Would you be on a date with me?

feat. Juliet & Raph

Ils allaient avoir leur premier rendez-vous depuis longtemps ce soir, et Raphael en était particulièrement impatient. Même si le stress était présent, il avait hâte de passer cette soirée avec Juliet. Depuis qu’ils s’étaient réellement retrouvés, il était d’ailleurs nettement plus de meilleure humeur. Rien n’était gagné, il le savait très bien. Peut-être qu’au final tout cela ne les mènerait à rien, mais il voulait profiter du moment présent sans penser à ce qui pourrait arriver. Il s’était donc rendu chez Juliet, se garant devant chez elle avant de sortir de sa voiture, un bouquet de fleurs à la main, et de toquer à sa porte. Elle n’avait pas tardé à lui ouvrir, et un sourire s’était tout de suite affiché sur le visage de Raph.

« Tu es magnifique. »

Il se pencha vers elle, déposant ses lèvres sur les siennes avant de lui tendre le bouquet de fleurs. Ce n’était peut-être pas utile, mais il avait voulu lui faire plaisir. Et aussi faire un peu écho à leur premier rendez-vous. Le bouquet était bien plus gros aujourd’hui, c’est vrai, mais les fleurs étaient les mêmes. Ses préférées à l’époque, évidemment qu’il s’en souvenait. Il la laissa partir mettre le bouquet dans un vase, avant de prendre sa main pour la guider jusqu’à sa voiture et lui ouvrir la portière.

« Mademoiselle… »

Une fois que Juliet fut montée, Raphael fit le tour de la voiture pour se placer derrière le volant et prendre la route. Le trajet n’était pas très long jusqu’à Venice Beach, là où il voulait l’emmener. Un diner sur le bord de la plage lui avait semblé être le bon choix. Rien d’extravagant, mais ça leur laisserait le temps de discuter tous les deux. Et c’était justement ce qu’ils voulaient. Ils avaient besoin de se retrouver le plus simplement possible.

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feat. Juliet & Raph

- Donc tu sors avec papa ?
- Tu l'appelles Papa déjà ?
- Ne change pas de sujet maman, tu sors avec mon père ce soir...

Je poussais un soupir, pour regarder mon fils, loin, bien loin d'être bête.

- Oui. Aurait il fallu que je te mente sur le sujet ?
- Hein ? Nooon. Je veux savoir.
- Donc oui j'ai accepté un rendez vous avec ton paternel, pour voir si on pourrait avoir encore des atomes crochus.
- Si vous êtes encore amoureux ?
- Oui si on peut être encore des amoureux.
- Si c'est le cas il va venir s'installer ici ?
- Houla non Charlie, c'est prématuré, tu sais les relations de grands, c'est pas si simple...
- Et si ça marche pas ?
- Et bien on sera des parents, amis.
- D'accord. Tu m'en voudrais de te dire, que j'aimerais que ça marche ?
- Non... bien sur que non mon bébé, c'est légitime même.

Je l'embrassais sur le front, le pris dans mes bras, et donnais les indications à la babysitter, qui sans doute devait avoir mon âge ou pas loin du moins. En petite robe fleurie, veste en cuir sur le dos et basket, j'ouvris la porte pour tomber sur un énorme bouquet de Gerbera, mes fleurs préférées. Un vase et de l'eau plus tard, je le suivis jusqu'à Venice Beach, appréciant le re diner simple.

- J'aimerais que tu me parles de toi, de tes années à Londres, je n'arrive pas trop à imaginer ce que ça a pu être ? Lui demandais je en grignotant une frite.

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Raphael n’avait pas eu envie d’en faire des tonnes, et il s’était dit qu’un diner serait sans doute ce qu’il y aurait de mieux pour discuter. Même si, il doit bien l’avouer, il ne savait pas vraiment par où commencer. Le problème étant qu’ils se connaissaient déjà, d’une certaine manière, et que résumer dix ans de vie en une seule soirée n’était pas ce qu’il y avait de plus simple non plus. Même si Raph avait l’impression qu’il avait sans aucun doute beaucoup moins de choses à dire. Et aussi peut-être des choses un peu compliquées à avouer sur sa vie à Londres. Mais il ne voulait rien lui cacher non plus. Alors quand elle lui avait posée cette question, il avait essayé de répondre au mieux.

« Et bien… Au début c’était une vie d’étudiant somme toute classique. Enfin… Je buvais trop les premières années et je faisais un peu n’importe quoi. Sauf pour mes études, de ce côté-là j’ai toujours assuré. »

Il lui passait le détail de ses conquêtes, pas très certain qu’elle l’apprécierait. Même s’il l’avait sous-entendu en disant qu’il avait fait un peu n’importe quoi. Ce n’était pas la meilleure période de sa vie, ni celle dont il était la plus fier, il doit bien avouer. Le contre-coup de la rupture avait été très compliqué pour lui, et il ne s’en était jamais vraiment remis, au final. Il avait fini par se reprendre en main, mais ce n’était pas pour autant qu’il s’était senti mieux. Du moins pas avant qu’ils ne se retrouvent réellement tous les deux.

« Après j’ai commencé à travailler, dans un lycée privé. Sans vouloir me venter, je crois que j’étais leur prof préféré. C’étaient des élèves un peu livrés à eux-mêmes parce que leurs parents travaillaient tout le temps. Alors quand ils venaient me voir, parfois je faisais un peu plus que d’être juste un prof pour eux, tu vois ? »

Sans jamais dépasser les limites, bien entendu. Disons qu’il prenait le temps de les écouter et de les conseiller, quand il le pouvait. Est-ce qu’il avait réussi à les aider, il n’en savait rien, mais en tout cas, il avait essayé. Et probablement qu’il ne le saurait jamais, malheureusement. Ce n’était pas comme s’ils pouvaient revenir le voir maintenant.

« Et toi ? Ta grossesse, comment ça s’est passé ? »

Elle ne lui en avait pas encore parlé, et Raph se demandait comment elle l’avait vécue. Si ça s’était bien passé, si elle avait quand même eu des moments de joie. Il doit bien avouer qu’il avait du mal à l’imaginer, mais c’était parce qu’il n’avait pas été là pour le voir. Et pourtant, il aurait aimé. La voir enceinte, être impatient à ses côtés de rencontrer leur bébé. Il était passé à côté de tout ça.

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Je l'écoutais avec attention, il était passionné par son métier, et ça me faisait chaud au cœur, qu'il puisse en parler aussi librement, il aimait tenir ce rôle de guide dans la vie des gens. Déjà jeune, il était comme ça, bien qu'à l'époque ça n'allait pas jusqu'au bout des réflexions, notre rupture et les conditions de celles ci, en sont la preuve.

- Tu étais comme Oh Capitaine mon Capitaine... le cercle des poètes disparus ?

En tout cas, s'il ne se voyait pas comme ça, moi je l'imaginais assez bien comme ça, en pull de tweed, pantalon de laine, mocassins vernis, et coiffure gominée. Avec des lunettes, et un accent anglais sexy... Je m'égarais dans mon esprit, revenant à lui et à sa question, qui me fit grimacer. Opposer sa vie à Londres, avec ma grossesse en solitaire, ne me semblait pas être une si bonne idée.

- ça a duré 9 mois... Dis-je simplement en évitant soigneusement son regard, pour manger mes frites.  

Un silence de plomb tomba entre nous, et je me mordis la lèvre, m'en voulant d'avoir jeté un froid abyssal entre nous.

- Je ne... je n'arriverais pas à en parler avec toi Raphaël, c'est trop... bizarre et pas du tout glamour finalement pour un premier rendez vous. C'est vrai, tu veux pas savoir que notre fils pesait 4kg500 à la naissance, qu'il est passé par voie basse, que j'ai eu 5 points d'épisiotomie, à me balader avec une bouée pour m'asseoir pendant 2 mois après l'accouchement...

Je relevais le visage vers lui, soupirant en voyant son regard.

- Non vraiment, personne veut savoir ça à un premier rencard... d'ailleurs je n'ai pas eu de rencards très fructueux depuis la naissance de Charlie, des plans cul oui, mais jamais plus... ça refroidit plus d'un homme, une nana qui a eu un enfant très jeune. Je ris de mon propre constat, effectivement je ne pourrais jamais écrire un best seller intitulé "la réussite de l'amour en étant mère"

Je pensais à quelque chose, une question qui me brûlait la langue, mais une question dont la réponse ne me plairait certainement pas.

- Tu es tombé amoureux là bas ?

Trop tard, elle était lancée, et je regrettais de l'avoir prononcé, je regrettais presque cette mascarade de rendez vous, qui n'avait ni queue ni tête, nous n'étions pas fait pour nous séduire, notre passé était trop lourd, et la confiance ne reviendrait pas comme ça... Si j'avais été une autruche, j'aurais plongé la tête la première dans le sol !

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La réflexion de Juliet le fit rire. Surtout parce qu’il n’était pas vraiment comme ça, en réalité. Oui, en travaillant dans un lycée privé, Raphael avait sans aucun doute eu un code vestimentaire à respecter pendant plusieurs années. Mais il avait justement fait en sorte de ne pas se retrouver totalement dans le cliché, et c’était peut-être pour ça que ses élèves l’avaient appréciés au début. Il faisait un peu tâche au milieu de ses collègues tirés à quatre épingles, et c’était aussi pour cette raison qu’il avait choisi de postuler dans une école publique quand il était revenu ici. Même si le privé avait ses avantages, le public lui octroyait plus de libertés.

« Ça c’était plus Georges, le prof de littérature. Je me suis même plusieurs fois demandé s’il venait pas d’un autre siècle. »

C’était son collègue qui s’était sans doute le moins adapté à la modernité et qui était resté dans ses principes du siècle dernier. Mais qui n’en restait pas moins sympathique pour autant. Raph pourrait sans doute détailler ses collègues pendant de nombreuses minutes, mais il n’avait pas forcément envie que sa vie à Londres soit le centre de la conversation. Et il y avait aussi des choses qu’il avait envie de savoir sur la vie de Juliet, pendant qu’il n’avait pas été là. Sa grossesse était le premier point qu’il avait abordé, et il avait comme l’impression que c’était un sujet qu’elle n’appréciait pas évoquer.

« Peut-être que ça n’intéresse pas les autres, mais moi si. Même si c’est pas glamour, ça reste des moments importants, surtout la naissance de Charlie. J’en ai rien à faire des autres qui sont refroidis parce qu’ils sont face à une femme qui a donné la vie à un super petit gars. J’aurais aimé être là, d’ailleurs. Bon, même si je serais probablement tombé dans les pommes. Ne répète ça à personne par contre. »

Il lui souriait, tentant de détendre l’atmosphère, et surtout de la rassurer. Il n’allait pas fuir parce qu’elle lui parlait de ces choses-là, bien au contraire. Lui-même avait des anecdotes pas très glamour où il s’était retrouvé dans des états pitoyables. Raph ne la jugerait pas, sur rien. Et certainement pas sur tout ce qu’elle avait traversée pour leur fils. Mais il doit bien avouer qu’il ne s’attendait pas à sa question. Même s’il n’eut pas besoin d’y réfléchir pour y répondre.

« Non. Il y a eu quelques femmes, mais jamais rien de sérieux. Je finissais toujours par les repousser avant que ça devienne trop concret. »

Et il avait sans doute fait du mal à certaines, en faisant ça. Il en était d’ailleurs désolé. Désolé d’avoir voulu essayer de passer à autre chose, mais de se rendre compte qu’il n’en était pas capable. Parce qu’elle avait toujours été là, dans un coin de sa tête. D’une certaine manière, Juliet ne l’avait jamais quittée. Son ombre l’avait toujours suivi, pendant toutes ces années.

« Y en avait aucune qui t’arrivait à la cheville, pour être totalement honnête. Même si les anglaises ont leur charme… J’arrivais pas à retrouver cette alchimie que je peux avoir avec toi. »

Et il avait fini par se faire à l’idée qu’il ne la retrouverait tout simplement jamais. Peut-être même que du coup il était destiné à finir ses jours seul, mais ça n’avait pas une grande importance. Et puis, s’ils étaient là ce soir, il espérait au fond de lui que ce n’était pas pour rien. Il espérait qu’ils arriveraient à recoller les morceaux et à s’aimer encore, aussi fort que ça avait pu l’être par le passé. Même s’il ne se plaignait pas d’avoir fini dans son lit l’autre soir, il ne voulait pas que leur relation ne se limite qu’à cela.

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Je murmurais une petit "hum" qui en disait long.

- J'aime bien le côté professeur d'anglais coincé, engoncé dans un costume en tweed avec des lunettes et un livre ancien sous le bras... Lui fis-je remarquée, en lui accordant un regard équivoque sur mon fantasme avoué.

J'avais tenté de noyer le poisson, en répondant sans répondre, et il ne lâchait pas le morceau. Oui bien sur, que peut être il aurait voulu vivre ça avec moi, mais est ce que notre couple aurait résisté ? Pas certaine, au vu du nombre de séparation post enfant, que je comptais parmi mes ami.es. Et puis LA question qui me brûlait les lèvres arriva donc à sa connaissance, et ce qu'il répondit, me sembla sans doute un peu erroné non ? Moi j'étais tombée amoureuse, certes à sens unique, mais j'avais laissé cet homme me toucher le coeur et l'âme et me laisser espérer plus... et puis la suite me laissa profondément attendrie, séduite encore et toujours par ces sentiments qu'il tenait à porter en étendard. Je fis la moue un peu, mordillant ma lèvre.

- Ton plat va être froid.

C'est pas exactement ce que l'on attend comme réponse à une déclaration d'amour, mais c'était pour qu'il ne mange pas froid. Notre repas se termina, et avec lui les questions tordues de mon esprit sur la défensive... j'étais un peu encore sur la défensive, ça semblait trop beau pour être vrai. Mais je finis par glisser ma main dans la sienne, tenir son bras et poser ma tête contre son épaule, alors que nous marchions un peu pour digérer.

- Je n'arrive pas encore à me dire que c'est possible, que tu es là, que tu ne vas pas repartir sans crier gare... Mais c'était agréable ce soir, merci.

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Juliet réussissait toujours à l’étonner, et sa petite remarque le fit sourire. Non, il n’était pas ce genre de professeur, mais il prenait quand même note de ce qu’elle venait de lui dire. Et il avait, à cet instant, l’impression qu’ils retrouvaient leur complicité. Même si ça n’avait pas durer bien longtemps, il avait quand même eu cette impression. Le reste de leur conversation rappela un peu leur ancienne relation, d’une certaine manière. Il y avait une certaine tension, mais Raph essayait de l’ignorer. Il le savait bien, de toute manière. Rien de tout cela ne serait facile dans le fond, et il leur faudrait encore du temps.

Ils avaient finalement fini leur repas et avaient quittés le restaurant pour aller se balader un peu le long de la plage. Raph avait gardé ses distances, mais Juliet était venue par elle-même prendre sa main et poser sa tête sur son épaule. Il avait entrelacé ses doigts aux siens, déposant un baiser sur sa tête après qu’elle ait achevée sa phrase. Elle avait encore des craintes, et il ne pouvait que la comprendre.

« Ça peut l’être beaucoup plus souvent, tu sais. »

Lui-même ne savait pas trop ce qu’il sous-entendait par là. Passer du temps ensemble, sans aucun doute oui. Cette soirée lui avait rappelée tellement de souvenirs agréables qu’il ne voulait pas qu’elle soit la dernière qu’ils partageaient ensemble. Il voulait la retrouver totalement. Passer du temps avec elle, avec leur fils. Former la famille qu’ils auraient toujours dû être.

« T’as prévu quelque chose pour noël ? »

Peut-être qu’il s’y prenait un peu tard, mais tout avait été si rapide qu’il n’avait pas eu le temps d’y penser avant. Et surtout, ça ne faisait pas très longtemps qu’il avait parlé à sa mère de tout ce qu’il s’était passé. Enfin, sans entrer dans les détails, bien évidemment, mais elle en savait assez. Et elle lui avait fait une proposition qu’il voulait soumettre à Juliet, si elle le voulait.

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- on va y aller sans doute plus doucement que ça, parce que... parce que si je foire Charlie va être triste, et si tu foires il va te détester à peine t'a t-il retrouvé. Donc, je préfère encore me dire qu'on va y aller plus doucement...

Oui je savais très bien qu'on avait couché ensemble au bout de 3 retrouvailles, et que c'était loin d'être une bonne idée. Mais là j'étais décidée, je ne coucherais pas avec lui de sitôt ! J'allais ralentir mes ardeurs, et puis nous étions plus matures, plus sages et ancrés dans la réalité de parents non ? Non, oui, enfin je veux dire c'est ma décision et je m'y tiendrais.

Il me posa une question étrange, et je relevais le visage de son épaule, passant une main dans mes cheveux.

- Euh oui, je... et bien on sera pas là, il fallait que je t'en parles en fait, j'ai complètement oublié, j'offre à Charlie le Wizard World à Orlando... ça fait quelques mois qu'on sait qu'on sera parti. j'ai travaillé très dur pour lui offrir une nuit là bas, des billets d'avion jusqu'en Floride et les entrées pour le parc universal. Il est fan d'Harry Potter... je sais pas si tu l'as remarqué déjà ?

Bon, je pars pas toute seule avec Charlie, on part avec Dylan, un de mes meilleurs amis depuis quelques années maintenant. Il est danseur comme moi, et a souvent gardé Charlie par de là les années. Mais je ne sais pas pourquoi, j'ai pas réussi à lui dire qu'on partait avec lui, ils se rencontreraient bien un jour, mais j'avais pas envie de lui dire... Basta.

- Et toi tu le passes avec Lola et ta maman ? D'ailleurs... d'ailleurs... j'ai recroisé Lola... il faut comprendre que quand tu es parti, j'ai coupé les ponts aussi avec Lola, j'arrivais pas, ça faisait trop mal... et elle me déteste... je le crains, ta soeur jumelle me déteste.

Et j'en étais pas fière que Lola, qui avait toujours été là pour moi, pendant l'adolescence, me déteste parce que j'avais le coeur brisé et que j'étais trop conne pour me rendre compte de mon erreur !

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Prendre leur temps semblait être la meilleure chose à faire. Ou du moins, la plus raisonnable. Même s’ils avaient déjà sans doute franchi la limite en passant une nuit ensemble, et que c’était une chose que Raphael n’était pas près d’oublier. En tout cas, de son côté, il était sûr de ses sentiments et de ce qu’il voulait. Il l’avait toujours été d’une certaine façon, même quand il était parti quelques années plus tôt. La seule différence étant qu’il avait grandi et qu’il était beaucoup plus déterminé qu’il ne pouvait l’être par le passé. Plus patient aussi, sans doute. Peu importait combien de temps il devrait attendre, il le ferait.

« Tu sais, je pense qu’il est assez intelligent pour déjà se rendre compte que la situation est compliquée. Et peu importe comment ça évoluera, je suis persuadé qu’il saura faire la part des choses. »

Du moins il l’espérait. En tout cas, leur fils ne lui avait pas posé énormément de questions sur sa relation avec Juliet, ni même sur les raisons de son départ. Il y pensait sans doute, mais peut-être qu’il n’osait pas le faire. Dans tous les cas, si un jour cela devait arriver, Raph essayerait de lui répondre de la façon la plus honnête possible. Il ne voulait rien caché à son fils, tout simplement parce qu’il ne pensait pas que ce soit la meilleure des choses à faire. Lui mentir sur des choses, s’il finissait par découvrir la vérité, ce n’était pas vraiment la meilleure base pour poser une relation de confiance.

« Oh oui je l’avais bien remarqué. C’est super que tu puisses l’emmener là-bas, il en gardera des bons souvenirs… En fait si je te demandais ça c’est parce que… Ma mère aimerait bien rencontrée Charlie et… Elle aimerait aussi te revoir, si tu le veux bien. Mais ça peut se faire après noël. »

De toute manière, ce noël-là n’allait clairement pas être joyeux, Raph le savait très bien. Ce serait le premier noël qu’ils passeraient sans son père, et il n’était même pas certain que l’un d’entre eux ait vraiment envie de le fêter, cette année. Son absence allait leur peser, toutes les habitudes qu’ils avaient à cette fête allaient être chamboulées. Ce ne serait que remuer le couteau dans la plaie. Et si sa mère lui avait proposé d’inviter Juliet et Charlie, c’était sans aucun doute pour rendre la fête un peu moins triste également.

« Oh ouais, je vois… Je sais pas si elle sera là pour noël ou même si on le fêtera. Si ça peut te rassurer, je pense qu’elle me déteste plus que toi. C’est… Compliqué, en ce moment. Et je sais pas si ça s’arrangera. »

Parce que bien évidemment, il n’y avait pas que son départ qui avait provoqué de l’animosité entre eux. Bien sûr, ça avait beaucoup joué. Aussi le fait que sa sœur ne lui ait rien dit pour la grossesse de Juliet, et tout ce qu’il se passait de son côté avec son connard de copain. Les tensions étaient plus que présentes entre les deux jumeaux, et Raph ne savait pas s’ils arriveraient à arranger les choses. En tout cas, c’était très mal parti.

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feat. Juliet & Raph

- Je suis désolée vraiment, j'aurais du te le dire, mais tout ça là... ça... et bien... tu vois, j'ai oublié. Mais si tu veux on peut fêter le 31 décembre ensemble ? Charlie sera avec maman, à la base j'avais cette soirée, mais je peux annuler et puis on fait un truc. Un truc joyeux ?

Je cherchais à lui faire retrouver le sourire, et ne pas me faire culpabiliser de ne pas passer Noël avec lui, et le passer avec Dylan et Charlie.

- Et pour... pour ta maman, et bien... oui, d'accord, organisons un diner chez moi, et tu seras là, Charlie sera là, je serais là... et ta maman sera là...

J'étais pas à l'aise, parce que clairement elle en avait rien à faire de moi, avant, pendant et elle savait pour Charlie et ma grossesse, on s'était croisé une fois ou deux dans la ville, en l'absence de Raphaël. Et de savoir que ça y est, elle était mûre pour re rentrer dans nos vies, ça me mettait mal à l'aise.

- On peut faire ça, la semaine prochaine, avant qu'on parte avec Charlie si tu veux... et puis... si tu veux rester... après. J'haussais les épaules en dansant de la tête, mordillant ma lèvre. Ou pas. T'es pas obligé, t'es... obligé de rien. Je grimaçais, c'était pas évident comme situation, pas très naturel, et j'avais peur de faire de la merde, ou de me fourvoyer totalement.

Arrêtés l'un en face de l'autre, j'avais envie de l'embrasser, mais à la place, je plongeais mon regard dans ses yeux, et je mordillais ma lèvre inférieure. Allez embrasse moi Raph, embrasse moi comme t'as jamais embrassé personne... le genre à me perdre mes mots et flageoler mes jambes.. pensais-je.

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