Trois jours. C’était le nombre de jours où Cordelia était restée sans nouvelle de la part de Kristian. Soixante-douze heures pendant lesquelles personne ne savait où il était. La demoiselle Henstridge appelait plusieurs fois par jour sur le téléphone de son petit ami, mais elle tombait sur le répondeur. Si elle n’appelait pas Kristian, Cordelia appelait Barbara pour savoir s’il était rentré ou si elle avait eu de ses nouvelles. Elles étaient aussi inquiétées l’une que l’autre.

Le premier jour, Cordelia avait assuré la matinale seule. Elle ne s’était pas inquiétée plus que ça. Elle s’était dite peut-être que Kristian avait eu une panne de réveil. Ce n’était pas habituel chez lui, mais c’était quelque chose de possible. Certainement, qu’il ne se sentait pas bien ce matin et qu’il n’avait pas eu la force de prévenir quelqu’un. Il y avait tellement de scénarios possibles. C’est, après l’émission que Cordelia avait commencé à s’inquiéter. Il ne répondait pas à son téléphone. Elle avait même fait un détour chez lui où se trouvait Barbara. Elle lui annonçait qu’il n’avait pas passé la nuit dans son appartement et qu’elle le pensait chez elle. Cette visite n’avait pas eu le résultat que Cordelia attendait. Il fallait attendre vingt-quatre heures avant que la disparition d’un adulte ne soit inquiétante. Il devait avoir un problème avec son téléphone ou perdu son chargeur. Il les appellerait bientôt.

Barbara avait bien reçu un appel, mais ce n’était pas Kristian. Il s’agissait de l'aérodrome dans lequel il avait l’habitude de se rendre. Apparemment, il avait donné un cours et l’avion avait disparu des radars. Depuis, il était introuvable. La première chose à laquelle avait pensé Cordelia, c’était au pire : l’avion s’est probablement écrasé. Non, ce n’était pas possible, il devait avoir une autre explication à ça. Pourquoi l’aérodrome avait, il prit autant de temps pour prévenir ? Puis quand un avion s’écrase ça se voit, ça fait des dégâts, des secours sont dépêchés. Barbara et Cordelia avaient pris la décision de rester ensemble en attendant d’avoir plus d’informations. Plus les heures passaient, plus l’inquiétude et la peur augmentaient.

La radio venait d’annoncer la disparition de Kristian. Le téléphone de Cordelia n’arrêtait pas de sonner. Les réseaux sociaux de Kristian et Lux pour la radio étaient inondés de messages. La majorité était des prières et des messages de soutien. Cordelia a finalement mis les notifications en muet. Elle prenait aussi la décision de ne pas assurer les prochaines émissions sans Kristian. Une décision que la radio avait comprise et approuvée. Les heures, les jours étaient passés, jusqu’à ce que Barbara reçoive un nouvel appel et qu’on lui apprend enfin une bonne nouvelle. Kristian venait d’être retrouvé et il était transporté à l’hôpital de Los Angeles.

Les deux femmes s’y étaient rendues. Cordelia laissait Barbara allait le voir en premier, elle serait la suivante. Avant qu’elle ne rentre dans la chambre, la jeune femme demandait à sa belle-sœur comment il allait. Elle lui avait fait comprendre qu’il y avait eu plus de peur que de mal, donc ce qui voulait dire que ça allait. Cordelia rentrait dans la chambre, elle était silencieuse et se rapproche du lit de Kristian.

Cordelia appréhendait de rentrer dans la chambre de Kristian. Elle avait laissé, Barbara y allait en premier pour cette raison, mais avant tout parce qu’elle était sa sœur. Le précédent accident de Kristian revient en mémoire de la jeune femme. Son accident de moto l’avait bien amoché, elle se disait qu’un accident d’avion devait avoir des conséquences plus dramatiques. Elle avait tout de même conscience qu’ils avaient énormément de chance qu’il soit toujours vivant.

La demoiselle Henstridge était rentrée dans la chambre quand Barbara était sortie. Apparemment, ça allait. Les mots de sa belle-sœur avaient eu le don de l’apaiser et de la rassurer. Pourtant, elle entrait doucement dans la chambre, ne s’attendant pas à ce qu’elle verrait. Elle était restée silencieuse jusqu’à ce que Kristian s’excusât de l’avoir inquiétée. Ce n’était pas sa faute. Ce n’était pas lui qui avait décidé d’avoir un problème avec l’avion. Encore moins d’être porté disparu pendant trois jours entiers. « Ce n'est pas grave. » Lui dit-elle en attrapant sa main. « Comment tu te sens ? » Elle aurait voulu le prendre dans ses bras, mais elle craignait de lui faire du mal en le serrant dans ses bras. Elle le regardait de la tête aux pieds. Vraisemblablement, il avait un bras bien amoché. C’était ce qui était visible au premier coup d’œil. Qu'avait-il d’autres ? Probablement de nombreux hématomes. « Qu’est-ce qui s’est passé ? »

Cordelia contracterait aussi l'aérodrome pour comprendre pourquoi il avait attendu aussi longtemps avant de contacter Barbara. C’était incompréhensible. Il aurait dû prévenir bien plus tôt qu’il avait eu un problème sur le vol de Kristian. Tout cela, la demoiselle Henstridge lui en parlerait plus tard. Pour l’heure, elle voulait simplement s’assurer qu’il allait bien. Il avait également besoin de repos après l’aventure qu’il venait de vivre. Trois jours en pleine forêt ça devait être horrible.

La première chose que Cordelia avait demandée à Kristian en rentrant dans la chambre, c'est comment il allait. Ça ne devait pas être la grande forme, elle s’en doutait, mais elle voulait l’entendre le dire. S’il a la force de parler, c’est une bonne chose. Dans la voix d’une personne, on pouvait aussi deviner comment elle allait. « Tu m’étonnes. Tu as vraiment une bonne étoile, mais il faudrait arrêter de la solliciter. » Ce n’était pas la première fois, qu’il avait de la chance. Même si avoir un accident d’avion alors qu’il avait été vérifié était joué de malchance. La balance s’équilibrait d’une certaine façon. Cordelia n’avait pas eu beaucoup d’information. Elle savait seulement qu’il avait eu un accident sans le moindre détail. Est-ce que Kristian pouvait davantage l’éclairer sur les circonstances ? Apparemment, il n’en savait pas plus qu’elle sur les raisons de cet incident qui aurait pu être dramatique. « Je n'aimais déjà pas beaucoup les avions. Ça n’arrange pas les choses. »

Kristian devait remarquer que Cordelia était plutôt hésitante dans ses gestes puisqu’il lui faisait la remarque qu’il n’allait pas se casser. « Je sais, mais j’ai peur de te faire du mal. Je n’ai pas parlé au médecin, je ne sais pas où tu es blessé ? » En sachant exactement ce qu’il avait comme dommage, elle saurait où le toucher ou non. Elle s’approchait tout de même de lui en s’asseyant doucement sur son lit. Cordelia préférait rester prudente pour le bien de Kristian, mais aussi pour leur secret. Un hôpital restait un endroit public avec du monde et il ne frappait pas forcément à la porte avant de rentrer.

Kristian n’avait pas beaucoup de chance. Quelles étaient les probabilités d’avoir un accident de moto et un accident d’avion et de s’en sortir avec des blessures minimes ? Il avait réellement une bonne étoile, il n’y avait aucun doute le dessus. Quelqu’un ou quelque chose veillait sur lui. Kristian assurait à Cordelia que ses accidents n’étaient pas voulus. « J’espère bien que ce n’est pas voulu et que ça ne t’amuse pas de me faire de telle frayeur. » Il poursuivait en disant que les accidents étaient rares en avion. « Je le sais, mais je n’aime quand même pas ces engins. Quand tu iras mieux, on cherchera ce qui s’est passé. Il y a une enquête de l’assurance. » Durant son enfance et son adolescence, Cordelia prenait au moins une fois par an l’avion. Les vols étaient très longs entre la Louisiane et l’Afrique du Sud. Elle avait besoin de ce voyage annuel pour se ressourcer, même si le vol était très long et qu’elle n’aimait pas prendre l’avion. D’ailleurs, cela faisait des années que Cordelia n’était pas retournée dans son pays de naissance. Ça lui manquait peut-être qu’elle y irait cet été. Elle proposera sûrement à Kristian de l’accompagner. Elle avait le temps d’y repenser plus tard.

Cordelia restait assez prudente dans ses gestes. Elle craignait de faire mal à Kristian. Elle ne connaissait pas l’ampleur de ses blessures. Ca ne l’étonnerait pas non plus que son petit ami minimise son état de santé. Même s’il s’en sortait relativement bien en vue des circonstances. Elle avait bien conscience que ça pourrait être bien plus dramatique. « Je devrais donc profiter tant que tu es sous morphine. » Cordelia s’approchait de lui et le prenait dans ses bras en faisant attention à son bras qui était dans un atèle. Elle se détachait de lui doucement. Il glissait sa main dans celle de la jeune femme en lui demandant comment elle allait. « Maintenant, que je t’ai vu et que j’ai pu te serrer dans mes bras, ça va. Ce n’est pas moi qui ai eu un accident, je vais bien. »

Kristian avait hâte de rentrer chez lui. Ce n’était pas surprenant. L’hôpital n’était pas un endroit très agréable. « Je me doute, mais profite d’être ici pour te reposer. Si les médecins te gardent, c'est pour une raison. » Cordelia était plutôt rassurée qu’il le garde quelque temps en observation. Un accident d’avion n’était pas quelque chose d’anodin et encore moins de courant. Fort heureusement.

Cordelia lui dit qu’elle devait profiter tant qu’il était sous morphine. En prononçant ces mots, la jeune femme n’avait pas exactement la même idée que son petit ami sur le sens de sa phrase. Elle parlait simplement d’un simple câlin sans craindre de raviver une douleur en touchant une potentielle blessure ou un hématome. « Je n’abuse jamais. » Dit-elle amusée. Elle se détachait de lui. Kristian gardait un contact avec Cordelia en prenant sa main.

Kristian questionnait ensuite son binôme au sujet de la chaîne de radio. Il se demandait s’il n’avait pas été trop embêtant avec elle pendant son absence. « Le premier jour, on n’avait pas de nouvelle. On a pensé que tu avais une panne d’oreiller, même si tu ne répondais pas aux messages. J’ai commencé à m’inquiéter quand je suis passé chez toi et que tu n’y étais pas. J’ai demandé qu’on me remplace le lendemain. Ils n'ont pas trop posé de question, ils étaient aussi inquiets pour toi. Si tu le veux, je les appelle après pour leur donner de tes nouvelles. » Cordelia pouvait gérer la partie travail. Il n’avait pas besoin de s’en préoccuper pour le moment. « J’assurais toute seule l'émission demain matin. Tu penses qui tu vas être en arrêt longtemps ? » C’était pour savoir si elle devait trouver quelqu’un pour le remplacer ou non. Est ce qu’elle allait devoir se passer de lui à l’antenne pendant un temps ?