Parler de ce qu’il ressent, de ses sentiments, a toujours été quelque chose de compliqué pour Matthew. Il fallait souvent que Ruby l'incite à le faire, même si aujourd’hui, il était beaucoup plus ouvert avec sa petite amie. Il tenait la promesse qu’ils s’étaient faite mutuellement de toujours tout se dire. Ils ne voulaient avoir aucun secret l’un pour l’autre. Une promesse qu’ils avaient tous deux l’air de respecter. Ruby n’en voulait pas à Matthew de ne pas lui avoir dit qu’il se rendait quelques fois à des réunions. Il n’était pas obligé de toujours tout lui dire. Elle trouvait d’ailleurs que c’était une bonne chose qu’il aille à des réunions. Au moins, là-bas, il passait quelques heures avec des personnes qui vivaient des choses similaires à lui et qui le comprenaient. La demoiselle Turner lui apportait tout son soutien, elle était éternellement là pour lui. Malgré ça, elle ignorait ce qu’il pouvait ressentir ou comment gérer une envie ou un manque. Elle était heureuse, qu’il trouve d’autres soutiens pour mener son combat contre l’addiction. « Ce n’est pas grave. J’espère juste que ça ne te dérange pas ou ne te gêne pas que maintenant, je le sache. » C’était par hasard que Ruby l’avait découvert. 

Les jambes de Ruby étaient le souci principal. C’est ce qui créait le plus de difficulté dans leur couple. La jeune femme n’arrivait pas à gérer ses douleurs sans médicament et la présence de ces médicaments était une tentation constante pour Matthew. Si la demoiselle Turner avait trouvé d’autres solutions, elle n’aurait pas hésité une seule seconde. Elle ferait tout pour rendre leur vie et leurs deux combats plus simples. Évidemment, la vie est loin d’être simple et elle n’aide pas, c'était même le contraire. « Je m’en ferais toujours pour toi. Je confie déjà plusieurs choses. Tu l’as bien remarqué que je ne me rends plus au fashion week. Je gère tout à distance. » Pourtant, Ruby adorait se rendre à ces événements. Elle avait également conscience que c’est lors de ces événements où elle forçait le plus, où elle puisait au maximum dans ses ressources et qu’elle prenait beaucoup plus d’antidouleurs, voire d’autres médicaments pour tenir le coup.

Matthew proposait à Ruby un après-midi beaucoup plus attrayant que de retourner au travail. D’ailleurs, elle avait été assez surprise par sa proposition. Elle n’aurait jamais pensé entendre un jour son petit ami lui proposer un spa en sa compagnie. « Je pense que je peux me passer de la manucure et du masque pour cette fois. Jacuzzi, piscine et massage, ça me convient comme programme et ce qu’il y a de mieux pour mes jambes. »

Ruby ne reprochait pas à Matthew de ne pas lui avoir dit qu’il se rendait dans des réunions. Elle pouvait comprendre pourquoi il avait omis de lui dire. Elle espérait simplement que ça ne l’embête pas trop qu’elle le sache. La brunette se sentirait coupable s'il cessait d'y aller maintenant qu'elle connaissait son petit secret. « Je sais que tu ne me caches presque rien. J’espère que tu continueras à y aller même si je suis au courant. Je trouve vraiment que c’est une bonne chose. » La discussion revenait sur la raison de la présence de Ruby dans ce lieu, à savoir : ses jambes et sa consommation d’antidouleur.

La demoiselle Turner avait été agréablement surprise que Matthew lui propose un après-midi ensemble dans un centre de bien-être. Il lui proposait rarement une chose pareille, elle allait donc en profiter. « Oui, les massages ne sont que des solutions éphémères, mais ça ne m’empêche pas de les apprécier. Surtout quand c’est toi qui le fait. » Pour réduire sa consommation de médicament, Ruby avait décidé de se ménager. En faire moins incluait ne plus se rendre aux fashion weeks. C’était vraiment un sacrifice pour elle. La brunette adorait ces voyages, mais sa santé devait passer avant ses envies et le reste. « Tu peux t’occuper de tes deux autres femmes quand je m’occupe des fashion-weeks. Je passe plus de temps au bureau pour gérer à distance. Je suis en ville pourtant, on ne se voit pas beaucoup. » Évidemment, en parlant d’autres femmes, Ruby parlait de deux objets inanimés, sa voiture et sa console de jeux. Autrement, la demoiselle Turner n’était pas partageuse. Elle n’était pas jalouse, mais elle était tout de même assez possessive avec son petit ami. Malgré qu’elle était à Los Angeles pour travailler sur les défilés, la brunette ne rentrerait pas à l’improviste à la maison. La dernière fois qu’elle l’avait fait, ça ne s’était pas bien passé. Même si aujourd’hui normalement, il n’y avait plus aucun sujet qui était une source de conflit dans leur couple. Tous les éventuels sujets dérangeants avaient été résolus et réglés.

La brunette connaissait l’endroit parfait pour passer l’après-midi. « Suis-moi. » Ils avaient tous deux leur propre voiture et aucun des deux ne voudrait laisser la sienne sur le parking.

Ruby était pour que Matthew aille à des réunions. Il était avec des personnes qui avaient les mêmes addictions que lui. Des personnes qui savent ce qu’il vit. C’était bien qu’il ait des personnes à qui parler en cas de besoin. Ruby était consciente que son petit ami ne pouvait et ne voulait pas tout lui dire. Surtout quand ça concernait ses faiblesses comme son addiction. « Je ne m’en fais pas et tu n’as pas à te justifier. »

Pour lutter contre ses douleurs, Ruby réduisait les efforts. Ce qui impliquait d’arrêter les semaines de la mode en présence physique. Désormais, la jeune femme faisait tout à distance. Elle détestait cela, mais elle n’avait pas le choix pour le moment. C’était pour sa santé et pour sa vie en général. Si elle commençait à développer une addiction aux antidouleurs, ce serait sa vie tout entière qui pouvait basculer. « Tu me demandes vraiment pourquoi je ne travaille pas à la maison ? J’ai trop de distraction à la maison, tu es une distraction. Je ne travaillerai pas sérieusement. Au bureau, je n'ai aucune distraction et je suis très concentrée. Il vaut mieux que je le sois, je ne peux pas me permettre qu’il y ait des couacs. C'est de gros contrats que je ne peux pas perdre. » Si elle n’avait plus de mannequins aux semaines de la mode, c’était d’importantes sommes d’argents que Ruby perdait. Ça ne serait pas bon pour son agence. Elle perdrait probablement de nombreux mannequins dans la foulée. C’était beaucoup trop important, pour se laisser distraire. Même si c’était très tentant de travailler de chez soi. Matthew devait voir les avantages. Il avait du temps pour lui, qu’il pouvait occuper comme il le voulait. Sa copine ne m’embêterait pas s’il avait envie de jouer à des jeux vidéo ou s’il voulait bichonner sa précieuse voiture.

En parlant de voiture, chacun avait rejoint la sienne. Ruby était suivie par Matthew. La jeune femme prenait la direction de son centre de bien-être préféré qui se situait à Malibu. Autant faire les choses bien. Une fois garé dans le parking, le couple se rejoignait. Matthew demandait à sa petite amie s’il allait pouvoir se faire masser. « Oui, pourquoi tu ne pourrais pas ? Tant que c’est un massage classique qu'on ne te propose pas des choses spéciales ou bizarres. Tant qu’elle n’a pas la main baladeuse, je n’y vois aucun inconvénient. » Ruby n’était pas jalouse, mais y avait quand même des limites à ne pas franchir.

Ruby ne voyageait plus lors des semaines de la mode. C’était devenu trop compliqué physiquement pour elle. Elle avait essayé, mais elle était arrivée à un stade où elle ne pouvait plus se permettre de trop forcer sans abuser des médicaments. Son absence des coulisses des défilés ne lui donnait pas moins de travail, au contraire. Ruby envoyait ses assistants à sa place. Elle supervisait tout depuis Los Angeles. En réalité, c’était plus de travail pour elle. La seule différence, c'est que la charge n’était plus à dominance physique, mais mentale. Matthew se demandait, pourquoi la demoiselle Turner ne travaillait pas depuis chez elle. La réponse était pourtant évidente. Elle ne pouvait se permettre aucune distraction. Matthew étant sa source de distraction numéro un. « Oui, tu es au garage la journée, mais tu finis plus tôt que moi. Il y a aussi le décalage horaire avec l’Europe donc c’est mieux au bureau. » Pendant ses périodes, il arrivait à Ruby ne pas rentrer certains soirs ou d’avoir des nuits très courtes. C’est pour cette raison, qu’elle s’autorisait toujours quelques jours de vacances après chaque semaine de la mode. C’était un repos bien mérité et dont elle avait besoin. « Oui, ce serait le rêve de bosser au lit ou sur le canapé. Sauf que ça ne fait pas très sérieux quand on m’appelle en visioconférence. Tu ne me verras pas beaucoup trois semaines, mais ensuite, je serais totalement disponible pour toi. Je ne suis pas à l’autre bout du monde, c’est déjà bien, non ? »

Le couple arrivait assez rapidement au centre de bien-être. En arrivant, Matthew demandait l’autorisation à sa petite amie pour qu’il se fasse masser. Tant que c’était correct, Ruby n’y voyait aucun inconvénient. Si son petit ami était venu avec elle, c’était pour que lui aussi profite. « Je profiterais avec grand plaisir du jacuzzi avec toi. » À l’accueil, ils remplissent les papiers pour indiquer les prestations qu’ils souhaitaient recevoir aujourd’hui. Le couple se séparait ensuite pour se changer dans les vestiaires avant de se rejoindre. Ruby avait hésité un instant à laisser sa canne au vestiaire. Elle avait finalement décidé de jouer la prudence en la prenant, il était possible qu’elle ne soit pas tout le temps avec Matthew.

Travailler à la maison lors des semaines de la mode était une idée très tentante. Elle serait bien, mais Ruby savait aussi qu’elle ne serait pas aussi concentrée et investie qu’au bureau. À l’agence, elle n’avait rien d’autre que le travail. À la maison, Matthew ne serait pas son unique source de distraction. Elle trouverait probablement une excuse pour moins travailler. Au bureau, elle avait l’objective de tout boucler pour enfin pouvoir se détendre ou dormir à la maison. « Tu ne sais pas être totalement transparent. » Elle ne doutait pas du fait qu’il la laisse travailler si elle lui demandait. Comme il le disait, il pouvait se trouver d’autres occupations plus absorbantes et plus amusantes qu’embêter sa petite amie. « Je suis consciente que je peux mettre un arrière-plan. C’est mieux que je sois à l’agence. Sinon, je vais devoir déplacer tous mes dossiers aussi, ils ne sont pas tous numérisés. » Ça lui donnerait doublement du travail. Elle risquait d’oublier des dossiers au bureau et de peut-être en perdre à la maison. « Promis, je t’appellerais pour que tu viennes me chercher et j’essayerais de ne pas finir trop tard. » Après Ruby devait s’organiser aussi par rapport au décalage horaire qui était quand même important entre la Californie et l’Europe. Ce n’était pas toujours elle qui choisissait ses horaires lors de ces périodes de l’année. C’était l’un des inconvénients du métier, mais la demoiselle Turner n’en changerait pour rien au monde.

Pour l’heure, l’esprit de Ruby n’était pas réellement concentré sur le travail. Son attention était plus portée sur son après-midi en compagnie de Matthew dans un centre de bien-être. C’était bien la première fois que son petit ami l’accompagne dans ce genre d’endroit. Ce qui était encore bien plus surprenant c’est que la proposition venait de lui. Si elle avait su, il y a bien longtemps que la jeune femme aurait organisé ce genre de journée. L’autre préoccupation de la demoiselle Turner était de savoir si elle allait tenir toute la journée sans prendre un antidouleur. Elle espérait sincèrement que oui. Elle pouvait s’empêcher d’en prendre, mais le souci, c'est dans quel état, elle serait. Pour cela, la jeune femme serait fixée à la fin de la journée.

L’après-midi, c'était très bien passé. Le couple avait bénéficié, chacun d’un massage. Il avait également profité ensemble de la piscine et surtout du jacuzzi.