Logan rappelait à Moïra que leur fille Gabrielle grandissait. Elle rendrait dans l’adolescence comme si la demoiselle O’Hara ne le remarquait pas. Il ajoutait également qu’elle avait manqué l’une de meilleurs parties de sa vie son enfance. Comme si la jeune femme l’ignorait. Il n’avait pas besoin de lui balancer constamment ça au visage, elle en était consciente. Elle s’en voulait énormément pour cela. « Merci, pour ce rappel très utile. » Évidemment ce que c’était ironique. D’ailleurs, Moïra l’avait dit plutôt sèchement.

La demoiselle O’Hara avait besoin de ses médicaments. Logan se proposait de l’aider à en avoir, au moins quelqu’un. Juste assez pour la dépanner ou du moins pour calmer cette crise dans laquelle elle était à ce moment précis. Moïra estimait que son ami avait mieux à faire. D’ailleurs, elle lui posait la question même si elle savait que la réponse serait positive. « Va rejoindre ta famille. » Logan ne voulait pas laisser tomber la jeune blonde. C’était gentil de sa part, mais il n’avait aucune obligation de faire cela. Elle pouvait se débrouiller seule. « Ne te sens pas obliger. » Moïra ne voulait pas être une pression supplémentaire pour lui. Il devait avant tout s’occuper de sa famille. Elle n’en faisait plus partie depuis bien longtemps maintenant. Elle l’avait quitté volontairement, elle les avait abandonnés. Même sa maladie et son histoire avec Wyatt n’étaient pas des excuses suffisantes. Tout le monde le savait.

Le capitaine avait fait une intervention qui montrait bien son mécontentement vis-à-vis du comportement de Moïra. Il connaissait les antécédents de la jeune femme, mais elle lui avait demandé aucun traitement de faveur. Il avait promis de la traiter comme n’importe quel autre membre de la caserne que ce soit pompier ou ambulancier. Logan avait coupé par la prise de parole du capitaine. Quand ce dernier s’en était allé, la demoiselle O’Hara se demandait à Logan de finir sa phrase. Elle était curieuse de savoir ce qu’il s’apprêtait à dire. « Je connais les choix que j’ai faits… Tu ne les as toujours pas digérés ou même pardonner. » Cette page ne sera peut-être jamais totalement tournée. On lui rappellerait constamment ses erreurs jusqu’à probablement la fin de sa vie. « Je ne t’ai jamais demandé de m’attendre Logan. Je t’ai dit de refaire ta vie, dès le moment où je suis rentrée dans ce centre. On savait tous les deux dès le départ que ce mariage était une erreur et qu’il ne tiendrait pas… » Oui, Moira s’apitoyait sur son sort, mais c’était plus fort qu’elle. Toutes ses erreurs étaient aussi l’une des raisons de son état actuel. Logan insistait pour raccompagner la jeune femme chez elle. « D’accord, tu me raccompagnes chez moi et tu retournes chez toi. » Les larmes de Moïra continuaient à couler sur ses joues. Elle était une vraie fontaine, impossible d’arrêter les vannes.

Les erreurs planaient constamment au-dessus de la demoiselle O’Hara. Elle avait toujours le droit à des rappels comme si ses remords et ses regrets n’étaient pas une punition suffisante. Moïra savait que Logan ne lui pardonnerait jamais de les avoir quittés et abandonnés. Dès le moment où ils s’étaient mariés, ils avaient su tous les deux que c’était une erreur, mais ils avaient tout de même suivi les conseils de leurs parents. Un très mauvais conseil qu’ils n’auraient pas dû suivre comme quoi les parents n’ont pas toujours raison. Une chose que Logan et Moïra savaient très bien maintenant qu’ils l’étaient eux même à leur tour. Logan avait fait le choix seul d’attendre la sortie de la jeune blonde du centre psychiatrique, alors qu’elle lui avait demandé de refaire sa vie dès son entrée. Moïra avait tout de suite su qu’elle serait une mère lamentable. « On avait essayé en se mariant. Mais on se disputait déjà tout le temps. » S’acharner n’aurait servi à rien et Gabrielle aurait aussi souffert de voir ses parents se déchiraient. Mais ça restait le passé. « Tant mieux parce que tu n’es pas le bienvenu sur mon canapé. » La demoiselle O’Hara ne voulait pas que Logan prenne du temps avec elle. Il devait passer le temps libre qu’il avait avec sa famille, déjà qu’il en avait peu. Moïra était bien placée pour savoir que son travail était très prenant. Elle travaillait avec lui, même s’il ne faisait pas le même métier. Logan tendait des mouchoirs à Moïra pour qu’elle sèche ses larmes et qu’elle se reprenne. « Tu crois que je fais exprès de pleurer et que je n’essaye pas de me reprendre depuis tout à l’heure. » Elle n’y arrivait tout simplement pas. C’était plus fort qu’elle, elle n’avait plus aucun contrôle sur ses émotions. Elle était submergée et complémente dominée. C’était à la fois insupportable et invivable. « J’espère que Gaby n’a pas hérité des mêmes problèmes que moi… » C’était l’une des pires peurs, que Moïra pourrait avoir. Elle ne se pardonnerait pas d’avoir transmis ses troubles mentaux à sa fille, même si en soit elle n’y était pour rien. Elle ne choisissait pas les gênes qu’elle transmettait.

Logan reprochait à Moïra de ne pas s’être battue pour leur fille. Pour lui, elle aurait dû tout faire pour sauver leur couple pour offrir une famille à Gabrielle. Mais à l’époque, la demoiselle O’Hara en était tout simplement incapable. Elle n’avait pas la force nécessaire pour ça. Tous ces événements, c’étaient beaucoup trop pour elle, elle n’avait pas su gérer. « Contrairement à toi, je n’ai pas su gérer la panique et la peur. Ce n’est pas pour rien que j’ai fini dans ce centre. Encore une fois, je ne l’ai pas fait exprès. Je ne contrôle pas ma maladie… Oui, j’ai fait le choix de ne pas revenir. Mais c’est parce que j’ai vu que vous vous débrouilliez très bien sans moi. Je ne voulais pas prendre le risque de perturber l’enfance de Gaby, ni de reprendre les disputes avec toi. » C’était une erreur et Moïra s’en était rendu compte trop tard. Elle était déjà prise au piège. Elle avait pris la mauvaise décision et elle l’avait payé en rencontrant Wyatt. C’était sûrement le karma.

Les disputes entre Logan et Moïra avaient en effet commencé quand la jeune femme est tombée enceinte. Tout s’était envenimé, quand leurs parents respectifs s’étaient mêlés de leur histoire. Dès ce moment, le couple avait du mal à se supporter mutuellement. « Tu as peut-être raison. Peut-être bien, qu’on avait trop de pression sur les épaules. C’est aussi pour ça que j’ai explosé. » La demoiselle O’Hara n’avait pas supporté tout cela. L’autre solution qu’envisageait Logan s’était que la jeune blonde n’avait pas de sentiments pour lui. « Évidemment, qu’à dix-sept ans, je ne me voyais pas aller aussi loin avec toi. Même toi, tu ne t’attendais pas non plus à devenir père et à te marier. On n’était pas prêt pour tout ça. Mais si j’avais de réel et de forts sentiments pour toi… On était tout simplement pas destiné à finir ensemble. Et on en a la preuve, tu formes le couple et la famille parfaite maintenant avec Micah. Tu n’aurais jamais eu cette stabilité avec moi. » Moïra se demandait d’ailleurs, se demandait si un jour, elle trouverait un vrai équilibre dans sa vie.

Logan voulait se passer des médicaments et trouvait une autre solution pour calmer Moïra. Si la jeune femme en connaissait une, elle l’aurait déjà utilisé. Elle n’aurait laissé personne la voir dans cet état. Mais malheureusement, il n’y avait que les médicaments qui pouvaient l’apaiser. « Rien. Si à la pharmacie, je ne peux pas les obtenir… Il faudra peut-être que tu appelles Wyatt pour moi. » Le retour de son ex expliquait aussi pourquoi Moïra était dans un tel état. C’était un stress supplémentaire pour elle. Wyatt est médecin, il pouvait le trouver un ou deux comprimés pour la dépanner. Il lui devait bien au moins un service après tout ce qu’il lui avait fait vivre. Il connaissait ses problèmes, elle n’avait pas pu lui cacher longtemps. Elle avait tout de même vécu quatre ans avec lui.

Moïra craignait pour un peu que Gabrielle hérite des mêmes troubles qu’elle. Mais apparemment, Logan avait déjà fait des recherches et la dépression ne se transmettait pas. « Tant mieux… » Se contentait de répondre la jeune femme.

Deux années, c’est le temps qu’avait passé Moïra dans le centre psychiatrique où elle était traitée pour sa dépression. Pendant cette période, la vie avait continué et la terre n’a pas arrêté de tourner. La demoiselle O’Hara n’aurait jamais pu reprendre sa vie où elle l’avait laissé, comme si de rien était. Logan s’était débrouillé deux ans avec Gabrielle, pourquoi aurait-il besoin de l’aide de la jeune femme maintenant ? C’était exactement ce que c’était dit Moïra à sa sortie du centre. Aujourd’hui, elle savait que ça avait été une mauvaise décision, mais elle ne pouvait pas remonter le temps. « Je n’aurais rien pu faire pour vous. Les deux premières années, j’étais malade et tu le sais. Ensuite, je sais que j’ai pris la mauvaise décision. Mais vous avez fini par très bien vous en sortir. » Logan n’avait pas l’air de se plaindre de sa vie actuelle. Elle savait, qu’il en avait bavé, mais il n’était pas le seul. La vie n’a pas non plus été facile pour Moïra. Elle payait toujours les prix de ses erreurs et de ses mauvaises décisions. « Je sais qu’on était deux. Mais à l’époque, j’étais persuadée de ne rien apporter de bon pour Gaby. Apparemment, c’est toujours le cas… » Depuis son retour, Moira n’avait apporté que des préoccupations à leur fille. Son retour n’avait pas vraiment eu des retomber positive pour Gabrielle qui se forçait à passer du temps avec sa mère biologique uniquement pour ne pas la blesser. La demoiselle O’Hara avait l’impression d’être une corvée supplémentaire pour sa fille. Mais elle resterait parce qu’elle lui avait fait la promesse. Cette fois, elle la respecterait. « Oui, on ne pourra jamais savoir Logan. Mais il y a une chose qui est certaine, je ne suis pas une personne fiable et encore moins stable. » La preuve seulement cet après-midi, Moïra avait explosé en larme en intervention. Son collègue n’avait pas pu compter sur elle, tout ça pour un oubli de médicament. Ça pouvait arriver à n’importe qui, mais à ne devait pas arriver à la jeune blonde. Les conséquences pouvaient être catastrophiques. Moïra était vraiment heureuse que Logan ait trouvé la femme qu’il lui fallait et qu’il était heureux avec sa famille. C’est vraiment ce qu’il méritait.

Il était fort probablement que la pharmacie refuse d’avancer les médicaments de Moïra. En dernier recours, la jeune femme allait devoir faire appel à Wyatt. Il était le seul à pouvoir lui donner ses médicaments de manière légale. Ca ne plaisait pas à la demoiselle O’Hara et évidemment à Logan non plus. « Oui, il est à Los Angeles. » Au plus grand malheur de Moïra, elle l’avait croisé, il y a quelques jours. Elle avait appris qu’il avait posé ses valises en ville. Il comptait réellement rester. Apparemment, sa sœur traversait une mauvaise passe. Avait-elle réellement besoin de lui ? « Bien sûr qu’il ne s’approchera pas de Gaby. Il a ignoré son existence pendant huit ans. Je compte bien faire en sorte que ça reste comme ça. On devrait peut-être le contacter en dernier recours. » Huit années, les quatre ans où elle était en couple avec lui. On additionne également les quatre autres années où il était derrière les barreaux. « La pharmacie qui est sur le chemin entre chez moi et la caserne. » Il n’y en avait qu’une seule sur le trajet qu’elle empruntait.

Pour Logan, Moïra devait prendre sur elle et être forte. Il ne pouvait pas imaginer tous les efforts qu’elle réalisait, en ce moment pour ne pas se laisser davantage submergé. Elle essayait de ne pas se décourageait face à l'échec cuisant qu'elle rencontrait depuis cinq ans avec Gabrielle. Son incapacité a tissé un lien avec sa fille. Même Ruby qui était une inconnue au départ pour la petite fille avait plus d'affinité avec Gabrielle. Pourtant, à la connaissance de Moïra, sa fille ne voyait pas très souvent sa tante. Moïra devait également faire face aux idées noires qui la hantaient de façon pratiquement quotidienne depuis le début de la dépression. Mais ça la jeune femme n'en parlait à personne, mise à part à sa psychiatre. Heureusement, la demoiselle O'Hara n'a jamais été assez courageuse ou eue le cran de passer à l'acte. Mais n'empêchait pas, qu'elle y pensait beaucoup. Logan n'avait pas conscience de tout ce que représentait la maladie de Moïra. Il n'imaginait pas le combat qu'elle livrait tous les jours.

Si le comportement de ses enfants touchait ou l'épuisait Logan et son épouse. Il devait prendre conscience que c'était amplifié pour Moïra. Elle n'avait pas la même perception des choses. Prendre confiance en elle était impossible pour la jeune blonde. La dépression lui faisait penser qu'elle n'était pas à la hauteur et qu'elle le serait jamais. Mais en plus de la dépression, elle avait vécu pendant quatre ans avec un homme qui la rabaissait plus bas que terre. Qui lui faisait comprendre qu'elle n'était bonne à rien et qu'elle méritait les coups qu'elle recevait. Prendre confiance après avoir vécu ça était vraiment un gros travail. Un travail que Moïra n'était pas encore prête à entreprendre. Elle avait encore trop de séquelles, de blessures encore ouvertes et de cicatrices douloureuses. Logan ne s'en rendait probablement pas compte, mais il lui demandait plus qu'elle ne pouvait réaliser. Elle faisait déjà son maximum. « Ne compare pas ta vie avec la mienne, s'il te plaît. Oui, la tienne est plus simple que la mienne. Que tes autres gamins testent tes limites, honnêtement, j'en ai rien à faire. Ça fait cinq ans que Gaby me teste. Je n'ai pas les mêmes limites que vous. » Si Logan s'attendait à de la compassion de la part de Moïra. Il devra repasser. C'était quelque chose qu'elle ne pouvait pas faire en ce moment. Elle avait ses propres émotions à gérer, elle ne pouvait pas se permettre de ressentir de l'empathie pour quelqu'un. Logan tentait de comprendre la raison de la crise de Moïra. Le comportement en faisait partie, elle atteignait ses limites. Mais le retour de Wyatt avait amplifié le tout et ça avait même accéléré le tout.

La pharmacie risquait de refuser d'avancer les médicaments à Moïra. La seule solution de secours que voyait la jeune femme était de faire appelle à son ex. Le problème, c'est que par la suite, elle allait lui devoir un service. Il n'aidera pas la demoiselle O'Hara par bonté d'âme. Elle était tout de même celle qui avait gâché sa vie. Même s'il disait tenir encore à elle, elle sentait qu'il préparait tout de même une certaine vengeance. « Il ne me verra pas avec Gaby. Il ne fera pas le rapprochement. Elle a douze ans, elle fait même plus grande que son âge physiquement. Il ne pensera jamais, qu'il s'agit de ma fille. On ne se ressemble pas tant que ça. » Logan conduisait Moïra à la pharmacie où elle avait l'habitude de prendre ses médicaments. La jeune femme essayait d'expliquer la situation. Mais vu l'état, dans lequel elle était, elle n'était pas très crédible.