I thought I'd never see you again + ft. Juliet

I thought I'd never see you again

feat. Juliet & Raphael

Raphael était à présent beaucoup plus en colère que le reste. Pas contre Juliet, bien évidemment. Elle n’y avait pour rien si son père ne lui avait pas tout dit, s’il n’avait pas fini par assumer ce qu’il avait fait pour les tenir autant éloigné que possible l’un de l’autre. Et il avait eu ce qu’il voulait, au final. Il avait gagné, d’une certaine manière. Ils n’étaient plus ensemble depuis dix ans, Juliet devait sans doute le détester à l’heure qu’il était, et il avait raté neuf ans de la vie de son fils. Si son père avait eu l’intention de le tuer intérieurement, il avait très clairement réussi. Parce que jamais il ne pourrait rattraper neuf ans de perdus auprès de son fils. Qui avait d’ailleurs l’air d’aller très bien sans lui.

« C’est lui qui m’a demandé de partir. Si je le faisais pas, il menaçait de te mettre dehors sans rien pour t’aider. »

Et ça n’avait visiblement servit à rien qu’il parte, au final. Tout ce qu’il avait fait en pensant la protéger, il l’avait fait dans le vent. C’était surtout ça qui attisait sa colère sur l’instant. Et garder un visage neutre face à Charlie était loin d’être facile. Mais il n’avait pas besoin de savoir tout ça, du moins pas pour l’instant. Pas avant qu’ils n’aient pu réellement en discuter, en tout cas. Et même Raph ne savait pas tellement comment aborder les choses. C’était beaucoup trop confus dans sa tête, beaucoup trop… Trop de choses, justement.

« Moi c’est Raphael. »

Il venait de demander à sa mère s’il pouvait passer la nuit chez son copain, et venait de lui serrer la main avant d’enlacer Juliet et de partir le rejoindre. Cette dernière avait fini par reprendre la parole, pour lui proposer de passer la voir ce soir. Et il ne put pas vraiment s’empêcher de contredire sa remarque.

« C’est à ma mère. »

Il lui tendit finalement son téléphone, pour qu’elle puisse y entrer les informations dont il aurait besoin pour la rejoindre, ce soir-là. Et il s’attendait à ce qu’ils se quittent là-dessus, tout simplement. Mais elle l’étonna en se hissant sur la pointe des pieds pour venir déposer un baiser sur sa joue. Un baiser tout aussi agréable que douloureux, en réalité. Il avait l’impression de revenir des années en arrière, quand ils s’étaient rencontrés, au lycée. A cette phase de leur relation où il avait commencé à se rendre compte qu’il tombait amoureux d’elle. Il l’aimait toujours, c’était indéniable. Même après toutes ces années, son amour pour elle ne s’était pas éteint. Et ce ne serait sans doute jamais le cas.

« A ce soir… »

Ils avaient fini par se séparer, Raph toujours aussi bouleversé par ce qu’il venait de se passer. Il s’était rendu chez sa mère pour lui déposer ses affaires, et ça avait été compliqué pour lui de garder la face. Même s’il savait qu’il pouvait lui parler, il n’était pas encore prêt à le faire. Et surtout, elle n’avait très clairement pas besoin de ça en ce moment. Il avait passé un peu de temps avec elle, avant de la quitter pour se rendre chez Juliet. Le trajet n’avait pas été bien long, mais il était resté quelques minutes dans sa voiture, garé devant sa maison. Il n’avait aucune idée de comment les choses allaient se dérouler ce soir, et il n’y avait qu’un seul moyen de le savoir.

Il était alors sorti de sa voiture, s’avançant vers la porte d’entrée avant d’y sonner, et d’attendre qu’elle vienne lui ouvrir. Il avait ramené une bouteille de vin. Si sa mère lui avait bien apprit quelque chose, c’était qu’on n’arrivait jamais chez quelqu’un les mains vides. Ce qui ne voulait pas forcément dire qu’il avait l’intention de picoler pour oublier. Mais ils allaient sans doute avoir besoin d’un verre pour digérer la pilule, tous les deux.

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J'avais ramené les affaires pour dormir de Charlie chez Eliot, et la maman de celui ci me demanda qui était l'homme avec qui je parlais. Mon ex j'avais répondu, pas besoin de parler plus de ce qui était évident, c'était mon ex et le père de Charlie. C'est dans un état second certain que je rentrais chez nous, dans cette maison en bois avec piscine, calée sur une colline, la seule au milieu des barraques de stars, qui ne valait pas le PIB d'un pays. Une affaire que j'avais faite, en la rachetant à un chorégraphe des stars, ami de surcroit, qui voulait m'aider avec tout ça, et qui avait fait de moi, une propriétaire de maison, contre quelques clips tournés avec lui et ces têtes d'affiche. Je ne roulais pas sur l'or, mais la chance avait toujours été de la partie. Sur le trajet j'appelais mon père, lui laissant un message.

*papa c'est moi, j'ai croisé Raphaël cet après midi... il m'a dit ce qu'il s'était passé il y a 10 ans. Rappelles moi quand tu peux. *

En réalité, il n'avait pas tout raconté, mais je voulais faire flipper mon père, parce qu'il y a 10 ans je ne savais pas me défendre, maintenant ? Beaucoup plus. Je me garais dans l'allée devant ma maison, laissant le portail ouvert pour Raphael, et appelait ma meilleure amie.

- Tu déconnes?!!!! Lança t-elle au bout du fil. Et alors???!!
- il vient ce soir pour qu'on parle.
- Il est devenu gros et moche ?
- Euh... non... il est devenu homme et c'est toujours Raphaël, son regard pourra me tenir même au milieu d'une foule d'inconnus tankés comme Captain America !

Je soupirais, retirant mes fringues allant sous la douche et raccrochant d'avec Elie. Dans la douche, je n'arrêtais pas de repenser à son choc, à son choc quand il m'a vu, et à celui quand il a vu Charlie. Assise par terre dans ma douche, sous le jet d'eau chaude, je réfléchissais à la plus ou moins bonne idée, qu'il vienne ici. Je ne l'avais pas oublié, ni lui, ni la sensation d'être avec lui, bien que très amère d'avoir été abandonné sans raison apparente, et laissé derrière comme quelqu'un de pas si important. Je sortis de là, me séchant, enfilant un jean troué, des chaussettes rose et un sweat noir, séchant mes cheveux teintés en roux depuis quelques mois... En vrai j'étais blonde, mais le roux m'avait toujours été profitable et agréable aussi. J'avais peur aussi de trop ressembler à ma mère avec ma couleur naturelle... Et de prendre 10 ans d'un coup !

On sonna à la porte, j'allais lui ouvrir, pour le laisser entrer en lui indiquant de le faire d'un mouvement de bras. Il m'offrit une bouteille de vin, et je le remerciais à mi mots. Je le laissais s'acclimater à l'intérieur coloré, en bois, allant déboucher la bouteille et attraper deux verres à vin dépareillés, et quelques trucs à manger.

intérieur de la maison:

Je voulais dire des choses, vraiment, mais je savais pas par où commencer en réalité. Nous n'étions plus amis, plus amants, plus amoureux, n'avions pas eu des nouvelles de l'un et l'autre depuis 10 ans, et nous nous étions retrouvés par le plus grand et cruel des hasards cet après midi. Autant dire, que j'avais du mal à briser la glace. Je nous servis un verre chacun et m'installais sur le canapé orange, m'asseyant sur mes pieds, ne sachant pas trop comment débuter cette soirée. Je bus sans trinquer, même trinquer me semblait absurde.

- Alors... qu'est ce que tu fais de beau dans la vie ? Arrivais-je finalement à dire.

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feat. Juliet & Raphael

Raphael était venu, même s’il ne savait toujours pas si c’était une bonne idée ou non. Quand Juliet vint lui ouvrir la porte, tout était… Étrange. Il y avait comme de la tension dans l’air, des non-dits qui planaient au-dessus de leur tête. Tout le contraire de ce que leur relation avait pu être dans le passé, au final. A l’époque, tout lui semblait tellement plus simple. Il n’y avait qu’eux, ils étaient heureux. Mais tout avait été détruit en une fraction de secondes, et ils se retrouvaient à présent à être de parfaits inconnus l’un pour l’autre. C’était sans doute ce qui le faisait le plus souffrir, au final. Parce qu’il l’aimait toujours, même après tout ce temps. Mais il avait perdu le droit de le lui dire.

Il entra dans la maison, découvrant l’endroit où elle vivait avec leur fils. C’était joli, bien mieux décoré que son appartement qui était plus fonctionnel qu’autre chose. Un endroit où il aurait pu vivre, dans d’autres circonstances. Mais lui n’avait pas d’enfant à élever. Il avait juste son chat, et le peu d’affaires qu’il avait fait venir de Londres. Une vie de solitaire dont il s’était contenté, celle qu’il pensait mériter. Ils se retrouvaient à présent tous les deux installés sur le canapé, leur verre de vin à la main. Raph avait également prit une gorgée avant que Juliet ne vienne briser ce silence pesant.

« Je suis prof d’histoire. Et toi, qu’est-ce que tu fais ? »

Cette conversation était encore plus pesante que le silence qui avait plané entre eux, un peu plus tôt. Ces banalités, elles n’étaient là que pour retarder l’inévitable. Et Raph avait l’impression qu’ils avaient perdus bien assez de temps comme ça. Dix ans de trop, en réalité. Dix ans où il avait été malheureux, loin de la femme qu’il aimait, et ignorant qu’il avait un fils. Il ne voulait plus continuer à perdre son temps de cette façon.

« Quand est-ce que t’as su, pour Charlie ? »

Poser cette question lui faisait mal, mais il devait savoir. Il avait besoin de savoir ce qu’il s’était passé, même s’il ne savait pas si ça lui serait d’une grande utilité. Même s’il savait que ça lui rajouterait de la souffrance. Il n’était plus seulement question d’eux, après tout. Il était question de cet enfant, leur enfant. C’était ça le plus important.

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- Je suis professeur de danse, r'n'b, classique et mordern Jazz, à la Dance Academy de LA... Répondis-je en soupirant, hochant la tête.

En réalité je n'étais pas plus à l'aise dans les banalités échangées et il entra dans le vif du sujet.

- Deux semaines après ton départ. Pas sûre que ça change quoique ce soit, mes mails sont restés sans réponse, et mes textos aussi. Je crois... je crois que je t'avais envoyé un texto, qui disait : c'est pire qu'une rupture normale, pire parce que le test est positif. Mais c'est vrai que c'était le seul texto que j'avais envoyé.

Je mordis ma lèvre et l'intérieur de ma joue, en regardant l'intérieur de mon verre de vin. Je bus une gorgée, avant de lui demander ce qui pouvait avoir été dit y'a 10 ans pour qu'il parte.

- Est ce que tu peux me dire ce qui a été dit, entre mon père et toi y'a 10 ans, pas que ça change grand chose... jamais personne ne m'aurait fait peur au point de partir et de me séparer de toi. Je t'aimais vraiment, et on aurait pu tout affronter ensemble... Au final, toi non plus tu n'as pas essayé de me contacter... 10 ans quand même ! Je ne devais pas être si importante.

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feat. Juliet & Raphael

La danse, il n’en était pas vraiment étonné en réalité. Ce détail le fit même légèrement sourire. Raph pouvait encore la revoir danser, quand ils étaient au lycée. Il avait toujours adoré la regarder faire, d’ailleurs. Il se souvenait à quel point elle était magnifique. Et elle l’était toujours actuellement. Son visage n’avait pas vraiment changé au fil des années. Il reconnaissait toujours son regard, même s’il était un peu moins pétillant qu’avant. Du moins en sa présence, mais ce n’était pas vraiment étonnant, au final. Elle ne le regardait plus de la même manière, et pour cause, il lui avait brisé le cœur. Il ne méritait pas qu’elle le regarde avec le même amour que par le passé.

« Ça te ressemble bien. »

Mais cette conversation flottait beaucoup trop au-dessus de tout ce qu’ils avaient à se dire. Raphael entama le sujet le premier. Ou du moins, l’une des nombreuses choses dont ils devaient parler tous les deux. Leur fils. Et même si la réponse était dure à entendre, il fallait qu’il le sache. Tout s’était joué sur deux petites semaines. Deux semaines qui auraient pu tout changer si elles avaient été plus courtes, si les événements s’étaient déroulés autrement. Deux semaines qui les avaient chamboulés tous les deux pour le reste de leur vie.

« J’avais pas pris mon téléphone avec moi. Il est sans doute encore dans les cartons chez mes parents. »

Pas que ça changeait grand-chose, mais au moins elle le savait. Il n’avait jamais vu ce message. Et s’il l’aurait vu, s’il aurait pris son téléphone avec lui, ce jour-là, les choses auraient sans doute été bien différentes. Il n’aurait pas hésité une seule seconde avant de faire demi-tour, c’était une évidence pour lui. Ç’en était sans doute beaucoup moins une pour elle.

« Bien sûr que si, tu l’étais. »

Et elle était toujours aussi importante à ses yeux. C’était maintenant à lui de raconter sa partie de l’histoire. Il prit à nouveau une gorgée de vin, un peu plus longue que la précédente. En réalité, il cherchait ses mots, comment est-ce qu’il allait lui raconter ça. Parce qu’on parlait quand même de son père, ce n’était pas n’importe qui pour elle. Même si aux yeux de Raph, il était le pire monstre qui lui ait été donné de rencontrer dans sa vie.

« Il est passé chez moi en disant qu’il voulait me parler, que c’était important. Au départ je pensais qu’il t’était arrivé quelque chose, mais… Il m’a dit… Que j’étais dangereux pour toi, que j’avais une mauvaise influence. Alors il a réussi à me faire intégrer l’université de Londres. Il m’a dit de partir sans me retourner, de couper les ponts avec toi. Et que si je refusais, il te flanquerait à la porte en s’assurant que tu n’aies rien. Il m’a bien fait comprendre qu’il te ferait vivre un enfer à cause de moi. »

C’était dur de lui avouer tout ça, mais d’un autre côté, ça le soulageait. Raph n’avait jamais parlé de tout ça à personne. Il avait gardé ce secret pendant dix ans, ce secret qui lui pesait sur la conscience à chaque seconde.

« J’ai accepté parce que je pensais que c’était ce qu’il y avait de mieux pour toi. Je savais que ça te ferait mal, mais je pensais que tu finirais par tourner la page. Je voulais pas que tout s’effondre autour de toi à cause de moi. »

Même si de son côté, tout s’était écoulé comme un château de carte. Il en avait d’ailleurs les larmes aux yeux, à évoquer ce qu’il s’était passé. Cette partie de sa vie qui l’avait détruit, qui l’avait changé. Il n’avait plus jamais été le même depuis. Le jeune adulte joyeux qu’il était à l’époque avait laissé la place à cet homme rempli de regrets et privé d’espoir.

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- J'étais importante tu dis ?!

Il me donna explications, mais elles ne me convenaient pas du tout.

- Si vraiment j'avais été si importante, tu ne serais pas parti sans téléphone, sans un mot, une lettre ou que sais-je encore ! Si tu tenais à moi, comme je tenais à toi, jamais personne ne t'aurait effrayé... Moi je ne vois que l'opportunisme dont tu as fait preuve... J'espère que tes années à Londres t'ont été favorables... En tout cas, tes excuses n'expliquent rien du tout ! M'emportais-je alors, me levant de mon canapé, pour aller chercher une clope dans mon sac à main dans l'entrée. Elles ne font que me faire me rendre compte que j'étais bien peu de choses, et que du coup, je suis bien contente que tu aies fuit comme un foutu lâche, maintenant je sais ce qu'il en est. Une cigarette à la main, je revins dans le salon, le défiant du regard. Tu as raison, j'ai été bien trop généreuse avec mes histoires auprès de Charlie... Avec le recul et les explications, j'aurais mieux fait de dépeindre un pleutre qui ne m'aimait pas du tout.

Je lui avais balancé ça avec véhémence et froideur, tirant sur ma cigarette, tant la colère m'étreignait en cet instant. C'était pire que les retrouvailles, et j'avais envie de le gifler pour lui faire sentir à quel point je le méprisais en cet instant. Je voulais le faire souffrir, comme il était en train de le faire. Je croisais les bras sur ma poitrine, en proie à une montée de colère rare.

- Et je présume que si nous ne nous étions pas croisés dans l'après midi, jamais tu n'aurais repris contact ?

Hochant la tête, je tirais sur ma cigarette.

- Je ne vois pas ce que tu fais encore là alors... je t'en prie, part d'ici, L.A. regorge de femmes à qui tu pourras briser les cœurs, et étancher ta cruauté humaine envers elles !

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feat. Juliet & Raphael

Bien sûr qu’elle se mettait en colère. Raphael était d’ailleurs étonné qu’elle ne l’ait pas fait avant. Ses paroles lui faisaient mal, mais il laissait tout de même Juliet vider son sac sans l’interrompre. Elle en avait besoin, sans aucun doute. Et il ne lui en voulait même pas, en réalité. Elle n’avait pas totalement tort. Il avait fui, il s’était laissé manipulé. Parce qu’à l’époque, il était jeune. Son père lui avait foutu une trouille monstre, et il avait tellement eu peur qu’elle le déteste qu’il avait préféré lui laisser une bonne raison de le faire. Ce qui n’avait pas été le bon choix, il en avait bien conscience aujourd’hui. Mais l’adolescent qu’il était à l’époque n’avait pas eu l’impression d’avoir les armes pour se battre face à ça. S’il se trouvait à nouveau face à ce choix aujourd’hui, sa réponse serait sans aucun doute bien différente. Mais cette seconde chance, il savait qu’il ne l’aurait pas.

Ce n’était pas pour autant qu’il comptait partir, et faire comme si rien de tout cela ne s’était passé, comme s’ils n’avaient jamais eu cette discussion. Bien au contraire d’ailleurs. Juliet avait beau lui sommer de sortir de chez elle, il n’en avait aucunement l’intention. Il avait d’ailleurs posé son verre sur la table basse, se levant pour la rejoindre, pour se mettre à sa hauteur, même s’il risquait de s’en prendre une, ça n’avait pas d’importance. Son regard transparaissait sans doute la douleur qu’il ressentait au fond de lui, mais il ne détournait pas les yeux pour autant. Il n’avait plus l’intention de les détourner.

« Il ne s’est pas passé un seul jour sans que je regrette d’être parti. Si tu crois que j’ai eu une belle vie sans toi tu te trompes. Oui, j’étais dans une bonne école, j’ai un bon poste, j’adore mon boulot. Mais le reste… »

Il était coupé par l’émotion qui l’étreignait. Une larme avait fini par franchir la barrière de ses yeux, même s’il tentait toujours de les retenir. Il n’avait pas voulu se montrer si vulnérable face à elle, mais c’était beaucoup trop dur de garder la face. Il ne voulait pas qu’elle ait pitié de lui, et sans doute aurait-il dû partir comme elle le lui avait demandé. Mais Raph ne s’en sentait pas capable. Il ne voulait pas reproduire cette erreur de fuir, encore une fois, sans essayer de se battre.

« J’ai jamais tourné la page. J’ai laissé aucune femme entrer dans ma vie, parce que je sais que je pourrais jamais aimé quelqu’un comme je t’aime toi. Mais t’as raison, j’ai aucune excuse pour avoir été lâche. J’étais terrifié et j’ai laissé cette peur prendre le dessus. Et quand je me suis rendu compte de mon erreur c’était trop tard. »

Ce n’était pas simple pour lui de lui dire tout ça. Raph se montrait vulnérable face à elle comme il ne l’avait jamais été auparavant. Il avait d’ailleurs si longtemps caché à tout le monde ce qu’il ressentait que mettre des mots sur tout ça était beaucoup plus compliqué que ce qu’il avait pu penser. Il n’avait aucune idée de comment Juliet allait réagir, mais en réalité ça n’avait pas une grande importance. Elle savait, maintenant. C’était tout ce qui importait dans le fond. C’était à elle de décider de la façon dont elle allait prendre les choses.

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- Mais là on ne parle pas d'un an, de deux ans, on parle de dix ans de silence radio !! Criais-je vers lui, alors que je m'étais retournée dos à lui pour ne pas qu'il me chamanise avec son regard, comme il l'avait fait y'a 10 ans !

Je ne voulais pas faiblir dans ma colère, pas non plus qu'il bafoue tout ça, et puis je me rendis compte de son regard baigné de larmes, et quelque chose se fissura en moi. Haletante de colère, allant écraser ma clope dans un cendrier non loin, je revins vers lui, le poussant de rage. Il était plus grand que moi, et ça aussi ça m'agaçait ! On aurait pu penser qu'il me restait quelques centimètres à prendre en 10 ans, mais non !! Tout le monde était plus grand que moi !

- Je te déteste. Je te déteste. Lui dis-je en m'agrippant à sa chemise, je le repoussais, lâchant sa chemise, allant me prendre la tête entre les mains, faisant quelques pas de recul me trouvant entre la porte d'entrée et lui.

Je tentais de me rembobiner l'histoire, pour oublier quelque part, mais la seule chose que mon esprit avait l'air de vouloir se passer en boucle c'est : je pourrais jamais aimer quelqu’un comme je t’aime toi.

Du coup, sans crier gare et comme j'avais pu le faire avant, dans notre jeunesse, je fondis sur lui, lui sautant dessus, enroulant mes bras autour de son cou, mes jambes autour de son bassin, et ma bouche se retrouva sur la sienne. Bien plus de morsures et de passion que dans n'importe quel baiser échangé depuis ces 10 dernières années, nos baisers inclus dans ce constat.

Oh mon dieu... sa bouche, ses lèvres, son goût, tout me rendait ivre de lui, de ces retrouvailles chaotiques, et je me pressais contre lui, trop heureuse de le retrouver même comme ça, mais fugacement ! Toutes les nuits à rêver de lui, à le retrouver en rêve, à me fondre dans les ombres et le fondre dans mes rêves... Je perdis pied pendant de très longues minutes, jusqu'à ce que nos corps basculent sur un des canapés, où la réalité me rattrapa. Je me séparais de son visage, et je me rendis compte que j'étais sur lui, prête à tout pardonner, et ma raison se fit plus nette et tranchante.

- Non... non... Non... Je secouais la tête, allant me relever, repoussant ses bras autour de moi. NON. Lui dis-je avec autorité, comme si c'était lui qui avait sauté sur moi. Tu ne... tu ne peux pas... je peux pas...

Je passais une main dans mes cheveux en bataille, et je faisais les cents pas devant le canapé où nous avions atterrit.

- Y'a eu 10 ans... je ne suis plus la même, et si tu veux... je n'y crois pas que je vais dire ça à voix haute. Mais, si tu veux faire les choses bien, et vraiment ne pas fuir et tout ça... Tu vas devoir passer du temps avec Charlie, lui expliquer avec tes mots, et puis... y'a pas de nous... je...

Pas certaine d'être clair pour lui, je savais que je rêvais de l'embrasser encore et plus, mais que non... il ne pouvait pas s'en tirer comme ça avec deux larmes et une explication bancale. Il allait devoir traverser les 7 cercles de l'enfer, ou assimilés, pour regagner ma confiance et mon coeur.

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feat. Juliet & Raphael

Il lui avait dit ce qu’il avait sur le cœur, et c’était sans doute la première fois depuis dix ans qu’il était aussi sincère sur ce qu’il ressentait. La première fois qu’il laissait tomber ses barrières, qu’il montrait réellement à quelqu’un la souffrance qui le traversait, à chaque seconde. Il n’y avait qu’avec elle qu’il dévoilait ses faiblesses, ça avait toujours été le cas. Raph était lui-même surpris que ça le soit encore, à vraie dire. C’était bien la preuve que ses sentiments pour elle n’avaient pas changés. Il l’aimait toujours, d’un amour inconditionnel, même après dix ans passés loin d’elle. Elle avait capturé son cœur quand ils s’étaient rencontrés, et elle le détiendrait toujours, quoiqu’il fasse pour l’oublier. Rien ne pourrait effacer ça.

« On sait tous les deux que ça n’aurait rien changé. »

Un an, deux ans, ou dix, l’erreur avait été faite, l’abandon avait été là, peu importait le temps qui s’était écoulé depuis. La colère de Juliet aurait sans doute été la même, et elle était légitime. C’était d’ailleurs bien pour cela que Raph la laissait le pousser, le frapper même si elle en avait envie, et lui dire qu’elle le détestait. Parce qu’il se détestait aussi. Si elle éprouvait de la colère envers lui, Raph éprouvait de la haine envers lui-même. Il se détestait, il se dégoûtait, encore plus en voyant dans quel état il la mettait. Il avait d’ailleurs fini par détourner son regard d’elle, quand elle s’était éloignée. Il ne supportait plus de la voir comme ça, de la voir souffrir autant.

Et il fut d’ailleurs fortement surprit quand elle s’approcha à nouveau de lui et qu’elle lui sauta au cou. Il s’apprêtait d’ailleurs à lui demander ce qu’elle était en train de faire, mais quand ses lèvres entrèrent en contact avec les siennes, c’était comme si tout était en train de s’effacer. Il ne réfléchissait plus. Instinctivement, ses bras s’étaient enroulés autour d’elle et il répondit à son baiser avec la même passion. Il avait l’impression de la retrouver, pendant ces quelques minutes. Retrouver ses lèvres, la douceur de sa peau. Cet amour qu’ils partageaient et qui avait laissé un vide tellement grand en lui pendant dix ans.

Mais un basculement sur le canapé, et le retour à la réalité se fit telle une énorme gifle en pleine tronche. Elle avait fini par se relever, se retrouvant à nouveau loin de lui alors que Raph tentait de reprendre ses esprits.

« Juliet… »

Il avait fini par se lever, attrapant son poignet pour qu’elle arrête de faire les cent pas à lui donner le tournis. Il tentait de capter son regard, glissant délicatement une main sous son menton pour qu’elle tourne son visage vers lui.

« Je ferais ce qu’il faut pour Charlie. Je veux être là pour lui. »

Même si ça pouvait paraitre dingue, Raph sentait qu’il aimait déjà cet enfant, comme s’il avait toujours su. Il le savait, depuis le moment où il avait croisé son regard, depuis le moment où il avait compris. C’était son fils, après tout. Même s’il venait juste de découvrir son existence.

« Et je ferais ce qu’il faut pour toi aussi. »

Cette fois, il ne manquerait pas à sa parole. Peu importait les difficultés qui se dresseraient devant eux, Raph était prêt à se battre, sans baisser les bras. S’il y avait une chance pour qu’il la retrouve, et ce baiser lui faisait dire qu’il y en avait une, il était prêt à tout pour obtenir cette chance.

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