James n’était pas vraiment surpris de la réponse de Ruby, ça semblait évident que ce serait quelque chose qui ressemble à ça. Un accident, une mauvaise chute, peut-être une sorte de maladie obscure qui cause un handicap. Il était tout de même un brin intrigué lorsqu’elle lui racontait y avoir pensé avant que ça ne devienne sa seule option pour rester dans le milieu. Il se demandait pourquoi. C'est vrai, la plupart des mannequins une fois avoir dépassée la limite de péremption cesse simplement de faire carrière dans le milieu. Qu’est-ce qui l’avait motivé à faire quelque chose d’aussi éloigné de ce qui était encore son métier? James suppose que ce monsieur Blackson en était la raison. Mais elle avait quand même bien dû accepter de tenter cette expérience comme assistante à un agent. Et cette question le titillait toujours. Pourquoi? Mais la réponse lui convenait, et il avait senti dans la voix de Ruby que ce n’était pas la première fois, ni la vingtième, qu’elle devait donner des explications sur son handicap et tout ça alors il tu cette petite voix dans sa tête qui se posait plus de questions. Il hochait simplement de la tête en guise de réponse. « Je comprends, et visiblement ce changement de carrière vous a réussi alors bravo à vous. » Finissait-il en levant son cappuccino à son attention. James se disait que cette histoire avait dû changer beaucoup plus chez la brunette que simplement sa carrière, c’est le genre de choses qui change une vie, mais il ne la connaissait pas vraiment avant, ne la connaissait pas plus maintenant alors il ne pouvait ni faire la différence, ni se sentir en position de la questionner à ce sujet. Ça ne le regardait pas.

James arquait le sourcil, intrigué, lorsque Ruby lui posait une question à son tour. Une question qui ne le surprenait guère. Il ne s’était pas éloigné du monde des mannequins pour rien, c’était parce qu’il avait traversé une mauvaise phase et avait ensuite pris la décision de se retirer. Ça il le devait à Chelsea, son ex. Elle avait lancé le vent de changement. Ruby avait peut-être bien changé au fil des années, mais James aussi avait énormément changé. Même si Ruby ne s’en rendait pas plus compte que lui ne pouvait se rendre compte des changements chez elle. Ils ne s’étaient jamais vraiment connus. Il était incertain de comment répondre à cette question et même si c’était une bonne idée d’y répondre. Mais, elle avait répondue à sa question alors il ferait de même. Même si sa réponse serait peut-être un brin plus personnel que celle de Ruby. « C’est une décision que j’ai prise il y a longtemps déjà, lorsque j’ai réalisé que je ne me reconnaissais plus. Et ce avec de l’aide, celle de mon ex mannequin. Notre rupture, m’a fait cesser de me voiler la face sur ce que j’étais devenu. Je n’aimais plus qui j’étais alors j’ai décidé qu’il était temps de tourner la page. Mais ce n’est pas un milieu qu’on peut quitter sur un coup de tête, alors ça a été tout un processus. Ça fait peut-être 1 an que j’ai réellement totalement arrêté. Mais ça fait beaucoup plus longtemps que c’était commencé. Ça n’a pas aidé qu’après avoir été clean à peu près toute ma vie, j’ai eu un petit détour comme accro. Mais c’est derrière moi tout ça. » James n’avait aucune honte quant à son passé soit comme vendeur de drogue ou la période où il était un junkie. La vérité c’est que James ne blâme pas le métier ou la drogue, c’était sa faiblesse de caractère qu’il blâmait et s’est seulement lorsqu’il a pris la décision de reprendre sa vie en mains qu’il a trouvé la force de laisser tout ça derrière lui. Même aujourd’hui, il a encore l’impression d’avoir beaucoup de chemin à faire avant d’être celui qu’il peut être. « Si votre courte expérience comme assistante au fashion week vous a mise en tête un changement de carrière et que votre accident vous a forcé la main à suivre cette envie, on peut dire que d’avoir eu le cœur brisé c'était mon fashion week et qu'être devenu un junkie a été mon accident. Ça m’a changé. Ou plutôt ça m’a rappelé qui j’étais avant et qui je veux être de nouveau. » James prenais une gorgée de son cappuccino. Puis, une deuxième. « Je suppose que c’était une bonne question, mais, dites-moi. Si vous n’étiez pas certaine de ça, pourquoi m’avoir engagé et surtout est-ce que vous pensiez vraiment que je ferais ce genre de petit boulot? Je le fais parce que je n’ai plus un sou de tout ce que j'avais gagné. Ou presque.»

« Bonne voie, mauvaise voie, je ne suis pas le genre de personne à penser de cette façon. J’ai toujours vécu ma vie au jour le jour et certains jours ça me réussit, d’autres non. J’en ai traversé des épreuves mais je retombe toujours sur mes deux pieds. » Et on pourrait également dire que James avait également neuf vies comme les chats. Il trouvait toujours une façon de se refaire. Maintenant il était homme à tout faire, dans 1 an qui sait ce qu’il serait, James n’avait vraiment aucune idée de la direction dans laquelle il se dirigeait au-delà du très court terme. Pour autant qu’il sache, ce contrat pourrait être le dernier de sa carrière. Certains jours James regrette de ne pas être un grand passionné comme les autres qui savent exactement ce qu’ils veulent de la vie. Lui, il a beaucoup plus de questions à propos de son identité et son avenir qu’il n’a de réponses. Mais ça, c’était sa propre faute et peut-être un peu aussi celle de ses parents. Mais James n’aimait pas refiler le blâme aux autres et il avait de peine et misère réussi à pardonner ses parents lui qui a la rancune facile alors il était hors de question de recommencer. Non, c’était ses décisions qui l’avaient amené sur ce trajet plein d’embuches qu’il s’efforçait de naviguer. Il n’avait pas saisit la chance de s’investir à l’école lorsqu’il en avait eu la chance et il était toujours trop préoccuper par l’idée de vivre sa vie à 100 mille à l’heure pour s’arrêter et prendre le temps de réfléchir sur la vie qu’il veut vraiment mener au-delà des fêtes. Parce que oui, même si on ignorait le fait qu’il avançait dans la vie un peu à l’aveugle, il n’avait pas vraiment non plus un cercle social bien rempli. Pour lui à peu près tout le monde était interchangeable, il peinait à développer de réels liens avec les autres. Il avait quelques amis, et il avait Erika. Une amie également. Du moins c’est ainsi qu’il définirait ses relations avec ces gens si on lui demandait. James lui-même ne fait aucune différence, il n’y a que les gens dont il se soucie… et les autres, ceux dont il ne se soucie pas. Il n’a jamais compris l’intérêt de vouloir absolument définir une relation en des termes simples. Il préfère les vivre. Tout comme il le faisait là maintenant avec Ruby. Elle était sa patronne pour le moment c’est vrai, mais peut-être qu’il en serait autrement un jour. James n’en avait aucune idée, il le découvrirait le moment venu et il ne poserait aucune question ne cours de route. C’était peut-être une autre mauvaise habitude, mais c’était ainsi et ça resterait ainsi.

Ruby disait avoir préféré formé sa propre opinion sur James plutôt que de simplement écouter tout ce que les gens lui avaient dit à son sujet. Et elle avait dû en entendre des choses, des bonnes et des moins bonnes. Professionnellement il avait eu une bonne réputation, mais vers la fin il n’était plus lui-même. Par contre, il avait toujours été de bonne compagnie et il avait été apprécié. Ceux qui ne l’aimaient pas évidemment ne lui mentionnaient probablement pas. James était amusé lorsque Ruby parlait de seconde chance. Lui il ne croyait pas aux secondes chances. On n’en a qu’une dans la vie. Mais il comprenait ce que Ruby cherchait à dire. Par contre, elle, elle ne semblait pas l’avoir tout à fait compris. « Vous pensez que je n’ai pas pensé à mettre des clauses bétons dans le contrat? J’espère que vous l’avez fait lire à votre avocat 3 fois plutôt qu’une vous pourriez être surprise. » James n’était pas sérieux évidemment, mais c’est vrai qu’en cas de rupture de contrat il était tout de même compenser pour la partie du travail qu’il avait fait. Mais il n’était pas inquiet, Ruby et lui ne s’entendraient peut-être pas très bien, mais elle serait contente de son travail. Malgré tous ses défauts, James était très minutieux et travaillait très fort. « Désoler si je n’étais pas clair, c’est ma faute. Je voulais simplement faire allusion au fait que dans mon ancienne carrière l’argent coulait à flot alors ça aurait été surprenant que je cherche des contrats pour effectuer des travaux. Malheureusement pour moi, comme je vous l’ai dit plus tôt j’ai dû renoncer à la majorité de mes économies pour quitter le milieu sans froisser personne. En contrepartie j’ai retrouvé ma liberté, alors ça me convient c’est ce qui m’importe. Je n’avais pas envie de vivre à toujours devoir regarder derrière moi de peur que quelque chose m’arrive. Ce n’est pas une vie ça. » James avait toujours préféré une vie sans attache, c’était bien le temps que ça avait duré la carrière de dealeur, mais c’était compliqué de s’en sortir si on ne faisait pas attention. « Jusqu’ici je vous plais ou je dois m’inquiéter pour mon emploi? » Demandais-je curieux. Je le demandais tout de même sur un ton joueur et pas très sérieux. « Mon changement de carrière rapporte beaucoup moins que le vôtre je pense alors j'ai besoin de mon emploi. Je n'ai jamais eu à m'inquiéter de payer mon loyer avant, je n'ai pas envie de commencer. »

« L’important, c’est que vous finissiez par vous en sortir. Que vous fassiez aussi quelque chose qui vous soit bénéfique et accessoirement vous plaise. »

James avait acquiescé d’un hochement de la tête aux propos de la brunette. C’était là quelque chose avec laquelle James pouvait se mettre d’accord avec la jeune femme. S’il y avait une chose qu’il avait bien compris dans la vie c’est que rien ni personne d’autre que lui-même ne pouvait être la solution à quelque problème qui soit dans sa vie. La solution se trouvait en lui s’il était bien prêt à la voir et à se donner les moyens de réussir. Ça ne voulait pas dire qu’il n’accepterait pas un coup de pouce, lorsqu’il a repris le contrôle et brisé sa dépendance c’était sa force de caractère et sa détermination qui l’avait remis sur le droit chemin. Mais il n’y avait aucun doute que ses proches avaient joué un rôle déterminant malgré tout. Même si c’était simplement avec le soutien moral ou en lui facilitant la tâche. Tout le monde peut utiliser quelques personnes de leur côté lorsque les choses vont mal. James avait connu les deux mondes. La solitude totale, mais aussi être entouré de personnes qui compte et qui seraient là pour lui. Il savait bien le monde de différence que même une seule personne peut avoir sur une vie. Mais tout changement demande au moins une chose, le désir de faire ce premier pas et de ne pas se détourner dès que les choses deviennent un peu plus difficiles.

« Et de ne jamais regardé derrière soi. » Se permettait de rajouter James après avoir retrouvé ses sens. Et ces paroles il les pensait dans tous les sens du terme. Ne jamais se mettre dans une position où on craint pour notre bien être si ça peut être éviter et de même pour votre passé... il n'est pas conseiller de le traîner comme un boulet. Plus facile à dire qu'à faire, James le sait d'expérience, c'est un combat de tous les instants pour lui et il est souvent sur les talons.

Le sujet de discussion bifurquait brièvement sur des questions contractuelles, mais ils ne s’y attardaient pas. James n’avait aucun problème avec les modalités et aucun doute qu’il saurait satisfaire la jeune agente et son partenaire mystérieux qu’il n’avait pas encore eu la chance de rencontrer. Il n’y a rien de sorcier à satisfaire quelqu’un qui nous engage pour mener à bien un projet. Suffit de le faire bien et de le faire dans les délais prescris. James ne manquait ni d’ardeur au travail, ni de minutie, on pourrait même le dire obsessif compulsif parfois tellement il pouvait s’attardé sur des détails que ne remarqueraient même pas à l’œil nu le commun des mortels. Même les plus petites imperfections passaient sous sa loupe. Malgré tout, James était curieux de savoir ce que Ruby pensait de lui jusqu’ici. Ce n’était pas vraiment une inquiétude, il n’avait aucune raison de penser avoir merdé jusqu’ici. Ils avaient brièvement discuté et s’étaient rendu au café. Il n’avait même pas encore eu la chance de gaffer. Mais la réponse de Ruby avait su lui soutirer un sourire en coin. C’était comme si elle avait lue dans ses pensées. « Vraiment? J’ai connu mon lot de mannequins dont la personnalité aurait dû les disqualifier du métier. » James parlait en connaissance de cause, même comme dealeur il collaborait avec les agents de sa clientèle. Il trouvait généralement qu’être dans leurs grâces étaient avantageux. Mais certains clients ne voulaient jamais écouter personne et se droguait comme des fous même à l’aube de shootings importants. Lesquels finissaient soient en désastre, soient à être reportés parce que les mannequins faisaient faux bond. James serait surpris que Ruby soit en désaccord que cela poserait un problème. Même sans drogue certains sont de vraies divas pour un tout ou un rien.

James était amusé lorsque Ruby lui retournait la question, mais surtout parce qu’elle lui apprenait alors que son partenaire la surnommait Maléfique. Il était plus intrigué que jamais par ce mystérieux personnage. Un connaisseur de Disney visiblement. James aurait normalement fait une vanne sans réfléchir, mais il prit plutôt une autre gorgée de son cappuccino pour s’acheter un moment de réflexion. « Je ne pense pas, je ressens. Pour l’instant, j’ai un assez bon sentiment à votre sujet mais il est encore trop tôt pour être certain. Surtout si votre plus proche collaborateur vous compare à Maléfique… » James marquait une pause, le sourire aux lèvres avant de continuer sa pensée. « Je devrai peut-être vous étudiez plus longuement et de plus près, mais tout le monde a un vilain disney ou deux dans son entourage. Je ne vous jugerai pas trop durement. » N’empêche que la question lui en avait inspiré une pour Ruby.  « Mais dites-moi… si vous êtes Maléfique, qui est votre collègue dans l’histoire, Prince Philippe? Moi j’ai toujours plus pensé que je ressemblais à Kristoff dans la reine des neiges. »