It's not the same as it was

feat. Lola & Raph

Tout ce qu’elle lui disait, Raph le savait, dans le fond. Il n’avait pas été dupe, bien sûr que sa mère avait souffert de son départ. Elle aimait inconditionnellement ses enfants, même quand ils faisaient les mauvais choix, c’était une chose qu’il avait toujours admiré chez elle d’ailleurs. Cet amour qu’elle était prête à donner, même si elle en souffrait. Et Juliet… Ça aussi, il le savait. Il savait, en partant, qu’elle en souffrirait autant que lui. Mais il s’était dit qu’en passant pour le connard de service, ce serait plus simple pour elle de tourner la page. Parce qu’elle avait dû le faire. Il fallait, pour elle, qu’elle continue sa vie et qu’elle l’oubli. Rien n’aurait pu bien se passer dans tous les cas. Ce n’était pas pour autant que c’était facile à entendre, loin de là.

Et il préférait d’ailleurs ne rien relever. Il se devait d’aller au bout de ce qu’il avait à dire, de laisser sortir ce secret qui lui pesait depuis si longtemps. Ce qui était loin d’être simple. Il s’était tellement habitué à garder tout ça pour lui qu’en parler était encore pire que de garder le silence. Surtout face à la réaction de sa sœur. Si elle était à présent en train de pleurer en lui hurlant dessus, lui avait les larmes au bord des yeux. Il ne la repoussa même pas quand elle abattit ses poings sur son torse pour faire sortir sa rage. Déjà parce qu’il pensait le mériter, mais aussi parce qu’elle avait besoin de laisser tout ça sortir une fois pour toutes. Ce n’est que quand Lola se retrouva au sol qu’il s’agenouilla devant elle et prit ses mains dans les siennes.

« Je pouvais pas prendre ce risque… Il se serait attaqué à Juliet, et… Qui sait, peut-être qu’il se serait arrangé pour virer papa de son travail, que tu ne puisses pas intégrer l’université ou pire encore. Tu sais à quel point c’est un homme puissant. »

Sa voix aussi s’était mise à trembler alors que les larmes qu’il retenait coulaient enfin sur ses joues. Il détestait voir sa sœur comme ça. Il détestait en être la cause, d’une certaine manière. Et surtout, il se détestait plus que n’importe qui d’autre sur cette terre.

« Je me suis dit que ce serait mieux que vous me détestiez plutôt que de tout perdre à cause de moi. »

Et il le pensait toujours, d’ailleurs. Tellement de choses auraient pu mal tourner s’il avait pris une autre décision. Et même si tout était loin d’être rose aujourd’hui, au moins les personnes à qui il tenait avaient toujours un toit sur la tête.

« Je suis vraiment désolé, Lola. »

Ses premières excuses, plus que sincères. Il n’avait jamais autant eu de regrets que depuis le jour où il était parti. Et c’était un bagage qu’il se trimbalerait sans doute toute sa vie.

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Cette discussion était des plus éprouvantes émotionnellement. Je me sentais peu à peu vidée de mon énergie, et à la fois presque soulagée : combien de temps avais-je attendu, que dis-je, espéré cette discussion qui enfin mettrait en lumière la dure épreuve que notre famille traversait depuis plusieurs années, maintenant ?

On ne se balançait pas des tendresses, et c'était d'autant plus dur qu'il s'agissait de mon jumeau. J'étais tiraillée entre un flot d'émotions toutes plus paradoxales les unes que les autres.

« Je pouvais pas prendre ce risque… Il se serait attaqué à Juliet, et… Qui sait, peut-être qu’il se serait arrangé pour virer papa de son travail, que tu ne puisses pas intégrer l’université ou pire encore. Tu sais à quel point c’est un homme puissant. »

J'entendais les mots sortir de sa bouche les uns après les autres, prenant la mesure du sens de ses propos. Mais avait-il seulement eu le droit de nous faire ça ? Sans nous demander notre avis ? Sans chercher à savoir ce que nous, nous voulions ? Je lui en voulais terriblement pour cet acte qui à mes yeux avait tout d'égoïste, tandis qu'il l'avait fait dans le but tout à fait inverse. J'avais été privée de mon frère. Et ça, j'avais jamais vraiment pu le digérer.

« Je me suis dit que ce serait mieux que vous me détestiez plutôt que de tout perdre à cause de moi. »

J'aurais voulu lui hurler dessus à cet instant, lui hurler qu'il était con et qu'il n'a fait que donner raison à cette crapule qui servait de père à Juliet. Mais j'avais le souffle entrecoupé par les sanglots, et beaucoup de difficultés à réguler ma respiration.

« Je suis vraiment désolé, Lola. »

Je sentais ses mains envelopper les miennes, me provoquant la chair de poule et m'obligeant à lentement relever mon regard vers lui. Mon maquillage avait coulé, et j'étais désormais une cousine directe du panda, avec les traces noires qui s'étaient dessinées autours de mes yeux et sur mes joues. Une vive douleur traversa au même moment mon bas ventre, provoquant une crispation sur mon visage et dans un réflex, je posais ma main à l'endroit concerné. Je tentais de faire abstraction.

« - T'as seulement réussi à donner raison à un vieux con, à perdre tes proches et surtout l'amour de ta vie. » disais-je d'une voix basse, alors que je parvenais à reprendre le contrôle de mes émotions. Mon regard transperça le sien. « - Si c'est ce que tu veux, si t'es persuadé que c'est ce que tu devais faire, alors tu devrais peut-être faire tes valises et repartir d'où tu viens, maintenant que papa est enterré. » Je n'étais pas sûre de penser ce que je disais, l'amertume parlait à ma place. Mais il allait falloir qu'il comprenne qu'il ne pouvait pas revenir comme ça en espérant retrouver notre vie d'avant, et que tout allait bien. Parce que ça n'était pas le cas.

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On pouvait dire que Raph ne s’excusait pas souvent, mais quand il le faisait, il le pensait. Ses regrets étaient sans aucun doute plus nombreux que ceux de n’importe qui aujourd’hui. La vie qu’il entretenait depuis quelques années en était d’ailleurs la preuve. Il n’avait pas tourné la page. Il n’avait pas oublié Juliet. Il n’avait pas refait sa vie. Il n’avait même pas essayé de le faire. Même s’il avait entretenu des relations sans lendemain, il l’avait plus fait par réflexe, comme une tentative d’oublier. Mais son esprit finissait toujours par revenir vers elle, quoi qu’il fasse. Si tant est que Dieu existait, c’était sans doute sa manière de lui faire payer ses choix, de ne jamais pouvoir oublier, d’être constamment hanté par son passé.

Une chose aussi qui le caractérisait, c’était qu’il faisait attention aux détails. Surtout quand cela concernait Lola. Il avait bien noté cette crispation sur son visage, sa main qui était venue se poser sur son bas ventre. Elle souffrait, d’une autre souffrance que celle qui avait fait couler des larmes sur ses joues. Raph ne pouvait pas passer à côté de ça, aussi importante pouvait être la conversation qu’ils étaient en train d’avoir. L’inquiétude était déjà en train de transpercer son regard.

« Lola, qu’est-ce qui se passe ? »

Elle tentait tout de même d’ignorer ce qui était en train de lui arriver, parce qu’elle avait encore des choses à lui dire. Encore des vérités qui lui transperçaient le cœur, encore un peu plus. Des vérités qui finirent par avoir raison de lui alors qu’il laissait enfin ses larmes couler sur ses joues. Des larmes de douleurs, de désespoir, qu’il retenait depuis des années maintenant. Des émotions qu’il contenait au fond de lui depuis beaucoup trop longtemps.

« J’y arrive pas. J’y arrive plus. »

Partir une seconde fois était encore plus dur que la première. Et Raph n’était pas certain de pouvoir y survivre une fois de plus. Déjà qu’il n’était plus que l’ombre de lui-même, au fond de lui, il savait que s’il repartait, il s’enfoncerait encore plus dans sa noirceur. Il retrouverait ses vieux amis anesthésiants à travers les bouteilles d’alcool sans pour autant s’établir des limites, cette fois-ci. A quoi bon, après tout, quand on avait tout perdu. Il avait lâché ses mains s’adossant, assit au sol, contre le plan de travail.

« Plus le temps passe, plus c’est en train de me tuer. »

Des mots violents et pourtant tellement réels. Il mentirait s’il disait qu’il n’avait pas pensé plusieurs fois à se jeter dans la Tamise depuis qu’il vivait à Londres. Il n’avait jamais sauté le pas, mais il y pensait, souvent. Un moyen simple de faire taire ses souffrances et possiblement de soulager ses proches. Mais là encore, il était trop égoïste pour le faire. A moins qu’au fond de lui, il croyait encore que les choses pourraient finir par s’arranger un jour.

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Je tentais de reprendre le contrôle de mes émotions. Je voulais reprendre le contrôle. Je ne pouvais décemment pas continuer à me laisser envahir par la souffrance telle que je la subissais à l'instant T. Les coudes posés sur mes genoux et mes mains encadrants mon visage, je tâchais de travailler ma respiration pour m'apaiser un tant soit peu, profitant au passage pour faire abstraction de la douleur qui me transperçait le bas-ventre. Ça n'était pas chose aisée, et je me contenais tant que je sentais peu à peu l'humidité de la transpiration de dessiner lentement sur mes tempes.

« Lola, qu’est-ce qui se passe ? »

Je ne le savais pas moi-même, et je ne voulais même pas penser à l'éventualité de ce que cela pourrait être. Et quand bien même, compte tenu des circonstances, ce n'est pas avec Raph' que j'aurais partagé tout ça. Il y a une dizaine d'années, cela aurait été bien différent...

« J’y arrive pas. J’y arrive plus. »

Mes mots lourds de sens parvenaient enfin à lui faire abattre la muraille qu'il avait bâti entre lui et ses proches. Dix longues années pour se rendre compte que jouer un rôle qui n'était pas le siens le bouffait.

« Et donc quoi, Raphaël ? Il aura fallu que papa meurt et que tu sois obligé de rentrer pour son enterrement pour te rendre compte que tout ça était trop pour toi ? Pour nous ?! » lâchais-je sur un ton sombre, au moment même où me regard transperçait le sien.

« Plus le temps passe, plus c’est en train de me tuer. »

L'entendre dire cela m'agaçait d'autant plus. J'avais envie de lui en retourner une pour qu'il se réveille enfin. Et en même temps je voulais à tout prix le prendre dans mes bras et le sentir contre moi. Retrouver mon jumeau, la moitié qui m'avait manqué pendant 10 ans. La gorge serrée, je décidais de lâcher prise et d'écouter mes envies les plus profondes. Alors, j'attrapais mon frère par la nuque pour l'attirer à moi, les yeux encore très larmoyants, et je le serrais fortement. Ce geste presque brutal mais empli d'amour me fit lâcher un soupire de soulagement. Non, ma rancune n'était pas encore derrière nous, et il me faudrait encore du temps pour digérer tout ça. Mais je ne pouvais plus supporter de le maintenir à distance de moi, lui qui pourtant était si proche physiquement  il y a encore quelques instants.

C'était donc sans regrets que je maintenais mon étreinte. À nouveau, mon portable vibra. Ulrick, pour la énième fois, tentait de me joindre. J'attrapais mon téléphone dans ma poche et le fit glisser au sol, un peu plus loin, sans même lâcher mon frère. Je ne voulais profiter que d'une chose, de l'instant présent. Si tant est que j'espérais que cette douleur déchirante disparaisse dans les meilleurs délais afin de me laisser pleinement profiter.

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(Pas de soucis t'inquiète pas   )

Si seulement les choses étaient aussi simples. Raphael aimerait pouvoir lui donner une réponse, mais il n’en avait pas. Bien sûr, la mort de leur père avait été un déclic, il ne pouvait pas le nier. Ne pas avoir eu la possibilité de lui dire au revoir était une culpabilité qu’il se trainerait jusqu’à la fin de sa vie, sans aucun doute. Mais ce n’était quand même pas si simple. Plus les années avaient passées, moins l’idée de revenir lui avait semblée être bonne. C’était plus facile d’être loin, d’une certaine manière, pour continuer à sombrer. Et justement, être revenu avait tout remis en perspective. Il s’était pris ces dix dernières années en pleine tronche en à peine quelques minutes. Et même s’il l’ignorait encore, il était bien loin d’être au bout de ses peines. Il pourrait retourner à Londres, s’il le voulait. Mais sa place était ici, auprès de sa famille. Auprès de sa sœur qui souffrait tout autant que lui.

« D’une certaine façon, oui. »

Autant être honnête avec elle, de toute façon il n’avait jamais vraiment su lui mentir. Et ses paroles suivantes en étaient bien la preuve. C’était la première fois que Raph traduisait son état psychologique en dix ans. La première fois qu’il avouait que chaque journée était une épreuve, et qu’il était à bout. Et l’étreinte de sa sœur était sans doute le remède dont il avait besoin à cet instant. Il ne l’avait pas repoussé, au contraire. Il s’était accroché à elle, comme si elle était la bouée qui lui permettait de garder la tête hors de l’eau. Ses larmes coulaient inlassablement sur ses joues alors qu’il retrouvait cette partie de lui qui lui avait tant manquée ces dernières années. Personne ne pouvait vraiment comprendre le lien qui les unissait. Ils n’étaient pas juste frère et sœur, ils étaient jumeaux. Cette petite différence qui rendait pourtant leur lien encore plus fort.

« Je suis tellement désolé… »

Il le lui avait déjà dit, mais ça lui semblait important de le lui répéter. Il était désolé pour tout, pour la souffrance qu’ils étaient en train de traverser actuellement. Même s’il sentait bien que Lola n’était pas seulement crispée à cause de lui. C’est d’ailleurs ce qui le poussa à s’éloigner d’elle, à briser cette étreinte qui avait pourtant été si réconfortante. Quelque chose n’allait pas, il le sentait. Et ça l’inquiétait.

« Lola… Où est-ce que t’as mal ? Et me dis pas que tout va bien, je sais que c’est faux. »

Il n’était pas question pour lui de la laisser comme ça, même s’il devait la trainer de force à l’hôpital. Ils avaient déjà perdus leur père, il n’était pas question qu’ils se retrouvent face à un nouveau drame.

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J'aurais rendu cette étreinte interminable si cela avait été en mon pouvoir. Ce moment hors du temps n'appartenait qu'à lui & moi, qu'à nous, comme les jumeaux que nous étions depuis toujours et qui avaient manqué de ce genre d'instant lors de la dernière décennie.

« Je suis tellement désolé… »

Je décidais de le laisser extérioriser, à travers ses mots et ses larmes. Parce que toutes les murailles s'abattaient enfin, les unes derrière les autres. Mes bras autours de ses épaules le maintenaient fermement tandis que je le sentais me serrer par la taille.

Puis, Raphaël fini par se reculer légèrement, délaissant cette étreinte réconfortante.

« Lola… Où est-ce que t’as mal ? Et me dis pas que tout va bien, je sais que c’est faux. »

Je ne pouvais pas d'avantage masquer qu'il se passait quelque chose. Les gouttes de sueur liées à la douleur prenaient de plus en plus d'importance sur mon front et mes tempes. Bien que la douleur était intense, je me persuadais qu'il s'agissait de pas grand chose. Après tout, en tant que femme, j'étais habituée aux inconforts liés à ma condition.

« - Non, je... » commençais-je à articuler avant que mon attention ne soit attirée par un mouvement lent sous ma cuisse. Une petite flaque de sang était en train de se répandre, lentement. Mon regard remonta et croisa celui de mon frère.

« - Ne panique pas. » demandais-je à Raphaël. J'étais inquiète, oui. Mais je tâchais de faire bonne figure pour ne pas faire paniquer mon frère. Je me continuais à me persuader que c'était sans doute rien.

Mon téléphone sonna de plus belle, et mon regard se posa dessus.

« - Je ne le supporte plus... » murmurais-je dans un soupir, sans me rendre compte que je ne parlais pas dans ma tête.

« - Tu veux bien aller me chercher un jean dans la penderie de ma chambre, s'il te plait ? »

Lorsque j'avais quitté la maison familiale, j'avais laissé quelques affaires que je n'avais jamais récupéré. Coup de chance, ça allait me servir pour le coup.

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Même si Raphael aurait pu garder sa sœur dans ses bras pendant un bon bout de temps encore, il ne pouvait pas ignorer le fait qu’elle n’allait pas bien. Chose qui l’inquiétait d’ailleurs, fortement. En s’éloignant d’elle, il voyait bien les gouttes de sueurs qui perlaient sur son front. Et la couleur de sa peau qui avait blanchie d’un seul coup. Il avait d’ailleurs attrapé un torchon, à portée de sa main, pour éponger les gouttes sur son visage, alors qu’elle était prête à lui dire que ça allait. Mais non clairement ça n’était pas le cas. Son regard suivit d’ailleurs le sien, vers cette flaque de sang qui était en train de s’écouler au sol. Lui aussi se mit d’ailleurs à pâlir. Il était en train de comprendre ce qui était en train de se passer. Et son cœur se serrait rien que le fait d’y avoir pensé. Mais il n’y avait pas une infinité de possibilités. Elle était en train de faire une fausse couche.

Ne pas paniquer était donc assez compliqué dans l’instant présent, mais Raph faisait tout pour garder son sang-froid. Sa sœur avait besoin de lui, il devait faire quelque chose. Et la solution la plus sage dans ce genre de cas était sans aucun doute de l’emmener à l’hôpital. Heureusement, leur mère dormait encore. Elle n’avait pas à assister à ça, et surtout pas en ce moment.

« Eh, ça va aller. T’occupes pas du téléphone. Je reviens, mais toi tu restes assise. »

Elle lui avait demandé d’aller lui chercher un jean, et il s’était donc levé pour monter dans sa chambre et fouiller dans ses affaires. Il en profitait également pour descendre plusieurs serviettes. Il s’assura au passage que leur mère était toujours endormie, ce qui était le cas. Ça le rassurait, d’une certaine manière. Il rejoignit ensuite sa sœur, posant le jean et les serviettes sur le plan de travail avant de s’agenouiller devant elle.

« Lola, il faut que je t’emmène à l’hôpital. Tu peux pas rester comme ça, ça peut être dangereux. Il faut que tu voies un médecin. »

Il ne savait pas si elle accepterait ou non, mais il était prêt à insister si cela s’avérait être nécessaire. Elle souffrait et il ne pouvait pas la laisser endurer ça sans rien faire.

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Je cherchais à me souvenir à quand remontait mes dernières menstruations. Et je réalisais peu à peu avec horreur que j'avais du retard. Beaucoup de retard. Et je n'avais rien vu, avec les récents événements familiaux qui avaient accaparés toute mon attention.

« Eh, ça va aller. T’occupes pas du téléphone. Je reviens, mais toi tu restes assise. »

J'avais machinalement levé les yeux vers mon frère lorsqu'il avait prononcé ses paroles. Je les avais entendu, mais en même temps j'étais absente. Choquée de prendre peu à peu conscience de mon état. Raphaël avait-il compris ce qu'il se passait ?
Il était sortie de la cuisine pour monter à l'étage. Je restais là assise, regardant en même temps avec angoisse le téléphone qui ne sonnait désormais plus, mais qui vibrait sous l'assaut de messages.

Mon jumeau avait fini par redescendre quelques instants plus tard avec une pile composée de mon jean et de serviettes.

Puis il s'agenouilla face à moi.

« Lola, il faut que je t’emmène à l’hôpital. Tu peux pas rester comme ça, ça peut être dangereux. Il faut que tu voies un médecin. »

Je commençais déjà à amorcer un "non" de la tête en entendant ses mots. Je posais alors en même temps ma main sur son genou, prenant appuis pour me relever.

« Non Raph, j'ai pas besoin d'aller à l'hosto, ça va se passer. Et puis y'a Maman qui... »

Pas le temps de finir ma phrase que je sentais le sol se dérober sous mes pas, mon corps basculant dans le vide. Black-out total.

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Il se doutait bien qu’elle protesterait, mais Raph ne se doutait pas que les événements prendraient une telle tournure. Il l’avait soutenu quand elle avait essayé de se lever, prêt à lui partager son désaccord, à lui dire une fois de plus que la conduire à l’hôpital n’était plus une option à ce stade. Puis il la vit s’écrouler. Son cœur avait sans doute raté un battement à cet instant, mais le reste de son corps avait réagi instinctivement. Il l’avait rattrapé avant qu’elle ne touche le sol, la tenant dans ses bras, dégageant ses cheveux de son visage. Ses yeux étaient fermés. Elle était tombée inconsciente.

« Lola ? Lola réveille-toi ! »

La panique commençait à le gagner alors qu’il la posait délicatement sur le sol. Elle ne réagissait pas, et la tache de sang continuait à s’étendre sur ses jambes. C’est le téléphone de sa sœur, vibrant à nouveau, qui le fit sortir de cette torpeur. Les secours. Il fallait qu’il appelle les secours. Raph sortit alors son propre téléphone de sa poche pour composer le 911, et il fut rapidement en lien avec quelqu’un, à l’autre bout du fil. Il expliqua alors la situation à l’opérateur qui se trouvait à l’autre bout du fil, la voix tremblante, donnant l’adresse de sa mère en lui demandant de faire venir quelqu’un le plus vite possible.

Quelques secondes plus tard, il leva les yeux et découvrit sa mère, qui découvrait la scène, un brin de panique présent également dans son regard. Elle n’avait d’ailleurs pas tardé à se précipiter vers eux, et Raph passa un bras autour d’elle pour la serrer contre lui. Il n’avait pas besoin de lui expliquer, elle avait compris. Ou peut-être l’avait-elle entendu quand il avait appelé les secours, il n’en savait rien.

« Maman, va à la porte attendre les secours. Je reste avec elle, ok ? »

Elle n’avait pas besoin de rester là et de la voir plus longtemps dans cet état, très clairement. Et sa mère ne protesta d’ailleurs pas. Elle avait hochée la tête, se levant pour aller à la porte, attendre les secours qui ne devaient plus être très loin maintenant. Raphael était resté auprès de sa sœur, prenant sa main dans la sienne en espérant que tout irait bien.

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Après quelques instants d'inconscience, je revins à moi doucement. Encore embrumée, réalisant ce qui venait de se passer, j'avais saisi la fin des paroles que mon frère avait glissé à ma mère. La lumière aveuglante me brûlait les yeux, et je savais déjà ce qui m'attendait, je connaissais mon frère par cœur. Alors sans chercher les embrouilles où il n'y en avait pas besoin, je me précipitais à lui donner la seule consigne qui me venait à l'esprit à l'instant même.

« - Raph, je ne veux pas que Maman vienne à l'hôpital. Il faut qu'elle reste ici. »

Elle n'avait pas besoin de stress supplémentaire et il était préférable pour la tranquillité de tous que notre mère reste à la maison. De toute façon, j'allais faire un tour par les urgences mais d'ici quelques heures, je serai ressortie, non ?

Les secours finir par arriver au bout de quelques minutes, et alors que j'étais encore dans les bras de mon frère, ils prirent mes constantes et posèrent quelques questions à mon frère, avant de m'emmener en direction de l'hôpital. Ils donnèrent les consignes à mon frère et ma mère, notamment le fait qu'ils ne pouvaient pas emmener de proches avec eux dans le camion, mais que, s'ils le souhaitaient, ils pouvaient nous suivre en voiture afin de me retrouver là bas.