Une fois rentrée à la maison, Ruby n’avait pas perdu beaucoup de temps. Elle avait commencé par le plus difficile, à savoir reconnaître ses torts. Reconnaitre, que Matthew et Blake avaient raison et qu’ils avaient finalement bien agi. Même, s’il y a quelque temps, elle pensait le contraire. Elle leur en voulait même et elle leur avait bien fait comprendre. Mais aujourd’hui, avec du recul et les mauvaises sensations, qu’elle avait ressenti, quand elle était en Europe. Elle réalisait, que finalement, c’était bien elle, qui avait tort. La demoiselle Turner le reconnaissait, même si ce n’était pas évident pour elle. Matthew s’était installé près d’elle. La jeune femme aurait préféré une autre réponse, que celle qu’il lui avait offerte. C’est ce genre de réponse, qui n’encourager pas Ruby à admettre ses torts à l’avenir. « Je sais que j’ai des limites. Ce n’est pas la peine de me le rappeler comme si je ne m’en rendais pas compte. » Si elle reconnaissait, qu’ils avaient finalement raison d’avoir gardé le secret, c’est bien parce que Ruby s’était retrouvé face à ses faiblesses et donc à ses limites du supportable.

En sortant ses médicaments de son sac, Ruby avouait à son petit ami, qu’elle n’était pas parvenue à assumer à ses trois semaines de travail intensif sans avoir un peu d’aide. Les médicaments l’avaient même énormément aidé. La jeune femme était un peu agacée par les soupirs de Matthew. Comme si tout cela, lui faisait plaisir. C’est donc légèrement sur la défensive que Ruby lui avait répondue. « Ça aller ! C’est quand j’ai recommencé les fashions-weeks, que mes crises de paniques, mes insomnies et ma paranoïa a recommencé. Quand j’étais à L.A, je faisais des cauchemars, mais à part ça tout aller très bien… » Matthew lui reprochait même de ne pas plus avoir dit plus tôt en désignant, les boites de médicaments. « Que je t’en parle ou pas, qu’est-ce que ça aurait bien pu changer ? » Lui en parler n’aurait pas aidé, la demoiselle Turner à aller mieux. Elle aurait simplement réussi à l’inquiéter. Son petit ami n’était pas étonné de son manque d’énergie avec tous les médicaments qu’elle consommait. Il lui reprochait une fois de plus de ne pas l’avoir appelé. « À ton avis pourquoi, j’ai demandé l’avis d’un médecin ? Je ne les prenais pas en même temps. » Ruby était loin d’avoir fait n’importe quoi. Elle ne jouait pas avec sa santé. « Puis pendant les fashions-weeks, je n’ai pas le temps pour les longues conversations au téléphone. Tu le sais très bien… » Si elle avait le temps bien sûr que la jeune femme appellerait plus régulièrement son petit ami. Si elle n’était pas épuisée en rentrant à l’hôtel, bien sûr qu’elle resterait plus longtemps au téléphone avec lui. Mais le rythme était soutenu et intense, Matthew le savait bien. La demoiselle Turner rangeait ses médicaments dans son sac à main, en laissant quelques antidouleurs sur la table. Elle comptait les prendre. Après avoir marché jusqu’au garage, Ruby commençait à sentir des petites douleurs aux jambes. Une sensation qui était malheureusement devenue habituelle pour la jeune femme. Matthew venait d’utiliser le mot avoué, ce qui suscité la curiosité de la brunette qui l’écoutait attentivement. Elle chercherait plus tard un verre d'eau pour prendre ses cachets. « Tu as fait quoi ? » La demoiselle Turner n’en croyait pas ses oreilles. « Tu ne comptais quand même pas finir le boulot ?! Je n’ai pas besoin, que tu ailles en prison à ma place ! Puis il n’y avait pas de risque que j’y aille. C’était de la légitime défense… Je ne pouvais pas le laisser m’étrangler sans tenter de me défendre comme je le pouvais. » N’importe qui de sensé savait que Ruby n’avait pas d’autre choix possible à ce moment-là. La jeune femme avait de la difficulté à garder son calme. « Tu réfléchis parfois ? » Matthew disait que la brunette ne devait pas s’énerver que ça ne servait à rien. C’était bien le genre de remarque qui énerver encore plus la demoiselle Turner. Il connaissait pourtant bien le caractère impulsif de sa petite amie. « On est à égalité ? Surement pas ! Moi, je n’ai rien fait d’illégale. Toi si, si Blake n’avait pas été là ! Je sais que tu as déjà tué quelqu’un, mais ce n’est pas une raison pour recommencer ! »

Ruby était assez agacée que Matthew lui rappelle ses faiblesses. Comme si elle n'en avait pas conscience. Reconnaitre ses torts et se confier, n’a jamais été évident pour la demoiselle Turner. Son petit ami le savait pertinemment, d’autant plus qu’il était exactement comme elle sur ce sujet. Mais ce n’est pas pour autant, qu’il ne lui facilitait pas la tâche. C’était même presque le contraire. La jeune femme regrettait presque, de lui avoir dit, qu’elle comptait lui parler de New-York et de Little Rock. « J’ai déjà fait une dépression. » Quasiment tout le temps où elle était en Arkansas. C’était certainement la pire période de sa vie. Ruby n’avait même pas eu la force de continuer à se battre. Elle avait même reproché au médecin de s’être acharné pour la maintenir en vie. « Je sais que ce n’est pas évident de vivre la peur au ventre. Mais je l’ai fait de nombreuses années. » Après son enlèvement à New-York, la peur faisait partie intégrante de la vie de Ruby et d’elle-même carrément. La demoiselle Turner savait donc très bien ce que c’était à quel point ça pourrissait la vie. Ça avait même faillit détruire sa relation avec Matthew lorsqu’il avait été accusé du meurtre du père de Kiara. Donc c’était un domaine qui était loin d’être inconnu pour la brunette.

Ruby expliquait à Matthew que ses angoisses et ses crises de paniques avaient commencé pendant les fashions-weeks européennes. Avant ça, ça se limitait à des cauchemars que la demoiselle Turner arrivait très bien à gérer. La jeune femme n’était pas surprise que Matthew était au courant pour les cauchemars. Elle avait dû le réveiller à plusieurs reprises avec ses nuits agitaient. Il avait simplement eu la délicatesse de ne pas lui en parler. Il devait se doutait, que sa petite amie lui dirait, que ce n’était rien. Il n’ignorait pas non plus, qu’il ne la ferait pas parler, si elle ne souhaitait pas le faire. Matthew connaissait bien Ruby. C’était d’ailleurs probablement la personne qui la connaissait la mieux. « Je n’avais pas envie de t’appeler en pleine nuit et encore moins de t’en parler. Je sais que ça n’aurait rien changer. Je ne me serais pas senti mieux et tu n’auras pas su me calmer. » Bien, qu’il la connaissait, la demoiselle Turner se connaissait bien mieux, donc elle savait ce qu’elle disait. Peut-être qu’aujourd’hui, elle avait besoin de lui en parler, mais ce n’était pas le cas lorsqu’elle était en Europe. Puis Ruby préférait toujours parler en face que par téléphone.

Matthew parlait de Jeffrey et de sa dépendance aux antidouleurs. Ruby savait qu’il n’était pas pour les utilisations de médicaments pour que sa petite amie gère ses angoisses. Mais elle n’avait rien avoir avec le meilleur ami de Matthew. « Tu n’es quand même pas en train de me comparer à Jeffrey. Je n’ai rien avoir avec lui… Je ne suis pas accro au médoc’. Oui, peut-être, que j’en prends beaucoup, mais j’en ai besoin. Je vais les acheter à des dealers, c'est des vrais médecins qui me les prescrivent. » Ruby se sentait presque insulter. Juste le fait, qu’il évoque Jeffrey, c’est qu’il pensait à une possibilité, que sa petite amie puisque se droguer à l’aide médicament. « À moins que tu dises ça pour te donner à toi une excuse pour recommencer. » La demoiselle Turner n’avait pas oublié leur pacte, malgré les années qui sont passées depuis. Pour elle, il était toujours valable.

Matthew avait décidé de faire un aveu à Ruby. Un aveu qui avait vraiment mit la jeune femme hors d’elle. Elle n’arrivait pas en croire ses oreilles et croire en la stupidité de son petit ami. « Ce n’est pas une question de croire en la justice ou aux flics. Mais je suis persuadée que tu n’as pas à faire la justice toi-même et sûrement pas de cette façon. Et si tu peux ne rester dans rien faire, c’est que tu dois faire… En quoi le tuer aurait été donnant-donnant, je ne suis pas morte. Il m’a étranglé, je lui ai tiré dessus. Il a sûrement eu autant mal que moi, si ce n’est pire. On est déjà à égalité, je m’en suis occupée… Je n’ai pas besoin que tu fasses quoi que ce soit. » Ruby pouvait comprendre que Matthew ne veuille pas assister à sa seconde mort. Mais ce n’était pas pour autant une raison pour tuer le type qui s’en est pris à elle. « Je vais mourir un jour ou l’autre de toute façon. C’est inévitable… » Après, c’est certain qu’il y avait de meilleur façon de partir que d’autre.

Ce soir, Ruby avait décidé de prendre son courage à deux mains pour partager l’ensemble de ses problèmes avec Matthew. Aussi bien du point de vue physique que psychologique, la brunette était décidée à ne rien lui cacher. La demoiselle Turner avait commencé par évoquer sa prise de médicaments et les raisons qui avaient entraîné cela. Mais rapidement, Ruby se disait que c’était une erreur. Elle se sentait presque insultée par son petit ami qui lui parler de l’addiction de Jeffrey. Elle avait l’impression qu’il la jugeait, alors qu’elle pensait qu’elle ne ferait pas. La jeune femme était assez déçue de Matthew. « Je suis consciente des risques Matthew. C’est pour cette raison que j’ai demandé les conseils et d'être suivi par un médecin ces trois semaines de fashion-week. Je ne suis pas inconsciente. » La demoiselle Turner n’était pas stupide et elle ne souhaitait pas jouer avec sa santé. Surtout après la perte de son grand frère à suite de la maladie. À la différence de lui, Ruby était née en bonne santé et elle ferait tout son possible pour le rester. Même si elle trahissait un peu sa promesse en fumant régulièrement. Heureusement, ce n’était que du tabac, elle ne s’était jamais attaquée à plus fort et elle ne ferait jamais. Elle briserait une double promesse faite à son frère et à son petit-ami. « Ravie de l’apprendre ! » Ruby avait accusé Matthew de parler d’addiction aux médicaments pour avoir une excuse de replonger dans ses vieux démons, la drogue.

En plus de s’excuser auprès de Blake, Ruby allait devoir également le remercier. Apparemment, il avait empêché Matthew de commettre l’irréparable. Son petit ami voulait rendre à l’agresseur de la jeune femme la monnaie de sa pièce. Sauf que la demoiselle Turner s’en était largement chargée en lui tirant dessus. Elle l’avait carrément envoyé plusieurs semaines dans le coma. « Mais j’avais mon arme et je m’en suis servie. Oui, il y a eu ce qu’il méritait, tu n’avais pas besoin d’en rajouter une couche. » Ruby ne répondait pas quand Matthew lui disait qu’elle ne partirait pas de cette manière. Mais si ça continue comme ça, il avait des chances qu’elle finisse de cette façon. Elle était passée trois fois entre les mailles du filet. La demoiselle Turner était persuadée qu’elle n’aurait pas de nouveau cette chance. Elle était venue à un point où elle se demandait si ce n’était pas mieux pour tout le monde qu’elle quitte la ville voire même le pays, sans dire à personne où elle comptait. Ce serait pour le bien de ses proches, mais elle savait que ça leur ferait aussi beaucoup de mal en particulier à Matthew. Il avait déjà été abandonné à deux reprises par Alessia. Puis Ruby n’aurait probablement pas le courage de tout laisser derrière elle une nouvelle fois. Ça la détruirait.

La jeune femme se levait à l’aide d’une béquille et se dirigeait vers la cuisine où elle prit dans le réfrigérateur une petite bouteille d’eau. Elle se réinstallait dans le salon pour prendre les médicaments qu’elle avait laissé sur la table. Après avoir pris ses médicaments d'une seule gorgée, Ruby prit la parole. « Mais mes angoisses ne sont pas provoquées par l’agression d’Halloween. Elles remontent à bien plus loin. Elles étaient simplement endormies ces dernières années. Le soir d’Halloween les a seulement réveillées. »

Ruby commençait à douter. Elle se demandait si c’était une bonne idée de tout révéler à Matthew comme elle l’avait prévu. Elle n’aurait peut-être pas dû lui dire les sujets, qu’elle souhaitait aborder ce soir. À présent, ce serait plus compliqué pour la demoiselle Turner de faire machine arrière. Même si elle était presque à cent pourcent, certaine, que son petit ami ne la forcerait jamais à en parler, si finalement elle changeait d’avis. Il serait simplement déçu. Ruby savait, qu’il attendait le jour, où elle aurait le courage de lui révéler tout. Tout ce qui s’était réellement passé à New-York durant son enlèvement. Une captivité qui avait duré un peu plus de deux jours, mais qui avait semblé une éternité pour la jeune femme. Ainsi que sa vie à Little Rock où elle avait vécu quelques mois seule avec Blake. « Je n’apprécie pas que tu prennes la liberté de me juger. Je pensais que tu serais la dernière personne à le faire, mais apparemment, je me suis trompée… Encore une fois où je gère, je ne suis pas une droguée. » La demoiselle Turner préférait lui rappeler au cas où. De façon à bien confirmé que ses insinuations étaient bien fausses. « Il n’y a pas de raison qu’il y est des changements. » Ruby préférait ne rien répondre quand Matthew lui dit qu’il n’avait pas besoin d’excuse, s’il devait replonger. Ce n’était pas le sujet ce soir, donc le silence était la meilleure option pour le coup.

Matthew commençait à ressasser l’agression de Ruby le soir d’Halloween. Ce qui était une très mauvaise idée. « Arrête avec tes si ! J’avais mon arme et je m’en suis servie. À quoi ça sert d’imaginer d’autres situations avec des issues fatales. Je suis face à toi bien vivante et en bonne santé. » Enfin aussi bien, qu’elle pouvait l’être avec tout ce qu’elle avait vécu ses dernières années. En disant qu’elle était face à lui, Ruby avait attrapé la main de Matthew comme pour lui prouver qu’elle était bien réelle.

Ruby s’était absenté moins d’une minute du salon, le temps de récupérer une bouteille d’eau dans la cuisine. Elle prenait ses médicaments avant de dire à Matthew que ce n’était pas le soir d’Halloween uniquement qui avait provoqué ses crises d’angoisse ou de panique. Ce sont des angoisses qu’elle avait depuis New-York, mais elle avait été mise en veille dès le moment où elle s’était persuadée que toutes ses histoires étaient derrière elle. Le soir d’Halloween lui avait simplement montré, qu’elle s’était malheureusement trompée. « Ma crise d’angoisse au garage était la première depuis Little Rock. J’en ai refait quelques-unes par la suite. Mais plus jamais après, jusqu’au soir du dernier Halloween. » Matthew se demandait si le médecin avait donné des conseils pour permettre à Ruby de limiter ses crises d’angoisse ou faire en sorte de les supprimer. « Les mêmes conseils que j’ai toujours eus. Il n’y a pas de solution miracle. C’est aussi par rapport à mon état psychologique. Apparemment en parler de New-York et de Little Rock pourrait m’aider à passer à autre cap et peut être l’aider à me reconstruire. » C’est vrai qu’à chaque agression quelques choses se briser chez Ruby.

Ruby avait la réelle impression que Matthew la jugeait. D’après les dires du jeune homme ce n’était pas le cas. Il s’était simplement mal exprimé. La demoiselle Turner n’y croyait pas trop, mais elle préférait ne pas relever et laisser couler pour cette fois. « Je connais aussi les risques des médicaments. Je sais que je peux devenir dépendante, si j’en abuse et si j’en prends trop régulièrement. Ce n’est pas pour rien que j’ai demandé à un médecin de me suivre et qui était à la fashion-week avec nous. Je fais attention… » La brunette sait que son petit ami s’inquiète simplement pour elle. Mais Ruby savait prendre soin d’elle, même si ça ne se voyait pas forcément, avec tous les problèmes, qu’elle s’était attirée et toutes leurs conséquences.

Une petite bouteille d’eau en main, la demoiselle Turner revenait de la cuisine. Elle s’installait à nouveau sur le canapé et prit ses médicaments. Matthew questionnait Ruby sur les solutions que lui avait proposées son médecin pour se débarrasser de ses angoisses. Selon lui, la meilleure solution pour lui était la discussion. Parler à quelqu’un de confiance ou idéalement à un psy. La jeune femme n’avait pas la moindre envie de voir un spécialiste et encore moins de raconter son histoire à un parfait inconnu. Matthew invitait donc Ruby à parler en lui disant d’aller à son rythme. Mais la demoiselle Turner n’était plus vraiment sur d’elle. Elle ne savait pas si elle était capable d’évoquer tout cela à autre voix sans risquer une nouvelle crise d’angoisse ou de panique. Elle ne l’avait jamais fait. Ruby en avait parlé avec Blake, mais elle n’avait pas besoin de raconter quoi que ce soit puisqu’il avait tout vécu avec elle. Il avait été aux premières loges. « Je ne sais pas trop comment commencer… Si je panique ou si je fais une crise d’angoisse, tu sais quoi faire ? » Il valait mieux qu’il se prépare. On ne pouvait pas savoir si ça allait arriver ou non.