Tu es prête. Tu es devant ta porte d'entrée et d'un coup, tu attrapes une douleur au ventre, tu n'arrives plus à respirer alors tu te rends en cuisine pour gober un verre d'eau d'une traite, ça te fait du bien. Tu fais les quatre cent pas, tu te poses pleins de questions. Ta la trouille de rencontrer ton frère, parce que oui tu as un frère. Ce mot raisonne dans ta tête comme un disque rayé. Tu veux le voir depuis plus d'un an, tu le sais depuis plus d'un an et toi qui a d'habitude les couilles, là tu te sens castrée. Tu te dégonfle comme une pâte qui ne lève pas dans le four, tu te sens comme une merde et quelqu'un te marche dessus, tu sais que tu vas être la bête noire, et pourtant tu rêves de rencontrer ton frère, rien que de le voir de plus près car depuis plus d'un an, tu l'observes à des kilomètres, tu le suis tel un paparazzi, tel une moule qui veut se raccrocher à son putain de rocher. Alors tu inspires, tu te recoiffes légèrement et tu sors. Un grand pas de fait, il ne reste plus qu'à monter sur ta moto que tes parents t'ont achetée, car tu as tout eu, sûrement pour combler le vide d'avoir abandonné un fils. Tu regardes ton papier, l'adresse de ton frère est dessus, tu mets ton casque et spontanément, tu appuies sur le champignon, tu ne calcules pas les voitures, tu oublies tes clignotants, tu roules dangereusement, pourtant tu ne veux pas crever, non ce n'est pas ton but, mais actuellement, tu t'en fous. Tu arrives et tu te gares.

Et là, t'es devant chez lui, tu avances puis tu recules et tu fais ce mouvement un moment, les gens te regardent bizarre alors tu te retournes et tu leur fait un jolie doigt d'honneur, tu manques parfois de tact, c'est vrai. Tu te répètes que ce n'est pas si dur, que ça va être un jeux d'enfants, tu te persuade que t'es une boss des surprises, même si cette surprise là peut être empoisonné pour lui, puis tu sonnes. Ton ventre se serre créant un immense nœud et tu attends qu'il réponde. Tu pries pour qu'il soit absent, mais tu entends des pas, t'es foutu ! En une fraction de seconde, tu te retrouves devant lui, tu affiches un sourire digne d'une publicité dentaire et tu le regardes, sans bouger et sans rien dire ce qui devient très gênant.

Quand la porte s'ouvre, tu restes figée et tu l'observe, qu'il est beau ton frère. Tu attends ce moment avec impatience et pourtant, tu n’arrives pas à sortir un mot. Tu remarques qu'il fait la cuisine vu la tonne de farine qui était sur lui et là, il te pose une question. Tu souris bêtement, jolie demoiselle ? C'est flatteur, tu aurais bien aimé le mettre dans ton lit si tu ne savais pas qu'il était ton frère, ton grand frère.

« Mh .. Puis-je .. Entrer ? Je dois te parler.

Tu te surprends à le tutoyer, après tu es contre le vouvoiement, tu es cash à l'origine, mais là tu perds tes moyens face à lui, pourtant il n'a pas l'air méchant même si on t'a toujours dit de te méfier des apparences.

« Ça ne prendra pas longtemps, mais .. Il fallait absolument que je te rencontre ».

Tu t'attends à un vent, à une tornade même, qui te dis qu'il va te faire entrer chez lui, comme ça ? Tu espères qu'il t'écoute et au fond de ton coeur, tu espères qu'il sera heureux à cette annonce. Alors pour l'inciter à te faire entrer, tu affiches un sourire d'ange, espérant que ça fonctionne. Cela étant, tu es prête à dormir sur place, devant sa porte s'il le faut.

Tu t'impatientes, d'après ses dires, des tas de personnes souhaitant le rencontrer et lui parler. Tu hausses un sourcil un peu décontenancé, tu ne comprends pas trop, car il n'est qu'animateur radio. Tu esquisses un petit rire.

« Non, mais je m'en fous de ta popularité en fait, désolé d'être franche, mais tu es animateur de radio, pas ministre ».

Tu te mets à rire, c'est quoi ces filles qui deviennent hystérique face à Kristian ? Il a beau être mignon, ce n'est pas une raison pour mouiller de la chatte quand elle le croise, il serait célèbre en tant qu'acteur ou chanteur, tu pourrais comprendre, mais là. Enfin bref, tu n'y prêtes pas attention vu qu'il décide tout de même de te laisser entrer. Tu le remercies d'un signe de tête et tu pénétres dans son intimité, juste pour le fun, tu as envie de hurler comme une fan qui dispose de la rage, mais ça ne serait peut-être pas drôle pour lui, surtout que tu ne le connais pas. En entrant, tu ne peux t'empêcher de jeter un œil dans la cuisine et tu bloques devant la pagaille, c'est sur qu'il ne sera jamais cuisinier.

« Je ne vais pas tourner autour du pot. Je suis ta petite soeur ».

Lâche-tu tel une bombe qui explose dans son domicile, tu ne t'attends pas à ce qu'il te prenne dans ses bras, qu'il te couvre d'amour fraternel, tu espères simplement qu'il soit assez mature pour t'écouter et ne pas te juger, car tu es une victime dans l'histoire. Ce sont tes parents qui sont coupables.

Tu laisses sortir un petit gémissement quand il te dit que s'il avait était ministre, beaucoup de monde le détesterait. Tu as raison avec lui sur ce coup-là. À vraie dire, des tas de personnes seraient capables de faire des pieds et des mains pour rencontrer une personnalité quelle qu'elle soit. Une fois à l'intérieur, tu vois le désordre, tu ne critiquais pas, car un homme qui cuisine, c'est rare. Tu ris à sa remarque.

« Et vu l'état de la cuisine, je suis sûre que tu as perdu ».

Dit-tu en riant, prenant l'initiative de te rendre dans le salon. Tu balances la bombe et vu sa tête, il est surpris. Pourtant, il commence une phrase sans la terminer, en fait, il est en pleine réflexion. Effectivement, tu n'es pas cette soeur qui est dans les bras de tu ne sais qui. Tu attends quand il te demande ce que tu veux, tu hausses les épaules.

« Te connaître ? J'ai appris récemment ce qu'il s'était passé. Mes connards de parents m'ont tout avoué, de ce fait, je suis partie sans me retourner. Je t'ai observé longtemps, mais je ne suis pas une psychopathe. Je voulais juste me présenter à toi ».

Tu passes ta langue sur tes lèvres pour les humidifier avant d'attraper ton beurre de cacao que tu étales sur celle-ci.

« Je ne te demande rien et je comprendrais que tu ne souhaites pas faire connaissance, je voulais juste te voir ».

Ajoutes-tu en esquissant un petit sourire timide. Toi qui est cash, ça te change. Tu n'aimes pas être timide, mais tu fais l'exception, car tu ne veux pas lui faire peur.

Tu arques un sourcil, son propos n’est pas cohérent et surtout pas crédible. Tu vois bien que c’est le bordel dans sa cuisine, elle l’a mis K.O et puis c’est tout. Tu le regardes, puis tu jettes un oeil dans sa cuisine, puis tu poses une seconde fois ton regard vers lui en riant.

« Je dirais plus soixante-dix trentes moi. Mais je te laisse le bénéfice du doute ».

Tu restes à une certaine distance, tu es déjà heureuse de l’avoir enfin rencontré. Tu étais en admiration devant lui, toi qui souhaitais une grande famille, tu t’en rapprochais. Tu baissais légèrement la tête quand il te posa une question, ça devait être un mauvais souvenir pour lui.

« Oui ».

Une réponse simple, tu ne te voyais pas argumenter, ce n’était pas ça qui voulait alors tu lui réponds simplement. Tu détestais être comme-ça, toi qui étais extravertie et un peu cinglée sur les bords. Tu l’écoutes, il est aussi perdu que toi. Tu te mets à regretter d’être venue, il semblait avoir une vie paisible et tu débarques et tu fous tout en l’air, bravo Gwen.

« Alors ne dit rien. Je ne suis pas venue compliquer ta vie. Je voulais te rencontrer, te voir et te parler et c’est ce que j’ai fait et je te remercie pour les minutes que tu m’as accordées ».

Tu souris, d’un côté tu étais satisfaite de toi, tu avais réussi à prendre contact avec ton grand frère, c’était pour toi une chose énorme. Tu tournais les talons, tu n’allais pas non plus le déranger, mais il te demandait si tu voulais rester pour le goûter, tu te retournais pour lui faire face. Tu hésitais, si tu refusais, tu n’aurais peut-être plus l’occasion de le voir et si tu acceptes, peut-être que l’atmosphère finirait par se dissiper, tu esquissais un sourire.

« Ce serait un plaisir de goûter tes crêpes, car à ce que je vois, tu t’ai donné du mal ».

Tu ris en le regardant couvert de farine, il n’était peut-être pas cuisinier de métier, mais il faisait l’effort d’essayer.