Jaimie ne savait pas ce qui lui arrivait. Il se sentait vide. Qu'une coquille creuse sans rien à l'intérieur. Pourtant il était rongé par quelque chose en lui, cette chose qui n'existe pas. Mais qui est là. Tapis au fond de son être, cherchant à brûler sa chair de l'intérieur, à faire fondre son encéphale, à le réduire en un état plus pathétique encore que celui de poussière. Il y a, dans sa tête, un écho dans ses pensées, un tambourinage perpétuel et incessant. Il y avait au fond de lui une tristesse vague et amère. Non, ce n'était pas le bon mot. C'était un mélange de plusieurs émotions provoquait discorde et confusion en son être. La peur, la crainte, la peine, le chagrin, l'horreur, le mal-être, la colère, la rage, la haine, l'injustice, la tristesse, et puis, un peu, plus profondément encore, il y avait l'amour. Qui réchauffait un peu ses entrailles mais finalement, il est englouti par tout le reste, le négatif. Il n'avait jamais ressenti ça. Cette sensation de ne rien ressentir mais de tout ressentir quand même. Sourd, muet, aveugle... Assourdissant, bruyant, voyant. Cela ne devrait pas être là, il ne ressent rien, mais c'est là. Et tout ce qu'il ne devrait pas ressentir, il le reprend en pleine poire. Tel un boomerang. Comme si un moment, il oubliait tout puis l'instant d'après, en quelques secondes, il revivait ce qu'il avait vécu pendant une année... Puis il oubliait tout. Et ainsi de suite. C'était infernal. C'était perpétuel. Mais malgré tout cela, sa tête était un étaux qui donnait à son mal de tête un écho dans tout son corps. Il avait mal partout. Il avait envie de bouger. Car c'est quand il ne bougeait pas qu'il souffrait le plus. Puis, il y avait aussi... Il y avait aussi cette envie de se défouler, de frapper ce ballon comme si c'était tous ses démons réunis en un objet. Réduire ce qu'il ressentait à un vulgaire ballon... Oui, c'était bien le style de Jaimie.

Alors il frappait. Il frappait si fort. Il se faisait mal aux pieds. Il faisait mal aussi à son père qui se prenait tout de plein fouet. Parce que l'idée de frapper dans le but de marquer était parti depuis longtemps. C'était juste un défouloir, frapper le plus fort, frapper le plus loin, le plus vite possible. La précision n'avait plus de place. Il savait pourtant que son père souffrait de ses coups de ballon, il le savait. Il savait qu'il ne disait rien, qu'il encaissait en silence. Il imaginait l'inquiétude que son comportement provoquait au fond des yeux de son père. Il savait tout cela. Mais il ne voulait pas s'arrêter. Il aurait aimé que tout cela s'arrête, mais il n'avait plus vraiment de contrôle sur son corps. Cela lui faisait du bien de se défouler, à défaut de hurler. Parce qu'il avait une voix étrangement sereine, calme, posée. Pourtant son corps et son esprit démontraient le contraire. Il ne savait pas pourquoi, il ne savait pas comment. Mais ce qu'il était en train de faire lui faisait du bien. Et il y avait aussi cette peur d'aller dormir, de fermer les yeux et... De ne pas oublier. D'être prisionnier de sa conscience. Que son âme reste pour toujours encrée dans une réalité qui n'en est pas une. Car il sait pertinemment que ce serait trop lui demander que de rêver. Même les cauchemars, après tout, ce sont aussi des rêves. Des mauvais rêves. Et ces derniers, il semblait les avoir collectionner. Mais lui, il n'aspire qu'à l'oubli.

Puis finalement, il s'arrête. Il prend le ballon entre ses mains et le passe à son père pour lui demander d'inverser les rôles. Bien évidemment, ce n'est pas vraiment une demande. Ou alors c'est une demande dont il attend simplement un "Oui" et dont le "non" est prohibé. Mais voilà, Jake a préféré ne pas répondre ni un, ni l'autre. Ce qui fait que Jaimie se contenta de lui donner le ballon avec force dans les bras, et en lui répondant sans hésiter.

-Non.
Il était en colère mais il n'avait pas haussé la voix, il avait simplement prononcé son refus catégoriquement, sans hésitation, mais d'un ton relativement normal bien que son comportement était quand même agressif alors qu'il s'agissait de son père. Autant, Jeff, c'est légitime, c'est une tête à claque. Mais à bien des reprises, Jake avait souvent été épargné de l'Ouragan Jaimie, à contrario de Sanaa par exemple.

C'est vrai que la tentative de Jake n'était pas mauvaise. Le problème, c'est que Jaimie l'a à peine entendu, la réponse n'était pas "oui" donc il lui a coupé la parole. Parce qu'en dépit du fait qu'il ne voulait pas recevoir non comme réponse, il n'avait pas d'autres objectifs que de vouloir rattraper le ballon avec la même intensité qu'il l'avait lancé. Comme pour rétablir une sorte d'équilibre. Jaimie a toujours eu ce toc de vouloir compenser une perte, une chose par une autre. C'est comme une réaction physique. "Rien ne se gagne, rien ne se perd, tout se transforme" et à la fin, on rajoute "Dans un milieu fermé". Mais la première partie de la phrase lui correspond bien. Quand il avait 5 ans, il avait perdu son nounours, il a simplement pris un autre jouet pour dormir avec lui. Et c'était tombé sur son camion de pompier... A croire que c'était écrit, qu'il était prédestiné à bien plus que de dormir avec, vivre en sa compagnie.

Finalement, Jake se met en position, ayant bien compris que Jaimie n'était pas vraiment d'humeur à négocier. Bien sûr, Jaimie arrivait à rattraper toutes les balles -arrivant parfois à faire épaule vs poteau pour la récupérer- malgré cela, l'irritation commençait à se faire sentir. Alors certes, lui-même avait raté les filets à quelques reprises, c'est vrai mais... Pas quasi à chaque fois ! Soit, les frappes de son père n'étaient pas cadrés, soit pas assez puissantes ! A croire qu'il le faisait exprès ! Au bout d'une trentaine, même pas, de tentatives, il a décidé de mettre fin à tout cela. C'était vraiment... Agaçant ! Cette manie que son père avait de le protéger de tout et de n'importe quoi. Même de lui-même. C'est pas comme s'il lui demandait de le battre à coup de ballon de football ! Juste de viser les filets à pleine puissance, c'est pas trop demandé ! Surtout qu'il déteste quand on ne se donne pas à fond ! Que cela soit dans n'importe quoi, c'est impardonnable -sauf les devoirs, ça, c'est compréhensible- !

-Pff. C'est bon, ça a assez duré. Tu me fais chier ! Je me casse.

Alors oui, il avoue que ce n'est pas très sympathique de dire cela à quelqu'un qui a dormi à même le sol pour lui, qui s'est pris des balles de football à pleine puissance partout, et qui maintenant, se prend à défaut d'insulte, des vulgarités qui ne sont pas très plaisantes. Demain, il lui dira qu'il est désolé mais aujourd'hui, il le pense vraiment !

Finalement, il lui lance le ballon, pas violemment cette fois, juste, il la lui lance plus ou moins bien pour qu'il soit déconcentré assez longtemps pour qu'il puisse se tailler. Parce que oui, quand il a dit "Je me casse", il ne parlait pas de se casser du jardin pour aller gentiment dans sa chambre. Naaaan, c'est mal connaître Jaimie ça. Il parlait de se barrer littéralement de cette maison, d'aller ailleurs, de simplement se vider la tête. Il voulait simplement... Respirer. Et ce terrain l'asphyxie ! C'est pourquoi allant le plus vite possible, pour éviter que son père n'arrive à le rattraper, il s'engouffre dans les rues, zigzagant pour finalement arriver à un endroit où personne ne soupçonnera de le voir là, après tout, le skatepark, le terrain de basketball à la plage ou de volleyball, c'est certain qu'il s'y rendra. C'est après tout l'endroit où il se sent le mieux. Mais aujourd'hui, il ne veut pas vraiment être retrouvé. Enfin pas tout de suite. Tout de suite, il se rend à un endroit que lui seul connait.

Enfin ça, c'est ce qu'il croit. Il a juste oublié qu'il y a quelques années, avant l'internat, avant Jeff, avant que tout ne prenne des dimensions ingérables... Il en avait parlé à quelqu'un.

Explications...

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“ L'amour d'une mère pour ses enfants est donné sans contrepartie. ”

Jake avait rejoint la chambre de Jaimie dans laquelle il comptait passer la nuit. Sanaa, quant à elle, descendait dans la cuisine pour la rangée avant de se coucher. Elle n’aimait pas laisser au lendemain ce qu’elle pouvait faire maintenant. Il était également plus agréable de se réveiller dans une maison propre plutôt avec un tas de corvées de la veille à faire. Elles se rajoutaient à celle de la journée. Une fois, la cuisine propre, la brunette rejoint sa chambre. Il était impossible pour elle de s'endormir. Elle repensait à la journée et à ce qui s’était passé avec son fils. Elle s'inquiétait pour son Jaimie. Elle n’arrivait pas à fermer l’œil de la nuit ou son sommeil était très léger. D’ailleurs, elle avait été éveillée par le grincement des escaliers avant d’entendre la porte d’entrée s’ouvrir et se refermer. Sanaa regardait par sa fenêtre qui donnait sur le jardin. Elle n’avait pas allumé la lumière et déplacé que très légèrement le rideau. Elle ne voulait pas être vu et déranger Jaimie et Jake. Ils jouaient apparemment au football, mais les tirs de Jaimie semblaient assez violents. Sanaa retournait vers son lit, regardant l’heure. Il était un peu plus de quatre heures du matin. Pour que le jeune Keagan soit debout aussi tôt, c'était certain que quelque chose n’allait pas. D’habitude, il fallait batailler pour le faire sortir du lit de bonne heure.

Un nouveau son a attiré l’attention de Sanaa, celui du portail qui avait claqué. Elle regardait de nouveau par la fenêtre. Cette fois personne dans le jardin. Elle sortait de sa chambre avec son téléphone portable dans la main. Au rez-de-chaussée personne, elle ouvre la porte pour tout de même vérifier dans le jardin, toujours personne. Ce n'était pas normal. Elle téléphonait à Jake en espérant qu’il n’avait pas laissé son téléphone à la maison. Elle tombait sur le répondeur. Elle allait dans la chambre de Jaimie voir s’il n’y avait pas le téléphone portable de Jake. Le seul portable présent était celui de Jaimie sur sa table de chevet. Elle envoyait donc un message à Jake un peu inquiété qui disait « Vous êtes parti où ? Rappelle-moi s'il te plaît. » Ce n’était pas le fait qu’ils sortent ensemble qui inquiétait la jeune femme, mais l’heure. Où pouvait-il bien aller un peu avant cinq heures du matin ? Sanaa n’allait pas se recoucher, elle allait plutôt se préparer pour la journée. Elle devait se lever à six heures comme la majorité du temps. Il lui serait impossible de se rendormir, autant commencer la journée dès maintenant. Elle gardait un œil sur son téléphone en attendant la réponse de Jake.

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“ L'amour d'une mère pour ses enfants est donné sans contrepartie. ”

Sanaa s’apprêtait à prendre une douche quand Jake répondait à son message. Elle a dû le lire à deux reprises pour bien comprendre le message. Elle l’appelait immédiatement pour mieux comprendre la situation. Il n’avait pas tardé à décrocher. « Comment ça où il peut être ? Tu es en train de me dire que tu as perdu Jaimie. » Elle avait dit ça en prenant les premiers vêtements qui lui tombaient sous la main. La douche pouvait attendre, il fallait qu’elle se lance également à la recherche de Jaimie. « Va voir sur le terrain de basket et au skatepark. Tiens-moi au courant. » Ces deux endroits se trouvaient à Venice, mais ce n’était pas très loin de Santa Monica. On pouvait s’y rendre à pied.

Sanaa ne laisserait pas Jake seul pour retrouver Jaimie. Elle voulait aussi le chercher même si elle s’inquiétait probablement pour rien. Lily était toujours endormie et elle ne pouvait pas la laisser seule. Elle décidait donc de lui préparer rapidement un sac avant de la mettre dans la voiture en tendant de ne pas la réveiller. La brunette avait décidé de frapper à la porte de sa mère, pour lui demander de garder la petite. Elle savait qu'en la récupérant, elle aurait le droit à de nombreux reproches. Après lui avoir expliqué pourquoi elle lui confiait sa petite fille aussi tôt et sans prévenir, elle ne se gênerait pas pour lui dire ce qu'elle considérait que Sanaa faisait mal. Elle la rabaissait comme d'habitude. Comme si elle avait été elle-même une mère pour Sanaa. La seule chose de bien, c'est que grâce à elle, la brunette savait tout ce qu’il ne fallait pas faire. Même si cela ne l’empêchait pas de faire des erreurs.

Une fois Lily chez sa grand-mère, Sanaa rappelait Jake pour savoir s’il avait retrouvé Jaimie. Elle était déçue et inquiète d’apprendre que non. La brunette poursuivait ses recherches à la plage. Elle chargeait Jake d’aller voir d’autres endroits où pouvait être leur fils. La demoiselle Keagan appelait Seth pour savoir s'il se trouvait chez lui. Elle pensait que si c’était le cas, il l’aurait déjà appelé, mais elle avait des doutes. Après ce qu’ils avaient fait à l’internat. Apparemment, Seth n’a aucun problème à garder les secrets de Jaimie même si cela fait du tort à Sanaa et à leur relation. Ça mettait en danger la relation entre Seth et Sanaa et Jaimie et sa mère. Dans toute cette histoire, c'était toujours Sanaa la perdante. La jeune femme réfléchit à tous les endroits où son fils a pu se réfugier. Elle avait l’impression que Jake et elle avaient fait le tour. Maintenant, elle commençait vraiment à se faire du souci. Le jour commençait à se lever. Il n’y avait qu'un seul endroit qu’elle n’avait pas vérifié. Les arbres, Sanaa savait que son fils aimait y grimper et dans un arbre en particulier. Elle se rendait à cet arbre. D’en bas, elle y aperçut Jaimie qui était perché. La brunette grimpait à l’arbre en silence pour le rejoindre. Arrivée à son niveau, elle ne dit rien. Autant ne pas prendre le risque de dire quelque chose qu’il pourrait mal interpréter.

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Jaimie s'était réfugié en haut de leur arbre. A sa mère et à lui. Jaimie, du haut de ses 10 ans, voire plus, lors d'une balade, lui a dit que "son arbre", c'était le plus grand. Puis timidement, avait rajouté que cela pourrait être celui de sa maman, si elle le voulait. Jaimie lui avait montré tous les mérites de s'approprier un tel arbre. C'était une bonne cachette, le plus grand, le plus fort, le plus beau, et surtout, c'était un super abri contre les bêtes sauvages ! 

Bon, des bêtes sauvages, il n'y en a pas beaucoup ici... Ha et puis c'était un gamin hein ! Il n'a jamais prétendu que c'était l'argumentaire du siècle. Mais sa mère avait trouvé cela drôle quand même. Jaimie lui avait montré la "magnificence" de leur arbre en le pointant du doigt en disant dans une naïveté enfantine, "Là, c'est mon... Heu... Notre arbre !". Jaimie s'en était rappelé, c'est pour cela qu'il avait escaladé "son" arbre jusqu'à la plus haute branche. La pluie ne facilitait pas la tâche, il a glissé à plusieurs reprises. Il aurait pu avoir peur de mourir mais non, il se fait assez confiance pour pouvoir tenir, même si ses jambes ne sont plus portés par une branche. Cela peut être pris comme de la prétention, de la bêtise ou de la confiance en soi, mais bon, Jaimie ne se refera pas ! Quoiqu'on dise de lui. 

Finalement, après un temps qu'il ne saurait qualifié, Jaimie voit sa mère grimper l'arbre. Et vu la hauteur qu'elle a atteint, cela fait un petit moment déjà. Il détourne le regard et attend juste qu'elle le rejoigne. Il n'a rien sur lui, si ce n'est son T-shirt, son pantalon et ses chaussettes munies de baskets, il va sans doute tomber malade... Bah il a été viré de son école, alors bon, il ne manquera rien... Il est assis sur une branche, son dos est sur le tronc. Tandis que sa mère arrive, ne disant rien, il demande simplement. 

-Tu es en colère... Contre moi ? 

Autant savoir tout de suite sur quel pied danser ! C'est vrai qu'il n'aurait pas dû partir comme ça sans prévenir, mais la maison était si étouffante... Puis le cauchemar semblait si réel. Parfois Jaimie ne se reconnait plus. Il est là, bien présent, mais il est tellement en colère. Tellement triste... Tellement l'ombre de lui-même qu'il n'arrive plus à savoir qui il est. L'a-t-il jamais su ? Il n'en est pas certain. Mais bon, c'est pas son genre de s'apitoyer sur son sort. Au contraire, il est du genre à tout garder pour soi. Et bon, ça a pas vraiment changé, enfin si, un peu. Juste dans sa tête. Mais bon, il s'agit de sa mère, il peut lui parler. Enfin, il fut un temps, il savait qu'il le pouvait... Maintenant, il n'en est pas trop sûr.

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Après avoir fait le tour de Santa Monica et de ses environs, les endroits où pouvait se trouver Jaimie manquaient. Sanaa pensait avoir épuisé toutes les options quand elle se souvient que son fils aimait grimper aux arbres. Surtout dans un arbre en particulier. Sans trop y croire, la brunette décidait d’y jeter un œil en se disant qu’elle n’avait rien à perdre. Contre toute attente, c’était la pioche gagnante. Jaimie s’y trouvait.

Sanaa prenait la décision de monter le rejoindre. En arrivant à sa hauteur, elle le regardait en restant silencieuse. C’est Jaimie qui rompait en premier le silence en lui demandant si elle était en colère contre lui. « Non, je ne suis pas en colère. Mais on s’est inquiété pour toi. Jake est encore en train de te chercher. Tu ne peux pas partir comme ça. » Elle pouvait comprendre qu’il aille mal, qu’il soit en colère, mais il ne pouvait pas partir comme ça sur un coup de tête, avant même que le jour ne se lève. « On n’affronte pas et encore moins règle nos problèmes en fuyant. Même si je comprends. » Sanaa espérait ne pas être trop maladroite dans ses propos. Elle ne voulait pas envenimer la situation avec des mots mal choisis. La famille avait eu bien assez d’émotions ces dernières heures. La jeune femme n’était pas très à l’aise dans cet arbre, mais elle laissait à Jaimie la décision du moment où ils le quitteraient. Elle n’allait pas commencer à lui donner des ordres maintenant. Il serait capable de lui dire non uniquement pour lui tenir tête et faire le contraire de ce qu’elle souhaite. Puis si Jaimie était ici, c'est parce qu'il devait s'y sentir bien et en sécurité.

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@Jaimie Keagan &  @Jake White

Certains pourraient le prendre pour un fou, qui se sentirait en sécurité à une telle hauteur, sous cette pluie ? Personne. Sauf Jaimie. Malgré le fait qu'il ait froid, malgré le fait que la pluie tombe sur lui, explorant chaque parcelle de son corps, malgré le fait qu'il va sans doute tomber malade le lendemain, malgré le fait qu'il peut glisser à tout moment à cause des branches glissantes, de l'eau ruisselante. Quoiqu'on en dise, cet endroit est le lieu où il se trouve en paix, en sécurité. Il aime la hauteur. Cela a toujours été d'aussi loin qu'il s'en souvienne, toujours plus loin, toujours plus haut. Il aime l'air sur son visage, même s'il est glacé, il aime la liberté que lui procure cette envergure. Il aime le danger, l'adrénaline qui parcourt son corps. Il se sent serein, il se sent libre, effacé d'un monde qu'il ne comprend pas toujours. Mais ce qui le terrifie le plus, c'est qu'un jour, il puisse le comprendre... 

-Je sais... Je ne voulais pas vous inquiéter. 
Dit-il doucement, n'osant affronter le regard de sa mère. Finalement, il peut affronter tous les dangers au monde qui se présenteront sur sa route, excepté un seul. Le danger de tous les risques, de tous les amours : sa mère. 

-Comment tu peux comprendre ? 
Demande-t-il, un peu irrité sur les bords, mais tout de même curieux. Comment connait-elle ce besoin de fuir qui le tiraille, ce besoin d'ailleurs, de braver tous les dangers pour éviter celui auquel il est confronté ? Comment peut-elle savoir quand lui-même ne comprend pas ?

-Je n'ai pas envie de partir... Accorde-moi encore quelques minutes, s'il te plait. 

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“ L'amour d'une mère pour ses enfants est donné sans contrepartie. ”

Aujourd’hui était un jour où la pluie avait décidé de s’abattre sur Los Angeles. Comme si le sort voulait rendre cette journée encore plus compliquée. Sanaa avait rejoint Jaimie le haut d’un arbre en espérant que ni lui, ni elle, ne glisse et fasse une mauvaise chute. Ce serait la cerise sur le gâteau.

À l’interrogation de Jaimie, la jeune mère répondait négativement. Elle n’était pas en colère contre lui, mais inquiète. Sanaa ne répondait rien au fait qu’il disait qu’il ne voulait pas les inquiéter, il n’y avait rien de plus à ajouter. La jeune femme se risquait à dire à son fils qu’elle pouvait comprendre son besoin de fuir. « Enfin, je crois comprendre… J’ai aussi été en colère contre ma mère, pas pour les mêmes raisons que toi. J’ai aussi voulu fuir des conversations compliquées avec elle ou avec d’autres personnes en fuyant. C’est plus simple, mais finalement, on ne fait que repousser. » Avec l’âge, la demoiselle Keagan fuyait moins et préférait les choses affronter directement. Elle avait compris qu’il ne servait à rien de fuir, puisque ça la rattrapait toujours.

Jaimie exprimait son souhait de rester dans cet arbre encore un petit moment, bien qu’ils soient tous les deux bien trempés. La météo n’avait pas l’air de vouloir s'arranger pour le moment. Sanaa restait silencieuse et s'installait de manière à être plus stable sur la branche en attendant que Jaimie soit prêt à retourner sur la terre ferme. Il pouvait prendre le temps qu'il voulait, elle était là avec lui.

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La hauteur, Jaimie, l'avait toujours caressée, aimée, admirée. Il appréciait plus que tout être en sa compagnie, peut-être parce qu'il a cette impression de ne jamais être à la hauteur, et de ne l'avoir jamais été ? C'est un grand rêveur autant qu'un grand actif. Et il a un rêve, il suppose que c'en est un. Devenir pompier. Ou militaire. Mais il pense que sa mère va plus apprécier qu'il soit pompier, hein ? Militaire, il va partir en mission et tout et tout. Il ne veut pas l'inquiéter mais il ne saurait pas faire un métier et avoir une vie bien rangée, réglée à la moindre seconde. Lui, il aime le challenge, les défis, l'imprévisible, pour quelqu'un d'aussi impulsif que lui, ce n'est pas vraiment étonnant. 

Il ne veut inquiéter personne, pourtant aujourd'hui il inquiète encore et toujours sa mère. Il en a un peu honte. Il n'ose même pas la regarder, et cette pluie qui s'abat sur eux, échos des sentiments qui noient Jaimie. Ouais, ce dernier prend la pluie de plein fouet mais quelle importance ? Il va sans doute attraper la crève, sa mère avec. Mais bon, là, il l'avoue, il en a rien à foutre. Il s'en fout. Il s'en fout de tout. Peut-on devenir antipathique du jour au lendemain ? Bah, va savoir. 

-Ouais bah, ça me dérange pas de repousser tout et tout le monde autant que possible... Tant que c'est encore possible.  
Avoue-t-il, cela pourrait paraître insolent mais en fait, c'est surtout un appel à rester, encore un peu. Il le dit plus tard. 

Quelques minutes plus tard, il pose cette question qui lui brûle les lèvres. 

-Qu'est-ce qu'elle t'a fait, ta mère, pour que tu la fuis ? 

Il ne la regarde toujours pas mais il l'écoute, il l'écoutera si elle a quelque chose à lui dire. Mais ont-ils jamais parlé la même langue ? 

Il lui avoue, simplement, honnêtement, de toute façon, il n'arrive pas à lui mentir. 
-Je ne voulais pas te blesser, m'man.