Some confidences

feat. Raph & Lola

Aucun d’entre eux ne pouvait revenir en arrière, c’était un fait. Ils avaient chacun leur lot d’erreurs, Raphael avait assumé les siennes. Et il doit bien avouer qu’il ne prenait pas très bien le fait que sa sœur ne veuille pas reconnaitre les siennes, justement. En particulier dans ce cas, où la relation avec son fils entrait en jeu. S’il y avait bien quelqu’un qui était capable de comprendre, c’était elle pourtant. Mais il avait malgré tout l’impression qu’elle ne comprenait pas, ou qu’elle ne voulait pas comprendre. Qu’elle avait arrêtée d’essayer de le faire depuis un moment. Et c’était sans doute ce qui était le plus blessant, au final.

« Moi égoïste ? J’ai pas pu voir mon fils grandir et je suis censé le prendre bien peut-être ? »

Il ne niait pas ce par quoi elle était en train de passer, bien au contraire. Mais Raph n’acceptait cependant pas qu’elle rejette en bloc ce qu’il était lui-même en train de traverser. Comme si la douleur de Lola était plus légitime que la sienne, alors que ce n’était pas le cas. Oui, il avait l’occasion d’être auprès de son fils à présent, de le voir grandir, d’être présent pour lui. Mais tout ça ne remplacerait jamais toutes ces années de perdues. Ça aiderait, sans doute, pour qu’ils se sentent mieux tous les deux. Mais Raphael allait devoir continuer à se trainer ces années d’absence qui ne cesseraient de se rappeler à lui.

« T’as fini par nous tourner le dos, toi aussi. Et regardes où ça t’a mené. »

Dans cette maison, avec un homme – si on pouvait le qualifier ainsi – qui la traînait plus bas que terre. Tout en sachant qu’un seul coup de fil aurait suffi à Raphael pour qu’il saute dans un avion et l’aide à la sortir de là. Mais même là, elle n’avait pas voulu de son aide. Et il était fatigué de se battre, fatigué d’essayer de recoller les morceaux, de lui faire comprendre certaines choses. C’était bien pour ça qu’il n’avait pas essayé de batailler plus. Il s’était dirigé vers la porte, près à sortir de la maison de sa sœur avant de se tourner vers elle.

« Si tu veux voir Charlie, il sera chez moi ce weekend. Maman n’est pas encore au courant alors… Si tu pouvais éviter de lui en parler. »

Il préférait le faire lui-même, lui expliquer la situation. Qui était loin d’être simple, c’était certain. Mais il se devait d’avoir cette conversation avec sa mère. Et lui permettre de connaitre son petit-fils aussi.

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Les émotions me prenaient à la gorge. Comment avait-on pu en arriver là ? Moi qui, il y a encore seulement quelques jours le serrait contre moi alors que nous étions tous les deux à terre dans la cuisine familiale. J'avais pensé que ce geste, après les joyeusetés que nous nous étions balancé, scellait à nouveau le lien qui aurait toujours du être le nôtre, nous permettant d'affronter le monde entier.

Pourtant, c'était la désillusion.

Je laissais Raph sortir ce qu'il avait à dire, sans spécialement relever. Après tout, à quoi bon ? Nous étions tous les deux campés sur nos positions et je n'avais plus la hargne nécessaire à argumenter.

« Moi égoïste ? J’ai pas pu voir mon fils grandir et je suis censé le prendre bien peut-être ? »

Comme si c'est ce que j'avais pu dire... Et il savait très bien au fond de lui, j'en étais sûre, que je ne remettais pas en question les dégâts causés par ces années manquées. Mais en fin de compte, qui était à l'origine de tout ça ? Ça n'était pas moi qui l'avait poussé à partir sans se retourner...

« T’as fini par nous tourner le dos, toi aussi. Et regardes où ça t’a mené. » Je ne pu m'empêcher de lui jeter un regard perçant, le mettant au défi de continuer sur ce sujet sensible. Je n'avais tourné le dos à personne, et peut-être même que s'il était resté, il aurait su m'ouvrir les yeux bien avant sur cette relation malsaine que j'avais construite ces dernières années. Mais, il n'avait pas été là. Et ça n'était pas aujourd'hui qu'il pouvait prétendre récupérer sa place, comme si de rien n'était.

« Si tu veux voir Charlie, il sera chez moi ce weekend. Maman n’est pas encore au courant alors… Si tu pouvais éviter de lui en parler. » J'étais partagée. Intriguée et touchée qu'il me fasse à demi-mot la proposition de rencontrer Charlie, mon neveu. Et en même temps, compte tenu des tensions entre nous, je n'étais pas certaine que c'était l'idéal pour le petit garçon.

Je fermais la porte derrière mon frère, lâchant un soupire éprouvé.

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