Ton corps blotti contre mon torse se secoue au rythme de tes sanglots et je ne peux que te garder là, tout contre moi, abasourdi. Mon regard fixe le vide, perdu quelque part entre mes pensées qui se bousculent et des émotions que je ne maîtrise pas. Mes yeux sont ouverts et pourtant, la vue n’est pas le sens qui domine à cet instant. Après un instant où je suis resté figé et raide, j’ose finalement poser doucement mon menton contre ton crâne, le parfum de tes cheveux m’obligeant à fermer les yeux, laissant les vers de Verlaine me revenir en mémoire. Pourtant, moins subtiles, l’odeur de l’alcool me fait rouvrir les paupières subitement.
Tu as bu.
Qu’est-ce qui a bien pu se passer, Lilly ? Quel monstre peut t(arracher tant de larmes ? Je ne sais pas vraiment, ce que j’ai vu, tout à l’heure. Seulement ta détresse. Et cette dernière a été suffisamment puissante pour me décider à transgresser plusieurs de mes interdits et à quitter ma zone de confort. Et me voilà, parfaitement impuissant à t’offrir ce que je n’étais jusque-là incapable d’offrir à qui que ce soit.
Tes pleurs semblent doucement s’apaiser alors que moi-même je trouve le moyen de me détendre et d’apprécier ce moment, ce contact chaud alors même que tes pleurs ont le don de me retourner le cœur. Je n’ai pas parlé, pas un mot, mais est-ce vraiment nouveau, ça ? Et puis voilà que tu te désengages doucement, laissant ton visage aux yeux rouges m’apparaître. Je déglutis légèrement : autant te prendre dans mes bras et te soutenir quand tu t’abandonnais s’est avéré finalement plutôt facile, autant affronter ton regard rougi plein d’interrogations me met en difficulté. Je détourne légèrement le regard mais ta main sur ma joue attire mon attention. Le contact est doux, il ne laisse pas dans son sillage cette sensation désagréable qui court habituellement sur mon épiderme.

— Tu es là...  souffles-tu dans un murmure et c’est à ton tour de déglutir alors que nos regards se trouvent et ne se lâchent plus. Tu souris faiblement et j’ai le sentiment de me sentir allégé d’une partie de mes chaînes. Elles sont toujours là, mais peut-être simplement plus lâches… Et puis, ton visage s’approche du mien et le temps semble se suspendre durant lequel mes pensées se bousculent. Je panique peut-être un peu intérieurement, mais je reste pourtant figé sur place.
Le baiser sur ma joue est ...surprenant. Je passe d’un regard confus et surpris à celui de l’interrogation. Je ne comprends pas vraiment ce qui me vaut ce baiser ni pourquoi il me laisse un goût d’inachevé alors que je n’ai jamais été quelqu’un de tactile. Tes paupières se ferment et ce n’est peut-être pas plus mal : tu ne verras donc pas les traits de mon visage qui se sont quelque peu durcis alors que j’essaye de comprendre ce qui me traverse. Pourtant, tu presse ta tempe contre la mienne et c’est peut-être encore une fois ton parfum ou alors ta douce voix qui m’apaise quand tu me murmure au creux de l’oreille :

— Reste avec moi. 

Rester avec toi.
Il est hors de question que je te laisse dans cet état pour reprendre mon poste. Je ne serais jamais serein à cette idée. Je réfléchis, mon silence étant bien de façade tant mes pensées sont des bourdonnements dans ma tête. Je n’arrive pas à répondre, pas tant que je n’ai pas trouvé la solution adéquat. Comme si chaque décision que je prends, chaque mot qui franchit mes lèvres étaient aussi mûrement réfléchit qu’un déplacement aux échecs. Je recule très légèrement ma tête, et mon regard quitte le lagon de tes yeux pour se perdre sur tes lèvres et un instant me prend l’espoir d’enfin savoir quel parfum elles peuvent réellement avoir. Est-ce que ce contact-là aussi pourrait s’avérer bien plus que surmontable pour peu que tu en sois l’auteure ?

Et puis l’impact.
Tu m’es arrachée. Et pourtant, mes doigts trouvent le moyen de te retenir en attrapant avec autant de fermeté que de douceur ton poignet.
Un instant, je crains qu’il ne s’agisse de celui qui t’a causé autant de tourment.
Je ne me suis jamais battu.
Raven et Devon jouaient souvent au catch ou à la boxe mais je détestais ça. Ils m’ont déjà chahuté, comme tous les grands-frères, je présume, mais se sont rapidement rendus compte de l’angoisse et de la détresse dans laquelle ça me mettait quand ils me privaient de mes mouvements.
Je n’ai jamais aimé les conflits, j’ai tendance à les fuir ou bien les désamorcer : l’avantage probablement de ne pas avoir un égo particulièrement développé. Pourtant, avec toi dans la balance, je sens une volonté nouvelle qui m’anime. Les sourcils froncés, je dévisage l’auteur de cette bousculade mais il n’a rien à voir avec celui auquel je pense. D’ailleurs, il s’excuse platement et je me détends, relâchant ton poignet, non sans une petite œillade confuse.

— Mille excuses j’avais le nez dans mon téléphone, je ne faisais pas attention, vous allez bien ?

— Il n’y a pas de mal dis-je, en acquiesçant, à notre nouvel interlocuteur mais je te glisse un nouveau regard, plus attentif : Est-ce que… ça va ? Je me racle la gorge, mon regard balayant brièvement la foule pour revenir sur toi et le jeune homme, visiblement partagé entre les responsabilités qui m’incombent.

— On devrait s’éloigner de là... Vous aussi, Monsieur. Évitons les accidents bêtes…

A Valentine’s concert

Devon & @Sanaa J. Keagan

«This is the rythm of the night»

Les semaines se font longues depuis ma suspension. J’me fais chier comme un rat mort ! l’enquête suit son cours. Eliott dit que c’est en bonne voie. Ça fait pourtant des mois qu’on me rabâche la même chanson. Mais, j’ai envie de le croire. Malheureusement, sans l’accord du psy, je ne pourrais pas reprendre le boulot. Depuis que le centre commercial s’est envolé en fumée, ils m’ont foutu en congé maladie forcé. Bon au début, je l’étais, c’est vrai. Je ne dormais pas beaucoup. Je revoyais sans cesse plein de cadavres. Le doc estimait que je n’étais pas prêt pour revenir. J’ne me souviens plus du jardon médical qu’il m’a déblatéré pour expliquer les séquelles psychologiques engendrées par ce drame. Mais là, j’en ai plein le cul ! ça fait des mois que ça dure ! Je dois pourtant attendre l’évaluation finale pour avoir son feu vert, ce qui ne devrait plus vraiment tarder. Une question de jours, d’après mon équipier. Quand je pense que mon avenir dépend d’une putain de signature sur un papier ! Après, même si je reprends le taffe, ils ne vont pas me renvoyer directement sur le terrain mais me coller au bureau pour gérer toute leur paperasse de merde. Qu’est-ce que ça peut me péter les couilles !

Chaque année, la ville organise de petits évènements sympas pour réunir les angelins dans la joie et la bonne humeur. Cette fois-ci, ils ont eu l’idée d’un concert en plein air sur la plage. Pourquoi pas ! je sais déjà qui des collègues vont devoir patrouiller ce soir. Habituellement, ça aurait été pour ma pomme. Mais par chance, j’y échappe. Je suis d’ailleurs bien content de pas avoir à gérer toute une bande, de dégénérés. Ce genre d’évènement a tendance à monter à la tête de certains qui ne se sentent pousser des ailes. Et après bah, ça part en couille. Je sais aussi que @Doyle Whitmore bosse ce soir. Chargé de surveillance d’après ce qu’il m’a dit. J’vois d’ici sa gueule ! lui qui adore ce genre de festivités ! (ironique). Du coup, comme je n’ai rien à foutre ce soir, au lieu de glander, j’me suis dit que j’irais y faire un petit tour pour le voir. En arrivant, pas de trace du cadet, mais d’une belle créature aux cheveux ébènes qui ne me laisse pas indifférent. Un sourire en coin étire le creux de mes lèvres tandis que mes pas m’amènent jusqu’à toi. Je pose une main sur ton épaule et te surprends. Nos regards se rencontrent et ma quintuplé lentement glisse jusqu’à ta main : Si mademoiselle veut bien ? demandai-je sourire aux lèvres pour poliment t’inviter à danser.

interagi avec @Doyle Whitmore &  @Devon Whitmore

Sanaa avait été bousculée par un jeune homme qui avait tout de suite présenté des excuses. Il n’y avait pas mort d’homme. Il y avait beaucoup de personnes ici et une petite bousculade pouvait rapidement arriver. Après avoir rassuré le secouriste qui l’avait heurté qu’elle allait bien, le regard de la brunette s’était dirigé vers son badge. Ce dernier avait attiré son attention parce qu’il indiquait un nom qui lui était familier. La nature curieuse de la jeune femme prit le dessus. Elle posait à son interlocuteur une question qui pouvait sembler indiscrète et personnelle. Du coup, elle avait préféré s’excuser d’avance. Il devait probablement penser qu’elle était bizarre. Sanaa justifiait sa question en se qualifiant comme étant la voisine de Devon. La jeune secouriste confirmait les soupçons de Sanaa en affirmant qu'il était bien le frère du policier, avant qu'il ne se présente. « Enchanté Doyle. Moi, c’est Sanaa. » La jeune femme avait seulement eu le temps dire cela avant que Doyle ne s’excuse pour une raison qu’il laissait en suspens avant de s’en aller. « Vous aussi passez une bonne soirée. »

La demoiselle Keagan profitait de ce petit moment pour envoyer un message à sa mère. Elle lui faisait entièrement confiance, mais elle voulait tout de même s’assurer, que tout se passait bien avec sa fille, Lily. Autrement, la jeune femme pouvait très bien écourter sa soirée. Sanaa venait tout juste d’envoyer son message, quand une main vient se poser sur son épaule. Cette personne l’avait prise au dépourvu et l’avait fait sursauter. En se retournant, elle espérait ne pas tomber sur le genre de gros lourd qu’on pouvait rencontrer lorsqu’on associait musique et alcool. Du soulagement et un large sourire s’affichaient sur le visage de Sanaa en découvrant qu’il s’agissait de Devon. Décidément, quand on parle du loup. La jeune femme attrapa la main qu’il lui tendait en ajoutant. « Avec plaisir. Mais fais attention, ça devient une habitude. Je vais demander une danse à chacune de nos rencontres ou je serais tenté de t’appeler, quand j’aurai besoin d’un partenaire de danse. » Dit-elle pour plaisanter.

A Valentine’s concert

Lilly & members

«Chasser le mal par le mal»

Reste avec moi. Ne me quitte pas ce soir. Je me suis trop languie de toi pour que tu m’échappes. Tu es la lueur d’espoir dans mon enfer ce soir. Reste avec moi. Ne me quitte pas. Je n’ai fait que penser à toi. Tu tourmentes mon esprit la journée et tu hantes mes nuits. Reste avec moi. Ne me quitte pas. Pas ce soir.

Tempe contre tempe, les yeux clos, je m’enivre de ton parfum délicieusement addictif. Par de douces petites caresses, mes doigts timides effleurent délicatement le dos de ta main. Puis, tu recules légèrement la tête et nos yeux se découvrent alors d’un peu plus près. Je suis là, si proche, hypnotisée, bouleversée, consumée par un désir inexpliqué que je n’ai eu de cesse de repousser. Tu es là, si proche, et la tentation de tes lèvres grandit à mesure que les secondes s’égrènent. Nous sommes là, seuls, si proches et tout s’éclaircit tel le clair de Lune. Je te désire ce soir, c’est un fait. Je te veux ce soir, c’est une évidence.

Malheureusement ce soir, le goût de tes lèvres ne demeurera qu’un rêve familier car nous sommes heurtés de plein fouet par une tierce personne. La violence du choc me fait basculer en arrière. Je me voyais déjà trempée jusqu’aux os, toutefois, ta main salvatrice m’empêche de finir à la mer, et, comme un boomerang, je retombe dans tes bras : Mille excuses j’avais le nez dans mon téléphone, je ne faisais pas attention, vous allez bien ? résonne une voix qui ne m’est pas inconnue. Enfin, je crois. Je ne sais pas en fait. Je ne suis plus en mesure de réfléchir avec lucidité.

Il n’y a pas de mal réponds-tu à notre interlocuteur. Toutefois, tu me sembles un peu tendu. Là encore, je n’émets aucune certitude sur ce que je vois. Et puis, tous mes doutes et mes interrogations dès lors que tes iris ambrés m’interpellent.

Est-ce que… ça va ? Je suis encore un peu sonnée et l’alcool qui brûle dans mes veines ne m’aide pas vraiment à me remettre les idées en place. Je te dévisage, toute déboussolée : euh je… mon regard bifurque ensuite sur le jeune homme. Je fonce légèrement les sourcils, pas vraiment sûre de ce que je vois : Art ? est-ce que…c’est toi ?

On devrait s’éloigner de là... Vous aussi, Monsieur. Évitons les accidents bêtes…  s'éloigner ? Comme ce que tu as fait avec moi ces derniers moi ? comme Julian...Cassidy...Wyatt...Tout â coup, la réalité me revient en pleine face telle une grosse gifle et tout ce rêve utopique se meurt.

J'entreprends un mouvement de recul peu assuré à cause de l'alcool, puis je me détache de toi et m'éloigne de quelques pas en titubant, manquant à nouveau de tomber. J'essore le bas de ma robe puis passe mes mains dans ma chevelure dorée avant de vous observer tous les deux à tour de rôle. Je déglutis essayant de me donner un peu de contenance, mais la vérité c'est que j'ai la tête qui tourne affreusement. Un silence se pose. Silence durant lequel je renifle un peu, je me racle la gorge puis vous fixe tous les deux avant de tourner de l'œil et de litteralement m'efondrer sur le sable.