Rancune et colère

Je pouvais le reconnaître, mes collègues avaient sûrement manqué de beaucoup de tact avec Ruby. Ils auraient même pu attendre le lendemain avant de la questionner. Je pouvais comprendre la colère de Matthew. D’autant plus qu’il n’était pas du métier, il ne savait pas à quoi s’attendre. Et pire, encore, il n’a jamais porté dans son cœur notre profession. Il l’avait même en horreur et ne nous faisait absolument pas confiance. « Oui, c’est vrai. Ils auraient dû lui laisser plus de temps. Ne pas la questionner tout de suite après son réveil. Mais Ruby aurait pu aussi leur demander de repasser plus tard. » À mon avis, elle ne l’avait pas fait.

Matthew finit par quitter l’hôpital puisque Ruby allait bien et qu’elle ne voulait pas de lui dans sa chambre. Il repasserait sûrement le lendemain matin, le temps que sa petite amie se soit calmer un peu. Ce qui n’était pas calme. La jeune femme était un véritable volcan en éruption et comme la lave rien ne pouvait l’arrêté. J’en avais déjà fait les frais et j’allais encore l’entendre. Les choses qu’elle reprochait à Matthew, elle me les reprochait également à moi.

J’avais fait un tour dans l’hôpital. Je passais devant la chambre de l’homme qui avait agresser Ruby par pur hasard. J’étais surpris d’y découvrir Matthew. Qui l’avait laissé rentrer ? Je ne posais pas plus de question, quand je le vis mettre ses mains autour du cou de l’agresseur. Je me précipitais dans la chambre et le poussais violemment en arrière pour qu’il lâche sa victime. « Non, mais ça ne va pas ? Qu’est-ce que tu fais ? » Je faisais en même temps barrière entre l’homme qui était toujours plonger dans un coma et Matthew. « Toi aussi, tu es un homme lâche qui s’en prend aux personnes qui ne peuvent pas se défendre seul ? » Il se rabaissait également au même niveau que l’homme qui avait agresser sa petite amie. Même plus bas, Ruby avait eu l’occasion de se défendre et elle l’avait saisi. Mais cet homme allongé n’avait aucune chance. « Sors de cette chambre. Je passe l’éponge. Sauf si tu veux que je te coffre pour tentative de meurtre. »

Rancune et colère

Pas une seule seconde, je n’aurais cru cette scène possible. Matthew prêt a étranglé l’agresseur de Ruby. Un homme dans le coma avec aucune chance de s’en sortir, s’il allait jusqu’au bout de son acte. Déjà, où était passé les gardes qui devaient rester devant sa porte ? Je travaillais vraiment avec une bande d’incompétent. Mes collègues étaient la cause de l’agression de Ruby. Ils n’avaient pas su la surveiller correctement et encore moins la protéger, comme ils auraient dû le faire. Maintenant, on était à deux doigts de la catastrophe. Comment expliquer, qu’on ait retrouvé cette pourriture, mort et étrangler ? Exactement de la même façon, dont il avait tenté de mettre fin au jour de sa victime. Une jeune femme qui n’avait rien demandé à personne, mise à part avoir une vie normale.

Même si je pensais que ce type méritait de mourir, je ne pouvais pas laisser Matthew faire. Déjà, c’est contraire à mes principes, je crois à la justice et je ne la fais pas moi-même. Ensuite, je savais que Ruby avait besoin de son petit ami. Il ne lui serait d’aucune utilité derrière les barreaux. En prison, Matthew n’ajouterait que de l’inquiétude et des angoisses supplémentaires à la jeune brune. J’étais donc intervenue en le poussant violemment et en m’interposant entre lui et l’homme hospitalisé. « Il aura ce qu’il mérite, mais pas de cette façon… » Je tenais Matthew à distance à lui répondant. « Ruby en pensera quoi si tu te retrouves en prison ? La dernière fois que tu y étais, tu te souviens de sa réaction ? Ce n’était même pas un meurtre que tu avais commis… Admettons qu’elle ne fuit pas. Tu penses, qu’elle va t’attendre toute la durée de ta peine ? Tu voudrais la perdre ou gâcher sa vie ? »

Matthew était resté un moment silencieux, avant de rependre la parole. Sans le lâcher un seul instant du regard et prêt à agir s’il décidait de s’attaquer à cet homme inconscient, j’écoutais ses paroles. « J’aimerais bien qu’il y reste. Mais je sais que ça ne permettra pas à Ruby de se sentir mieux. Ça sera même le contraire. Je ne fais pas justice moi-même, qui je suis et qui tu es pour penser que tu as le droit de décider qui doit vivre ou mourir ? » Il aura la peine qu’il méritait. J’en étais persuadé et je faisais confiance en la justice comme ils ont enfermé les types qui nous avaient séquestrer et torturer à New-York. Aujourd’hui, ils pourrissent encore en prison et ils y étaient encore pour un moment. Je préférais ne donner aucune réponse à la remarque de Matthew concernant mes sentiments pour Ruby, ainsi que le fait, qu’on aime le même type de femmes ou encore les mêmes femmes. Ce n’était pas le sujet et pas le moment d’avoir ce genre de conversation. Puis même ce n’était clairement avec lui que je discuterais à ce propos.

Pour mon interlocuteur, je n’avais pas le cran d’agir ou bien ma profession me donnait des barrières. Il était clair, qu’il n’avait aucune idée de tout ce que j’avais fait pour protéger Ruby, notamment à New-York. Autrement, il n’aurait probablement pas le même discours. « J’ai plus de cran que tu le crois. Mais je pense que j’ai un plus grand sens moral que toi… Je sais qu’elle a ses limites comme chaque être humain. C’est pour ça qu’elle a besoin de ton soutien et pas de toi en taule. Ce mec en vaut vraiment la peine ? Ce n’est pas en le tuant que ça s’arrêtera, tu risques même d’aggraver les choses. »

Matthew n’avait pas tort. On n’avait pas su protéger Ruby ce soir. Les forces de police ont vraiment été minables sur ce coup. J’espérais sincèrement que la jeune femme se retrouverait entre quatre planches, le plus tard possible après une longue et belle vie. De préférence, entourer des gens qu’elle aime et de ses enfants, enfin si son petit ami se décide à lui en donner un jour. « Sors de cette chambre Matthew ! » Dis-je d’un ton sec. Je me retenais vraiment de ne pas le faire sortir un coup de pied au cul. En profiter même pour lui donner une bonne raclée.

Rancune et colère

J’avais beau détesté l’homme allongé sur ce lit d’hôpital, pour ce qu’il avait fait subir à Ruby, ce n’est pas pour autant, que je pouvais laisser Matthew mettre fin à ce jour. Il en était hors de question. On ne peut pas faire justice soit même. « Je vais faire en sorte, qu’il est la plus grosse peine possible pour tentative de meurtre avec préméditation. En ce qui concerne Ruby, c’est ton rôle de faire en sorte qu’elle vive au mieux cette nouvelle agression et qu’elle puisse passer au-dessus. » Je demandais à Matthew de penser à Ruby. De penser à sa réaction s’il se retrouvait en prison. « Je sais que tu ne lui demandes pas. Mais on sait tous les deux que Ruby se fiche de ton avis. Si elle veut t’attendre, elle le fera et elle aura perdu au minimum vingt ans de sa vie. » Franchement, s’il lui faisait vivre ça, c’est moi qui tuerais Matthew de mes propres mains. La jeune femme méritait bien mieux. « Lui non plus n’a pas le droit. Non, elle ne devrait pas regarder constamment derrière elle. Ils ne changeront pas de cible si tu t’en prends à l’un des l’heure. Tu penses que Ruby leur a fait quoi ? Absolument rien ! Elle est leur cible parce qu’ils savent qu’elle est importante pour moi. Ils s’en prennent à elle pour m’atteindre donc ils s’en prendront toujours à elle et doublement si tu t’en mêles. Donc sors de cette chambre Matthew. »