Explications - JAIMIE & SANAA

Explications...

Jaimie Keagan & Sanaa Keagan

“ L'amour d'une mère pour ses enfants est donné sans contrepartie. ”

Sanaa avait écouté attentivement son fils. Elle le croyait, elle ne doutait pas une seule seconde de sa parole. Elle était également attristée et choquée par tout qu’elle venait d’apprendre. Tout ce qu’il avait dû subir sans rien dire de peur que personne ne le croie. La brunette s’en voulait horriblement. Elle se sentait tellement impuissante. Elle ne pouvait pas s’empêcher de se sentir coupable. Tout était sa faute, c’était la conséquence de ses mauvaises décisions, de ses mauvais choix. Jaimie payait aujourd’hui les pots cassaient de bien des manières. La seule chose qu’elle pouvait faire maintenant c’était d’être la pour son fils, mais aussi de faire en sorte que ce professeur paye pour ses actes. Elle ne lâcherait pas l’affaire à ce sujet. « Je sais que tu n’es pas un menteur, Jaimie. Je n’en ai jamais douté. »

La jeune mère était surprise d’entendre son fils dire qu’il ne voulait pas aller dans une école privée parce qu’il ne voulait pas qu’elle gaspille son argent pour lui. Comment il pouvait penser une chose pareille ? Qui avait pu lui donner cette idée totalement erronée ? Avec un léger geste de tendre, Sanaa le rassurait à ce sujet. Jamais rien ne serait du gaspillage ou du gâchis le concernant. La brunette avait été surprise lorsque Jaimie l’avait pris dans ses bras. Ce n’était pas dans ses habitudes d’être démonstratif de cette façon. C’était plus qu’agréable. Un sourire s'était dessiné sur le visage de Sanaa. Elle avait passé ses bras autour de lui. Il avait fini par s’éloigner. Le câlin était trop court selon la jeune femme, mais elle était déjà très reconnaissante de ce qu’elle avait eu. D’autant plus qu’elle ne s’y attendait. Elle n’aurait pas cru en avoir le droit aujourd’hui ou prochainement à un quelconque geste d’affection de la par de son fils. « On choisira ensemble ton nouveau lycée privé ou pas. Je ne te l’imposerai pas, rassure-toi. »

Sanaa avait avoué à son fils qu’elle s’en voulait de n’avoir rien vu concernant sa situation et son mal-être dans son internat. C’est vrai que c’était difficile voire impossible de remarquer quelque chose à plusieurs centaines de kilomètres, mais c’était plus fort qu’elle. Jaimie lui-même était conscient qu’elle n’a rien pu savoir. « Tu peux me promettre que si quelque chose de ce genre arrive à nouveau, tu m’en parleras ? Si tu ne me fais pas assez confiance, que tu en parleras quand même à quelqu’un, à Seth ou à Jake ou quelqu’un d’autre en qui tu as confiance qui pourra t’aider. Fais moi cette promesse s’il te plaît. »

Jaimie serait dispensé de faire des excuses à son professeur. Il n’en méritait pas, c’était même l’inverse selon Sanaa. C’était Jaimie qui devrait recevoir des excuses de la part du professeur. Apparemment, la brunette s'était mal exprimée puisque son fils était parti au quart de tour. « Je ne doute pas de ce que tu dis. Je t’ai dit que je te croyais. Là, c'est toi qui me prends pour une menteuse. » Ce ne serait pas première fois qu’il la qualifierait de cette manière, mais ça faisait toujours aussi mal. C’était horrible pour Sanaa de ne pas avoir la confiance de son fils. Elle savait qu’elle était fautive, elle n’aurait jamais dû lui cacher la vérité à propos de son père. Même si elle l’avait fait uniquement pour le protéger et finalement le résultat était pire.

Jaimie acceptait sa punition en donnant son téléphone et sa console de jeux avant de se sauver dans sa chambre. Il avait complètement ignoré les derniers mots de Sanaa. Ils contenaient une déclaration et une proposition de discussion. « Attends Jaimie ! » La brunette avait essayé de retenir son fils avant qu’il ne fonce vers les escaliers, mais en vain. Il avait été beaucoup trop rapide pour elle et déterminé. Sanaa poussait un long soupir en s’asseyant sur le canapé. Elle savait que ça ne servait à rien d’aller le voir maintenant. Il serait entièrement fermé à la conversation et ça risquait d’envenimer la situation. Elle lui laisserait quelques heures pour se calmer.

Pendant ce temps, Sanaa avait appelé Jake pour lui demander s’il pouvait garder Lily pour la nuit, même si elle était censée la passer chez sa mère aujourd’hui. Elle préférait rester seule avec Jaimie et tentait d’apaiser les choses avant que Lily ne rentre à la maison. Elle serait bien mieux avec son père plutôt qu’ici avec toute cette tension qui y régnait. Sanaa avait préparé le repas préféré de Jaimie. C’est vrai qu’elle tentait de l’amadouer, mais elle voulait surtout lui faire plaisir. C’était une autre façon de lui souhaiter un bon retour à la maison. Elle avait tout préparé avant de monter à l’étage et de frapper à la porte de sa chambre. « Jaimie ? Je peux entrer ? Je suis désolé, j’ai été maladroite. »

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@Jaimie Keagan

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▬ “Je ne veux pas bâtir ma vie sur les sentiments parce que les sentiments changent. Ils sont fragiles et incertains. Tu les crois profonds et ils sont soumis à une jupe qui passe, à un sourire enjôleur. Et puis... des gens qui s'aiment pour la vie, moi, je n'en connais pas.”

Jaimie est assis à terre, adossé contre la porte de sa chambre. Les mots de sa mère résonnent encore dans sa tête, ses mots à lui également, leur dispute, provoquant un tourbillon d'émotions contradictoires en lui. Il entend encore le 'Attends Jaimie !". Mais il n'a pas attendu. Ce serait mal le connaître ! Il n'est pas du style à suivre les ordres. Est-ce que c'est vrai ? Est-ce lui au fond, qui a cessé de croire en elle et pas l'inverse ? Depuis quand est-ce comme ça ? Depuis quand est-il devenu à ce point... En colère ?
Il lance sa balle, une balle rebondissante, qu'il fait rebondir partout mais quoiqu'il arrive, elle atterrit toujours dans sa main. C'est facile pour lui de savoir prédire le mouvement de la balle. Et cela lui permet de ne plus trop réfléchir pendant qu'il pense à ça, à ces rebondissements. Il aime cela. Il aime le bruit que cela provoque, il aime le calcul qu'il fait pour arriver à estimer la trajectoire de la balle, il aime le contact de la balle contre sa peau quand elle a atterrit dans son poing fermé et il aime sa nonchalance quand il s'en sépare et la satisfaction qu'il éprouve en la récupérant. Encore et encore. Mais bientôt, ce tumulte d'émotions va prendre le dessus. Il l'entend, sa mère monte les escaliers. Il le sait parce que la troisième marche grince, la 7ème bouge légèrement, provoquant une sorte de grattement, la 12ème est plus fragile que les autres, elle fait donc plus de bruits. Et plus il l'entend se rapprocher, et plus son jeu de balle devient rapide, plus violente également. Cela fait quoi ? 1h ? 4h ? qu'il est ici ? Il n'en sait rien mais c'est pas assez. Il n'aime pas être seul parce que la solitude est synonyme de réflexion, bah forcément, quand il n'y a plus rien à faire... Il ne reste plus qu'à discuter avec soi-même.
Pourtant, malgré son aversion pour la solitude, il préfère rester là, assis et ne pas bouger. Il écoute sa mère lui parler, un peu distrait. Cela lui prend du temps pour lui répondre, assez pour croire qu'elle est partie. Mais non, elle est restée puisque sinon, il aurait entendu les marches...

-Non, tu n'as pas été maladroite.
Fit Jaimie, distant, continuant de lancer sa balle dans sa chambre, puisque bon, pas de console, pas de jeux vidéos, pas de téléphone... Il ne lui reste plus grand chose à faire à part ça, ça le détend. Cela rend folle Lily d'ailleurs. A ce souvenir, Jaimie sourit. Sourire qui se fane bien vite.

-C'est faux. Je te prends pas pour une menteuse. Non. Toi, tu ne mens pas. Tu omets des détails, tu caches la vérité, tu la dissimules... Mais tu ne mens pas.
Puis Jaimie soupire.

-Et moi, ton fils, je suis un menteur. Quelle ironie, non ? J'ai menti un nombre incalculable de fois. Mais pas sur ça. Ce que j'ai vécu, c'est pas un mensonge. C'est pas une grande trouvaille que j'ai découvert pour te faire souffrir. C'est pas une vengeance puérile pour m'avoir blessé. C'est simplement les faits. Que tu les remettes en doute ou pas, ça changera rien. Et j'aurais tellement aimé que cela change. Que tout change. Mais c'est ce qui s'est passé deux fois, et nous en sommes là. Pathétique.

Puis Jaimie reprend son mouvement fluide de la main, pour enfin finir par...
-Laisse-moi tranquille. J'en peux plus de... De tout. De toi, de Jeff, de ce prof minable, de ses mots à lui, de mes mots à moi, de nos maux... Je veux plus les entendre, les ressentir. Maman, fais que cela cesse. J'en ai marre. J'en ai marre de les entendre. Encore et encore. Tel un mantra. C'est dans ma tête, je comprends pas pourquoi. Qu'est-ce que c'est ? Hein ?

Sa colère monte, sa tristesse également, et dans un mouvement brutal, il lance fort et calcul mal sa trajectoire, la balle retombe juste à côté de son visage. Sa main s'affaisse. Tandis que la balle continue de rouler pour venir se poser contre le mur opposé. Il n'a pas fait beaucoup d'efforts physiques, pourtant... Il respire fort, il est épuisé, comme s'il l'avait fait le triathlon. Peut-être que finalement, pour lui, c'est bien plus physique de se confier que d'en faire un, de triathlon !

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Jaimie Keagan & Sanaa Keagan

“ L'amour d'une mère pour ses enfants est donné sans contrepartie. ”

Toutes les tentatives de Sanaa pour tenter d’apaiser les choses avec Jaimie avaient lamentablement échoué. Au moindre mot de travers de sa mère, l’adolescent réagissait au quart de tour et il se renfermait sur lui-même. Il ne lui laissait aucune chance pour se rattraper. Elle devait marcher sur des œufs avec lui. Il était préférable qu’elle réfléchisse bien avant de dire quoi que ce soit. C’était épuisant, elle ignorait si elle pouvait être dans cette situation très longtemps. La demoiselle Keagan se demandait si c’était la même chose qu’elle avait fait subir à Jake. Les dernières années de leur relation n’avaient pas été simples. Elle se souvenait qu’elle prenait beaucoup de choses mal et qu’elle pouvait réagir au quart de tour. Comme Jaimie, aujourd’hui, elle avait ses raisons et c’était également une accumulation de choses.

Jaimie avait décidé de mettre fin à la conversation sans laisser le choix à Sanaa. Il s’était enfermé dans sa chambre. Après quelques heures à attendre dans l’espoir qu’il soit plus calme, elle montait les escaliers. En arrivant à la porte de sa chambre, elle frappait en s’excusant de sa maladresse. Elle attendait qu’il l’autorise à ouvrir la porte et qu’il invite à entrer. Jaimie prit quelques minutes avant de répondre à Sanaa. Malheureusement, la porte restait close. Elle écoutait son fils parler à travers la porte. Il n’était pas d’accord avec le fait qu’elle ait été maladroite. La brunette ne voyait pas de quelle autre manière, elle pourrait qualifier ses propos. Elle ne mentait pas lorsqu’elle disait qu’elle le croyait. Elle n'a dissimulé aucune vérité cette fois contraire à ce qu’il lui faisait remarquer. « J’ai fait ça dans l’unique but de te protéger. Je n’ai jamais voulu te faire du mal. C’est la dernière chose que je souhaite. »

L’enfance difficile de Sanaa avait eu un impact sur sa décision de cacher à Jaimie l’identité de son père biologique. Ce n’était pas uniquement à cause de la promesse qu’elle avait faite à Jeffrey. Une promesse dont elle se mordait les doigts d’avoir accepté. Celle-ci s’était finalement retournée contre elle. La jeune mère avait décidé de ne rien dire à son fils parce qu’elle avait également connu l’indifférence d’un parent. Elle ne connaissait que trop bien la souffrance que cela pouvait provoquer. Les dégâts que ça pouvait engendrer. En effet, Sanaa avait perdu son père l’année de son dixième anniversaire. Suite au décès de son mari, sa mère s’est réfugiée corps et âme sans son travail pour oublier sa peine. Elle en avait même oublié l’existence de sa fille. Elle avait quitté les États-Unis en laissant à la grand-mère paternelle la charge d’élever sa fille. Elle ne prenait pas la peine de prendre de ses nouvelles, se contentant de renflouer son compte bancaire. Durant toute son adolescence, Sanaa avait tout essayé pour attirer l’attention de sa mère, sans succès. Pourtant, elle était allée loin et elle avait même franchi tous les interdits. Rien n’était assez important pour avoir ne serait ce qu’un coup de fils de la part de sa mère. C’est seulement après le décès de sa grand-mère et qu’elle avait appris que Sanaa était en charge seule d’un bébé qu’elle est revenue à Los Angeles. À défaut d’avoir été une mère pour Sanaa, elle avait décidé d’être une grand-mère pour Jaimie.

L’absence de son père avait fait du mal à Sanaa, mais l’indifférence de sa mère l’avait totalement détruit. Jaimie n’avait pas eu un grandi sans père, il avait eu très tôt Jake dans sa vie. Les liens du sang n’avaient aucune importance dans cette situation. Être parent, c'était bien plus qu’une histoire de génétique. Jeffrey n’était que son géniteur et pour Sanaa, il n’était pas indispensable à la vie de son fils. D’autant plus que l’année de sa naissance et les quelques années qui ont suivi, Jeffrey n’était pas quelqu’un de très fréquentable. Il était dealeur et consommateur de drogues, la brunette comme n’importe quelle mère voulait protéger son fils et le tenir loin de tout ça. Sa véritable erreur avait été de ne pas complètement rayer Jeffrey de sa vie. Elle l’avait toujours laissé revenir vers elle et Jaimie. Encore une fois, elle avait fait mauvais choix.

Jaimie continuait à parler en se qualifiant de menteur et en se justifiant sur le fait que cette fois ce n’était pas le cas. « Tu n’es pas un menteur, Jaimie. » Ce qu’elle entendait par la suite, lui fendait le cœur. Elle en avait même les larmes aux yeux. Sanaa n’attendait plus l’invitation de son fils, elle tentait d’ouvrir la porte, mais elle était bloquée. « Jaimie laisse-moi entrer s’il te plaît. » Elle avait la voix brisée. Elle ne pouvait pas le laisser dans cet état. Elle devait être là pour lui, même s’il ne la supportait plus.

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@Jaimie Keagan

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▬ “Je ne veux pas bâtir ma vie sur les sentiments parce que les sentiments changent. Ils sont fragiles et incertains. Tu les crois profonds et ils sont soumis à une jupe qui passe, à un sourire enjôleur. Et puis... des gens qui s'aiment pour la vie, moi, je n'en connais pas.”

C'est vrai qu'il était injuste envers sa mère. C'était plus fort que lui. Tout ce qu'ils disent, il en comprend en sens différent, il le change de signification, l'exagère. Au final, cherche-t-il la conversation ? N'est-ce pas là, une excuse pour prendre la fuite ? Se réfugier dans ces quatre murs qui l'oppressent mais le protègent de tout et de tous... A quel moment en est-il arrivé là ? A quel moment est-il tombé si bas ? Pourquoi il a l'impression que son cœur saigne ? Tant d'actes, tant de paroles, tant de fois, il a dû se montrer fort pour les autres dans cet établissement... Mais il n'a que 14 ans, à quoi servent les adultes s'ils ne protègent pas les enfants ? S'il devait jouer le rôle d'un adulte, ainsi soit-il ! Il n'a pas honte de ce qu'il a fait. Il n'a pas honte de se blesser ou de cogner quand il le juge nécessaire. Il n'a pas peur. Mais ce que les gens disent fait terriblement mal. C'est vrai qu'il n'est pas le fils parfait... Mais méritait-il ces propos violents ? N'y-a-t'il que mensonge ou une touche de vérité persiste ? Il l'avoue. Il est terrifié. Terrifié à l'idée que cela soit vrai, qu'il ne soit que déception et honte pour sa maman. Parce que même s'ils passent un moment de crise, il... Il l'aime, la respecte, cela reste sa mère. Rien ni personne ne pourra changer cela. Soupirant une énième fois, il commence à trembler. De froid, de peur, du fait qu'il ne fait rien et qu'il est incapable de rester sans rien faire, de panique ? Il n'en sait rien.

-Je sais.
Dit-il, plus doucement, presque un murmure. Il le sait que tout ce qu'elle fait, c'est pour le bien de ses enfants, de sa petite soeur et lui. Il en est bien conscient. Et le voilà qui l'inquiète encore, à faire sa petite scène, à l'abri des regards. De ses regards... Qu'est-ce qu'il est pathétique. Pourquoi tout doit être si compliqué ? Il n'aime pas ça. Il n'aime pas la brutalité de la chose. Et des mots de ce professeur... Sa mère est quelqu'un de bien. Elle mérite d'avoir quelqu'un de bien en retour en tant qu'enfant... Au final, elle se retrouve avec lui. Sa petite soeur comble le meuble mais... Non, rien. Cela n'a plus d'importance.

Il aime bien sa petite soeur, beaucoup même. C'est une petite créature à protéger, parfois rigolote et un tantinet maladroite et bien qu'il rechigne à passer du temps, parce que "Elle est trop petite", "Je joue pas avec les bébés" et toutes ces choses, il n'empêche qu'il l'apprécie beaucoup et fera tout pour la protéger mais parfois... Parfois, il se demande pourquoi ? Pourquoi un deuxième enfant ? Surtout avec un écart si espacé... Jaimie n'est-il pas à la hauteur ? Souhaite-t-elle le remplacer ? Il sait que c'est ridicule ! Il sait que c'est complètement idiot, mais dans son esprit de "presque-ado", cela fait sens... Un peu.

-Tu n'en sais rien, ça !
S'exclama-t-il, énervé. Elle ne peut pas savoir. Même lui ne le sait pas, alors comment elle, elle le pourrait hein ?!

Puis il débite tout ce qu'il avait à dire, sans arriver à vraiment l'expliquer. Cognant le dos de sa tête contre la perte, dans une tentative désespérée d'oublier les pensées néfastes qui l'assaillent. Il se dit que ce qu'il avait entendu d'une psy est vrai, les enfants sont de vrais éponges émotionnelles ! Ha bah ça craint ! Vraiment, c'est craignos. Tout pourri que de les faire ainsi.

-Non...
Explique-t-il. Pourquoi s'évertue-t-il à lutter seul hein ? Pourquoi s'évertuer à rester dans ses silences, dans cette pièce oppressante ? Est-ce par fierté mal placée ? Parce que ce n'est pas la bonne personne... ? Pas... La bonne personne... ? Son corps se crispe, s’obligeant lui-même à arrêter ses soubresauts, à arrêter de bouger, pour réfléchir. Qui laisserait-il entrer ? A qui permettrait-il de le voir dans un état si... Désespéré ? Pathétique ? Ridicule ? Grotesque ? Bref, il a compris, une réponse sauta à ses yeux. Jake. Il a besoin de Jake. Il a envie que son papa le prenne dans ses bras et lui dise que tout ira bien. La réalisation se fait, la certitude également, il a besoin de son...

-Papa... Maman... S'il te plait, appelle Jake. J'ai besoin de le voir. S'il te plait... Je t'en prie.
S'il venait à supplier, c'est que vraiment, c'était important. La plupart du temps, il déteste supplier, quémander, demander de l'aide. Mais là, c'est évident, il a besoin d'aide. Et n'est-ce pas la première étape de la guérison ? Ha ! Comme s'il était malade... Il est juste... Bizarre. Il n'a pas besoin d'être soigné, il a juste besoin de Jake, son père, son champion, son héros. Le seul à qui il accepte de tout dire, de ses blagues les plus réussies à ses confessions les plus intimes. C'est de cet homme plus que tout qu'il a besoin, même s'il ne l'avouera qu'une seule fois, c'est tout !

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Jaimie Keagan & Sanaa Keagan

“ L'amour d'une mère pour ses enfants est donné sans contrepartie. ”

Il était inutile d’être devin pour se rendre compte que Jaimie était au plus mal. Il ne supportait plus personne, en particulier ses professeurs, Jeffrey et sa mère. Sanaa était blessée d’être relayée au même niveau que ses deux prédécesseurs, mais elle pouvait le comprendre. Elle était l’une des causes des maux de son fils. Elle s’en voulait terriblement. Jamais elle ne se le pardonnerait, mais elle mettrait tout en œuvre pour se rattraper et se racheter. Voir Jaimie dans cet état brisé littéralement le cœur de Sanaa, elle se sentait tellement impuissante et démunie. Elle aurait aimé avoir le pouvoir d’apaiser son cœur, de le réconforter, le prendre dans ses bras. Malheureusement aujourd’hui, elle n’avait plus ce pouvoir. Elle avait tenté de rentrer dans la chambre de Jaimie en se passant de son autorisation. Ce dernier connaissait bien sa mère. Il avait probablement anticipé sa réaction en bloquant sa porte. Sanaa voulait être présente pour lui, le soutenir face à ce qu’il vivait même si elle était une partie du problème. Elle ne pouvait pas rester comme ça sans rien faire, les bras croisés. Cette situation était de la torture pour elle.

Jaimie finit par demander quelque chose à Sanaa. Il souhaitait qu’elle appelle son père. La brunette aurait préféré qu’il lui demande autre chose. À présent, elle n’avait pas totalement confiance en Jake pour apaiser les choses. Elle savait que même sans le pouvoir, il pourrait dire des choses qui envenimeraient la situation. Comme toutes les choses négatives qu’il avait dites à Jaimie à propos de son père biologique avant même que le jeune garçon prenne la décision de connaître son identité ou non. Il avait fait comprendre à leur fils que son géniteur était quelqu'un de mauvais et pas fiable. Sanaa savait que Jake avait fait ça, en partie parce qu’il n’a jamais apprécié Jeffrey, mais également puisqu'il craignait de perdre Jaimie. Même si la demoiselle Keagan se tuait à lui répéter que ce n’était pas le cas. Jake manquait de confiance en lui. Sanaa essuyait ses larmes, tentait de reprendre un peu de contenance en répondant à Jaimie. « D’accord, je vais appeler Jake. Je vais chercher mon téléphone, je reviens. » Même si elle se doutait qu’il ne portait aucune importance au fait qu’elle revienne ou pas. Il ne souhaitait que la présence de Jake.

Sanaa redescendait dans le salon dans lequel elle avait laissé son téléphone portable. Elle prenait quelques secondes avant d’appeler Jake. Elle avait très brève. Elle n’avait aucune envie de s’éterniser dans cet appel. « Jake, c’est Sanaa. Est-ce que tu pourrais venir s’il te plaît ? Jaimie s’est enfermé dans sa chambre. Il n’accepte de parler qu’à toi. » Dit-elle avant de raccrocher. Elle ne l’avait pas laissé parler ou poser des questions. Sanaa savait que Jake était capable d’avoir énormément de questionnements, ce qui avait le don d’agacer énormément la jeune femme. Elle n’avait pas besoin de ça maintenant. Elle remontait à l’étage avec son téléphone dans la main. Elle s’adossait à la porte de Jaimie en lui disant simplement. « Ton père est sur le chemin, il arrive. »

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@Jaimie Keagan & @Jake White

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Speak friend, and enter

Jaimie, Sanaa & Jake

Jake profitait de la présence de sa fille aujourd'hui, bien que ça n'était pas son jour. Sanaa lui avait demandé de la garder exceptionnellement afin qu'elle puisse s'occuper de Jaimie. Jake savait que l'attitude de leur fils n'était pas exemplaire à l'internat mais il n'aurait jamais pensé que Sanaa doive finir par aller le chercher là-bas après une exclusion. Comme d'habitude, Sanaa ne l'avait mis au courant que des grandes lignes à savoir l'exclusion. Il n'avait aucune idée de ce qui avait amené l'internat à prendre cette décision et à part si Sanaa était décidée à le lui dire, il allait devoir attendre la version de Jaimie.

Il écoutait Lily lui expliquer comment jouer au dernier jeu qu'elle avait inventé lorsque son téléphone avait sonné. L'écran indiquait Sanaa. Il avait juste eu le temps de décrocher et de dire "allo" que Sanaa lui avait dit de venir car Jaimie s'était enfermé et voulait lui parler avant de raccrocher. Jake avait regardé son écran, se demandant s'il n'avait pas rêvé cet appel tellement ce qui venait de se passer était lunaire. Si Jaimie avait besoin de lui, il n'avait pas besoin de réfléchir. Il avait interrompu le jeu de Lily en lui disant qu'ils devaient y aller. Il avait installé Lily à l'arrière de sa voiture pour se rendre plus vite chez son ex mais il n'avait pas pris la peine de bien se garer une fois arrivé chez elle. Il avait pris sa fille et il avait sonné à deux reprises chez Sanaa. Vu la situation, qui avait l'air tendue, elle serait capable de ne pas venir ouvrir en pensant que c'était un démarcheur qui venait l'embêter. Sanaa lui avait ouvert la porte, avait pris la main de leur fille et lui avait simple dit "vas-y" en le poussant un peu dans le dos. Bon, il allait devoir composer sur le tas pour comprendre ce qu'il se passait on dirait.
Il avait frappé à la porte de Jaimie pour signaler sa présence

Jaimie ? C'est moi...tu voulais me voir ?

made by black arrow

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You're stuck on me like a tattoo

Je t'aime, J'sais pas pourquoi Je rejoue la scène Et c'est toujours la même fin qui recommence Tu n'entends pas ma peine On en fait quoi ? Est-ce que tu m'aimes ? Ou pas?

Il sait le mal qu'il cause à sa mère. A la torture qu'elle doit subir en sachant que son fils préfère un autre pour l'aider. Il sait qu'elle doit se sentir aussi impuissante que lui derrière cette porte, ils se causent mutuellement du tord. Les premières fois, Jaimie lui voulait du mal, puérilement, tel l'enfant qu'il est et qui se venge au niveau qu'il peut. Il le savait que c'était enfantin... Que c'était... Pas très malin. Pourquoi les gens qui s'aiment se font du mal ? Pourquoi hein ? C'est pas juste. C'est pas... Jaimie. Pourtant, il le fait. Malgré lui, ou non, il le fait. Il joue le jeu. Mais en quoi est-ce un jeu ? Il n'y a rien de drôle à cela. Ni pour sa maman, ni pour lui. Il n'y a que deux âmes solitaires qui souffrent, juste différemment pour des raisons différentes. Mais cela ne change rien au fait qu'ils devraient se comprendre. S'ils partagent leur douleur, alors pourquoi ne comprend-t-il pas ? Hein ? Pourquoi tout est flou ? Pourquoi plus le temps passe, et moins il arrive à la cerner ?

Dans des situations de crise où quelqu'un a besoin d'aide, dans certains cas, cela est impossible. Parce que ce n'est pas le bon moment, parce qu'il n'est pas encore prêt à pardonner, à lui, aux autres, à tout le monde. Parce que la personne qui désire ardemment l'aider n'est pas celle qui pourra changer la donne... Et c'est ce qui se passe en ce moment. Jaimie et sa mère, il n'est pas vraiment prêt à tout lui dire, à se pardonner, à lui pardonner... A passer outre ces moments qui restent gravé dans ses esprits, ses pensées insécures qui mettent en doute sa relation avec sa maman, ses émotions qui sont incompréhensibles, qu'il n'arrive pas à appréhender. Mais avec Jake... Il est prêt à tout. Capable du pire pour garder son père auprès de lui, pour que son père, si ce n'est de sang, de cœur, vienne à lui, qu'il puisse l'écouter, le prendre dans ses bras, lui dire que tout ira bien. Que quoiqu'il se passe, il n'est pas mauvais. Que quoiqu'il arrive, ils resteront père et fils. Voilà sa véritable peur. Voilà ce qu'il cherche à dissimuler. Depuis qu'il connait l'existence de cet autre, cet homme qui ne lui a accordé aucun sourire, aucun regard. Celui qui les a quitté... Il ne veut que Jake. Il ne veut que son vrai papa. Pas un leurre, pas une contrefaçon. Mais voilà, il vient seulement de le comprendre. Mais voilà, il a beau avoir compris, il ne sait comment le dire à la personne concernée.

Sa maman accepte d'appeler son père, et lui, il a juste envie de lui crier de rester, de ne pas partir, de ne pas le laisser seul... Mais il se retient. Il préfère rester seul pour ce qui va advenir... Pour ce qui est inéluctable... La première larme file sur sa joue, suivit d'autres... Roulé en boule, contre la porte qu'il l'a empêché d'être vu par sa maman. S'il laisse ses larmes coulés seulement quand elle est partie, c'est simplement par fierté. Simplement parce qu'il est l'homme de la maison, composé de sa maman, de Lily et de lui, il ne veut pas qu'elles le voient ainsi, que cela soit l'une ou l'autre, pleurant de chaudes larmes. Paraître faible. Que devant Jake, il est convaincu que ce dernier le saura. Il comprendra qu'il désire rester fort pour celles qu'il souhaite protéger de tout, même de lui même. C'est pour cela qu'il ne veut pas parler à sa maman, il risque de pleurer devant elle, de faiblir devant son regard inquiet. De quoi aura-t-il l'air ? Jake, quant à lui, c'est l'homme de sa famille à lui, composé de Jaimie, Lily et Jake. C'est son père. L'homme vers qui il désire tendre, ressembler. C'est pourquoi, seulement maintenant, il pleure.

Finalement, après ce qu'il lui semblait une éternité... Il entend la voix de sa mère qui lui explique que son père arrive, contenant sa voix pour qu'elle ne comprenne pas ce qu'il se trame derrière la porte, il lui murmure un "Merci". Tellement bas qu'il n'est pas certain qu'elle aie entendu. Si elle l'entend, se demandera-t-elle pourquoi sa voix est éraillée ? Pourquoi il a eu dû mal à prononcer ce malheureux petit mot... ?

Refusant de laisser les larmes coulés à nouveau, il s'essuya les yeux, ces derniers rougis, bouffis par le frottement de sa manche et de ses larmes. Reniflant un peu, le nez qui coule, une boule dans sa gorge fort désagréable, il attend. Refusant de dire, de pleurer, de craquer à nouveau, allant jusqu'à mordre sa main, comme pour le rendre plus alerte, comme pour que la douleur interne ne devienne un rien qui l'incombe face à la douleur physique, la vraie, la véritable, la réelle. Souffrir du corps lui évite de souffrir de l'esprit. Il revient à son comportement d'avant, ses tremblements, ses soubresauts, toujours la mâchoire fermée sur sa paume et le dos de la main, recouvrant également la partie basse du pouce. Une manière à lui de se réconforter. Tel un bébé qui sucerait son pouce, lui il mord sa main. Mettre quelque chose dans sa bouche le réconforte. Il se doute qu'à force de se taper comme ça sur la porte, de se mordre, il finira avec quelques ecchymoses. Ce qu'il fait pourrait être considéré comme une crise de panique... Peut-être ? Il n'a pas l'impression de paniquer, il a l'impression de couler. Cela revient-il au même ?

Puis tout s'arrête. Ses soubresauts, sa morsure, ses cognements à la porte... Tout. Parce qu'il entend une voix. Jake. Une seule chose reprend, une seule. Ses larmes. Elles reviennent. Se relevant, les jambes tremblantes, il ouvre simplement la porte. Se moquant que sa mère pourrait être derrière, se moquant de tout. Il voulait simplement que Jake soit là.

La porte ouverte. Il restait simplement debout, en le regardant. Presque choqué. Que cela soit vrai ? Qu'il soit vraiment là, devant lui. Ses larmes perlent sur ses joues sans qu'il ne fasse attention. Il n'a même pas cherché à essuyer ses larmes. Non... Il a avancé d'un pas tremblant. Lui qui court tous les matins, il n'est même plus capable de faire un pas dans cet état... Mais qu'importe. Il s'approche encore de Jake, et d'une réactivité qui le surpris lui-même, il l'enlaça. Pas anodinement, il s'accrochait à lui, il s'agrippait à sa veste à moins que cela ne soit une chemise ? Il posait sa tête contre son cou, lui qui s'était résout à pleurer avec le peu de dignité qu'il lui reste, c'est-à-dire silencieusement, il ne put s'empêcher de pleurer bruyamment, finissant à genoux tellement que ses jambes étaient flagellantes. S'accrochant toujours au tissu de son papa, ne le lâchant jamais. Cela lui semblait vital.

-Papa...
Il lui parle pour la première fois mais cela semblait difficile de savoir ce qu'il voulait dire, entre ses pleurs, ses reniflements, ses soubresauts. Ses mots étaient très mâchés, incompréhensibles, "papa" ressemblait plus à "Pwoi". L'autre "Pa" de papa ne voulant pas sortir de la bouche de Jaimie.

-Si tu te poses la question.
Essaie-t-il de dire, la voix éraillé, rauque, basse, après quelques temps, essayant tant bien que mal de se calmer.

-J'éli~ J'élimine jus~ Juste mes tox~ Toxin~ Toxines.

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Jaimie, Sanaa & Jake

Le comportement de Jaimie avait changé, comme tous les adolescents, il passait forcément par une phase de rebellion envers ses parents. Mais lui, il devait en plus de tous ces changements hormonaux gérer l'arrivée d'un père. Enfin l'arrivée...plutôt la révélation d'un père biologique qui avait finalement toujours fait partie de sa vie mais sans y tenir un réel rôle. Et même si Jake avait mis de l'eau dans son vin pour discuter avec Jeffrey et lui demander de faire des efforts avec Jaimie et de ne pas agir comme lui-même en temps normal, une part de lui avait peur qu'il ai parlé dans le vide et que jeffrey n'en fasse qu'à sa tête.

Après l'appel de Sanaa et lors de son arrivée chez elle, Jake avait été laissé dans le flou. Il ignorait tout de la situation qui se déroulait chez les Keagan, même s'il se doutait que ça devait être important pour que Sanaa fasse appel à lui. Il était monté, face à la chambre de Jaimie. Il entendait des bruits derrière la porte...pas forcément rassurant. Enfin tout dépendait de la perspective : s'il y a du bruit, Jaimie était toujours là et ne s'était pas sauvé par la fenêtre. Mais Jake entendait un frappement constant et des espèces de chouinement...ça n'était pas dans les habitudes de Jaimie qui avait toujours voulu être l'homme de la maison. Même enfant, lors de leurs premières rencontres, Jaimie lui avait dit qu'il était l'homme et qu'il s'occupait de sa maman. C'était aussi pour ça que lorsqu'il l'avait appelé papa, Jake avait su que Jaimie l'acceptait non seulement pour lui mais aussi pour prendre soin de sa mère.

Il avait fait savoir sa présence à Jaimie et lorsque ce dernier avait ouvert la porte, ils s'étaient regardés un instant, comme pour s'assurer que l'autre était bien réel. Jake était heureux de revoir son fils...avant de réaliser les larmes qui coulaient sur ses joues. Non...ça n'allait pas. Il avait murmuré son prénom, comme pour lui confirmer que oui il était bien là devant lui et qu'il ne le quitterait pas.

Il avait juste eu le temps de tendre un bras vers son fils qui était tremblant avant qu'il ne se retrouve accrocher à lui, comme un naufragé sur un canot de sauvetage. Jake l'avait serré, aussi fort qu'il le pouvait. Ca n'était pas le moment d'avoir peur de lui faire mal en le serrant trop fort. Jaimie avait besoin de sentir sa présence et mine de rien lui aussi voulait le sentir près de lui. Il sentait sa chemise être de plus en plus humide au fur et à mesure des sanglots de Jaimie mais il s'en fichait totalement. Et pourtant Jaimie malgré ses larmes essayait encore de faire de l'humour.

D'accord...et bien, tu peux éliminer autant que tu veux, je suis là

Connaissant son fils, il savait que Jaimie avait simplement voulu le rassurer et peut-être aussi rassurer Sanaa au cas où elle l'entendrait ou écouterait afin qu'elle ne les rejoigne pas. Jake l'avait légèrement soulevé de terre - ce qui montrait aussi à Jaimie qu'il pouvait se laisser aller dans les bras de son père - et l'avait ramené dans sa chambre, à l'abris.

Je suis là...je te lâcherai pas...

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You're stuck on me like a tattoo

Je t'aime, J'sais pas pourquoi Je rejoue la scène Et c'est toujours la même fin qui recommence Tu n'entends pas ma peine On en fait quoi ? Est-ce que tu m'aimes ? Ou pas?

Jake... Cela n'avait pas commencé comme une histoire d'amour entre un père et un fils. Rien ne les prédestinait à cela. Pour dire vrai, Jaimie était le "chef" de la maison avant qu'un autre homme n'arrive dans le foyer, l'enfant voulait être l'homme de la maisonnée, celui qui veille sur sa mère. La protéger des hommes aux intentions malveillantes, la défendre contre tout et n'importe quoi. Donc à ses yeux, Jake ne fut pas une évidence. De prime abord, il avait vu sa venue telle une menace, un rapiat qui s'emparerait de sa mère et qui la rendrait malheureuse. Il en avait vu, des hommes peu scrupuleux ainsi. Pourtant, étonnamment, malgré la conviction ferme et forte de Jaimie de faire fuir Jake comme il l'avait fait pour les autres -toute façon, un enfant fait fuir tous les mecs, il en était convaincu-, il n'a pas pu y arriver. Parce que malgré la volonté de Jaimie, Jake était différent. Il a su prendre une place essentielle, si ce n'est centrale, dans la vie de Jaimie. Il fut son confident, son ami, mais plus que tout, Jaimie le considère comme son unique père, le seul qui mérite d'être nommé comme tel, le vrai, l'authentique, le réel, le concret... Celui qui a toujours été là, celui qui restera toujours auprès de Jaimie. Il aime leur moment de simplicité, de complicité. Il aime Jake, il le respecte, il l’idolâtre même. C'est pourquoi il rechignait à le nommer "Papa". Qu'est-ce que cela impliquerait pour eux deux ? Jake le voulait-il ou n'était-il là que pour sa maman ? Puis une fois, comme pour léguer "sa place", il lui a dit, pas plus haut qu'un chuchotement, pour finalement le crier "Papa" ! Comme de peur que ce dernier ne l'aie pas entendu la première fois. Tout bien considéré, cela ressemblait plus à un ordre qu'à une déclaration sentimentale. Jaimie dans toute ta subtilité.

Pourtant, en ce moment, Jaimie ne repensait plus du tout à cet étranger que fut Jake à ses yeux, loin de là, Jaimie pense à ce père, son père. Il pense au fait qu'il a besoin de lui. Besoin de cette bouée à laquelle se raccrocher, de cet ancre qui l'arrête avant de toucher l'iceberg, de ce phare qui le guide lors des jours de tempête... Sa mère l'est également, toutes ces choses, mais il est beaucoup plus récalcitrant qu'avant... Parce qu'il a perdu sa confiance en elle, parce qu'elle a perdu sa confiance en lui. Parce qu'il l'a blessée, parce qu'elle l'a blessé. Parce qu'ils souffrent tous les deux et qu'ils n'osent se le dire. Les non-dits entachent la plus belle des relations, les mensonges l'engloutissent, les supercheries la noient. Pourtant, elle n'est pas morte. Elle a juste pris quelques coups de la part "des aléas de la vie". Elle subit encore quelques intempéries mais elle respire toujours, sous l'eau. Parce que leur système, ce système qu'est leur famille, se doit de se rééquilibrer à n'importe quelle perturbation. Donc ils s'adaptent. Ils le doivent. Ou sinon, la balance penche d'un côté, et tout s'écroule tel un château de cartes.

Oui, il avait accepté que Jake prenne soin de sa maman mais il fallut attendre encore un peu avant qu'il n'accepte que Jake prenne également soin de Jaimie. Ce dernier n'était jamais arrivé à un stade où il avait réellement besoin de Jake, parce que Jaimie était souvent déconnant, rigolant de tout et de rien. Sans prise de tête, il faisait des confidences à Jake, oui, mais rien d'extravagant. Le seau d'eau au dessus de la porte d'entrée qui est tombée sur son professeur ? C'est lui. Mais c'est pas pire que le mec qui a déversé du caramel sur son prof, pour déverser ensuite de la ouate... Histoire de bien coller. Hum, c'était lui aussi en fait. L'oeil au beurre noire qu'il a ? C'est rien ! Faut voir la tête de l'autre, ça en vaut le détour ! Il aurait sa place dans le dictionnaire à côté du mot "Défiguré". La blague qu'il avait dit à son prof ? C'est de lui aussi. Son heure de colle ? Accidentelle, il le jure ! Bon, peut-être l'a-t-il un peu cherché. Bon, okay, c'est carrément sa faute. La personne qui a brossé un cours pour allumer l'alarme à incendie ? Oui, c'est lui aussi. Le gars qui a mis le feu à son bureau en bois en foutant du gel hydroalcoolique sur le banc et en allumant en briquet ? Peut-être que c'est lui aussi... Pas sa meilleure idée d'ailleurs. Où est-ce qu'il a eu ce briquet ? Ha heuuu. Il est possible que, étrangement, l'allume-feu que son surveillant avait dans sa poche s'est retrouvé subitement dans la poche de Jaimie. Un simple empreint... Pour une durée indéterminée. Il avoue, il a mal fait les choses. Il aurait dû jeter ce foutu briquet ! L'arme du crime, sur lui ! Mais c'était sûr qu'il se ferait cramé. Il le sait, sympa le jeu de mots. En effet, c'est bien la seule chose qu'il ait retenu...

Bref, que des confidences sur ce qu'il a fait, pas ce qu'il ressentait. Il est terriblement pudique de ses émotions. Parfois, il arrive même pas à les cerner alors en parler ? La bonne blague ! Donc il préfère fanfaronner devant ses réussites, ses exploits, et il assume parfaitement. Il se prend la colle, le devoir supplémentaire sans broncher -sauf quand c'est injuste- pour finalement... Recommencer.
Il n'apprendra donc jamais...

Pourtant, à aucun moment il n'avait pleuré, ni devant son papa, ni devant sa maman. Pas devant le directeur quand il lui avait annoncé son renvoi, pas devant ce professeur quand il injuriait James dans des phrases bien tournées... Pas une seule fois. Ni de tristesse, ni de bonheur. Mais aujourd'hui, il pleurait. Il lâchait prise, il se permettait de fondre dans les bras de son père, sans rien lui dire, il venait d'accepter Jake autrement qu'en étant le gars tête brûlée et drôle. Ouais, cela lui a pris du temps, mais maintenant, il est juste Jaimie. Avec tous ses traits de caractères, de ses qualités à ses défauts. De ses peines à ses tords, de ses joies à ses fiertés autant puériles que sérieuses. Jake, pendant ce moment avait décidé qu'il serait plus que ce qu'il ne montre à Jake. Peut-être ne voulait-il pas changer leur relation en avouant des confidences plus... Profondes qu'être l'auteur de cette bonne blague. Peut-être n'a-t-il rien dit parce qu'il aimait bien leur conversation sans trop de prise de tête. Et aussi, peut-être parce qu'il a peur d'être sérieux. Parce que devenir sérieux veut dire, devenir adulte, non ? Et lui, il en a pas envie. La dernière raison face à cette sorte de barrière qu'il mettait entre Jake et lui est simplement parce qu'il avait peur que Jake ne le considérait pas comme Jaimie le faisait. Après tout, il avait déjà deux filles, pourquoi aurait-il besoin d'un troisième enfant ? Qui n'est même pas de son sang en plus ! Mais toutes ses peurs se sont envolés à l'instant même où Jake le prit dans ses bras sans hésiter, allant même à serrer Jaimie de telle sorte qu'il en ait mal, mais pour autant, Jaimie ne faisait rien contre cela. Il n'essayait pas de se retirer de cette étreinte, au contraire, il augmentait sa prise, bougeant légèrement mais continuellement pour trouver la place où il pourra être plus proche encore de son papa, dans une étreinte forte et qui faisait mal mais qui le rassurait, le consolait bien plus que ne le ferait des mots.

Et malgré cette situation, malgré l'évidence même, il revint à son comportement d'avant, refaisant un pas en arrière dans sa relation avec Jake, en faisant de l'humour, en dédramatisant ce qu'il se passe. Il ne pense pas être encore prêt à se dévoiler entièrement à son papa, malgré toute l'estime qu'il lui porte, parce qu'il y a ce quelque chose qui le retient. Qu'est-ce que c'est ? La culpabilité, la honte, la peur ? Il n'en sait rien. Mais en attendant, il essaie de prouver que ce n'est pas un pas en arrière de par ce qu'il montre... Ses larmes, ses jambes qui chancellent, qui vacillent sous son poids, ses yeux rouges, ses mains accrochées aux vêtements de Jake, tout, il lui donne tout, malgré la fierté qui lui fait avoir honte de se comporter ainsi. Ha cette foutue fierté... Mais qu'importe, au fond, il sait qu'avec son papa, il se passe quelque chose qui ne s'est jamais produit. Jaimie qui se livre, qui se montre comme étant lui-même et pas simplement une partie de lui. Et dans la force que met Jake dans leur accolade "virile", -Quoi ? La foutue fierté est toujours là- Jaimie se dit qu'il n'est peut-être pas le seul à se livrer, à avoir besoin de cette accolade "virile" finalement. Et au fond, cela le rassure.

Ses pleurs se calment, ses soubresauts aussi, il renifle encore un peu, sa respiration est moins erratique. Il a toujours une boule dans sa gorge mais cela commence à aller mieux. Puis finalement, il ferme les yeux, et se laisse porter par la voix de son papa qui lui qu'il peut éliminer autant de toxines qu'il le veut, et rien que cela, cela fait sourire Jaimie. Puis, toujours les yeux fermés, dans une confiance aveugle, il laissa Jake le soulever légèrement pour l'emmener dans la pièce, eux qui étaient toujours restés sur le pas de la porte de sa chambre. Soupirant d'aise, il commença à relâcher la veste de son papa, doucement, s'enfonçant profondément dans un sommeil qu'il n'avait pas cru arriver de si tôt. Mais il était tellement fatigué... Il a fait un voyage en avion, et puis maintenant toutes ces émotions qu'il a subi, il commençait de plus en plus à s'endormir, perdant ses forces, il mit tout son poids dans les bras de Jake, sachant qu'il saura le rattraper dans le cas où il tomberait en arrière ou au sol, et dans une semi-inconscience, il entendit Jake lui dire qu'il était là, qu'il ne le lâcherai pas. Ce à quoi Jaimie répondit.
-Je sais.

Puis, sans s'en rendre compte, il rajoute.
-Papa... ? Je t'aime.

La dernière partie était un peu passé sous silence, dite la bouche fermée presque, pas parce qu'il avait honte de le dire, simplement parce qu'il s'était endormi dans les bras de Jake.

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Jaimie, Sanaa & Jake

Le point de vu de Jake concernant les enfants était en grande partie, si pas totalement, du à Jaimie. Avant leur rencontre, Jake avait toujours dit qu'il ne voulait pas d'enfant. Ca n'était pas qu'il ne les aimait pas, c'était juste qu'ils évoluaient dans différents niveaux : il ne voyait pas comment gérer un mini humain qui ne faisait qu'hurler ou faire caca. Et il avait aussi l'impression qu'ils ressentaient cette espèce de peur et que du coup, les enfants ne l'aimaient pas. Et puis Jaimie était venu tout chambouler avec ses grands yeux. Jake était tombé amoureux de Sanaa mais également de Jaimie si on pouvait dire. Pas le même amour évidemment ! Mais Jaimie l'avait apprivoisé et lui avait montré qu'un enfant n'était pas si horrible que ça après tout. Il avait été surpris et content lorsque Sanaa lui avait dit un soir, lorsqu'elle le mettait au lit et que Jaimie lui racontait sa journée qu'il avait parlé des activités qu'il avait faites avec papa. Mais pour ne pas trop s'enthousiasmer, il avait mis sur le coup de la fatigue. Mais finalement, Jaimie avait fini par l'appeler papa lui-même.

Pour protéger Jaimie de lui-même, Jake l'avait porté pour l'emmener dans sa chambre. Depuis près de dix ans qu'ils étaient dans la vie l'un de l'autre, Jake avait eu à de nombreuses reprises l'occasion de porter Jaimie dans ses bras mais cela n'était pas arrivé depuis de nombreuses années. C'était un petit homme maintenant. Bien que Jake lui avait déjà donné ce surnom lorsqu'il était petit vu que c'était le rôle de Jaimie dans la vie de Sanaa. Il sentait le corps de son fils aussi léger qu'un pantin, se laisser aller contre lui. Il sentait Jaimie se relaxer contre lui, ses tremblements étaient moins forts, ses sanglots se calmaient...comme si la force de leur étreinte avait pu étouffer le monstre qui avait failli prendre le dessus sur Jaimie et l'enterrer sous un tas d'émotions

En sentant Jaimie devenir de plus en plus lâche contre lui, Jake avait raffermis sa prise autour du corps de son fils de façon à le garder en sécurité contre lui. Après tant d'émotions si fortes, il n'était pas étonné que Jaimie soit vidé à ce point. Mais il trouvait encore la force de parler avant de sombrer dans le sommeil. En tout cas, Jake pensait que c'était ce qu'il se passait. Mais il avait tout de même tenu à lui répondre, à lui rendre cette déclaration si importante à ses yeux.

Moi aussi je t'aime fiston...ça va aller

Il ignorait si Jaimie l'avait entendu ou même compris. Mais il se gênerait pas pour le lui redire. Jake réalisait à cet instant qu'ils avaient besoin de parler à coeur ouvert. Plus qu'il ne le pensait. Ils avaient certainement tous les deux peur de la même chose : être abandonné par l'autre. Mais ça n'était pas le moment à l'heure actuelle. Jake avait soulevé Jaimie, en passant un bras sous ses genoux et l'autre dans son dos, pour aller l'allonger sur son lit. Il lui avait caressé les cheveux, pour lui dégager le visage et l'avait regardé avec un sourire attendri. Là encore il lui rappelait cet enfant qui profitait de l'absence de Sanaa lorsqu'elle devait partir en voyage à l'étranger pour son travail. Cet enfant qui venait le rejoindre en sautant dans son lit puisque maman n'était pas là, autant être à deux.

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