C’était le jour J. Harlow en était persuadée. Après des mois à étudier Micah et son entourage matin et soir, elle était quasiment sure de tout maitriser. Elle connaissait à peu près tous les liens entre elle et ses proches. Elle connaissait son travail. Elle avait étudié sa gestuelle, ses mimiques, sa façon de s’habiller, de se maquiller et de se coiffer. Les réseaux sociaux l’avaient également bien aidée là dessus.

Harlow attendait que Micah sorte de chez elle pour se rendre au travail. La brunette maléfique avait déjà appelé le salon, imitant Micah, pour prévenir qu’elle ne se sentait pas bien et qu’elle serait de retour dans deux jours. Elle s’était procuré du chloroforme, avec bien du mal, puisque le produit est évidemment interdit de par les effets qu’il provoque. Il suffisait que Micah en inhale quelques secondes et elle s’endormirait pour de longues heures…

Harlow entendit une porte claquer. Micah était sortie. C’était le moment ! Versant du produit sur un tissu, elle vérifia que personne d’autre n’était dans le quartier. Elle s’approcha de Micah par derrière. « Bonjour chère soeur ! » Lança t’elle d’un air sournois avant de lui plaquer le tissu au visage. Cette dernière ne put résister bien longtemps. Harlow la plaça à l’arrière de la voiture et roula jusqu’à son petit studio de Washington Boulevard.

Il en fallut du temps, avant que Micah ne se réveille. Harlow ne pensait pas qu’une si petite dose pouvait être aussi puissante. Harlow l’avait placée sur le canapé et s’était occupée comme elle le pouvait en attendant. Micah commençait à cligner des yeux… « On se réveille ? » Lança la brune, le sourire toujours aux lèvres. C’était comme si la folie l’avait emportée. Cela faisait tellement longtemps qu’elle avait prévu ce plan qu’elle ne se rendait même plus compte de la gravité de la chose.

Harlow n’en revenait pas. Elle avait réellement réussi à kidnapper quelqu’un ? De cette façon ? Avec une facilité déconcertante ? Il fallait croire que oui. Et maintenant, qu’allait-il se passer ? Elle redoutait un peu. Micah commençait doucement à se réveiller. Elle n’allait sans doute pas du tout comprendre pourquoi son sosie serait devant elle. Elle allait peut-être même se débattre, hurler, et chercher à s’enfuir. C’était même sur, dès qu’elle comprendrait ce que Harlow avait en tête.

Elle semblait choquée de leur ressemblance. Harlow comprenait, cela lui avait fait le même effet. Parce que, certains jumeaux ne se ressemblent pas forcément. Mais pour Micah et Harlow, il n’y avait aucun doute. De véritables clones. « Je suis ta soeur. Jumelle comme tu dois t’en douter vu notre ressemblance. » La brune croisa les bras. « On est dans mon appartement. Et c’est ici que tu vas rester pendant un bon bout de temps. » Elle se mit à rire, pressée de commencer à échanger leur vie et profiter de tout le bonheur auquel Micah avait toujours eu le droit. « Ne t’inquiète pas, les placards sont pleins, et je passerais te voir de temps en temps. » Elle s’approcha d’elle. « Il est temps que je puisse gouter au bonheur, ce à quoi je n’ai jamais eu le droit, contrairement à toi. »

Une folle ? Harlow ne se considérait pas comme folle. C’était sa jalousie maladive qui la poussait à agir comme ça. Le fait qu’elle ait eu à endurer une vie malheureuse, alors que Micah était heureuse, bien entourée, aimée de tous. Harlow elle, devait bosser pour aider sa mère à s’en sortir. Pour qu’elles puissent manger, et vivre tout simplement. C’était injuste et c’était aujourd’hui que Harlow avait décidé que c’en était assez. « Tu rêves ! Tu ne partiras pas alors que je suis si près du but. » Lança t’elle vivement. Mais sa soeur ne se laissait pas abattre et n’hésitait même pas à critiquer le peu de choses que Harlow pouvait posséder. Oui, sa décoration n’était pas au point. Elle n’avait pas réellement les moyens pour se permettre une jolie décoration, devant dépenser ses sous dans des choses de première nécessité. Et sa drogue, accessoirement. « Tu t’y habitueras. » Elle lui fit un clin d’oeil. Elle se fichait éperdument que son appartement soit mal aménagé. Elle n’allait plus y vivre. Heureusement pour Harlow, elle avait suffisamment serré les liens qui empêchaient Micah de bouger. « Je te le répète, je suis ta soeur jumelle. » Harlow croisa les bras. « Et désormais, je vais être toi. Profiter de ta maison, de ton mari, de tes enfants. » Un sourire sadique s’afficha sur son visage et elle sortit un téléphone de sa poche. Le téléphone de Micah, qu’elle avait pris soin de récupérer durant le kidnapping. « Et si j’envoyais un petit sms à mon mari d’ailleurs ? » Elle se mit à rire. Elle n’allait pas réellement le faire, elle voulait simplement provoquer sa soeur, et surtout lui faire comprendre que tout cela était sérieux. « Tu lui donnes combien de temps avant qu’il ne se rende compte du subterfuge ? »

Harlow leva les yeux au ciel. Comment pouvait-elle encore se penser fille unique devant une ressemblance aussi frappante ? « Tu as été adoptée Micah. » Peut-être qu’elle ne la croirait pas directement, mais elle finirait par se faire à l’idée. « Tu as eu cette chance, d’être adoptée par une famille aimante pendant que moi j’ai grandi avec notre dépensière et toxicomane de mère. » L’énervement commençait à monter. Harlow détestait mentionner sa mère et la vie misérable qu’elle avait eu à cause d’elle. Miss Keller la traitait de garce. Ah, toucher à sa famille, c’était évident que ça n’allait pas lui plaire… « Oui j’ai tout prévu. Ca fait une éternité que j’ai prévu ça. » Un sourire narquois ’s’afficha sur son visage. Peut-être bien, qu’elle se trahirait. Mais au final, des habitudes, ça peut se changer. Qui pourrait croire que ce visage là n’était pas celui de Micah ? Personne, absolument personne ne connaissait l’existence d’Harlow dans l’entourage de miss Keller. « Ca fait des années que je t’observe. Toi, ta famille, tes amis. Je sais énormément de choses, je ne me lance pas telle une débutante. » Micah tentait de tenir bon, elle ne sombrait pas dans la panique. Impressionnant. « C’est toi qui est dans la merde. Dans mon appartement de ‘pauvre’ comme tu le dis si bien, tu vas t’ennuyer. Ca t’amènera à réfléchir un peu sur tout ce qu’on t’a caché durant toutes ces années. »

Pourquoi avait-elle gardé Harlow ? Elle même n’en savait rien. Elle aurait largement préféré être adoptée, elle aussi. C’était atroce à dire ou même à penser, mais c’était à cause de leur mère que Harlow avait eu une vie si horrible. Elle avait dû travailler dès son plus jeune âge, et l’argent qu’elle ramenait était aussitôt dépensé dans des futilités ou de la drogue. Harlow elle même avait sombré dans la drogue pendant un moment, puisqu’il n’y avait que ça qui parvenait à lui faire oublier le temps de quelques heures ses malheurs. Elle s’était calmée là dessus maintenant, encore heureux. « J’en sais rien. Peut-être que se séparer de ses deux enfants lui faisait trop de peine. Manque de chance pour moi. » Lança t’elle en haussant les sourcils et en fixant le sol. Micah lui disait de partir, de se construire une vie. Plus facile à dire qu’à faire. Et puis Harlow avait déjà essayé. Tout s’était soldé par des échecs. Virée de son job de mannequin, droguée, larguée par son petit ami… C’était comme si son passé la suivait à la trace, et qu’elle suivait la route de leur mère, finalement. « J’ai déjà essayé. C’est impossible. Et injuste ! Tu n’as pas le droit d’être la seule heureuse juste parce que tu as eu plus de chance ! » Cria t’elle, légèrement énervée à nouveau. Mais Micah semblait prête à l’écouter. Harlow fronça les sourcils, surprise de voir que sa jumelle lui accordait le droit de raconter son histoire. Elle alla s’assoir face à elle, croisant les bras, et cherchant par quoi commencer. « Maman m’a très rapidement mise au courant de ton existence. Et vu la vie que j’ai eu, autant te dire que ça m’a rendue folle de savoir que toi, tu n’avais pas à endurer ça. » Elle poussa un soupir. « Maman était droguée, allait travailler un jour sur deux car très souvent bourrée, elle avait de nombreux amants… » Quelle horreur, rien que d’y repenser, Harlow en était malade. « J’ai du travailler dès mes 16 ans pour l’aider et pour qu’on puisse se nourrir. Très souvent elle me piquait l’argent pour se payer de la drogue. Génial non ? » Elle planta son regard dans le sien. « Comment veux-tu que je ne te jalouse pas ? »