Surprise !!! Cordélia & Lilly

Surprise !

Je pourrais prévenir nos parents pour les rassurer, mais franchement, je n'en ai pas envie. Si tu veux le faire, à ta guise ! Mon départ a été une réelle bouffée d’oxygène. C’est peut-être égoïste, mais pour une fois, j’ai envie de penser à moi. Ma vie ces dernières années était semblable à Alcatraz. Ne rien pouvoir faire sans être surveillée en permanence, devoir obéir sagement sans broncher, se plier à des règles trop strictes sous prétexte que j’habite sous leur toit, être privé d’après-midi shopping ou d’une simple soirée pyjama chez une copine pour rester le nez plongé dans les bouquins. Aucune concession. Aucune liberté. Aucune indépendance à cause de leur foutue réticence que je suive vos traces ! Ce n’était pas une vie ! Ici au moins, je fais ce que je veux, quand je veux et où je veux dans la limite du raisonnable. Ici. Je revis.

Tu me proposes ton hospitalité et j’en esquisse un grand sourire. Tu sais que j’en ai toujours rêvé, de ce toi et moi dans un appart rien qu’à nous et pourtant…Je te remercie Cordi. Ça me touche énormément, surtout que j’en parlais tout le temps il y a quelques années. Aussi tentant et irrésistible que cela soit, j’ai besoin de voler de mes propres ailes. Si j’habitais ici, ça reviendrait au même que d’habiter chez les parents dans le sens où, j’étais nourrie, logée et je ne payais rien. J’ai besoin de mon indépendance. Mais… je mordille ma lèvre inférieure sans me départir de mon sourire, maintenant que je suis à LA, on va rattraper le temps perdu et se faire de bonnes grosses soirées bouffes devant la télé, la console et les jeux de société. D’ailleurs, me connaissant, c’est fort possible que je squatte le lit de la chambre d’ami ces soirs là, dis-je en riant.

Au début, l’idée de vivre temporairement chez toi était très attrayante, mais ne sachant où en était votre relation avec Graham, je me suis abstenue de demander. Je ne voulais pas débarquer en pleine guerre nucléaire ! Ma venue aurait pu ajouter davantage d’huile sur le feu. Un sourire compatissant étire le creux de mes lèvres lorsque tu fais allusion à votre vie de couple. Je ne sais pas vraiment quoi te répondre. Je n’ai jamais eu de relation sérieuse et je ne suis jamais encore tombée amoureuse. Or, j’imagine que vivre en pleine guerre froide chez soi ne doit pas être très agréable…: Bah au moins, ça évite les disputes, bon okay nulle ! je ne suis pas douée pour réconforter dans ce genre de situation. Je dois trouver mieux la prochaine fois. Je hausse les épaules : Oui, mais c’était aussi chez lui alors, j’aurais compris que ma présence puisse le gêner. Je t’en prie ! Je me suis dit que ça serait l’idéal pour fêter dignement ces retrouvailles !

Quelques échanges et me voilà en train de chanter tes louanges. Tu es une excellente animatrice radio. Pourtant, je ne pensais pas que tu serais à l'aise dans ce travail. Et regarde toi aujourd'hui. Tu rayonnes ! Tu me demande si j'aimerais assister à une de tes émissions : Avec joie ! Il me tarde de voir la grande Lux Valentine à l’antenne !

Ensuite, nous parlons un peu de ton binôme. Un vrai clown ! Difficile de percevoir quand il est sérieux celui-là. Mais, je suppose que tu dois mieux le décrypter, puisque tu passes tes journées avec lui. D’ailleurs, la curiosité me titille. Je sais à quoi il ressemble, j'ai visité ta page Instagram des milliers de fois. Je te demande s'il est sexy. Oh ! drôle de réponse qu’une question ! ça ressemble à un Joker. Vous savez, ce petit mot qu'on prononce pour éluder une question. Pourtant, ce n'est pas ton genre. Hum...il y a anguille sous roche ! Je vais creuser ça ! Pour changer de sujet, j'ironise un peu nos parents. Sans surprise, tu rebondis aussitôt. Je ris : Oh grand Dieu ! Jamais !

Quand nous passons au sujet Graham, j'use un peu d'humour pour t'empêcher de te replonger dans de souvenirs grisants. D’ailleurs, questions déprime, nous sommes les reines ! Malbouffe et séries à l’eau de rose constituent le programme préféré d'une fille en bad : Tiens, puisqu’on en parle ! Où tu les as stockés ? Parce que tout ce que je vois c’est une femme magnifique, mince et élancée. Tout le contraire de moi. Regarde, lançai-je en désignant mes rondeurs, le résultats des années de vie avec les parents. C’était la bouffe ou la drogue ! Mon cœur a tout de suite balancé, même si je me suis octroyée, je l’avoue quelques petits excès, avouai-je le sourire aux lèvres, La vodka et la Téquila, ça ne me réussit pas vraiment… Je te raconterai cette petite anecdote la prochaine fois !

Avec toi, je n’ai jamais su faire semblant. Alors, j'avoue que ton silence concernant Graham ces dernières années, aussi légitime fut-il, m’a déçue et attristée. J’aurais voulu savoir. Non pas pour être à l’affut des moindres détails croustillants de ton mariage, mais simplement pour être là quand tout a basculé, quand votre amour s’est fané et que votre histoire s'est terminé. Simplement être ton point d’ancrage, ton soutien moral dans tes moments de solitude. Alors c'est vrai. J’aurais voulu l’apprendre de ta bouche et pas de celle de nos parents. Et apparemment...toi aussi. Je me souviens très bien. Ce jour-là, j’ai manqué ta venue à la maison, et je m’en mords encore les doigts. Papa et maman ne m’avaient rien dit. Ils voulaient me faire la surprise, semblerait-il. Je comprends pourquoi ils n’ont pas cessé de m’appeler. Je ne t’ai jamais avoué où j’étais, ni ce que je faisais, car la honte s’était abattue sur moi. Autre chose de prévu… C’est ce que je leur avais dit. Comprends-moi…ils me fliquaient en permanence, alors, je leur avais monté un bon gros mensonge pour aller à cette soirée. Mais, si j’avais su que le lendemain vous seriez là, je m’en serais abstenue, d’autant plus que ça s’est fini en nœud de boudin ! par ma faute en plus…

…Puis c’était mon couple. En réalité, je n’ai pas à en parler à qui ce que soit. Ça concernait uniquement Graham et moi… A ces mots, je baisse les yeux, touchée, la gorge serrée, je déglutis péniblement. Je sais que tu as raison, mais ça fait mal de l’entendre. On dirait que mes paroles te surprennent et te vexeraient presque. Tu ne comprends pas ? oui ! j’ai besoin de temps pour accepter l’évidence. Tu es aveugle ou quoi ?

Qu’on s’est éloigné. Enfin Cordélia, tu ne le vois pas ? Tu le dis toi-même. On ne se parle plus, hormis de petites banalités de temps à autres au téléphone. Moi, je te parle de vraies conversations, comme avant. Depuis quand t’étendre sur tes problèmes est devenu un sujet tabou entre nous ? Tu ne t’es pas dit que si je ne disais plus rien c’est peut-être parce que toi aussi ? Tu t’es renfermée dans ta bulle à Los Angeles et moi… je soupire puis détourne le regard, un peu honteuse j’ai fait n’importe quoi… Un silence s’installe, or, je ne le laisse pas perdurer car c’est le malaise assuré ! et, il n’y a jamais eu de ça entre nous.

Je ne te tiens pas pour responsable. Je ne suis pas innocente non plus. J’aurais pu aller vers toi c’est vrai, venir passer quelques jours à Los Angeles. Ça t’aurait sans doute évité des moments de solitude, ça nous aurait fait du bien et quant à moi…ça m’aurait éviter bien des faux-pas. Silence. Ma grande sœur me manque, avouai-je en haussant les épaules, les yeux brillant de tristesse, Maintenant que je suis à Los Angeles, j’espère, qu’on pourra rattraper tout ça !

Moi qui voulais de chaleureuses et heureuses retrouvailles, cette conversation prend une tournure qui te déplait. Tu me reproches (et c’est tout à fait légitime), d’avoir abordé certains sujets un peu trop personnels sur ton lieu de travail. Apparemment, tout le monde ici , est friand de ragots. Sérieusement ? Ils n’ont vraiment d’autre à faire que de frétiller au moindre détail de vie privée ? Bienvenue chez
Closer ! Je soupire intérieurement. Décidément, j’accumule les boulettes ! Je te demande pardon. Je ne voulais pas te mettre mal à l’aise. Ni que cette conversation prenne une telle tournure… Je te souris timidement. Et si on sortait de la Gazette des animateurs pour s’envoyer ces fameux éclairs ? Il fait beau dehors en plus. On peut se poser au parc juste en face si tu veux ?

On dirait que ton duo avec ce Kristian cartonne. Vous semblez très bien vous entendre ! D'ailleurs, vous êtes assez proches pour vous envoyer des messages. Je me demande si cette proximité a joué un rôle dans ta séparation ? Je vais éviter ce genre de question ici. Nous décidons de quitter les lieux. Tout comme des millions d’audimat qui rêvent de vous voir ensemble avec Kristian, je m’amuse gentiment à te tester. D'après les photos , il n'est pas trop mal, si on omet sa tête de gamin ! Nous sortons, je m’accroche à ton bras et nous marchons côte à côte en direction des ascenseurs, tout en poursuivant notre discussion. Ce que j’essaie de faire ? dis-je innocente en souriant de toutes mes dents. Je ne peux m’empêcher de rire quand tu affirmes que ton collègue serait trop vieux pour moi. Oh si tu savais…Tout de suite l’âge ! Tu sais que j’ai toujours aimé les fruits mûrs, je souris de plus bel et rapproche mon visage pour te murmurer à l’oreille, et pour les hommes c’est pareil !

Nous poursuivons notre chemin jusqu’à l’ascenseur. J’appuie sur le bouton et en attendant qu’il atteigne notre étage, je poursuis: Tu as raison. Vie personnelle et professionnelle ne font pas bon ménage. Il y en à qui ça réussit, mais ce n’est pas une science exacte !

L’ascenseur arrive, s’ouvre et nous nous y engouffrons. Je mords l’intérieur de ma joue, puis hésite un instant, et finalement, je me racle la gorge avant de me lancer : Sinon heu…t’as des nouvelles de Wyatt ? Je n’ai pas encore eu l’occasion de le croiser. J’imagine que vous avez dû vous voir non ?[/color] J’appuie sur le bouton du rez-de-chaussée. Très vite, la boite referme ses portes et commence sa descente.

Codage par Libella sur Graphiorum

Surprise

Elisabeth Henstridge & Cordelia Valentine

“Une sœur est un cadeau pour le cœur, un ami pour l’esprit, un fil d’or au sens de la vie.”

Pendant leur enfance les deux femmes avaient évoqué à de nombreuses reprises le fait de se prendre un appartement ensemble. Vivre rien que toutes les deux. Mais, Lux avait rencontré très tôt Graham et elle avait fini par vivre avec lui, faisant oublier au deux Henstridge leur projet d’enfance. Ce plan semblait totalement être tombé à l’eau jusqu’à aujourd’hui. Lux était désormais divorcée et elle vivait seule, elle avait également une chambre d’ami de libre. Mais à présent, c’était Lilly qui avait d’autres projets en tête et un désir d’indépendance ce que pouvait parfaitement comprendre sa grande sœur. D’ailleurs Lux aussi devait apprendre à être totalement indépendante et à vivre seule ce qui lui était jamais arrivé. Elle était passée de vivre avec ses parents à vivre avec Graham. « J’ai donc quelques années de retard. Je comprends ton besoin de voler de tes propres ailes. Mais tu peux venir squatter aussi souvent que tu voudras chez moi. D’ailleurs, il faudrait que je te donne ma nouvelle adresse. On a vendu la grande maison dans laquelle on vivait avec Graham. Elle était trop grande pour une personne seule et aucun de nous deux ne voulait y vivre. Probablement parce qu’elle renferme beaucoup trop de souvenir. » C’était la meilleure décision à prendre pour tous les deux, c’était une page qui se tournait. C’est dans cette maison qu’ils sont devenus de parfaits étrangers l’un pour l’autre. Dans cette maison que Lux ressentait énormément de tristesse et de solitude. Dans cette maison qu’elle a connu ses plus violentes disputes. Mais aussi dans cette maison qu’elle avait de merveilleux souvenirs de son couple et qui nourrissait en elle un sentiment de culpabilité, se remémorant qu’elle avait tout détruit en l’espace d’une simple nuit.

Lux invitait Lilly à venir assister à l’une des émissions. Il faudrait juste qu’elles se mettent d’accord sur la date. Elles devaient également trouver une matinée où sa jeune sœur serait disponible et surtout prête à se réveiller de bonne heure. L’émission de radio de Kristian et Lux commençait des six heures de matin pour se finir à dix heures. Ils étaient ininterrompus à l’antenne pendant ce laps de temps. Ils prenaient des pauses pendant les diffusions des nombreux hits musicaux qu’ils faisaient découvrir chaque matin à leurs auditeurs. Lux était ravie que sa sœur accepte l’invitation. « Super, je t’enverrais les dates où l’émission a du public, tu me diras la matinée que tu préfères pour que je te réserve la meilleure place. »

Lilly faisait référence à la probablement période de déprime que Lux a pu avoir après son divorce. Si seulement elle savait que cette période durait depuis des années. Son divorce n’était pas un événement soudain. Ça faisait des années que Lux le voyait venir. Mais elle avait longtemps gardé espoir qu’un miracle allait se produire et sauver son mariage. Au lieu de cela, elle avait commis l’acte qui avait mené directement au déclin et au naufrage de son union avec Graham. Ça devait peut-être arriver pour sortir de cette illusion et cette spirale infernale qu’était son couple depuis qu’ils avaient emménagé à Los Angeles. Quand la richesse, la gloire et la reconnaissance professionnelle est monté à la tête de Graham faisant passer son mariage et son désir de fonder une famille au dernier plan. Lilly complimentait le physique de sa sœur et dénigrant le sien. « Arrête de dire n’importe quoi ! Tu es parfaite comme tu es. Ne te crée pas de complexe pour rien. Tu es magnifique Elisabeth Henstridge... Vodka et tequila ? Tu n’as pas eu vingt-et-un y a seulement quelques mois ? » Eh oui, le rôle de grande sœur faisait son apparition. Elle espérait que sa sœur n’avait pas fait trop d’excès. Lux avait fait l’une des pires erreurs de sa vie en consommant un peu trop de ses deux élixirs.

Lilly commençait à déverser ce qu’elle avait sur le cœur et sa déception que Lux ne lui ait pas parler de ses problèmes. L'ainée était assez surprise par ses reproches puisque ses problèmes de couple ne concernaient qu’elle et Graham. Elle ne voulait mêler personne d’autre à cette histoire hormis peut-être l’homme qui l’avait aidé à détruire son mariage. Kristian a été mêlé à cela malgré lui, il était toujours là quand Lux était au plus mal. Une coïncidence ou non, elle ne saurait pas le dire. La jeune Valentine écoutait sa sœur sans l’interrompre. Quand Lilly finit par dire que sa grande sœur lui manquait, le seul réflexe que Lux était dans la prendre dans ses bras. « Je suis là maintenant. On est ensemble. Oui, on rattrapera tout ça. » Lux était intrigué parce qu’avait dit sa sœur. Elle avait fait n’importe quoi, elle aurait pu éviter de faire des faux pas. Qu’est-ce qui avait bien pu arriver à Baton Rouge ? Elle avait quitté la Louisiane uniquement pour s’éloigner des parents ou est-ce qu’elle essayait de fuir quelque chose ou quelqu’un ? Est-ce qu’il y avait une autre raison à son départ ? Mais Lux ne préférait rien dire. Ce n’était pas le meilleur moment et encore moins l’endroit d’aborder des sujets qui pourraient s’avère sensible. Elles pourraient en reparler plus tard ou même une autre fois.

Lux n’avait qu’une chose à reprocher à Lilly, qu’elle ait décidé de déballer son sac sur son lieu de travail. Elle aurait préféré qu’elle le fasse dans un endroit où on raffolait beaucoup moins des ragots. Les rumeurs et les histoires croustillantes étaient tout de même l’un des gagne-pain de la chaîne. « Ce n’est pas grave. D’accord, allons dans le parc en face. » Ça ferait du bien à Lux de prendre un peu l’air après avoir passé la matinée dans le studio de radio.

Le sujet déviait sur Kristian, Lilly était curieuse à propos de binôme que Lux formait avec ce dernier. Mais l’animatrice n’avait pas grand-chose à dire à son sujet juste qu’elle le trouvait trop vieux pour que sa sœur s’intéresser à lui. Apparemment, Lilly n’était pas du même avis. « J’ai donc eu de la chance que tu ne me piques pas, Graham. Quoi que tu étais encore une enfant quand je l’ai rencontré. » Lux précisait également qu’elle préférait que sa vie personnelle, à savoir Lilly ne se mêle pas à sa vie professionnelle, Kristian. Ce qui était assez ironique quand on connaissait toute l’histoire concernant Lux et Kristian.

Au moment où les deux femmes montaient dans l’ascenseur, Lilly questionnait Lux à propos de Wyatt. Elle ne s’y attendait pas. Elle ne savait même pas que sa sœur était au courant de sa sortie. Wyatt avait fait promettre à sa sœur de ne rien dire, il souhaitait le faire lui-même. « Pas vraiment... Depuis sa sortie, je l’ai croisé deux fois. La première fois, il m’a appelé parce qu'il avait besoin de quelqu'un pour sortir de cellule de dégrisement et pour le raccompagner chez lui. Enfin si on peut appeler ce motel miteux un chez soi. C'est comme ça que j'ai su qu'il était sorti. Et la seconde fois, je l’ai croisé quand j’ai vidé le bureau de Graham après son départ. Mais on s’est juste croisé, on n’a pas réellement discuté. Je n’arrive toujours pas à accepter ce qu’il est devenu et ce qu’il a fait subir à Moira. Et il a eu le culot de me demander si Graham m’avait fait du mal physiquement. »

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