Once more, with feelings !

Après cette soirée étrange, où il avait pleuré, où j'avais complètement perdu les pédales en lui sautant dessus, nous ne nous étions pas revus de suite. J'avoue, j'avais laissé passé une semaine et demie, sans lui répondre trop au téléphone, un peu submergée par ces retrouvailles impromptues. Finalement, je lui avais envoyé un texto, lui indiquant l'heure de sortie d'école de Charlie, et que la directrice était au courant que c'était lui qui irait le chercher. J'avais demandé à ce qu'il soit présent pour Charlie, autant appliquer mes propres paroles.

Quand à moi et à sa promesse, ou aveu d'ailleurs je ne savais pas trop ce que c'était, mais bref, quant à ses paroles me concernant, ou la possibilité d'un nous de nouveau, je n'étais pas bien certaine de ma position, j'avais plus ou moins dit que j'avais aqua poney pour sortir avec lui. C'était plus ou moins, ce que j'avais laissé entendre, j'étais célibataire oui, libre comme l'air oui, mais je m'étais donnée pour mission de me donner plus de travail, et ce soir par exemple, j'avais pris un stage du soir à donner, pour ne pas rentrer tout de suite à la maison et tomber nez à nez avec mon fils et Raphaël. Dans mon extrême bonté, je lui avais dit de rentrer à la maison, où Charlie avait ses habitudes, et ses manies... ça incluait donc, d'avoir mon ex à la maison.

Il allait pouvoir regarder les photos ici et là, les dessins de Charlie sur le frigo, toucher à mes bibelots, ouvrir mes placards, et ça me mettait mal à l'aise, plus que je ne l'aurais cru possible. Je repoussais l'idée, qu'il pourrait fouiller dans ma salle de bain, ça ne lui ressemblait pas, du moins du peu que je savais encore sur lui ! Vers 20h30, je rentrais donc chez moi, couverte de sueur, en legging moulant verts et brassière de sport noire, un sweat à capuche sur les épaules, et mon sac de sport en main. Garant ma vieille voiture devant la maison, juste derrière la voiture de Raph.

Etrange sensation, je descendis de la voiture, regardant la sienne, et trouvant la sensation vraiment... familière, alors qu'elle ne l'était pas du tout. Poussant la porte d'entrée, je m'annonçais, en détachant mes cheveux.

- Je suis rentrée.

Un silence s'en suivit, aucune cavalcade, et j'atterris dans ma cuisine, pour les voir tous les deux regarder à travers la vitre du four. Je me glissais vers eux, penchant la tête pour regarder moi aussi, juste derrière eux.

- Qu'est ce qu'on regarde ? Lançais je à la volée.

Trop proche j'étais de la tête de Raph, et j'eus un gros coup de chaud quand il se tourna vers moi, avant de me relever rapidement, pour aller chercher une bouteille d'eau dans le frigo.

@Raphael Ashmore

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feat. Juliet & Raph

Rien n’était plus pareil, depuis qu’il avait revu Juliet. Raphael se trouvait être dans une phase un peu étrange, en fait. Enfin, il la ressentait comme étrange. Rien que le fait de découvrir qu’il avait un fils lui faisait absolument tout remettre en perspective. Lui qui ne savait pas encore s’il allait rester à Los Angeles ou non, après cette découverte, cette décision était prise. Il ne pouvait pas partir loin de cet enfant, il ne pouvait pas partir loin de Juliet. Il n’en avait tout simplement pas la force. Et puis, il y avait ce baiser qu’ils avaient échangés tous les deux. Il ne savait toujours pas quoi en penser, ni même où tout ça allait finir par les mener. Mais ça lui avait redonné un espoir qu’il avait pourtant abandonné depuis longtemps. Peut-être que tout n’était pas perdu, au final.

Un peu plus d’une semaine plus tard, Raph se retrouvait devant l’école de Charlie pour aller le chercher et passer du temps avec lui. Dire qu’il était stressé était un euphémisme. C’était la première fois qu’il allait se retrouver seul avec son fils, et la discussion qu’il allait avoir avec lui ne serait pas simple. Du moins, c’était ce qu’il pensait au départ. Quand il l’avait récupéré, qu’il l’avait ramené chez lui et qu’ils avaient commencés à parler, au final, les mots lui étaient venus. Il avait tenté de lui expliquer les choses, même s’il ne lui avait pas dit toute la vérité. Après tout, ça la foutait mal de lui dire que son grand-père était un véritable enfoiré.

« Alors t’es mon papa ? »
« Oui, je suis ton papa. »

C’était la première fois qu’il le disait, et il doit bien avouer qu’il n’avait jamais ressenti une telle fierté. Ce petit garçon était exceptionnel, il n’avait aucun doute là-dessus. Et il ne le rejetait pas, au contraire. Il était même venu dans ses bras, comme si Raph avait toujours fait partie de sa vie, alors que ce n’était pas le cas. Ils avaient passés le reste de l’après-midi ensemble. Raphael avait aidé Charlie à faire ses devoirs, et le petit lui avait montré sa chambre, où ils avaient passés du temps à jouer ensemble. Et c’était sans doute les heures les plus précieuses de la vie de Raph. Des heures où il se sentait bien, où il ne repensait plus à ses erreurs du passé. Il était juste avec son fils.

L’heure du dîner approchant, le petit duo s’était dirigé vers la cuisine pour préparer le repas. Raph était loin d’être le meilleur cuisinier de la ville, mais ils avaient trouvé de quoi faire un petit quelque chose. Sous initiative de Charlie, d’ailleurs, qui voulait faire plaisir à sa maman. Ils se trouvaient d’ailleurs tous les deux devant le four quand Juliet rentra à la maison, totalement absorbé par la cuisson du gratin qu’ils avaient préparé ensemble. Il tourna son regard vers elle quand elle prit la parole, et se redressa à son tour, les mains toujours posées sur les épaules de son fils.

« Un gratin. J’en garantie pas la réussite, mais on a fait de notre mieux. »

Il sourit à Juliet, laissant Charlie aller dire bonjour à sa mère alors qu’il restait près du four, à les regarder. En réalité, cette vision lui faisait autant chaud au cœur qu’elle pouvait lui faire mal. Raph avait raté tellement de choses. Et même s’il avait adoré passer l’après-midi avec Charlie, la réalité avait fini par le rattraper.

« Je vais… Vous laisser manger tranquillement. »

Il ne voulait pas s’imposer, surtout. Il n’était pas certain que Juliet soit réellement ravie de sa présence. Et même s’il lui avait promis de tout faire pour arranger les choses, il ne voulait la forcer en rien.

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Est ce que c'était la nuit dehors, qui lui donnait cette aura attirante au possible ? aucune idée, il était beau, et son sourire me fit sourire. Charlie dans mes bras, il nous regardait, voulant prendre congés.

- Donc tu as fait à manger, et tu ne vas pas manger ton résultat ? Avoues... on va mourir en mangeant ? Dis-je en riant.
- Reste Raphaël... s'il te plait. Maman ?
- Oui. Reste.
- Bon c'est décidé, Charlie va enfiler ton pyjama et après tu mets le couverts ? Je vais me doucher, je vous laisser gérer ?

Un hochement de tête plus tard, et je quitte la cuisine à la suite de Charlie qui file dans sa chambre. Je reviens sur mes pas, pour aviser Raphaël.

- Alors... la discussion avec Charlie s'est bien passée ? Je lui avais parlé un peu y'a quelques jours, il avait deviné... pour être honnête, il avait vu des photos de nous, quand on était jeunes.

J'attrapais un morceau de raisin dans le saladier, grignotant quelques grains, tout en tournant autour de la petite table, qui nous séparait.

- Si tu veux, on peut dire qu'un jour par semaine, tu vas le chercher à l'école ? Et un week end sur deux, tu pourrais le passer avec lui ? Si ça te va bien sûr... Charlie m'a demandé si tu l'emmènerais un jour à Londres, pour aller voir les studios Harry Potter... je te laisserais répondre à ça.

A force de parler de d'avancer, je me retrouvais en face de lui, et c'est à ce moment là que Charlie arriva.

- maman ! T'es pas encore douchée, j'ai faim !

Je m'éclipsais, frôlant la main de Raphaël de la mienne. Intentionnellement ? aucune idée, c'est plus comme si son corps m'attirait, comme un aimant. Je me douchais rapidement, enfilant une robe longue avec une paire de grandes chaussettes et un cardigan trop grand par dessus. Cheveux humides goutant sur mes épaules. Je passais à table avec eux, mangeant avec appétit.

- C'est bon. Dis-je simplement entre deux bouchées.

@Raphael Ashmore

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feat. Juliet & Raph

Sur le coup, ça lui avait semblé être la meilleure des choses à faire de partir et de les laisser tous les deux. Cette fin de journée avait déjà été éprouvante d’une certaine manière, autant pour lui que pour Charlie. Même s’il avait bien pris la chose, ils devaient encore tous les deux s’habituer à cette situation, et Raphael ne voulait pas lui imposer sa présence plus que de raison. A Juliet non plus, en réalité. Si c’était loin d’être simple pour lui, ça devait encore moins l’être pour elle. Et pourtant, elle ne semblait pas être contre l’idée qu’il reste. Chose qui le surprit, bien évidemment. Elle lui demandait de rester, sans même hésiter un seul instant.

« Bon d’accord, je reste. Mais je tiens à dire que si c’est immangeable, Charlie a aussi sa part de responsabilité. Il m’a aidé à tout mettre dans le plat. »

Il lançait un clin d’œil au petit, un sourire toujours dessiné sur son visage, avant qu’il ne file dans sa chambre pour se mettre en pyjama. Raph était toujours devant le four, s’attendant à se retrouver seul dans cette cuisine pendant quelques minutes. Mais Juliet était toujours là. Évidemment, elle voulait savoir comment les choses s’étaient déroulées. Il se tourna alors vers elle avant de lui répondre.

« Oui, ça s’est bien passé. Je lui ai pas donné tous les détails, mais il l’a plutôt bien pris. »

Il se gardait d’emmètre le moindre commentaire sur les photos qu’elle avait pu garder. Même si ça lui faisait quelque chose, bien évidemment. Lui aussi avait gardé des photos de cette époque, dans un album qu’il ne sortait que très rarement de son tiroir. Très rarement, parce qu’à chaque fois qu’il regardait ces images, la douleur le saisissait au point où il en avait du mal à respirer. Presque comme à cet instant alors qu’elle s’était rapprochée de lui. Il avait lâché un rire à sa dernière remarque. Emmener Charlie à Londres, il adorerait ça. Et il aimerait encore plus que Juliet les accompagne.

« Ça me ferait plaisir, oui. Enfin… S’il est pas allergique aux chats. J’en ai adopté un quand je suis revenu. »

Enfin, il l’avait surtout trouvé dans un carton près d’une poubelle, le pauvre. Aussi paumé que lui, d’une certaine manière. C’était sans doute pour ça qu’il avait décidé de le garder d’ailleurs. Il était sa plus fidèle compagnie depuis qu’il était revenu, et l’avoir chez lui lui faisait du bien. Sans parler du fait qu’il était totalement adorable. Il aurait d’ailleurs pu continuer à parler de son chat, mais Charlie était de retour dans la cuisine. Juliet était alors partie se doucher, effleurant la main de Raph en partant. Il la regardait s’éloigner pendant quelques secondes avant que Charlie ne le sorte de ses pensées.

« Alors, c’est prêt ? »
« On va regarder ça tout de suite. »

Il se pencha à nouveau vers le four, estimant à vue d’œil que la cuisson semblait être correcte. Il sorti alors le plat du four pendant que Charlie mettait la table. Juliet ne tarda pas à les rejoindre alors que Raph était en train de tous les servir. Ce qui relevait d’un moment assez particulier, en réalité. Tout lui semblait tellement naturel à cet instant que c’était comme si ce n’était pas la première fois qu’ils partageaient un repas tous les trois. Et pourtant, c’était bien le cas.

« La mission est accomplie, alors. »

Il regardait Charlie avec un sourire, alors que ce dernier mangeait avec le même appétit que sa mère.

« Dis voir, Charlie. Ça te dirait que je t’emmène au musée le weekend prochain ? Il y a une exposition sur la préhistoire, j’ai vu que c’est ce que vous êtes en train de faire à l’école. »

Il ne savait pas si son fils était très musée, mais lui étant prof d’histoire… Ça lui semblait être une sortie plutôt sympa à faire avec lui. S’il était partant, bien évidemment.

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C'était mignon, ils s'entendaient bien, plaisantaient ensemble, et le courant passait bien entre Raph et notre fils. Après mangé, on débarrassa la table, et Charlie s'éclipsa avec Raphaël, pour aller lire un livre, lui montrer des trucs et je trouvais ça chouette. Chouette mais pas vraiment glamour pour moi. En soit j'étais contente pour Charlie, mais je ne voyais pas vraiment comment faire pour... enfin, je sais pas si j'étais très clair sur le sujet. Mais concrètement, j'aimerais qu'il tente de me séduire, de me courtiser, de me draguer, en me proposant de sortir, en... faisant quelque chose d'autre, que de me rejouer une scène de la vie de famille. En fait, j'avais toujours vu mes amis en couple avec des enfants, et en trouvant le quotidien pas franchement sexy. D'ailleurs dans mes rendez vous tinder, je ne choisissais jamais des hommes pères de famille, parce que je voulais autre chose que le tableau d'une famille recomposée. Et là, ben je savais pas trop comment on allait faire, et si c'était vraiment une bonne idée, mais à contrario, je trouvais ça dommage quelque part, qu'il n'essaie pas d'être plus... entreprenant. Peut être trop sous le choc d'avoir passé du temps avec Charlie.

J'attendis qu'il revienne, en ayant planté deux cuillères dans un pot de glace, et je poussais le pot vers lui sur la table de la cuisine. Il avait l'air content, et ça me fit sourire, passant une main dans mes cheveux longs.

- Il a l'air content... je suis rassurée. J'avais toujours eu peur qu'il ne m'en veuille quelque part.

Je mangeais quelques cuillères en l'écoutant.

- Et comment va ta maman, ton papa ?

Je n'avais pas envie qu'il parte, j'avais même envie qu'il reste, qu'on se cale dans un canapé, qu'on regarde une série, qu'il tente de se rapprocher de moi même.

@Raphael Ashmore

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feat. Juliet & Raph

Ce repas lui avait fait du bien. Ça lui avait presque fait oublier ces années passées loin de Los Angeles, un peu comme s’il n’était jamais partis, pendant quelques instants. Même si la situation pouvait paraitre un peu étrange, il se sentait à sa place à cette table, avec Juliet et Charlie. C’était, après tout, la place qu’il aurait toujours dû occuper. Même s’il savait que ce serait sans aucun doute temporaire. Ou du moins, occasionnel. Arriverait le moment où il devrait rentrer chez lui et qu’il se retrouverait face à sa solitude. Mais la fin du repas ne sonnait pas encore ce moment. Charlie l’avait invité à le suivre, pour qu’il s’occupe de le coucher. Il avait pris le temps de lui lire une histoire, et de le border avant de rejoindre Juliet.

Il la retrouva dans la cuisine, un pot de glace sur la table qu’elle tendit vers lui. Ça lui rappelait ces soirs, où ils rentraient de soirées, complètement affamés et où ils se servaient dans le frigo de ses parents. Souvent, Lola avait été là avec eux d’ailleurs. Il l’avait donc rejoint, attrapant la cuillère qui était dans le pot pour prendre un peu de glace.

« C’est plus à moi qu’il devrait en vouloir, tu sais. Je lui ai bien dit que t’y étais pour rien. »

Et de son avis, Charlie était assez intelligent pour comprendre les choses. Puis, même si Raph ne lui avait pas tout dit, il ne lui avait pas menti pour autant. Il était sans aucun doute encore trop jeune pour savoir tout ce qu’il s’était passé, mais Raph ne voulait pas baser leur relation sur un mensonge. Plus tard, sans doute, il lui expliquerait tout. Quand il serait temps de le faire.

Juliet le prit de court en lui demandant des nouvelles de ses parents. Cette question qui pouvait paraitre anodine, et elle l’était en soit. Mais oui, c’était évident que Juliet ne savait pas. Et même si Raph essayait de contrôler ses émotions, son visage s’était tout de même décomposé à cette question. Un mois qu’il était parti, et pourtant c’était toujours aussi dur.

« Mon père est décédé le mois dernier. Je te laisse imaginer l’état de ma mère. »

Elle les avait connus, elle savait à quel point ils étaient proches, à quel point ils s’étaient aimés. Sa mère vivait une période particulièrement compliquée. Et même si Raph essayait de garder la face devant elle, même devant Juliet, c’était loin d’être simple. Il n’avait pas perdu qu’un père, il avait perdu un homme qu’il admirait. Et ses regrets, de ne pas avoir passé plus de temps avec lui, le rongeaient aussi énormément.

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Ah bah voilà, j'avais mis les pieds dans le plat... Je le regardais, ouvrant la bouche sans mot dire, posant une main sur la sienne.

- Oh mon dieu, toutes mes condoléances Raph... mais pourquoi tu ne me l'as pas dit ? J'aurais... envoyé des fleurs, je serais allée voir ta maman, j'aurais... enfin tu vois. J'aimais bien ton père, il était bien plus père que le mien n'a jamais été.

Je me levais, pour aller chercher un fond de bouteille de téquila, que j'avais planqué en haut du frigo et je sortis deux verres. Je nous servis, deux shots et passais une main sur son dos, pour lui apporter du soutien.

- Je pense qu'avec tout ça, tu ne seras pas contre un verre...

Je fit tinter mon verre sur le sien, et bus cul sec.

- Je suis vraiment désolée pour toi, ton père meurt, tu apprends que tu as un fils qui a 9 ans, ça doit être vraiment trop pour toi.

Je comprends mieux pourquoi il n'essaie pas de me draguer, et je me sens hyper égoïste du coup, d'avoir pu penser qu'il manquait d'entrain à faire un truc entre nous.

- Il est mort de quoi, si ça n'est pas indiscret ?

@Raphael Ashmore

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feat. Juliet & Raph

Parler de ça n’était pas facile, comme beaucoup de choses que Raph gardait pour lui, dans le fond. Il avait pris l’habitude, ces dernières années, d’encaisser sans rien dire, même s’il avait l’impression de couler au fond du trou. Même s’il savait bien que ce n’était pas la bonne solution. Mais étrangement, parler à Juliet ne lui demandait pas beaucoup d’efforts. Peut-être parce que, par le passé, il s’était énormément confié à elle sur beaucoup de choses. A l’époque du lycée, elle était un peu comme son journal intime. Il lui avait toujours tout dit, jusqu’au moment où il était parti. Tous ses questionnements de l’époque, toutes ses craintes, toutes ses joies aussi. Il les avait toujours partagés avec elle. Et une partie de lui avait envie de retrouver ça. Encore plus quand sa main vint se poser sur la sienne. Par réflexe, son pouce était venu caresser sa peau, comme il l’avait si souvent fait dans le passé.

« Je me voyais mal te caler ça au milieu d’un je suis désolé de t’avoir laissé tomber. »

Autre façon pour lui de lui signifier qu’il n’avait pas vraiment trouver la bonne occasion de le lui dire. Et il s’était demandé aussi si elle s’en soucierait, à vraie dire. Au début, en tout cas. Mais elle n’avait sans doute pas oublié à quel point elle appréciait son père, elle aussi. Elle venait d’ailleurs de le lui dire. Il avait toujours été gentil avec elle, l’avait toujours traité comme n’importe quel membre de la famille. Son père était comme ça, avenant avec les gens, à donner de sa personne. Alors autant dire que Raph n’était pas contre un verre, qu’il ne tarda d’ailleurs pas à avaler.

« Non, en fait… Ça me fait du bien de passer du temps avec vous. Même si je sais très bien que t’en attends beaucoup de moi, t’es de loin la meilleure raison que j’ai de continuer à avancer. »

Avec Charlie, bien évidemment, mais lui était sans doute beaucoup moins exigeant envers Raphael. Disons qu’il avait moins à lui pardonner, et qu’il était encore jeune pour se rendre compte de tous les tenants et aboutissants. Mais Juliet, elle avait beaucoup plu de raisons de lui en vouloir encore.

« Un cancer. Ça s’est généralisé en quelques jours, et… »

Sa voix restait bloquée dans sa gorge. C’était une chose qu’il n’avait encore jamais dite à voix haute, et qui pourtant le rongeait depuis un mois. Une erreur supplémentaire à rajouter à son palmarès, et dont il était très loin d’être fier.

« Là aussi j’ai merdé, Juliet. Je suis pas arrivé à temps pour lui dire au revoir. »

Il avait assisté à l’enterrement mais… Il n’était pas arrivé à temps pour discuter une dernière fois avec son père et lui dire tout ce qu’il avait à lui dire. Lui dire qu’il était désolé d’être parti, de ne pas avoir passé plus de temps avec lui. Quand son avion avait atterri, il était déjà mort. Et ça, c’était une erreur qu’il ne pourrait jamais rattraper.

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- Certes. Mais quand même je suis désolée pour ton papa.

On avait bu notre dé, et Raphael semblait bien partit pour s'épancher sur sa situation Ô combien compliquée.

- euh... je sais pas quoi penser de ça Raph, parce qu'on m'a toujours instruit qu'en étant soi même solide, on pouvait se tourner vers les autres, que ce n'est pas nécessairement les autres qui te sauvent... je pense que tu devrais aller voir quelqu'un, pour évacuer tout ça, tu penses pas ?

Pas que je ne voulais pas l'entendre parler de tous ses problèmes, mais je ne voulais pas repartir sur le schéma du passé, qui incluait la petite amie hyper à l'écoute, qui évitait de lui dire des trucs, pour éviter de rajouter à son propre malheur. 10 ans c'était passé, avant de comprendre que je voulais un homme, assez bien dans ses baskets pour remonter la pente tout seul comme un grand. J'avais tenté de comprendre les tenants et aboutissants du décès de son père, et la vague d'émotion le submergea. Il se mit à pleurer, et j'allais le prendre dans mes bras, pour l'aider à passer la difficulté de ce passage. Caressant ses cheveux, en murmurant des mots gentils, des mots qui rassurent, des mots maternels.

Le constat était sans appel, Raphaël était brisé, complètement dépressif, littéralement au plus bas, et s'accrochait à toutes les branches possibles, pour ne pas chuter plus, ou pire encore, avait chuté bas, et attendait que quelqu'un vienne à son secours. L'angoisse. Il m'attirait, mais ce n'était plus le Raphaël de ma jeunesse, nous étions des adultes à qui la vie n'avait pas été tendre, et je ne pouvais pas l'aider et le sauver, il faudrait qu'il le fasse tout seul, pour tenter, un jour de me récupérer.

- J'ai les coordonnées d'une nana super, avec laquelle tu pourras parler, et aller mieux. C'est encore ce que je peux te souhaiter... aller mieux, pour avoir une vie Raphaël. Lui dis-je doucement, me séparant de lui, pour aller lui donner un mouchoir, et prendre mon portable pour lui passer le numéro. Je me suis sauvée quasiment seule, et Charlie a été mon phare dans la nuit durant de longues années... Tu as ta soeur, ta mère, et maintenant Charlie aussi, mais ça doit venir de toi, le pardon de tes choix, de ta vie, du fait que tu n'es pas parfait, tout ça doit venir de toi et de toi seul. Lui dis-je réellement convaincue parce que j'avançais.

Je poussais un soupir, l'invitant à venir sur la terrasse dehors, il faisait frais, mais nous pourrions fumer et continuer de discuter s'il le souhaitait.

@Raphael Ashmore

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Tout n’était pas simple, c’était clair. La vie de Raphael s’était retrouvée dans un tournant particulièrement difficile au cours du dernier mois, et ça n’était pas encore arrangé. Pourtant, revoir Juliet, et cela malgré les circonstances, lui avait redonné espoir sur beaucoup de choses. Ce baiser, surtout, lui avait bien fait comprendre que tout n’était pas perdu. Il pouvait se relever, faire mieux, tenter de réparer ses erreurs passées. Même s’il savait très bien que ce ne serait pas quelque chose de facile. Mais il avait très clairement les meilleures raisons du monde pour se battre. Son fils, qui aurait besoin de lui, et Juliet qu’il ne voulait pas perdre encore une fois. Parce que clairement, s’il en venait à nouveau à la perdre, il ne s’en relèverait sans doute pas. Il ne pouvait pas repasser par ces moments plus que douloureux qu’il avait déjà vécus par le passé.

« Sans doute mais… Enfin, ce que je voulais dire c’est que… Je m’attends pas à ce que tu m’apportes le moindre soutien. Mais je suis prêt à faire ce qu’il faut pour faire partie à nouveau de ta vie. Pour être là pour toi et pour Charlie. »

Se rattraper, remonter, faire mieux. C’étaient les objectifs qu’il voulait atteindre aujourd’hui après des années d’errance totale. Des années à se lever le matin san but précis, à aller au travail, à vivre sans vraiment vivre, au final. Raph avait été le fantôme de ce qu’il avait pu être, et il ne voulait plus de ça. Mais ce serait mentir que de dire que la mort de son père ne l’avait pas affectée. Il n’y avait qu’à voir l’état dans lequel il se retrouvait, alors qu’il se confiait à Juliet sur ce qu’il s’était passé. Il se retrouvait dans ses bras, à laisser sortir des émotions qu’il retenait depuis des semaines. Qu’il retenait parce qu’il le devait, parce que sa mère avait besoin de lui pour affronter cette épreuve, et qu’il avait eu l’impression qu’il ne pouvait pas flancher.

La chaleur des bras de Juliet, ses mots, lui faisaient du bien. Il avait tellement espéré l’avoir contre lui à nouveau. Et oui, très clairement, il aurait préféré que les circonstances soient différentes. Mais elle avait toujours cet effet sur lui, de lui insuffler la volonté d’être meilleur, de faire ce qu’il fallait. Il l’aimait toujours, de toute son âme, il n’avait jamais cessé de l’aimer. Et ce serait sans aucun doute le cas jusqu’à ce qu’il rende son dernier souffle. Elle avait fini par s’éloigner, une fois qu’il se fut calmé, que les larmes avaient arrêté de couler.

« Je le sais. J’y travaille, crois-moi. »

Même si c’était loin d’être simple. Mais elle avait raison, dans le fond. Voir quelqu’un l’aiderait sûrement à tout mettre en perspective. En particulier sa culpabilité qu’il se trainait derrière lui chaque jour. Et il le ferait. Parce qu’il voulait retrouver celui qu’il avait pu être, parce qu’il voulait être un bon père pour son fils. Raph l’avait suivi sur la terrasse, savourant l’air frais sur son visage, qui lui remettait un peu les idées en place.

« Tu penses qu’on a une chance ? Pour que ça marche, tous les trois ? Tu penses qu’on peut trouver un équilibre, au final ? »

Il ne disait pas ça forcément dans l’optique qu’il se remettent ensemble. C’était sans aucun doute beaucoup trop tôt pour lui poser cette question, après tout. Il pensait plus à une bonne cohésion ensemble. Que leur fils ne se sente pas divisé entre eux, qu’ils puissent tous les deux être présents pour lui. Que les choses se passent bien, tout simplement, comme ça avait pu être le cas aujourd’hui.

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