Maintenant que Ruby avait dévoilé le contenu de son histoire lié à New-York, Matthew voulait qu’elle franchise une nouvelle étape. Il voulait convaincre sa petite-amie de remettre les pieds dans la grande pomme. La demoiselle Turner c’était promis à elle-même de ne plus se rendre dans cette ville de la côte ouest. S’y rendre n’était pas indispensable. Des tas de gens n’étaient jamais allé à New-York. Pourquoi Blake ainsi que Matthew tenaient tant à ce que Ruby se rende à nouveau à New-York. Pour les fashions-weeks, la jeune brune pouvait la gérer à distance et elle voyageait bien assez avec les semaines européennes. « Je pensais, qu’ils ne pouvaient rien me prendre de plus. Mais j’avais tort. Ils m’ont volé ma carrière, ma mobilité, ma santé mentale et ma confiance… Je sais, qu’ils savent où je vis maintenant. Je me demande, si ce ne serait pas mieux pour tout le monde, que je déménage… Je n’ai pas la moindre envie de me rendre à New-York que tu m’accompagnes ou non. Respecte mon choix, s’il te plaît ! » Ruby n’aimait pas qu’on tente de lui forcer la main. La demoiselle Turner n’avait pas la moindre envie non plus, d’arpenter les rues de la plus grande ville des Etats-Unis, en revivant des flashbacks en continue du cauchemar, qu’elle avait vécu.

Matthew estimait que Ruby avait fait bien assez de révélations pour ce soir. Il proposa à sa petite-amie de se changer les idées en sortant un peu. Il lui proposait de lui raconter le reste plus tard. La demoiselle Turner doutait d’y parvenir. Elle avait déjà eu tellement de mal à se lancer une première fois. « Si on s’arrête maintenant. Je ne suis pas sûre de réussir à te raconter le reste plus tard. » Peut-être qu’il était préférable qu’elle continue sur sa lancée une bonne fois pour toute. Du moins, si Matthew tenait à tout savoir. La suite, Little Rock était moins pénibles que l’épisode de New-York. Mais ça restait tout aussi complexe à évoquer. Le jeune homme proposait à Ruby de se rendre sur la plage. « Tu as besoin de prendre l’air ? » Peut-être, que lui aussi avait besoin de s’aérer. Ce que la jeune brune lui avait révélé ne devait pas être évident à entendre pour lui. Surtout, qu’il était du genre très protecteur avec ses proches et que là, il n’avait rien pu faire. Il n’avait pas été non plus au courant des problèmes que rencontrer son ex de l’époque avant qu’elle soit rattrapée et qu’elle ait frôlé la mort de très près. L’équipe de protection lui avait même fait croire à sa mort. « On peut aller sur la plage, ça ne me dérange pas. » Ils pouvaient y rendre à pied, ils vivaient vraiment à quelques pas de Venice Beach.

Souvent, Ruby se demandait si revenir à Los Angeles n’avait pas été une mauvaise idée. Elle aimait sa vie actuelle. Mais peut-être, qu’elle aurait dû suivre sa première idée pour le bien de tous. Vivre loin de la cité des anges et continuer à rester dans l’ombre. Qu’on s’en prenne à elle, la demoiselle Turner s’en fichait, elle pouvait encaisser. Elle l’avait toujours fait et elle pouvait continuer. Sa plus grande craindre, c’est qu’on tente de l’atteindre en s’en prenant à ses proches. Comme ils s’en étaient pris à elle pour faire du mal à Blake. Si jamais Logan, sa famille ou même à Matthew étaient pris pour cible, Ruby ne s’en remettrait pas et elle ne se le pardonnerait jamais. La jeune femme pensait que toute cette histoire était derrière elle. Mais malheureusement, elle s’était trompée. Ça ne prendrait jamais fin tant qu’elle respirait encore. Ruby devra toujours vivre sur ses gardes et finalement la réticence de Matthew d’avoir un enfant était une bonne chose. La demoiselle Turner ne pouvait pas mêler un petit être innocent à toutes ces histoires.

Apparemment, Matthew n’allait pas insister à propos d’un éventuel voyage à New-York, Ruby lui en était reconnaissante. La demoiselle Turner ne voulait plus entendre parler de cette ville et elle n’était pas disposée et encore moins prête à changer d’avis à ce propos. En revanche, son petit ami lui proposait de prendre l’air et de poursuivre les révélations plus tard. La jeune femme ne savait pas si elle pour reprendre, si elle s’arrêtait maintenant. « Prête, je ne l’ai jamais réellement été. Je fais ce que je peux… » Elle en avait tout de même plus dit que ce qu’elle aurait pensé. Ruby demandait tout de même à Matthew, s’il avait lui besoin de s’aérer l’esprit. À priori, ce n’était pas le cas, c’était vraiment pour elle qu’il proposait de sortir. « Tu veux en savoir plus ? C’est beaucoup lié à Blake… » Peut-être que les révélations sur New-York lui suffisaient et que Little Rock n’était pas si important pour lui. D’ailleurs, il n’appréciait probablement pas d’écouter sa petite amie parler de son ex Blake, tout comme elle n’apprécierait pas de l’entendre parler d’Alessia.

Ruby ne saurait pas dire si elle préférait continuer son récit ou s’arrêter là pour aujourd’hui. Mais le problème, c’est que si elle en restait là ce soir, elle ignorait si elle aurait la force d’en reparler plus tard ou même un autre jour. Le sujet Little Rock était moins douloureux que New-York. Tout ce qu’elle avait pu vivre en Arkansas était définitivement derrière elle contrairement au reste. Mais ce qui s’était passé là-bas plairait beaucoup moins à Matthew. Il pourrait même se mettre en colère. « Tu sais déjà que je me suis réveillée à Little Rock paraplégique… C’était compliquée pour moi, puisque j’adorais bouger énormément. Mais ça signifiait également la fin définitive du mannequinat… Le plus dur, c’est qu’un mois auparavant, j’avais avorté. C’était justement pour ne pas abandonner ma carrière… Donc inutile de dire que le regret était encore plus grand. » Ruby n’avait pas le souvenir d’avoir abordé une seule fois, la date de son avortement avec Matthew ou avec qui que ce soit d’autre. Mise à part, avec Blake, il y a quelques semaines. « Mais le plus dur, c’était évidemment de n’avoir pas eu l’occasion de vous dire au revoir. D’apprendre, que je ne vous reverrais tous plus jamais. » Toutes ses pertes avaient totalement détruit Ruby. Elle n’avait plus rien à quoi se raccrocher ou la motivation de se relever, aussi bien au sens propre que figurer. La convalescence a été extrêmement dure pour elle. « J’ai complètement lâché prise… Je n’avais pas la force de me battre à quoi ça aurait servi, je n’avais plus rien… Plus personne… J’ai donc fait une dépression… Je ne faisais rien, ne parlais pas, rien… J’étais vraiment une coquille vide… C’était assez grave… Jamais tu ne m'aurais reconnue.» Matthew avait toujours connu la Ruby pleine de joie de vivre ou la furie en colère. Toujours la femme avec beaucoup de caractère. Elle marquait une pause avant de reprendre. « Blake tentait de me secouer… Mais il a eu énormément de mal à me faire réagir… Apparemment, il est plus têtu et plus déterminé que moi. » Pour Ruby, s’était délicat de parler de Blake, elle savait à quel point Matthew ne le supportait pas. « C’est pour lui finalement que je me suis battue et relever petit à petit. » La demoiselle Turner était revenue de très loin. Son petit ami n’avait aucune idée du degré de dépression dans lequel, elle était à son réveil et elle ne rentrerait pas dans les détails. C’était toujours trop tôt et douloureux. Mais Matthew savait que si Ruby se battait pour quelqu’un d’autre qu’elle-même, c’est que cette personne devait énormément compter pour elle. Si aujourd’hui Ruby marchait et était épanouie dans sa carrière, c’est parce qu’elle s’était battue pour elle. Mais elle n’oubliait pas, que la première étape de tout cela était un combat pour Blake.

Ruby savait qu’entendre toutes ses histoires et écouter sans pouvoir vraiment réagir, n’était pas quelque chose de simple pour Matthew. Il devait déjà beaucoup prendre sur lui. Elle savait, qu’il ne disait pas ce qu’il pensait de peur, que sa petite amie réagisse au quart de tour. En temps normal, la demoiselle Turner était du genre impulsif. Mais là, c’était encore pire. Ruby était vraiment à fleur de peau. Pour pouvoir raconter, tout cela, elle avait dû laisser tomber presque la totalité de ses barrières. Ce n’était pas un exercice évident, pourtant elle voulait bien prendre ce risque si ça pouvait apaiser ses angoisses. Ces émotions qui lui gâchaient vraiment la vie. « C’était même beaucoup trop… J’ai même eu envie d’en finir… » Pendant cette période, Ruby avait eu les pensées les plus noires de toute son existence. Jamais elle aurait pensé à cela auparavant. Elle avait toujours pensé et soutenu, que la vie était précieuse, surtout après le décès de son frère. Il était parti beaucoup trop tôt, alors qu’il aurait dû avoir la vie devant lui. Mais pendant cette période, sa seule envie était de le rejoindre et rétablir l’équilibre des choses. Après tout, elle avait entendu dire que son réveil était un miracle.

L’entêtement et la détermination de Blake avaient permis à Ruby de sortir un peu la tête de l’eau. Sa dépression évoluait dans le bon sens. Elle sortait de son silence et communiquer un peu avec son entourage et surtout avec Blake. Il ne l’avait pas lâché d’une semelle, même quand elle lui parlait uniquement pour lui faire des reproches ou pour l’insulter. « Ce que je vais te dire ne va sûrement pas te plaire… Mais je dois être totalement honnête avec toi… » La demoiselle Turner marquait une pause avant de reprendre la parole. Elle cherchait ses mots. « Au début, à Little Rock, ma relation avec Blake était très conflictuelle… J’étais violente dans mes mots et dans mes gestes avec lui. Je l’ai pris pour cible parce que je le tenais pour responsable, alors que ce n’est pas le cas... Il était le seul que je connaissais. Le seul cinglé pour rester quand même près de moi avec toutes les horreurs que j’ai pu lui dire. » Ruby se servait un autre verre, elle buvait une gorgée avant de poursuivre. « Au fur et à mesure des semaines, les sentiments ont évolué et j’ai encore eu la confirmation qu'entre la haine et l’amour, il n’y a qu’un seul pas. » La première fois que Ruby avait réalisé la frontière infime entre ses deux sentiments, c’était quand elle avait appris que Matthew l’avait trompé. Tout l’amour, qu’elle avait pour lui, c’était aussitôt transformé en haine, tellement son cœur avait été brisé par cette annonce. « Du coup, je ne te fais pas un dessin. On a rompu à mon retour à Los Angeles… Lui ne voulait pas revenir en Californie et moi, je ne voulais pas et ne pouvais pas le suivre à New-York où il a fait sa formation pour le FBI. » Seul l’éloignement avait causé leur rupture, ni l’un, ni l’autre ne croyait aux relations à distance. Il n’avait eu aucun souci ou conflit entre eux. « Enfin, Blake et moi n'avons pas totalement rompu… » En effet, aux yeux de la loi, ils étaient toujours mariés, même s’ils étaient séparés depuis quatre ans.

Matthew comprenait, que Ruby avait pu penser au suicide pendant la période à Little Rock. En quelques minutes, la demoiselle Turner avait appris, qu’elle avait absolument tout perdu. Il avait essayé de lui annoncer avec douceur, mais ça avait totalement raté. La chute de la jeune femme avait été terrible. Il lui avait même fallu des mois pour se relever et se reconstruire. Son retour à Los Angeles, il y a quatre ans lui avait été très bénéfique. Il était fort probable que Ruby n’aurait pas fait autant de progrès, si elle était testée loin de sa ville natale et de ses proches. Riley, seule n’aurait pas fait non fait. Riley étant son identité lorsqu’elle vivait à Little Rock. Elle aurait vraiment été totalement seule puisque Blake avait rejoint sa formation pour le FBI à New-York. « Non, je n’ai jamais eu le courage de passer à l’acte… Je pensais beaucoup à mon frère… Je suis sûre, qu’il m’en aurait énormément voulu… Lui n’a pas eu le choix alors qu’il aurait aimé vivre encore… » Continuer à vivre était le meilleur choix à faire. Il faut se dire que quand les temps sont durs ce n’est que passager, la roue finit toujours par tourner un jour ou l’autre.

En parlant de Riley Montgomery, celle-ci était mariée à Apollon Montgomery. Les nouvelles identités de Ruby Turner et de Blake Rhodes. D’ailleurs, la jeune femme avouait à Matthew qu’elle avait eu une relation amoureuse avec le policier. Ils étaient en couple pendant la période Little Rock. Maintenant, elle devait lui annoncer qu’elle était unie à Blake par les liens sacrés du mariage. Heureusement que Ruby n’est pas croyante. Sinon elle penserait, qu’elle irait tout droit en enfer. En effet, elle avait brisé absolument tous les vœux possibles, que l’on pouvait faire lors d’un mariage. « Il n’y a jamais eu et il n’y aura jamais aucun de dérapage de la part de Blake. C’est un homme droit. De plus, il ne fera jamais rien qui pourrait me contrarier… » Ruby avait une confiance aveugle en Monsieur Rhodes, mais elle savait que ce n’était pas le cas de Matthew. Son petit ami a toujours été très méfiant vis-à-vis de Blake. La demoiselle Turner venait d’avouer à Matthew qu’elle n’avait pas totalement rompu avec son ex petit ami. Elle pouvait sentir l’énervement ou l’agacement et un peu d’inquiétude dans la voix de son petit ami. Ruby savait qu’il allait s’énerver, elle ne savait pas vraiment comment tourner la phrase pour qu’elle passe mieux. Mais elle réalisait qu’aucune manière serait réellement douce. « Essaye de ne pas t’énerver, je n’y suis pour rien. D’accord ? » Elle marquait une pause avant de reprendre. « J’ai appris, il y a quelques semaines, que je suis toujours mariée à Blake. Ça va faire un peu plus de quatre ans maintenant. Quand j’ai récupéré mon nom d’origine, j’aurais dû annuler le mariage ou divorcé. Mais je pensais que ça se ferait automatiquement après la protection de témoin. Blake a demandé le divorce, mais j’ai souvent changé d’adresse à mon retour à Los Angeles du coup, je n’ai jamais reçu les papiers. Et il n’a pas insisté, il ne compte pas se marier et nous non plus. Mais il s’occupe à nouveau des papiers du divorce quand ça sera fait, il me les apportera en main propre. Je tiens aussi à préciser que quand on a commencé à sortir ensemble tu étais mariée à Kiara. » Ruby n’avait pas laissé Matthew en placé une. Elle voulait qu’il entende tout avant d’avoir une quelconque réaction. Elle avait aussi parlé assez rapidement ce qui n’était pas vraiment dans ses habitudes. Mais là, elle sentait qu’elle n’avait pas le choix. Elle ne pouvait clairement pas faire autrement.