Ces derniers temps, Moïra n’était pas au meilleur de sa forme. Elle sentait bien que quelques choses clochaient, ça n’allaient pas, mais elle ne voulait pas le reconnaître. La jeune blonde ne pouvait pas se permettre de faire une rechute, pas maintenant. Elle connaissait les symptômes, mais elle trouvait une raison logique à chacun des signes. La demoiselle O’Hara était en plein déni. Si elle était seule et triste, c’est parce que sa fille s’éloignait d’elle. Elle avait échoué dans son rôle de mère, elle était nulle dans ce domaine. C’est qu’elle n’arrêtait pas de penser. Si elle avait envie de rester au lit, c’est parce qu’elle faisait un travail fatiguant. La raison était la même pour expliquer son envie de rester seule à la maison et pour décliner les invitations diverses. Elle se persuadait qu’elle avait besoin de repos. Moïra se disait fatiguée et pourtant elle n’arrivait pas à trouver le sommeil et elle se réveillait régulièrement en pleine nuit. Un autre symptôme qu’elle ne voulait pas voir. Elle ne se faisait plus de vraies repas, elle se contentait de se nourrir qu’en grignotant. Elle ne consommait que des aliments très sucrés ou trop salés. Elle expliquait cela par un manque de temps et pourtant elle passait son temps chez elle à ne rien faire. La jeune femme ne trouvait aucune motivation même pour faire des choses toutes simples du quotidien. Elle n’avait plus goût de rien. Moïra était également hantée par des pensées noires, mais elle se disait que c’était normal. Revoir Wyatt avait été un sacré coup dure pour elle, elle ne s’y attendait pas.

Moïra rentrait d’une intervention en larme. Elle sortait de l’ambulance en claquant la porte derrière elle. Elle se rendait en courant dans les vestiaires. Pendant ce temps, son coéquipier sortait de l’ambulance à son tour énerver. « Elle commence sérieusement à me gonfler avec ses sautes d’humeur. Je veux bien en supporter une ou deux, mais là, c’est trop… Logan comme tu as fait pour avoir avec un gosse avec elle et l’épouser. Elle est insupportable et surtout complètement cinglée… Je ne peux plus travailler avec elle. Elle change d’équipe ou c’est moi…» Apparemment, la demoiselle O’Hara avait vraiment poussé son collègue à bout. La jeune blonde se trouvait dans les vestiaires et elle avait vider tout son casier. Tout le contenu de celui-ci était éparpillé au sol et elle cherchait à présent dans les poches de ses vêtements et de ses sacs. Elle était à la recherche de ses médicaments et ça la rendait dingue de ne pas les trouver. Moïra perdait patience…

L’intervention de l’ambulance ne s’était pas très bien passé. Heureusement, le patient était arrivé sans encombre et dans un état stable à l’hôpital. Mais entre les deux ambulanciers, l’ambiance était tendue. Le ton était souvent monté entre eux sur le chemin du retour, et même durant l’intervention. Il y avait clairement de l’eau dans le gaz entre les deux collègues. Moïra s’était énervée sur son coéquipier sans réelle raison. Elle avait clairement des sautes d’humeur inexplicable. Du moins, elle n’était pas compréhensible pour les personnes qui ignoraient ses antécédents médicaux. La demoiselle O’Hara préférait ne pas parler des problèmes mentaux qu’elle a pu avoir dans le passé. Seuls ses supérieurs étaient au courant et évidemment Logan, mais elle lui avait demandé de garder cela pour lui. Apparemment, il avait gardé le silence jusqu’à maintenant et Moïra lui était reconnaissante pour cela. Que son collègue l’insulte de folle déséquilibrée avait été la goutte d’eau qui avait fait débordé le vase. La jeune blonde avait été en sanglots. Il lui arrivait souvent de pleurer lorsqu’elle se retrouvait seule chez elle. Mais elle avait toujours su se contrôler au travail, mais elle l’a elle n’avait pas réussi.

En arrivant à la caserne, Moïra n’avait calculé absolument personne. Elle s’était rendue dans les vestiaires presque en courant en essayant de cacher ses larmes. Elle entendait la voix de son collègue qui se plaignait d’elle. La demoiselle O’Hara vidait son casier à la recherche de ses médicaments. Quand Logan arrivait dans les vestiaires, tout le contenu de son casier était au sol et elle vidait son sac à main sur le banc. Il lui demandait ce qui se passait. « Je cherche mes médicaments, je ne l’ai trouvé pas… » Les larmes continuaient à couler sur ses joues, bien que les sanglots avaient cessé. Sa boite de comprimés était sous ses yeux, mais Moïra ne le remarquait pas. Logan lui demandait également pourquoi Lucas, leur collègue, était en colère. La blonde décidait de répéter les mots qu’ils lui avaient dans l’ambulance quand ils rentraient. « Parce que je suis qu’une folle déséquilibrée. » La jeune ambulancière savait que Lucas avait raison. C’était exactement ce qu’elle était… Il avait raison de s’énerver, de ne plus vouloir travailler à ses côtés ou simplement avec elle.

Pour la première fois, Moïra n’avait pas réussi à contenir ses larmes sur son lieu de travail. Personne ne le sait parce qu’elle vit seule, mais la demoiselle O’Hara s’effondrait assez régulièrement en rentrant chez elle. Elle éclatait souvent en sanglots lorsqu’elle refermait la porte d’entrée de son appartement. La jeune femme se sentait tellement nulle, inutile… Elle avait l’impression de tout rater, d’échouer en permanence. Elle ne comptait pour personne. Son retour à Los Angeles n’avait servi à rien. Elle avait seulement réussi à rendre plus compliquée la vie de Gabrielle. Pourtant cette adorable jeune fille n’avait rien demandé. Moïra aurait dû continuer à se tenir loin et à céder ses droits parentaux à Micah comme le couple Dawson lui avait demandé. Avait-elle préservé ses droits pour elle ou pour Gabrielle ? Aujourd’hui, la demoiselle O’Hara se rendait compte qu’elle avait été égoïste. Le meilleur pour elle aurait été simplement Logan et Micah. Elle était clairement la pièce de trop. Elle n’avait rien fait de bien dans sa vie, mise à part mettre au monde sa fille. C’était une personne merveilleuse qui n’avait pas eu besoin de sa mère pour le devenir.

Moïra s’était réfugiée dans les vestiaires pour verser ses larmes, pour se calmer. Mais surtout pour mettre la main sur ses comprimés, qui devaient normalement l’aider à gérer ses émotions. La demoiselle O’Hara avait vidé la totalité de son casier. Elle avait tout jeter au sol, elle avait vraiment l’air folle. Logan était venu la rejoindre en lui demandant ce qu’elle faisait. C’était maintenant au tour du sac de Moïra d’être totalement vidé. Logan demandait à son ex-femme si elle était sure que ses médicaments se trouvaient bien ici. « Je viens de vider mon sac. » Dit-elle en jetant au sol, elle claqua la porte de son casier en disant. « Je les laisse jamais dans ma voiture. » Logan ramassait les affaires de Moïra en demandant ce qu’avait Lucas, le coéquipier de la jeune femme. Elle répétait les mots de ce dernier. « Quoi, tu sais que c’est vrai ! Tu l’as toi-même pensé ! » Il ne se passait rien entre Lucas et Moïra, ils étaient simplement collègues. Ils n’avaient qu’une relation de travail rien de plus. Ils ne traînaient même pas ensemble à la caserne en dehors des interventions. Ils se voyaient encore moins à l’extérieur du travail. Logan attrapait la main de Moïra en lui demandant de se calmer et de respirer un peu. « Mes médicaments ne sont pas là ! » Dit-elle avant de respirer calmement. La jeune blonde doutait de réellement réussir à se calmer sans ses comprimés. Les larmes continuaient à couler sur ses joues. Elle ressentait tellement de tristesse. Mais le pire qu’elle ne saurait pas mettre des mots sur le déclencheur de cette émotion. Sa vie était tellement triste et insignifiante. « Tout le monde serait mieux sans moi… »

Comment ses médicaments avaient-ils pu disparaître ? Pourquoi, ils étaient totalement introuvables. C’était vraiment insensé, Moïra les avait en permanence sur elle parce qu’elle devait prendre ses fameux comprimés à une heure fixe ? Logan lui demandait si elle avait regardé dans sa veste. « Tu ne crois pas que c’est le premier endroit dans lequel j’ai cherché. » Il commençait légèrement à énervé la jeune femme. Il voyait bien qu’elle avait bien fouillé partout. Son casier n’était pas vide pour rien. Logan était curieuse de savoir pourquoi Lucas était aussi remonté contre la demoiselle O’Hara. Moïra lui avait simplement répondu parce qu’elle était forte. Son ex-mari n’était pas du tout crédible quand il disait que ce n’était pas le cas. Lui aussi l’avait déjà considéré comme une folle. D’ailleurs, il le reconnaissait de nouveau, mais apparemment son avis n’était plus le même aujourd’hui. « Gaby me déteste. Je n’aurais jamais dû revenir. J’aurais dû accepter de céder mes droits parentaux à Micah… Gaby accepte de me voir simplement parce que tu la forces à le faire. Elle ne veut pas non plus me faire de la peine. Je vois bien qu’elle n’apprécie pas de passer du temps avec moi. Je ne suis pas aveugle et encore moins stupide. Elle prend sur elle et elle attend avec impatience le moment où elle vous retrouve à nouveau. C’est peut-être mieux qu’on arrête tout, qu’on arrête ce supplice pour elle… Je suis une mère lamentable, je ne suis pas faite pour être mère… » La preuve devenir maman l’avait totalement détruite. Elle avait sombré dans une dépression qui la suivait toujours onze ans après. Ils en avaient la preuve à ce moment précis. Si après cinq ans, elle n’avait tissé aucun lien avec Gabrielle. Ce n’était pas maintenant que l’adolescence pointait le bout de son nez que ça allait changer. Il fallait être réaliste.

Logan prenait la main de Moïra avait été surprise par son geste. Il lui proposait de l’accompagner à la pharmacie pour acheter de nouveaux cachets. La jeune blonde soupira. « Ils me les donneront jamais. C’est uniquement avec une ordonnance. Il m’en donne un nombre précis, pas un de plus, pas un de moins. Il faut que je les retrouve. » La demoiselle O’Hara retira sa main de celle de son ex-mari et vidait à nouveau son casier que Logan venait de ranger à nouveau une petite partie. Les larmes continuaient à couler le long des joues de Moïra même si les sanglots avaient cessé. Elle était une vraie fontaine. Logan essayait désespérant de calmer la jeune femme en essuyant ses larmes et en posant une main sur sa joue. La demoiselle O’Hara savait qu’il ne devrait pas avoir ses gestes envers elle et que ça lui attirait sûrement de problème avec Micah si elle voyait ça. C’est pour cette raison qu’elle le repoussait assez violemment. Elle ne méritait pas cette attention. « Quels amis ? Ma famille et ma fille n’ont pas besoin de moi. Gaby t’a toi, elle a Micah… Elle n’a pas besoin de moi. Vous l’avez prouvé toutes ses années. » Le capitaine de la caserne rentrait dans les vestiaires, Lucas avait dû se plaindre auprès de lui. Il se contenta d’une seule phrase. « O’Hara rentre chez toi, mais avant range moi ça. On aura une discussion demain. » La jeune femme acquiesça d’un signe de la tête. Le capitaine avait disparu aussi vite qu'il était apparu. Il manquait plus qu’elle est des problèmes dans son travail. Elle espérait qu’elle ne se ferait pas virer pour son comportement. C’était la seule chose positive qu’elle avait dans sa vie. « Même la caserne peut se passer de moi… »

Moïra n’était vraiment pas dans son état normal. Elle ne trouvait pas ses médicaments et ça la rendait vraiment dingue. La dispute avec son collègue dans l’ambulance n’avait rien arrangé, c’était même tout le contraire. Il avait même presque convaincu la jeune blonde qu’elle était réellement folle. La demoiselle O’Hara s’était réfugiée dans les vestiaires où Logan était venu la rejoindre. Il avait joué la carte Gabrielle probablement dans le but de calmer Moïra, mais ça avait eu l’effet inverse. Son sentiment d’échec s’était décuplé. Elle se sentait lamentable. « Je n’ai pas dit que je la laisserais maintenant. Je lui ai promis de jamais repartir. Je dois au moins respecter cette promesse… Mais on arrête tout… Pourquoi je demanderais la garde alternée, alors qu’elle n’en a pas envie ? Pour qu’elle me déteste encore plus ? On ne la force plus… Génial le caractère… » On ne pouvait pas dire que Logan et Moïra aient les meilleurs caractères qui soient.

Logan insistait pour que Moïra se reprenne en main. Comme s'il suffisait d’appuyer sur un bouton pour qu’elle se calme. C’était bien plus complexe que ça et ses médicaments d’aider beaucoup. Sans eux, il était très difficile voire même impossible pour la demoiselle O’Hara de se ressaisir. Elle n’était pas dans l’un de ses états d’âme ou dans un caprice. Elle n’allait vraiment pas bien, c’était sa maladie qui parlait. Ce n’est pas pour rien qu’elle avait passé deux années dans un centre psychiatrique. Elle savait vivre aujourd’hui avec ses dépressions grâce à son traitement et presque avoir une vie normale. Logan proposait à Moira de l’accompagner chez son médecin ou à l’hôpital pour récupérer son traitement. Il se proposait de même se porter garant pour elle, s’il en avait besoin. « Tu n'as pas mieux à faire ? » Il serait bien mieux avec sa famille. La jeune femme se demandait même s’il avait fini sa journée de travail pour perdre son temps avec elle.

Le capitaine rentrait dans les vestiaires pour dire la demoiselle O’Hara de rentrer chez elle. Le fait qu’il précise qu’il aurait une discussion le lendemain ne prévoyait rien de bon pour la jeune femme. Voilà une angoisse supplémentaire pour Moïra comme si elle avait besoin de cela. En intervenant, le capitaine avait coupé la parole à Logan qui s’apprêtait à dire quelques choses. « En même temps quoi ? Qu’est-ce que tu allais dire ? » Juste avant la jeune femme parlait d’absence d’amis et que personne n’avait besoin d’elle dans leur vie. Logan rangeait de nouveau le casier de Moïra. Il demandait à la jeune femme d’arrêter de faire son Calimero et se proposait de la raccompagner. « Tu as fini ta garde ? Tu ne préfères pas rejoindre ta famille ? Je peux rentrer chez moi toute seule. »