Some confidences

feat. Raph & Lola

Sans nouvelles de sa sœur, Raphael ne pouvait pas attendre plus longtemps pour s’assurer qu’elle allait bien. Il avait donc, ce jour-là, décidé de se rendre directement chez elle pour vérifier si elle s’y trouvait. Sans doute l’aurait-il fait bien avant si sa route n’avait pas croisée celle de Juliet. Et qu’il n’avait pas appris qu’il avait un fils, par la même occasion. Cette nouvelle l’avait totalement chamboulée au point où toute cette histoire avec Lola lui était totalement sortie de la tête. Et il s’en voulait pour ça. C’était bien pour cette raison d’ailleurs qu’il n’avait pas évité de se rendre chez elle au risque de se retrouver face à Ulrick. De toute manière, après la conversation téléphonique que les deux hommes avaient eue, il n’était sans doute pas à ça près.

Il venait donc d’arriver chez sa sœur, se garant devant la maison avant de sortir de sa voiture et d’aller sonner à la porte. Qui ne tarda pas à s’ouvrir justement sur Lola. Raph était soulagé de la voir, de voir qu’elle allait visiblement bien. Enfin, de ce qu’il avait sous les yeux, en tout cas. Il savait à présent à quel point elle était douée pour cacher les bleus sous ses vêtements quand cela était nécessaire.

« Je me demandais s’il t’était pas arrivé quelque chose. »

Il ne lui mentirait pas sur le fait qu’il avait été inquiet, mais il n’insisterait sans aucun doute pas comme la dernière fois. Déjà parce que ça ne servirait sans doute pas à grand-chose, mais également parce qu’il devait lui parler d’autre chose. Ses retrouvailles avec Juliet, ce qu’il avait appris. Elle aussi avait le droit de savoir, même si ça n’arrangerait sans doute pas son cas. Mais il ne pouvait pas garder l’existence de son fils secrète, surtout pas avec Lola.

« Il est là ou pas ? »

Raph espérait que non, parce que voir son beau-frère n’était clairement pas quelque chose dont il avait besoin. Et en plus de ça, la situation risquait de rapidement dégénérée.

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Il m'avait fallu plusieurs jours pour me remettre de mes émotions. Les épreuves s'étaient enchainées, et rien n'avait été facile. La dernière en date ? Une fausse couche alors que je n'étais même pas au courant que je portais la vie. Et il avait bien sûr fallu que cela arrive au pire des moments : des retrouvailles en tête à tête avec mon jumeau, houleuses de surcroît. J'avais fait un détour aux urgences, Raph m'avait d'ailleurs accompagné. On avait mis de côté nos règlements de compte, et en quelques instants je lui avais montré ce que je subissais depuis deux ans maintenant. Il avait tenté de cacher au maximum ses émotions, mais je m'étais doutée du feu qui s'était embrasé en lui.

Le must, ça devait être le moment où il avait fini par comprendre que j'étais partie de l'hôpital, en le laissant sur place. Nous avions eu un gros désaccord concernant ma sortie, et sur mon point d'atterrissage. Raphael refusait que je rentre chez moi pour me retrouver à nouveau face à Ulrick. Et je ne pouvais pas lui donner tort : à peine rentrée, l'homme qui me servait de compagnon m'avait retourné une baffe magistrale pour ne pas avoir répondu une seule fois à ses appels depuis le matin, sans même me laisser lui donner une explication.
J'avais d'ailleurs appris par la même occasion qu'il avait brièvement échangé avec mon "abruti de frère", pour reprendre ses mots. Quoi ? Quand ? Comment était-ce possible ? Raph ne m'en avait absolument pas parlé... Il m'interdisait d'ailleurs de revoir mon frère tant qu'il serait ici, persuadé qu'il repartirait à Londres d'ici quelques temps. Sa gifle m'avait sonné, et je n'avais pas trop le courage de lui répondre quoique ce soit, ni même de m'opposer à lui.

Puis, la vie avait repris son cours. Aujourd'hui, Ulrick était absent, en voyage pour un séminaire organisé par sa société. Moi, j'avais décidé de prendre quelques jours de repos, afin de me retrouver avec moi-même, et accepter la perte de cet enfant qui m'affectait plus que je ne voulais bien l'admettre.

En ce début d'après-midi, j'avais décidé de m'enrouler dans un plaid et de me poser devant une émission que je ne suivais pas vraiment, perdue dans mes pensées. Très vite, je fus tirée malgré moi de mes songes, lorsqu'on sonna à la porte. Intriguée, je me levais et décidais d'aller ouvrir... découvrant mon frère. Je n'avais pas su cacher ma surprise et sans doute ma peur, dans les yeux. Il me revenait tout de suite en mémoire l'injonction d'Ulrick, et voilà que mon frère venait directement à ma rencontre, chez moi. Chez nous. Si Ulrick l'apprenait, j'étais foutue.

« Je me demandais s’il t’était pas arrivé quelque chose. » Les paroles de mon frère firent de la place au milieu de ma confusion, et je repris soudainement consistance. Fonçant les sourcils, je savais pertinemment qu'il venait pour me faire la morale, et je n'avais pas le cœur à ça.

« - Je ne veux pas te voir, Raph. »

J'avais planté mes yeux bleu dans les siens, ce regard qui nous caractérisait si bien et que beaucoup de mon nous enviait. J'espérait que cela serait suffisant pour lui faire entendre raison... Mais sérieusement, à quoi bon... Oubliais-je que je m'adressais à un Ashmore ?

« Il est là ou pas ? »

« - Rentre chez toi. » lui intimais-je au lieu de répondre à sa question, et en amorçant la fermeture de la porte face à lui.

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Raphael se doutait bien que ça n’allait pas être simple, que sa sœur ne l’accueillerait pas avec le sourire après ce qu’il s’était passé. Mais contrairement à ce qu’elle était sans doute en train de penser, il n’était pas venu continuer leur dernière conversation. Il avait bien compris qu’insister ne servirait à rien pour l’instant. Mais il avait besoin de parler à sa sœur. C’était peut-être égoïste de sa part, mais il ne voyait pas avec qui d’autre il pourrait parler de ça, de ses retrouvailles avec Juliet, de son fils. Elle était sans doute la seule qui pourrait comprendre ce qu’il était en train de traverser actuellement, et dans quel état d’esprit il se trouvait. Du moins, elle le connaissait assez pour en avoir une idée. C’était bien pour cela qu’il insistait, et l’empêchait de fermer la porte quand elle en avait eu l’intention.

« J’ai croisé Juliet. »

Une phrase courte, des mots simples, mais qui avaient eu assez d’impact sur Lola pour attirer son attention. Leurs regards se croisèrent, et Raph savait que, dans le fond, elle avait envie d’en savoir plus. Et lui aussi voulait lui confier tout ça, c’était d’ailleurs la raison de sa présence. Il ne voulait plus lui mentir, il ne voulait plus rien lui cacher. Même si cette conversation les impacterait encore tous les deux. Mais Lola avait le droit de savoir ce qu’il s’était passé, toutes ces choses qu’elle ignorait sans doute.

« Il y a des choses que tu dois savoir. Si tu veux bien qu’on en parle. »

Même si Raph n’avait aucune idée de comment il allait lui annoncer les choses. Ce n’était pas le genre de nouvelles qu’on annonçait tous les quatre matins, et c’était loin d’être simple de le faire. Surtout qu’il devrait en parler à leur mère par la suite. Et il n’avait aucune idée de la façon dont elles allaient réagir, toutes les deux. Lui-même avait encore du mal à se faire à l’idée, malgré le fait qu’il avait commencé les démarches pour reconnaitre son fils. Mais c’était surtout sa relation avec Juliet qui le perturbait. Un avis extérieur l’aiderait sans doute à y voir plus clair.

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Bien évidemment, ça n'allait pas être aussi simple, et j'aurais du m'en douter. Raphael bloqua la porte que je refermais sur lui, ajoutant :

« J’ai croisé Juliet. »

C'était donc ça. Il n'était finalement pas tant là pour se soucier de ma situation que pour me parler de ses affaires. Un temps mort se fit sentir, silencieux, puis dans un soupire je rouvrais la porte en grand, toisant mon frère. J'allais avoir de gros ennuis. De très gros ennuis, si je le faisais entrer. Ulrick parvenait toujours à garder un œil sur le maison, même à distance. Je suspectais d'ailleurs un voisin véreux d'espionner lorsqu'il était absent.
Pour autant, il était évident que Raph était perdu, et avait besoin de parler. Je n'étais pas spécialement disposée à parler, et d'autant plus de Juliet. De leur bonheur passé. Non pas que la souffrance de mon frère m'importait peu, loin de là, mais surtout parce que je nourrissais une profonde rancune envers celle qui m'avait rayée de sa vie pour une erreur qui n'était pas la mienne. Sans compter ce sentiment d'envie et de jalousie concernant leur relation fusionnelle d'entant, que j'espérais tant connaître à mon tour un jour.

« Il y a des choses que tu dois savoir. Si tu veux bien qu’on en parle. »

« - J'en ai pas spécialement envie non, mais visiblement tu ne me laisses pas le choix. » répondais-je, acide.

Je me déplaçais sur le côté, laissant le champ libre à mon frère pour entrer dans la maison. Une fois fait, je refermais la porte derrière lui, et sans l'attendra, passa devant pour rejoindre le salon. J'attrapa la télécommande et éteignit la télévision sans attendre. Inutile de la laisser fonctionner compte tenu qu'une longue discussion allait suivre.

Je me tournais alors vers lui en conservant une certaine distance, croisant mes bras, silencieuse et attendant la suite.

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Elle n’en avait pas spécialement envie, mais elle le laissait tout de même entrer. C’était peut-être de la simple curiosité de sa part, mais Raphael n’allait pas lui demander plus d’explication que ça. Il entrait donc dans la maison de sa sœur, pour la première fois d’ailleurs. Il était déjà parti depuis longtemps quand elle avait emménagé ici. Et son regard s’attardait un peu autour de lui alors qu’il la suivait dans le salon. C’était joli, ici. Personne ne pouvait se douter de ce qu’il se passait vraiment une fois la porte refermée. Et il préférait d’ailleurs ne pas y penser à cet instant. Ulrick n’était pas là, il était venu là pour parler à sa sœur. Mieux valait laisser ça de côté pour le moment. Il se retrouvait donc face à Lola, les bras croisés devant lui, et qui attendait visiblement qu’il se mette à parler.

« Je pense que tu devrais t’asseoir pour entendre ça. »

Lui aussi aurait bien aimé être assis quand il avait découvert qu’il avait un fils. Il aurait d’ailleurs préféré l’apprendre dans d’autres circonstances, d’une manière totalement différente. Il aurait aimé que les choses se passent autrement, mais ça n’était malheureusement pas le cas. Et maintenant, il devait faire avec. Maintenant, il devait annoncer à sa sœur qu’elle était la tante d’un petit garçon qu’elle ne connaissait pas. Et ce n’était pas évident de trouver les mots pour ce genre de nouvelles. Même en y ayant réfléchit, il n’avait pas forcément trouvé la meilleure manière de le dire.

« Je l’ai croisé par hasard, c’était pas du tout prévu et… Elle était avec un petit garçon. Un petit garçon de neuf ans. »

Il se tut alors, laissant à sa sœur le temps de faire le calcul dans sa tête. La laissant réaliser ce qu’il venait de dire et ce que cela impliquait. Charlie avait neuf ans, Raphael était parti il y a dix ans. Il n’avait sans doute pas besoin d’en rajouter plus pour savoir où il voulait en venir. D’où le fait qu’il lui ait dit qu’elle ferait mieux de s’asseoir aussi. Pour lui aussi, ça avait été un sacré choc.

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Je l'avais vu observer l'intérieur de mon domicile. C'était en effet la première fois qu'il mettait un pied dans cette maison, et il découvrait certainement par la même occasion la femme que j'étais devenue : après tout, ne dit-on pas qu'un intérieur fait écho à sa maîtresse de maison ? Mes goûts en matière de déco s'étaient affirmés, homogénéisés, donnant à mon intérieur une ambiance à la fois chaleureuse et épurée.

Très vite, ses paroles me ramenèrent à la réalité.

« Je pense que tu devrais t’asseoir pour entendre ça. »

Je n'en fis rien. J'avais horreur qu'on me dise quoi faire. Par pur esprit de contradiction et histoire de l'emmerder un peu, je décidais de rester debout, plantée devant lui. Muette. Il tournait autours du pot, ne sachant dans quel sens prendre la situation. Mon petit doigt me disait que je savais déjà à quoi m'attendre.

« Je l’ai croisé par hasard, c’était pas du tout prévu et… Elle était avec un petit garçon. Un petit garçon de neuf ans. »

Voilà, il l'avait dit. Je ne bronchais pas. Quelque chose me disait qu'il s'attendait à une réaction surdimensionnée de ma part, comme j'avais souvent tendance à faire à cause de cette hypersensibilité qui me pourchassait depuis toujours. Mais Raph avait un train de retard. Et s'il avait été un peu plus loquace la dernière fois, à l'hôpital, quand je lui avais dis qu'à cause de lui j'avais perdu ma meilleure amie, il en saurait surement plus en tout cas en terme de temporalité. Car pour la finalité, ça n'était pas mon rôle de lui apprendre.

« - Je sais. » lâchais-je simplement en détournant le regard et en me rapprochant du canapé. Je m'installais sur ce dernier, reprenant mon plaid que j'étais sur mes jambes. En réalité, je savais pour l'enfant. Mais je ne savais pas jusqu'à maintenant, qu'il s'agissait d'un petit garçon. Juliet avait coupé les ponts très peu de temps après qu'elle m'ait parlé de sa grossesse.

Je ne pouvais qu'imaginer tout ce qui avait pu se passer dans la tête de Raphael au moment où il avait assimilé l'information.
Semblable à une baffe dans la gueule, j'étais quelque part contente qu'il se prenne la réalité en pleine tronche : là encore, cela le mettait face à ses erreurs. Je n'étais pas ravie de savoir qu'il souffrait de la situation, et que la période était loin d'être plaisante aujourd'hui. Mais à côté de ça, le karma existait et en fin de compte, lui faisait payer ces 10 années d'abandon qu'il nous avait fait subir à tous, sans même nous demander notre avis.

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Raphael doit bien avouer qu’il s’attendait à un minimum de réaction de la part de sa sœur. Ce n’était pas tous les jours qu’on apprenait ce genre de nouvelles, et la voir aussi impassible face à lui le déroutait. Il ne comprenait pas, du moins jusqu’à ce qu’elle prenne à nouveau la parole. Et là encore, il lui fallut quelques secondes pour que l’information arrive à son cerveau et qu’il réalise ce que cela influait. Un sentiment de trahison, et de la colère aussi commençait à le gagner, même s’il faisait tout pour ne pas le montrer.

« Comment ça, tu sais ? »

Et surtout, pourquoi elle ne lui avait rien dit ? C’était ça qu’il avait le plus de mal à comprendre, au final. Surtout que Juliet lui avait dit qu’elle avait essayée de le joindre pour le prévenir, qu’elle avait voulu le lui dire. Et Lola avait, à l’époque, à sa disposition, le moyen de le joindre. Surtout pour ce genre de choses. Ça aurait pu tout changer. Tout aurait pu être différent s’il l’avait su. Tout l’aurait sans doute été, en réalité. Il n’aurait pas hésité à revenir, il n’aurait pas hésité à être là pour Juliet et pour son fils. Mais on l’avait privé de cette opportunité de bien faire les choses.

« Tu savais, et tu t’es pas dit que ce serait bien de me mettre au courant ? »

Même si pleins de facteurs avaient dû entrer en jeu, mais Raph n’était pas certain d’être prêt à les entendre. Il ne s’agissait pas que d’une chose entre Juliet et lui, ça allait beaucoup plus loin que ça. Il s’agissait de son fils qui avait passé neuf ans de sa vie en pensant que son père l’avait abandonné alors qu’il n’était même pas au courant de son existence. Neuf ans de perdu alors que ça aurait pu être éviter. Et pour le coup, cette fois-ci, il n’était pas le seul fautif dans l’histoire.

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Je voyais la mine de mon frère se défaire, seconde après seconde, tandis qu'il prenait lentement conscience que j'avais un coup d'avance. Dans d'autres circonstances beaucoup plus légères, sa tête m'aurait surement bien fait rire.

Mais l'humeur générale n'était pas à la rigolade, et l'idée que mon frère vienne sous mon propre toit, me reprocher des choses dont lui-seul était à l'origine, ne me plaisait pas du tout.

« Comment ça, tu sais ? »

Il avait formulé cette question réthorique comme pour s'assurer qu'il avait bien compris. Mon silence assourdissant ne fit que confirmer ce qu'il était en train de comprendre.

« Tu savais, et tu t’es pas dit que ce serait bien de me mettre au courant ? »

La tension devenait palpable, tant et si bien que je me redressa, me levant finalement du canapé dans lequel je m'étais installée quelques secondes plus tôt. Je faisais de nouveau face à mon jumeau, et je pointais mon index vers lui en lui répondant :

« - N'essayes surtout pas d'inverser les rôles, Raph. Cette nouvelle, c'était pas à moi de te l'apprendre. Et d'autant plus quand ton frère ET ta meilleure amie te tournent le dos ! »

Le ton était donné, et surtout, monté. En l'espace de quelques mots, il avait réussi à embraser mon être par une colère sourde. Déjà, parce que pendant longtemps je lui en avais silencieusement voulu pour tout ça, pour cet enfant qui grandirait sans son père, et pour sa fuite à Londres, mais également parce que je savais qu'un jour, cette fameuse discussion aurait lieue. C'était la meilleure, celle-là. Et pour étayer mes propos, je décidais de poursuivre dans mes explications, bien que j'estimais que je n'avais pas à me justifier.

« - J'aurais fait n'importe quoi pour Juliet à ce moment là. Tu n'as pas été là pour voir son regard complètement perdu et paniqué quand elle a compris qu'elle portait la vie. Moi, si. commençais-je à expliquer. Mais elle en a décidé autrement. Partant de là, je n'avais plus à me mêler de vos affaires. Seulement à respecter son choix. Parce que tu connais pertinemment Juliet, et mon aide, elle n'en voulait pas. »

Cette fille, que j'avais porté dans mon cœur comme une sœur pendant longtemps, était elle aussi une véritable tête de mule, à l'image de mon frère. Ils s'étaient bien trouvés, ces deux là.

« - Ce n'est certainement pas à moi d'assumer les conséquences de tes erreurs d'il y a 10 ans, Raphael. » rajoutais-je d'un ton plus bas, mais pas moins incisif.

L'idée d'avoir à payer des conneries de mon frère me prenait à la gorge. Il n'avait pas le droit de renverser la vapeur comme il était en train de faire, il n'y avait rien de juste là dedans.

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Raphael en venait à croire que rien n’irait jamais dans toute cette histoire. A chaque fois qu’il avait l’impression de faire un pas en avant, c’était comme s’il finissait par en faire deux en arrière, constamment. Le fait de savoir que sa sœur était au courant pour Charlie – ou du moins pour la grossesse de Juliet – et qu’elle n’avait même pas essayé de le tenir au courant le rendait fou de rage. Même si ce n’était pas à elle de le lui apprendre, elle avait tout de même pris la décision de lui cacher ça. De lui retirer l’opportunité qu’il aurait pu avoir d’être dans la vie de son fils dès le départ. Même si Juliet en avait décidé autrement, elle n’avait rien fait pour permettre à Raph de changer les choses. Elles avaient décidé toutes les deux de laisser tomber et de le tenir loin de tout ça.

« Je sais qu’elle a essayé de me contacter. Ça t’aurais rien coûté de lui donner mon nouveau numéro pour qu’elle y arrive. »

Rien que ça, ça aurait pu tout changé. Raph n’aurait même pas hésité une seule seconde à faire demi-tour. Même si Juliet ne l’aurait sans doute pas acceptée à nouveau dans sa vie, au moins il aurait été là pour Charlie. Et maintenant il avait perdu neuf ans de la vie de son fils. Il n’avait pas été là pour ses premiers pas, pour ses premiers mots, pour son entrée à l’école. Tout un tas d’événements importants qu’il ne pourrait jamais rattraper. Des événements qu’il n’aurait plus jamais l’occasion de vivre.

« Et puis on parle pas d’un chaton trouvé sur le bord de la route là, Lola. On parle de mon fils. Même si Juliet a fini par abandonner… Aucune de vous deux m’a donné la possibilité de bien faire les choses cette fois-ci. Vous avez décidé à ma place, que tu veuilles l’admettre ou non. En ne me disant rien, vous avez forcé cet abandon par la force des choses. »

Il ne savait pas si elle comprendrait ce qu’il voulait dire, mais en tout cas, c’était de cette façon qu’il le ressentait. Ce non-dit avait fait qu’il n’avait pas pu être là pour son fils. Et même si les choses se passaient bien pour l’instant, rien ne disait que ça ne les rendrait pas plus compliquées à l’avenir. Parce qu’il n’avait pas toujours été là, parce que Charlie pouvait finir par estimer qu’il n’avait aucunement son mot à dire sur les choses. Ça lui faisait peur, tout ça.

« Je rejette pas totalement la faute sur toi, mais tu peux pas me dire que tu pouvais rien faire. T’as choisi de ne rien faire. Et en sachant parfaitement ce que ça me ferait. »

Surtout qu’elle était sans doute encore plus bien placée pour savoir ce qu’il ressentait après ce qu’il venait de lui arriver. Elle venait de perdre un bébé, il venait de découvrir qu’on lui avait arraché neuf ans de la vie de son fils. Les circonstances n’étaient pas les mêmes, mais la douleur était sans aucun doute semblable. En tout cas Raph ressentait cette douleur de ces années perdues, qu’il ne pourrait jamais rattraper.

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Il devenait de plus en plus compliqué de faire bonne figure. J'étais à la fois partagée entre la culpabilité, le malaise de voir mon frère blessé, et en même temps cette histoire qui n'était pas la mienne et qui m'avait échappé il y a bien longtemps maintenant, sans qu'on me laisse la possibilité d'y remédier. Et, si j'étais peinée que mon frère réagisse comme ça, il allait devoir comprendre qu'il restait le point d'entrée de toute cette histoire.

« Je sais qu’elle a essayé de me contacter. Ça t’aurais rien coûté de lui donner mon nouveau numéro pour qu’elle y arrive. »

Ses paroles raisonnaient, allant jusqu'à me prendre à la gorge. Un énième règlement de compte, c'était la chose dont je n'avais pas besoin aujourd'hui. J'étais pas certaine d'être capable à continuer à encaisser.

« Et puis on parle pas d’un chaton trouvé sur le bord de la route là, Lola. On parle de mon fils. Même si Juliet a fini par abandonner… Aucune de vous deux m’a donné la possibilité de bien faire les choses cette fois-ci. Vous avez décidé à ma place, que tu veuilles l’admettre ou non. En ne me disant rien, vous avez forcé cet abandon par la force des choses. »

« - Je viens de perdre un enfant Raph, au sens propre pour le coup. Un enfant que je n’aurai pas la joie de connaître, moi. Alors ton petit caprice égoïste et tes leçons de morales, tu peux les garder. » Oui, il allait peut-être devoir rattraper 9 ans de la vie de son fils. Mais il était là, son fils, en chair et en os et à priori en bonne santé. Et encore une fois, si mon jumeau borné et têtu n'avait pas décidé sur un coup de tête de tout plaquer sans rien dire à personne, il n'en serait pas là aujourd'hui.

« Je rejette pas totalement la faute sur toi, mais tu peux pas me dire que tu pouvais rien faire. T’as choisi de ne rien faire. Et en sachant parfaitement ce que ça me ferait. »

« - Tu me reproches sincèrement d’avoir du faire un choix entre deux personnes qui comptaient pour moi, mais qui m’ont tournées le dos toutes les deux ? » Ma question était en réalité réthorique, je n'attendais pas de réponse, simplement qu'il ouvre les yeux sur l'aberration de la situation.
« - Je ne porterai pas le poids de ta culpabilité Raphael. ajoutais-je très froidement. Et puis tu sais quoi ? Démerdez-vous. J’ai assez de problèmes comme ça pour ne pas avoir en plus à gérer les fantômes du passé. »

Des mots lourds de sens, qui témoignaient de mon ras-le-bol général. Je m'effrayais même à me demander si compte tenu des circonstances, j'avais réellement envie de rester en contact avec mon frère. Son retour en Californie n'avait fait que sonner l'entourage proche, et pas dans le bon sens. Après ses paroles, je me dirigeais vers l'entrée de la maison, à nouveau. Ajoutant au passage :

« - Je veux que tu partes, Raphael. Ne venez pas me mêler à vos histoires. Sors de chez moi. »

Je ne m'étais même pas rendue compte que les larmes m'étaient montées aux yeux, jusqu'à ce que je réalise que je luttais afin d'éviter qu'elles ne s'échappent. Trop de larmes avaient coulé ces derniers temps, cela devait cesser.
Je posais ma main sur la poignée de la porte d'entrée, prête à l'ouvrir lorsque Raphael s'en approcherait. Mais allait-il franchement jeter l'éponge si facilement ?

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