Depuis ma sortie de prison, il y a maintenant, déjà deux ans, les choses n’avaient pas été toutes roses pour moi. J’avais quitté la ville dans laquelle j’avais longtemps vécu parce que tout le monde, là-bas, me voyait comme un monstre. J’avais décidé de poser mes valises à Los Angeles pour mes rapprochés de mes sœurs qui ne me portaient plus tellement dans leur cœur. Mais les choses commençaient à s’arranger avec l’une d’elles. Je reprenais donc doucement espoir.

Côté professionnel, mon passé judiciaire ne m’avait pas empêché de reprendre le travail que j'avais quitté. Celui de médecin urgentiste. Je venais même tout juste d’obtenir un poste de titulaire. J'en étais très heureux, malheureusement, je n'avais personne avec qui le célébrer. Je n'avais noué aucun lien depuis mon retour à la civilisation. Malgré tout, ma vie reprenait un cours normal, presque comme je l’avais laissé. J’étais conscient que mes relations ne seraient plus jamais les mêmes avec ma famille. Encore moins avec mon ex Lina dont j’avais eu la surprise de croisée ici même à l’hôpital. Elle n’y était pas restée longtemps et je savais que c’était ma présence qui avait motivé son départ. Je ne pouvais pas l'en blâmer, je lui avais fait vraiment beaucoup de mal. Je ne pourrais jamais me le pardonner. Je ne méritais pas encore moins son pardon. J’en avais totalement conscience.

Une journée banale venait de commencer. Les patients s’enchaînaient, mais ne se ressemblaient pas. C’est ce que j’aimais le plus aux urgences, aucun jour ne ressemble au précédent. On ne s’ennuie et ne se lasse jamais. Le flux de patient commencé à se calmer, je pouvais donc prendre une petite pause pour manger. Une pause ne pouvait pas me faire de mal, même si j’en prenais très peu et de très courte en général. J’ai toujours été un vrai bourreau de travail, mais c’était encore plus vrai ses dernières années pour oublier mes soucis. En me rendant dans la salle de repos, je retrouvais Tessa. Une collègue que j’appréciais aussi bien personnellement que professionnellement. On ne se voyait qu’à l’hôpital et c’était toujours un plaisir de travailler en sa compagnie. « Salut Tessa ! Je vais bien, merci et toi ? Je ne t'ai pas vu de la matinée, je pensais que tu ne travaillais pas aujourd’hui. » Autrement, j’aurais sûrement sollicité son aide avec certains patients.

AVENGEDINCHAINS