangerait la soupe sur la tête.

- Vous avez le même regard que moi, c'est marrant non ? Dit-il. Je pensais être le seul sur terre... maman dit que c'est mon père qui avait ça aussi. Vous l'avez eu comment vous ? demanda t-il de sa voix de petit mec.

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Tout un tas de sentiments envahissaient Raphael au fur et à mesure que la conversation avançait. De la colère, de la frustration, des regrets. En somme, rien de bien positif dans l’instant présent. Les reproches de Juliet n’arrangeaient rien. A croire qu’elle n’avait aucune idée de la souffrance qu’il ressentait également depuis dix ans. Mais non, évidemment, elle ne s’en doutait pas. Comme elle venait de le dire, il l’avait rayé de sa vie. Il n’avait pas répondu à ses appels, il n’avait pas lu ses mails. Parce que ça lui semblait être la meilleure chose à faire, sur le moment. Mais plus la conversation avançait, plus il se rendait compte que Juliet ignorait totalement ce qu’il s’était réellement passé. Son père l’avait fichu à la porte, mais il ne lui avait certainement pas dit ce qu’il avait fait. Et Raph n’en avait jamais rien su, lui non plus.

« T’as aucune idée de ce qu’il s’est réellement passé. Ton père s’est bien gardé de te donner les détails de l’histoire. »

Et c’était le plus douloureux, quand on regardait bien. Tout aurait pu se passer tellement mieux si les événements s’étaient déroulés autrement, dans un ordre bien différent. Si Raph avait su qu’elle était enceinte avant de partir, ses choix auraient été différents. Et si… On pouvait changer tellement de choses avec des « et si ».

« Parce que tu crois que je vais faire demi-tour comme si rien ne s’était passé ? Tu sais bien que… »

Raph n’eut pas le temps de finir sa phrase que le petit était venu rejoindre sa mère. Il ne se voyait pas continuer cette conversation devant lui, pas dans ces conditions, en tout cas. Le plus dur était sans doute de garder un visage impassible devant lui. Pourtant Raph s’y forçait. Il ne voulait en aucun cas affecté ce petit garçon, peu importait comment les choses se dérouleraient par la suite.

« Je les tiens de mon père, aussi. »

Son père, qu’il avait perdu à peine quelques semaines plus tôt. Cette succession d’événements allait finir par avoir raison de lui, sans doute. Même s’il essayait d’encaisser, il sentait qu’il n’en avait pas la force, dans le fond.

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- Mon père ? Comment ça ?

Je n'eus pas le fin mot de l'histoire, et je restais un peu étonné de tout ça. Je ne lui parlais plus trop, enfin si il avait reprit contact avec moi il y a 2 ans tout juste, pour voir son petit fils, et j'avais accepté. Mais là, ça risquait de déclencher bien des choses encore. Ou avait il dit ça juste pour se dédouaner d'avoir été un fuyard ? Aucune idée, je le connaissais bien, nous nous connaissions bien, mais 10 après... non, c'était différent pour sûr ! J'étais différente, et lui aussi.

- Je ne te dis pas de le faire, je te dis que...

Pas le temps de terminer, que Charlie revient et veut parler avec Raph. Content de la réponse de Raph dans l'instant T, il me posera les 3 000 autres plus tard, le connaissant, et j'allais dire quoi ?! Sentant un léger brin de panique venir, mon fils me coupa.

- M'man, y'a Eliot qui me propose de dormir chez lui ce soir. J'peux ?

Je regarde Eliot plus loin avec sa maman, qui me fait un pouce levé pour dire que c'est oui. Et je regarde Raph, et Charlie.

- Bonne idée oui... On passe par la maison récupérer tes affaires et je te dépose ?
- J'préfère y aller là, on va jouer au Beyblades, déposes moi le sac en rentrant ?

Je pousse un soupir, lui souris et accepte.

- Au fait je m'appelle Charlie. Dit mon fils à Raph. Et Toi ?

Il hoche la tête alors, serre la main de Raph, m'embrasse fort et galope vers Eliot et sa mère.

- Je présume que tu dois ramener ces fringues à ta femme. Mais, j'habite à Malibu, si tu veux passer ce soir, je te donne l'adresse et tu finiras de me raconter. Ou alors on picolera pour oublier... l'un ou l'autre ?

Je pris son portable, pour lui donner mon nouveau numéro et noter mon adresse dans son "notes", avant de le lui rendre.

- A ce soir.

Distante jusqu'ici, je me surpris un peu, à me hisser sur la pointe des pieds, faisant fi de son tas de vêtements entre nous, pour aller déposer un baiser sur sa joue. Son odeur si reconnaissable, me faucha, pour me projeter 10 ans plus loin, quand larguée et enceinte, je cherchais sur son vieux pull, son odeur encore pour m'endormir...

Je le quittais pour la journée, marchant dans l'autre sens, pour regagner ma voiture, et quitter Santa Monica. Dans la voiture, j'avais mit la musique à fond, et j'avais fumé encore, trop sur les genoux d'avoir recroisé Raphaël Ashmore... mon premier amour, mon seul ?