Ruby préférait ne rien répondre, quand Matthew lui demandait de faire attention avec les médicaments. Elle lui avait déjà dit, qu’elle était prudente. La jeune femme avait même demandé l’assistance d’un médecin, pour ne pas risquer, de faire des bêtises avec les doses. Elle ne pouvait pas faire plus attention que ça. Puis elle ne pouvait pas se passer des médicaments. Ce n’était pas une vie non plus de faire des crises d’angoisse ou de paniques à limite chaque heure. Cela aussi, ça pouvait la mettre en danger d’une manière différente.

Maintenant, que la demoiselle Turner avait dit à Matthew, qu’elle allait lui raconter, tout ce qui lui était arrivée à New-York et à Little Rock, l’histoire de A à Z, elle devait se lancer. Mais, Ruby lui avouait, qu’elle ne savait pas par où commencer. Jamais, elle n’avait jamais raconté cette histoire à haute voix. C’était bien la première fois… Donc elle ne savait vraiment pas comment débuter. Elle savait encore moins, si elle était capable de tout évoquer, de tout revivre sans craquer. Par craquer, elle ne voulait pas seulement parler des larmes, qu’elle pourrait verser. Elle faisait aussi allusion aux crises d’angoisse ou de panique qui pouvaient se déclencher à n’importe quel moment. C’est pour cette raison, que Ruby préférait demander à Matthew, s’il savait quoi faire, si jamais ça se produisait. Apparemment, il savait comment gérer les crises de la jeune femme. Il avait dû se renseigner à un moment ou un autre. « D’accord. Tu en es sûre ? Tu sauras gérer ? » La demoiselle Turner but une gorgée d’eau avant de dire. « Je crois, que j’aurais besoin d’un truc plus fort que de l’eau. Tu peux nous trouver ça, s'il te plait ? » Demande Ruby à Matthew. Elle retardait l’échéance pour en parler, mais c’est vrai que l’alcool lui serait utile. Ça l’aiderait probablement. C’étaient vraiment quelques choses de très compliquée pour elle. Elle n’était pas encore totalement prête pour évoquer tout ça. Mais est-ce qu’un jour, elle serait vraiment prête ? Il fallait absolument qu’elle se lance, un jour ou l’autre. Et ce jour était arrivé. « Ok… New-York... C’était le 2 décembre 2011… » Ruby se souvenait de cette date comme si c’était hier. Jamais, elle ne pourrait l’oublier. « Je venais enfin d’attirer l’attention de Blake, on a bu un verre et on a décidé de se promener… C’est à ce m… à ce moment-là que… que tout à commencer… » Elle marquait une pause avant de reprendre pour avertir Matthew cette fois. « Je tiens à bien te préciser que tout ce qui est arrivé et en aucun cas de la faute de Blake. Même si je sais que tu penses le contraire. Tu as tort rien n’est de sa faute… Les seuls fautifs sont ceux qui nous on fait du mal, à tous le deux… » Ruby voulait être claire dès le début avant d’en dire plus.

Ruby s’était assurée, que Matthew sache bien gérer ses crises de paniques, si jamais elle en faisait une. Il lui avait simplement dit de lui faire confiance. La demoiselle Turner lui ferait confiance. Elle espérait seulement, qu’elle avait raison et qu’il saurait vraiment comment réagir. La jeune femme se contenta de répondre un simple : « Ok… »

À présent, il fallait qu’elle se jette à l’eau. Elle commençait par New-York comme lui avait suggéré Matthew. D’ailleurs, elle ne pouvait pas commencer par autre chose étant donné qu’il s’agissait du commencement. Après avoir donné la date et planté le décor, Ruby préférait avertir une fois de plus Matthew. Blake n’était pas responsable de toute cette histoire, même s’il avait toujours pensé le contraire. Son petit-ami s’était contenté de répondre d’un signe de la tête. Ce qui était suffisant pour la jeune femme pour le moment.

La demoiselle Turner prenait entre ses mains le verre de whisky que Matthew lui avait servi. Elle en but une petite gorgée avant de reprendre en tournant le verre entre ses mains. La simple pensée de ses événements la rendait nerveuse. « Je me souviens qu’on marchait en parlant et en riant beaucoup. D’un coup, des hommes sont apparus de nulle part… Ils ont sûrement utilisé du chloroforme ou un truc du genre puisqu’après, c’est le trou noir… Jusqu’au moment où je me suis réveillé ligotée à une chaise dans un entrepôt désaffecté... Blake était en face de moi et il se prenait de nombreux coups. Je crois, il avait des informations, qu’ils voulaient… En fait, je n’ai jamais vraiment su pourquoi… » L’image de Blake attachait à cette chaise battue était dure pour Ruby. Elle se souvenait des ecchymoses sur son visage et du sang. La demoiselle Turner marquait une pause. « Les cicatrices que j’ai… Je t’ai dit que c’était dû à ma maladresse ou à l’accident… En fait, je t’ai menti… Je savais que ça te rendrait dingue, que tu voudrais savoir et je ne voulais pas en parler ... Elles viennent, la plupart de ses trois jours à New-York… » Tous les souvenirs revenaient et Ruby commençait à avoir les larmes aux yeux. Mais elle n’allait pas se mettre à pleurer pour autant.

Ruby avait pris son courage à deux mains ce soir. Après avoir bu une petite gorgée de whisky, la jeune femme s’était jetée à l’eau. C’est en prenant une profonde inspiration qu’elle racontait son histoire, celle de son calvaire à New-York. La demoiselle Turner avait commencé en décrivant la façon dont elle s’était faite enlever et l’endroit. Elle avait poursuivi en lui avouant que ses cicatrices ne venaient pas tout de ses maladresses ou de ses nombreux accidents quel qu’ils soient. Matthew s’en doutait, ce qui n’étonnait pas la jeune femme. Il lui avait pris la main. Son contact lui donnait un peu plus de courage. Elle connaissait son petit ami et vu son passé, il savait reconnaître certaines blessures. Ruby tendait ses bras. « Ça, ce sont des brûlures de cigarette. » Elle montrait toutes ses petites brûlures. Elle avait raconté, qu’elle se les été faites avec de l’huile en cuisinant. Ce qui aurait pu être vrai. Mais la réalité, c’est qu’elle avait servi quelques fois de cendriers à ses ravisseurs. « Quand ils se sont rendu compte que Blake était résistant à la torture. Mais qu’il se souciait de moi. Ils sont changés de stratégies. C’est moi, qu’ils ont commencé à battre. Ça a marché, puisque Blake a assez rapidement commencé à leur dire, ce qu’ils voulaient. » Jusqu’à aujourd’hui, Ruby ignorait les raisons de cet enlèvement. Blake n’avait pas voulu lui dire quelles informations, ils voulaient et ce que lui leur avait donné. Il disait que ça pouvait la mettre encore plus en danger. La demoiselle Turner voulait bien le croire. Elle n’insistait pas pour savoir, bien qu’elle soit une femme très curieuse. « Ça a duré trois jours avant que Blake saisisse l’opportunité de nous faire sortir de cet entrepôt. Trois jours qui m’ont semblés interminables. J’avais l’impression d’y avoir passé des mois. » La demoiselle Turner bue une nouvelle gorgée de whisky, mais cette fois beaucoup plus grosse. Simplement en raconter ces événements le cœur de Ruby accélérait et les larmes montaient. Elle avait l’impression de tout revivre et de ressentir à nouveau les coups qu’ils lui avaient infligés. Des coups qu’elle avait tenté d’encaisser en serrant les dents pour ne pas trop inquiéter Blake.

Ruby montrait les marques de brûlures sur ses bras. Celle qui correspondait aux cigarettes, que ses ravisseurs avaient écrasées sur sa peau. Mais c’étaient les seules cicatrices que la demoiselle Turner expliquerait. Elle ne comptait pas rentrer davantage dans les détails. Elle en révélait bien assez pour le moment et c’était bien assez difficile pour elle. Peut-être qu’un autre jour, plus tard, elle lui expliquerait le reste de ses cicatrices. Par contre, ce ne serait pas pour tout de suite. Il ne fallait pas trop lui en demander, non plus. Matthew allait encore devoir faire preuve de patience, s’il souhaitait approfondir tout cela. Ruby faisait déjà de très gros effort en évoquant New-York, son enlèvement et sa séquestration. La jeune femme venait d’évoquer le moment où Blake avait trouver le moyen de les sortir de l’entrepôt où ils étaient détenus.

La demoiselle Turner venait de finir son verre de whisky. Matthew ne le laissait pas longtemps vide. Une fois qu’il lui remplit à nouveau le verre, Ruby le prenait entre ses mains, avant de reprendre la parole. « Je ne sais pas trop, comment Blake a réussi à se défaire de ses liens… Il a profité de la négligence d’un des ravisseurs qui laissaient souvent l’une de ses armes traînées… Il l’a pris et il nous a fait sortir après des échanges de tirs… Il a été toujours et moi, j’ai eu la chance qu’une balle m’ait seulement frôlé… On a appris lui tard que Blake a tué l’un des quatre ravisseurs. D’où la vengeance… » Ruby désignait ses jambes, évidemment, elle faisait référence au pseudo-accident, qu’elle devrait plutôt appeler tentative de meurtre. Elle but une gorgée de sa boisson avant de poursuivre. « On s’est fait soigner par un ami médecin de Blake… On n’est pas partie à l’hôpital de peur, qu’ils nous retrouvent. Dès qu’on était en état de voyager, on est rentré à Los Angeles. On a essayé de se faire discret, mais avec mon métier, tu imagines bien que c’était impossible… Je n’étais non plus pas prête à arrêter le mannequinat… J’aurais dû, je ne serais peut-être pas dans cet état aujourd’hui. » Ruby finissait son second verre. Il allait falloir qu’elle ralentisse. « Encore après ça, je suis quelques fois retourner à New-York. Notamment, lorsque j’étais assistant d’un agent de mannequin, c’est à ce moment-là, qu’ils m’ont retrouvé et suivi à Los Angeles pour me pousser sous les roues d’une voiture et me laisser pour morte… » Maintenant, peut-être que Matthew comprendrait mieux pourquoi Ruby refusait de mettre de nouveau les pieds à New-York. Elle avait affronté et dompté sa peur une fois et finalement elle avait eu de plus gros problème, un handicap et la fin d’une carrière.

Raconter son histoire était une épreuve difficile pour Ruby. Mais elle venait d’accomplir la moitié du chemin. Elle avait raconté l’épisode de New-York, sans craquer ce qui était un véritable exploit pour la jeune femme. La demoiselle Turner ne s’en croyait pas capable, elle craignait même de faire une crise d’angoisse avant même de commencer. Mais finalement, elle avait été plus forte que ce qu’elle pensait. Maintenant, il faudra qu’elle reproduise la même chose concernant Little Rock. Par contre, Ruby ignorait si elle en parlerait ce soir ou non. Elle craignait de trop pousser et de finalement vraiment craquer.

Pendant que Ruby faisait son récit, Matthew a été étrangement calme. Il n’avait fait que de petits commentaires sans la moindre importance. Ça ne lui ressemblait pas. La jeune femme pensait qu’il poserait au moins quelques questions. Mais il n’en fit rien. Finalement, son petit ami lui faisait une remarque à propos de New-York en lui disant, elle ne pouvait pas vivre pire. C’est bien ce qu’elle pensait au départ et finalement, il avait trouvé pire. En la poussant sous une voiture, il l’avait totalement détruite. Ce n’était pas qu’au niveau physique, mais aussi psychologique. Elle avait vraiment tout perdue et aujourd’hui, encore Ruby craignait, qu’il trouve encore pire. « Toi aussi, tu vas me dire que ma peur de retourner à New-York est ridicule ? » Demanda-t-elle en détachant sa main de celle de Matthew. C’est ce que lui avait dit Blake, il y a quelque temps, lors d’une conversation. Une discussion qui avait été quelque peu houleuse pour divers sujets.